Les entreprises dépensent (encore) moins dans la protection de l'environnement

Même si l'Insee considère qu'il n'y a rien d'alarmant, il s'agit de la cinquième baisse consécutive.
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A la lecture des premiers mots, la désillusion. En 2017, les investissements des entreprises françaises (d'au moins 20 salariés) en faveur de l'environnement ont chuté de 2% par rapport à 2016, après -13%, selon le rapport de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) paru mercredi 11 juillet. Pour Christel Colin, directrice des statistiques d’entreprises à l’Insee, rien d'alarmant. «En 2016, on expliquait l'importante baisse par la fin d'un cycle d'investissement. Dans ce cas-là, c'est une petite diminution mais on n'a pas identifié de facteur majeur».
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A-t-on de quoi se rassurer en voyant que les plus grosses dépenses en la matière proviennent en majorité des grands établissements et des secteurs de l'énergie et de la chimie qu’on supposerait être les plus polluants ? «Nous ne mesurons pas la pollution des entreprises mais on peut penser que plus elles sont importantes, plus elles produisent, plus elles sont susceptibles d’avoir un effet sur l’environnement», précise-t-elle. Dans le détail, 84% des établissements de 500 salariés ou plus ont engagé des dépenses antipollution contre 27% pour ceux entre 20 et 49 salariés. On sait aussi qu'«à lui seul, le secteur de l’énergie regroupe un quart des investissements et la moitié des dépenses d’études.»
A ce propos d'ailleurs, la légère hausse des montants consacrés aux études entre 2016-2017 est-elle un motif d'espoir pour l'environnement ? «Difficile de savoir car les études sont très variées. Ça va des études préliminaires en vue d'un investissement particulier aux études pour des certifications», souligne encore Christel Colin.
Priorité à la protection de l’air
En parcourant les chiffres et les graphiques, on note que 40% des investissements en 2017 visent à lutter contre le rejet de substance polluante dans l'air. «Pour mémoire, dans le cadre de la loi de transition énergétique de 2015, l’État français s’est fixé, avec les autres États européens, l’objectif de diminuer de 40 % ces émissions d’ici à 2030, par rapport au niveau de 1990», rappelle le document. Suivent les dépenses pour les eaux usées, les sols et enfin, les déchets.
Autre point important : le choix des investissements spécifiques, à 85%, «(...) c’est-à-dire l’achat de matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement», précise le rapport, plutôt que celui des investissements intégrés qui «correspondent aux surcoûts liés à l’intégration dans l’outil de production de produits ou procédés moins polluants (...).»
Eradiquer c'est une chose, mais prévenir, c'est mieux. «37 % de ces investissements ont pour objet la prévention des pollutions», ce qui, selon l'Insee, «traduit une volonté des établissements d’agir en amont du processus de production.»
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