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    Récit

    TGV Lyon-Turin : l’alliance entre le M5S et la Ligue entre dans un tunnel

    Par Eric Jozsef, correspondant à Rome
    Luigi Di Maio (M5S) et Matteo Salvini (la Ligue) à Rome en juin.
    Luigi Di Maio (M5S) et Matteo Salvini (la Ligue) à Rome en juin. Photo Tony Gentile. Reuters

    Associés au sein du gouvernement, les dirigeants du mouvement populiste et de la formation d’extrême droite se sont écharpés tout le week-end à propos du chantier transalpin.

    Le long du projet de ligne ferroviaire à haute vitesse devant relier Lyon à Turin, l’alliance populiste entre le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) et la Ligue (extrême droite) donne des premiers signes de déraillement. Huit mois après leur accession au pouvoir et à quatre mois seulement des élections européennes, le ton monte en effet entre les deux partenaires gouvernementaux à propos d’un chantier qui depuis des années divise l’opinion publique italienne.

    «Fière».La construction de la TAV (nom italien du TGV Lyon-Turin) a débuté des deux côtés des Alpes, mais le projet, qui prévoit un tunnel de 57,5 kilomètres pour un coût total de 8,6 milliards d’euros a toujours été contesté par le M5S, qui parle d’un chantier inutile et coûteux. «Cela ne va profiter qu’aux constructeurs», dénonce régulièrement son leader historique, Beppe Grillo, pour qui la TAV est un «foutage de gueule». Dimanche, le vice-Premier ministre et leader actuel du M5S, Luigi Di Maio, a de son côté réaffirmé que les promesses électorales du mouvement seront tenues et que «la TAV ne se fera pas». La veille, il avait prévenu : «Le discours est clos. Nous pouvons simplement dire que tant que le M5S sera au gouvernement, ce chantier ne débutera pas», n’hésitant pas à défier ouvertement son homologue gouvernemental, l’autre vice-président du Conseil et ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini. Vendredi, ce dernier s’était rendu dans la vallée de Suse, lieu des travaux, pour affirmer que «plus tôt on fait la TAV, mieux ce sera. Il faut achever cet incroyable, exceptionnel ouvrage public dont l’Italie devrait être fière dans le monde entier».

    Pour le leader d’extrême droite dont la base électorale se situe dans le nord productif du pays et notamment auprès des petits et moyens entrepreneurs, la poursuite du chantier est d’autant plus fondamentale que l’Italie vient d’entrer en récession. «Il y a 50 000 emplois, entre ceux directs et les sous-traitants, qui sont en jeu dans une phase de crise économique, et y renoncer et mettre en danger la vie des entreprises me semble peu raisonnable», a pointé Matteo Salvini. Vendredi, il avait toutefois laissé une porte ouverte à l’attention de ses alliés gouvernementaux et assuré qu’il était tout de même possible de réduire le coût du projet pour environ un milliard d’euros. «Avec un peu de bon sens, on peut trouver un accord», a ajouté l’homme fort du gouvernement. Mais pour le M5S, les déclarations de Matteo Salvini sont perçues comme une véritable provocation. «Si on insiste sur cette question, dois-je en tirer la conclusion que c’est pour rompre l’alliance gouvernementale ?» s’est publiquement interrogé dimanche soir Luigi Di Maio. Pour le M5S, la ligne Lyon-Turin s’est ainsi colorée de rouge. Pas question de reculer sur cet enjeu après avoir déjà avalé une cargaison de couleuvres au cours des derniers mois. Que ce soit sur d’autres grands chantiers (comme un gazoduc dans les Pouilles), la loi ultrasécuritaire voulue par Matteo Salvini ou encore l’intransigeance de ce dernier sur les questions migratoires, les renoncements de la formation populiste ne se comptent plus. La direction du Mouvement Cinq Etoiles les justifie par la nécessité de trouver des compromis avec son encombrant allié léguiste en échange de mesures jugées emblématiques, comme l’introduction d’un revenu de citoyenneté pour les plus démunis ou la réduction des dépenses militaires pour 1 demi-milliard d’euros.

    Bataille. Reste qu’auprès d’une partie des électeurs du M5S, l’équilibrisme affiché est avant tout synonyme de reniement. Le mouvement s’effrite chaque mois dans les sondages. De 32,7 % en mars dernier, il est tombé à 24,9 % dans la dernière enquête de l’institut Demos, tandis que dans le même temps, la Ligue s’affirme comme la première formation du pays, avec 33,7 % des intentions de vote contre 17,4 % lors du scrutin. Soupçonnés par certains opposants historiques du projet Lyon-Turin d’avoir déjà trahi la cause, les leaders du M5S semblent avoir finalement décidé de renverser la vapeur et d’en faire une bataille symbolique pour éviter un ultérieur discrédit auprès de leur base. Et cela à la veille du scrutin européen.

    Iront-ils jusqu’à mettre en péril l’alliance gouvernementale avec la Ligue ? Ils ont aussi beaucoup à perdre. Une obstination sur le dossier Lyon-Turin entraînant une éventuelle chute du gouvernement et un retour aux urnes risquerait de les renvoyer dans l’opposition. C’est sans doute la raison pour laquelle le ministre des Transports (M5S), Danilo Toninelli, n’a toujours pas rendu public le «rapport coûts-bénéfices» commandé par le gouvernement et sur la base duquel la décision sur le Lyon-Turin devrait être prise. Selon la presse italienne, l’analyse recommanderait l’arrêt des travaux.

    Eric Jozsef correspondant à Rome
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