La police réagit après la diffusion de fausses rumeurs d'enlèvement d'enfants en Ile-de-France

Plusieurs personnes ont été lynchées à la suite de la diffusion sur les réseaux sociaux d'accusation de rapt d'enfants et de jeunes femmes par une camionnette dans plusieurs villes de région parisienne.
"Il n’y a aucune raison de céder à la psychose", assure dans un communiqué ce lundi Patrick Haddad, le maire de Sarcelles. Ce dernier réagit à la large diffusion sur les réseaux sociaux ces dernières semaines de plusieurs rumeurs d'enlèvements d'enfants et de jeunes femmes en Ile-de-France. Il apparaît pourtant, après vérification de la police, qu'aucun rapt ne correspond à ces signalements. À la suite de ces fausses accusations, plusieurs personnes ont en revanche bel et bien été victimes de lynchage.
Des fausses tentatives d'enlèvement par des Bulgares
La rumeur n'a cessé de prendre de l'ampleur à Bondy, Sarcelles, Nanterre ou Aulnay-sous-Bois au cour du mois. Elle accuse des hommes dans une camionnette (à chaque fois d'une couleur différente) de roder à proximité de lieux où se trouvent des femmes ou des enfants.
"Les filles du 93, faites très attention, c'est mon mari qui les filmer juste en bas de chez nous à Aulnay-sous-Bois (sic). Ils n'arrêtent pas de tourner depuis tout à l'heure et à côté de chez moi il y a un petit parc où les gens laissent leurs enfants seuls donc j'espère qu'il ne va rien leurs arriver mais wallah ça devient vraiment flippant d'autant plus que leurs plaques sont bulgares", écrit par exemple une internaute sur sa page Facebook.
Des portraits de jeunes femmes prétendument disparues sont également largement relayés sur les réseaux sociaux, mais il ne s'agit pas de communication officielle des forces de l'ordre. Une vidéo produite par un homme d'une trentaine d'année dans sa voiture et partagée sur Facebook fait état d'un "réseau qui tente d'attraper nos enfants dans le but de les prostituer et de vendre leurs organes".
Deux personnes "injustement lynchées"
Face à ces soi-disant kidnappeurs, certains assurent avoir décidé de rendre justice eux-même. "Deux mecs du foyer à Nanterre Ville on essayé d'enlever une petite, on a réussi à les péter leur casser leur tête, partager au Max et faites attentions à vos enfants", écrit "Mowgli QLF" sur Snapchat. Plusieurs vidéos circulent dans lesquelles des hommes sont à terre, frappés par des individus à coups de pied et de poing.
Une information confirmée par la préfecture de Police, qui a publié ce lundi un message sur son compte Twitter évoquant deux personnes "injustement accusées puis lynchées" entre les villes de Nanterre et Colombes.
#FakeNews | 🗨️ Une fourgonnette blanche circule entre les villes de Nanterre et Colombes pour enlever des jeunes femmes.
— Préfecture de police (@prefpolice) 25 mars 2019
❌ Suite au partage de cette rumeur sur les réseaux sociaux, 2 personnes ont été injustement accusées puis lynchées.
Ne relayez plus cette fausse information. pic.twitter.com/gQVz6wLNcZ
Plusieurs municipalités ont également décidé de prendre la parole contre des "fake news calomnieuses". Ainsi la Ville de Bondy a déclaré sur Facebook:
"La Ville se doit de réagir puisque cette fake news calomnieuse prend pour cible des personnes en situation de précarité et sans moyens pour répondre. Il est important de vérifier une information avant de la partager. Une affirmation sans source n’a pas valeur d’information."
Des propos suivis de ceux du maire de Sarcelles, Patrick Haddad, qui rappelle à ses habitants "l’absence d’éléments factuels et matériels" concernant ces supposées enlèvements.
Mais ces démentis peinent à convaincre les internautes, qui s'empressent depuis de s'opposer à la parole officielle et partager de nouvelles rumeurs de kidnapping :
"Il y aurait eu encore un enlèvement d'enfant ce jour vers 16 heures au cimetière de Sarcelles village", commente une internaute. "C'est incroyable de voir comment les médias et les élus minimisent les choses", s'énerve une seconde.
Pour l'heure, la préfecture de Police de Paris confirme à BFMTV.com qu'aucun rapt signalé aux autorités ne correspond à ceux évoqués sur les réseaux sociaux.
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