
Quel avenir pour le TGV ? La question gagne en acuité avec le rapport que la Cour des comptes présentera jeudi 23 octobre, mais dont les principales conclusions ont été dévoilées, vendredi 17 octobre, par le journal spécialisé Contexte.
Les experts de la rue Cambon dressent un inventaire sévère des dérives de la gestion du réseau des trains à grande vitesse. Selon le rapport, aucune des six liaisons TGV examinées par la Cour n’a atteint ses objectifs de rentabilité.
Ainsi la rentabilité de la ligne LGV Nord serait de 3 % au lieu des 12,9 % envisagés initialement et celle de la LGV Méditerranée serait de 4,1 %, un niveau deux fois inférieur aux attentes. Ces écarts proviennent de surestimations de trafic sur ces lignes. Pour la portion Poitiers-Limoges, RFF (Réseau ferré de France) aurait ainsi exagéré significativement le nombre de passagers potentiels.
Modèle à bout de souffle
Dérapages dont sont responsables les pouvoirs publics. « Les annonces politiques, à haut niveau, confortent solidement les projets avant même que soient menées à bien les phases préliminaires », indiquent les magistrats de la Cour. Ils dénoncent aussi le rôle de l’Europe « dans le dévoiement du rôle conféré à la grande vitesse », en « échafaudant un plan ambitieux de réseau européen de transport (…) quitte à prendre fait et cause pour des projets dont la rentabilité socio-économique est discutée ».
Derrière ces conclusions se profile le constat que le modèle français basé sur le TGV est à bout de souffle. « Plus on construit de lignes moins elles sont rentables » concède Barbara Dalibard, directrice générale SNCF Voyageurs.
Ainsi, la prochaine mise en service du tronçon Tours-Bordeaux devrait se solder par 100 à 200 millions d’euros de pertes par an pour la SNCF. « Les frais de péages acquittés par la SNCF à RFF pour la circulation des TGV représentent 37 % du chiffre d’affaires de la branche TGV », souligne Mme Dalibard.
Croissant, ce coût pèse sur la rentabilité de l’entreprise : le taux de marge est passé, entre 2008 et 2013, de 29 % à 12 % du chiffre d’affaires. C’est tout le modèle ferroviaire français qui doit être repensé. La SNCF a déjà élaboré plusieurs scénarios, mais c’est de l’Etat et des collectivités locales que viendra la réponse.