Lubrizol : des normes et des contrôles en régression pour les sites industriels à risque

En janvier et en juin, la préfecture a donné son feu vert à l’extension des capacités de stockage de l’usine Seveso en produits dangereux sans évaluation environnementale.

Par Publié le 04 octobre 2019 à 11h43 - Mis à jour le 05 octobre 2019 à 06h13

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A l’usine Lubrizol, le 27 septembre au Petit-Quevilly, près de Rouen (Seine-Maritime).
A l’usine Lubrizol, le 27 septembre au Petit-Quevilly, près de Rouen (Seine-Maritime). LOU BENOIST / AFP

L’incendie de l’usine Lubrizol, le 26 septembre à Rouen, a rappelé avec fracas, dix-huit ans après la catastrophe d’AZF (31 morts, le 21 septembre 2001, à Toulouse), que les Français n’étaient toujours pas à l’abri d’un accident industriel majeur et que le territoire français restait constellé d’établissements à risque. Environ 500 000 installations sont « classées pour la protection de l’environnement » (ICPE). Et 1 379 ICPE présentant des « risques d’accidents majeurs impliquant des substances dangereuses » sont rangées dans la catégorie Seveso. Parmi ces sites Seveso, 744 sont estampillés « seuil haut », en raison de la quantité très importante de matières dangereuses qu’ils exploitent. C’est le cas de l’usine Lubrizol.

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A l’instar des autres sites Seveso, Lubrizol est censée être très surveillé. Or, depuis une dizaine d’années, la simplification de la réglementation sur les ICPE a conduit à desserrer les contraintes qui pèsent sur les industriels. Dernier assouplissement en date, la loi dite Essoc, « pour un Etat au service d’une société de confiance », d’août 2018. Elle permet au préfet d’autoriser un exploitant à modifier son établissement sans passer par une autorité environnementale indépendante et une étude d’impact systématique. Ainsi, la préfecture de Seine-Maritime a donné son feu vert à Lubrizol, en janvier puis en juin, pour deux demandes d’extension de ses capacités de stockage de produits dangereux, sans les soumettre au préalable à une évaluation des risques.

La première demande portait sur une augmentation de 1 598 tonnes de produits stockés sur le site, dont 1 436 tonnes de « substances inflammables » et 36 tonnes à la « toxicité aiguë ». Celle de juin concernait pas moins de 240 conteneurs (des récipients de stockage destinés à être manutentionnés) d’une capacité de 4 800 m3, dont 600 tonnes de substances inflammables et dangereuses pour l’environnement. La préfecture n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.

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« C’est inacceptable. On est face à une dégradation préjudiciable du droit de l’environnement », réagit Guillaume Blavette, administrateur de France Nature Environnement (FNE) en Normandie. M. Blavette siège au conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst). « Il y a quelques années, ce type d’information essentielle aurait été soumis à la consultation du Coderst. Mais aujourd’hui, de plus en plus d’informations nous passent sous le nez. Il ne faut pas s’étonner ensuite de la défiance vis-à-vis de la parole publique, et que les gens ne croient pas à la transparence totale du gouvernement », témoigne le militant écologiste, très actif dans la mobilisation citoyenne à Rouen.

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