Un accident encore inexpliqué
L’enquête doit déterminer les causes du déraillement mais aussi le nombre de personnes présentes dans la rame.
«Notre objectif, c’est la transparence.» C’est ainsi que Guillaume Pepy a entamé sa conférence de presse, vingt-quatre heures après l’accident mortel d’un TGV d’essai, près de Strasbourg, provoquant la mort d’au moins 11 personnes. Ce que la SNCF sait «aujourd’hui», elle le dira. «On n’a rien à cacher». Pourtant, au terme de cet échange, de nombreux points sont restés flous. D’emblée, Guillaume Pepy déclare : «A l’heure actuelle, l’accident est inexpliqué. Personne n’est capable de donner l’enchaînement des faits ayant conduit à l’accident. Ceux qui disent le contraire se trompent.» L’hypothèse d’une vitesse excessive, avancée dans un premier temps, est donc pour l’instant écartée, faute de preuves. Alors à quelle vitesse roulait le TGV ? La direction ne le sait pas, a-t-elle asséné à plusieurs reprises.
Ce qu’elle dit savoir : la rame, de six voitures et deux motrices, effectuait un test de phase 2 sur une nouvelle portion de ligne à grande vitesse, 106 kilomètres qui s’ajoutent aux 300 existants de la LGV Est, qui mettra à terme Strasbourg à 1 h 48 de Paris. Le déraillement est survenu à 12 kilomètres de la capitale alsacienne, non loin du raccordement de cette nouvelle voie et de la voie classique.
Sur la LGV, le train est monté à 352 km/h, poursuivant ainsi une phase d’essais où le TGV teste plusieurs paliers de vitesse. Sur la voie classique, la vitesse de test ne devait pas dépasser 176 km/h. La rame, encore sur la portion LGV, était donc en phase de décélération. «Mais seule l’Atess, l’équivalent de la boîte noire pour les TGV, pourra donner la vitesse exacte, a précisé Pepy. Elle est sous scellé, aux mains des enquêteurs judiciaires.» Les agents à bord connaissent aussi la vitesse lors de l’accident. Mais la direction affirme n’avoir pas encore parlé avec eux.
Autre point soulevé : la présence non justifiée d’accompagnants dans le train. «Il y avait, semble-t-il, des enfants de cheminots à bord», a poursuivi le président de la SNCF, extrêmement prudent, alors que cette présence semble certaine. Selon une liste validée par le responsable du test, 49 personnes auraient dû être à bord du train, au départ de la gare Meuse TGV. «Il y a un écart entre les personnes sur la liste et les personnes à bord», s’est contenté de dire le dirigeant, assurant qu’«il n’est pas normal que des enfants soient à bord». Une pratique visiblement pas si inhabituelle (lire ci-contre). La liste a été remise aux enquêteurs, a-t-il ajouté. A eux de faire la lumière sur ce dysfonctionnement. En parallèle de l’enquête judiciaire en cours, un audit interne à la SNCF a commencé. Il apportera dans les prochains jours les éclaircissements nécessaires sur cet accident sans précédent dans l’histoire des tests de TGV.