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    Analyse

    Les élus au charbon contre la réduction des trains Intercités

    Par Richard Poirot
    Un train de nuit Intercités reliant  Latour-de-Carol (Pyrénées-Orientales) à Paris, le 13 novembre 2013.
    Un train de nuit Intercités reliant Latour-de-Carol (Pyrénées-Orientales) à Paris, le 13 novembre 2013. Photo Georges Bartoli. Divergence

    De nombreuses lignes peu ou pas rentables sont menacées de disparition.

    Est-ce bientôt la fin des trains de nuit ? C’est l’une des pistes avancées par la SNCF dans un document confidentiel daté du 27 janvier. Un rapport qui, depuis qu’il circule dans les collectivités territoriales, fait frissonner les présidents de région et certains maires de France. Car au-delà du cas spécifique des ex-Lunéa, c’est l’ensemble du réseau Intercités qui est raboté. Quand ce n’est pas la suppression pure et simple de lignes Intercités, le rapport envisage la réduction de plusieurs trajets reliant les métropoles régionales et la diminution, ou l’arrêt, de nombreuses dessertes.

    Une perspective que dénoncent plusieurs élus. Alors que sera rendu public, mardi, le rapport du député PS du Calvados Philippe Duron concernant l’avenir des trains d’équilibre du territoire (TET, le nom officiel des Intercités), ces derniers se mobilisent depuis plusieurs semaines pour la défense de ce réseau. «L’existence, la survie des TET sont extrêmement importantes pour nos villes» et «permettent d’éviter une désertification des territoires», a clamé Caroline Cayeux, présidente de Villes de France (qui regroupe les communes françaises de taille moyenne) et sénatrice-maire UMP de Beauvais, lors d’une conférence de presse, le 20 mai, avec l’Association des régions de France (ARF). Ces deux associations alertent sur les «risques d’un scénario noir de démembrement de ces liaisons essentielles pour les territoires».


    Réduction des Intercités : les élus dénoncent... par libezap

    Retraite. Des mises en garde qui ne font que confirmer un constat observé depuis longtemps : le réseau des TET est le parent pauvre de la SNCF. 100 000 voyageurs empruntent chaque jour un des 320 trains qui relient entre elles 335 villes de France. Mais le matériel est vétuste, de nombreuses locomotives approchent l’âge de la retraite et les voitures Corail ont en moyenne 37 ans… Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, ne s’en cache pas : «Les trains Intercités sont à bout de souffle», écrivait-il dans une réponse adressée à la Cour des comptes, qui pointait en début d’année la responsabilité de l’entreprise publique. Si on en est là, c’est parce que la SNCF s’est détournée de ce réseau, écrit la Cour. Son «dernier effort significatif en matière d’acquisition de matériel roulant» date des années 70. Depuis, elle a orienté l’essentiel de sa stratégie vers les TGV et les TER.

    Intercités affiche des déficits chroniques - environ 350 millions d’euros de perte prévus en 2015, pour un chiffre d’affaires d’un milliard. Un trou que la SNCF ne veut plus assumer. Jusqu’en 2010, elle supprimait régulièrement des liaisons. «Avant, nous avions neuf à dix trains par jour, a raconté le député-maire UMP de Montargis (Loiret) Jean-Pierre Door, lors de la conférence de presse du 20 mai. Aujourd’hui, [on] voit passer des trains qui ne s’arrêtent pas.» Une convention de trois ans figeant la situation a été signée entre la SNCF et l’Etat en décembre 2010, avant d’être prolongée d’un an, mais d’un an seulement. D’où l’urgence à clarifier la situation.

    La compagnie ferroviaire ne tergiverse pas, elle propose de tailler à la hache. «Tout le monde le sait, la SNCF a une petite idée sur l’avenir. […] L’enjeu, c’est de supprimer plus de la moitié des lignes de TET», avertit Jacques Auxiette, président PS de la région Pays-de-la-Loire et président de la commission infrastructures et transports de l’ARF. Dans son rapport interne, la SNCF veut conserver les lignes rentables (essentiellement celles du grand bassin parisien), mais après les avoir sérieusement dégraissées. Par exemple, la ligne Paris-Amiens passerait de 14 à 8 allers-retours quotidiens. Sur le même tronçon, le Paris-Boulogne passerait de 5 à 3 allers-retours. Et l’arrêt à Creil serait carrément supprimé, car jugé «irritant pour les clients d’Amiens et au-delà», écrit la SNCF.

    Patate. L’entreprise ferroviaire propose également un transfert vers les TER pour de nombreuses autres liaisons. Ce qui a le don d’énerver les élus régionaux, qui financent ce réseau depuis 2002 et voient là une façon pour la SNCF de se débarrasser de la patate financière. Les présidents de région pourraient cependant accepter ces transferts, assure Jacques Auxiette. Mais «à condition d’obtenir une compensation financière adéquate». Enfin, le rapport enterre certaines lignes Intercités sans proposer de transfert TER, comme la liaison Hirson-Metz.

    Ce scénario, élaboré par la seule SNCF, les élus n’en veulent pas. «Les usagers financent [ces lignes] à 70%, c’est donc à la représentation nationale d’en débattre et d’affirmer sa position», réclame Jacques Auxiette. «Il faut un débat national, au Parlement, sur le financement du système», poursuit Caroline Cayeux. Le rapport Duron devrait aboutir à la signature d’une nouvelle convention. Une des propositions, qui a déjà fuité, concerne l’ouverture à la concurrence privée, ce que ne rejettent pas les élus.

    Reste à savoir ce qu’il adviendra des trains de nuit. Les 8 liaisons de nuit sont déficitaires. Dans son rapport, la SNCF écrit «que l’offre a perdu de son attractivité». «Il y a dix ans, on vendait la nuit en valorisant le coût attractif du transport et de la nuit d’hôtel», des avantages balayés par le covoiturage, les low-cost aériens et les hôtels à petits prix, assure-t-elle. Sa conclusion : «Les résultats économiques et l’évolution de l’environnement concurrentiel nous portent à préconiser un arrêt organisé de cette offre.» Le rapport Duron ira-t-il dans cette direction ? Réponse ce mardi.

    Richard Poirot
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