Tarifs de la SNCF : l’inflation de la hausse

L’augmentation de 2,6% du prix des billets, à partir de mercredi, provoque un tollé.
C’est une hausse qui, dans le climat actuel d’atonie de l’activité économique, ne passera pas inaperçue. Alors que les prix stagnent avec une inflation à son plus bas depuis cinq ans, la SNCF ne fait pas dans la dentelle : elle a annoncé une hausse de ses tarifs dès le 31 décembre pouvant atteindre jusqu’à 2,6%, soit presque neuf fois le rythme annuel actuel (0,3% en novembre) d’évolution des prix !
Cette augmentation très conséquente décidée en accord avec la tutelle étatique ne va certes pas concerner tous les billets. Mais elle risque de ne pas arranger l’image de l’entreprise publique déjà mise en accusation pour sa politique tarifaire sur les lignes à grande vitesse, dont le trafic est en baisse depuis 2012.
Remplissage. Dans le détail, cette majoration vise les billets sans réservation pour les TER et Intercités, et les tarifs de référence pour les trains grandes lignes à réservation obligatoire (Intercités ou TGV). Autrement dit, cette hausse de 2,6% concernera le tarif le plus élevé qu’est susceptible de payer le client lorsque la demande est très forte, comme dans les périodes de pointe. Une tarification dynamique (pricing, comme on dit dans le jargon) déterminée par les logiciels de yield management (système de gestion-rendement en français) que la SNCF a adoptés depuis longtemps pour optimiser le remplissage de ses rames comme le font les compagnies aériennes avec leurs avions.
La hausse ne s’appliquera pas, en revanche, aux abonnements TER - les tarifs sont décidés par les régions -, ni aux titulaires des cartes de réduction, aux abonnés forfaitaires, étudiants, élèves et apprentis.
Enfin, le prix des billets TGV Prem’s restera lui aussi inchangé avec un volume de vente qui devrait continuer à augmenter, promet la SNCF. Les Prem’s ont représenté un billet de TGV sur huit en 2014, contre un sur 10 en 2012.
La SNCF rappelle pour sa défense qu’en 2014, elle n’avait fait que répercuter la hausse de 3 points de la TVA (de 7% à 10%) décidée par le gouvernement. Elle prend également soin de préciser que l’augmentation de ces tarifs permettra«l’acquisition de nouvelles rames» mais aussi «l’offre de davantage de services aux voyageurs».
En août, le ministère des Transports avait expliqué s’être opposé en 2014 à une augmentation des tarifs pour ne pas pénaliser le pouvoir d’achat des usagers. Cette fois, il soutient pleinement la décision de la SNCF : «Cette hausse de 2,6% s’avère nécessaire à l’amélioration de la qualité du service offert aux voyageurs, a expliqué le secrétariat d’Etat aux Transports. La SNCF va ainsi pouvoir poursuivre ses investissements en termes de maintenance, sa priorité, ainsi que ses investissements sur le matériel, les systèmes d’information et la relation clients.»
«Avec colère». Un argumentaire qui ne convainc pas les associations d’usagers. L’Association des voyageurs usagers des chemins de fer (Avuc) a même accueilli «avec colère» cette majoration, estimant que «ce sont les voyageurs du quotidien, ceux qui utilisent le train pour aller travailler, qui font les frais de cette augmentation».
Elle ajoute qu’elle intervient alors que la qualité de service de la SNCF est en «recul», déplorant une «baisse des effectifs dans les gares», la «fermeture de guichets» ou encore la «disparition des contrôleurs dans les trains» et les «suppressions de dessertes».