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Nos discussions gravitent principalement autour de deux concepts qui sont : les inégalités et l’individualisme. (BUTTON) Partage * Favori * Recommander * Alerter * Imprimer * Partager * Tweet * Partager sur Google+ * 4 commentaires * 2 recommandés Cet été, les conversations passionnantes échangées par courriels avec une amie partie en voyage m’ont suggéré une idée de billet à publier sur le blog. Nos discussions gravitent principalement autour de deux concepts qui sont : les inégalités et l’individualisme. Je défends la thèse selon laquelle l’individualisme est un frein parmi d’autres à la constitution d’un mouvement solidaire destiné à lutter contre les inégalités. Mon amie pense que de tout temps, « chacun cherche à survivre pour lui et sa famille, puis progressivement quand le niveau de vie s’améliore, à vivre le mieux possible pour lui et ses proches » Nous nous rejoignons sur deux points essentiels ; - les régimes communistes n’ont apporté aucune solution à la résolution du problème des inégalités, bien au contraire. - Aujourd’hui, « une petite élite mondiale concentre l’argent et le pouvoir ». Certains mouvements « en réaction à un individualisme décrié » s’organisent pour lutter contre ce système au niveau de l'économie collaborative, par le biais des réseaux sociaux, de nombreux bénévoles s’investissent dans des associations. Quelques idées émergent de cette correspondance… Il existe 2 types d’inégalités : naturelles et sociales. La politique devrait s’employer à rectifier ou, de manière plus réaliste, atténuer les inégalités naturelles et surtout sociales. Or, force est de constater que, quels que soient les gouvernements successifs, les inégalités se creusent... Ce n’est pas moi qui le dis, mais le très respectable Institut national de la statistique INSEE. Et pourtant, pourquoi ceux qui souffrent de discriminations ne se regroupent-ils pas pour revendiquer plus de justice ? François Dubet^1 fait la remarque suivante : « Si la conscience des inégalités semble s’accentuer, elle ne débouche pas pour autant sur des formes d’action collective véritablement intégrées et organisées. » Certes, les réseaux sociaux jouent désormais un rôle important en termes de lien social favorisant des mouvements remarquables, Les Indignés, Le Printemps arabe, Occupy Wall Street (OWS), mais ces mobilisations s’essoufflent faute d’un véritable projet collectif. Les déçus de la gauche, celle même dont la mission relève de la réduction des différences, de l’amélioration des conditions d’existence des plus démunis, du maintien du niveau de vie des classes dites « moyennes », se tournent, en désespoir de cause, vers le parti obscur qui rend « l’autre pauvre », l’immigré, l’étranger, coupable de leurs maux. Ils se réfugient dans un constat amer et résigné, voire haineux, mais se mobilisent peu. De l’individualisme démocratique à l’égocentrisme. La tendance à l’individualisme dans nos sociétés contemporaines me semble expliquer bien des choses. À cet égard, le sociologue Olivier Bobineau^2 fait la remarque suivante : « Quand nous disons « individualiste », il n’y a pas de jugement de valeur. Il s’agit, à la suite de l’anthropologue Louis Dumont, de signifier que notre modernité consacre un état d’esprit d’individus égaux et libres, contrairement à l’esprit des sociétés anciennes où régnait une compréhension foncièrement inégalitaire et hiérarchique du lien entre les hommes, avec la subordination à la société des éléments et parties la composant (Dumont, 1966, 1977 et 1991) » Ce constat peut être attribué à différents facteurs, parmi lesquels certains me sont apparus comme déterminants : La génération « contestataire » s’oppose à la génération « attestataire » D’une part, les générations issues de mai 68 en réaction à une éducation rigide et liberticide tentent de donner à leur progéniture tout ce dont ils ont été privés, à savoir l’épanouissement, l’autonomie. L’enfant devient alors le centre de l’intérêt familial et développera, dans certains cas à l’âge adulte, un égo surdimensionné. Il refuse les règles collectives et fait preuve d’une absence de compassion envers autrui. Les années 80 ; l’avènement d’un nouveau capitalisme Parallèlement, les bouleversements économiques et technologiques, la flexibilité du travail, ont entrainé un processus croissant d’individualisation des relations. Depuis le début des années 80, le néolibéralisme prône davantage les droits individuels que les droits collectifs. Le profit, la performance, la précarisation de l’emploi contribuent à la mise en concurrence des salariés lesquels, précédemment se rassemblaient pour lutter contre un « ennemi commun ». C’est le règne du « chacun pour soi ». François Dubet^1 pense que l’homme moderne ressent les inégalités comme brutales, même si elles le sont parfois moins qu’auparavant, tout en se considérant comme responsable de ce qui lui arrive. Le consumérisme ; le désir anéanti par les pulsions Enfin, le système économique par lui-même encourage un certain narcissisme en jouant sur les pulsions, antagonistes du désir, que Bernard Stiegler^3 considère comme un des fondements de notre société consumériste. « Or, généralement, ce qui fait la valeur de la vie (aimer quelqu’un, admirer une œuvre, défendre une idée...) n’a pas de prix : les objets du désir sont par structure infinis, c’est-à-dire incalculables. En les soumettant au marché, on détruit le désir, qui est réduit à un calcul. Cela produit une société démotivée, qui a perdu toute confiance en elle, où il n’y a plus de relations sociales, et où triomphe le contraire du désir, à savoir la pulsion : la guerre de tous contre tous, une société policière » « Une société très dangereuse. » Aujourd’hui, nous sommes entrés dans ce qu’Olivier Bobineau nomme l’ère de « la troisième modernité »*ou ère du « tribalisme » dans laquelle l’individualisme perdure. L’individu appartient à des microgroupes. Il leurs manifeste son intégration par des signes d’identification tels les vêtements, les tatouages, etc. l’homme hypermoderne est engagé dans « une construction identitaire selon ses desiderata. ». Au regard de ce constat somme toute assez pessimiste, on peut s’interroger sur le moyen de faire société. Comment construire un avenir commun ? La contrepartie d’un individualisme exacerbé entraine également une exigence et un sens critique très développé envers les institutions, le pouvoir. Pour aller plus loin, on assiste sur l’ensemble de la planète à un attachement croissant aux droits de l’homme. - Mondialisation, développement des communications La mondialisation conduit les citoyens à faire preuve d’ouverture et donc de tolérance. L’altermondialisme représente une des premières manifestations politiques d’un engagement citoyen, coopératif, associatif à l’échelle mondiale. Au plan local, des initiatives de soutien scolaire, de loisirs éducatifs, de banques alimentaires, d’action sociale d’urgence, se constituent. Le développement d’Internet favorise les échanges et le partage : logiciels libres, sites internet collaboratifs, forum. - Économies parallèles On assiste au développement de nouvelles formes d’économie plus respectueuses de l’environnement et plus humaines : microcrédit, structures d’économie sociale et solidaire, réseaux coopératifs. - L’éducation Parmi les moyens de lier le « je » et le « nous », l’éducation doit jouer un rôle primordial en mettant l’accent sur une réelle égalité des chances ; - une école offrant les mêmes possibilités de réussite à tous en allouant plus d’aides à ceux qui en plus besoin. - un système éducatif qui veille à lutter contre les discriminations et l’exclusion. Du territoire à l’ensemble du monde : une participation citoyenne à la vie politique s’impose. La reconnaissance des individus en tant que citoyens égaux devant le droit et la reconnaissance de la dignité des personnes dans leur diversité constituent des prérequis fondamentaux pour faire société. L’accroissement des injustices qui alimente les peurs, les replis et les recherches d’identités entraine des formes de demandes de légitimations émanant d’individus ou de groupes. Ces revendications témoignent d’une aspiration à l’équité et d’un besoin profond : celui d’être inclus dans l’échange social. Cette intégration pourrait prendre pour expression le droit de vote local pour les résidents étrangers, dispositif complété par d’autres mesures comme la représentation politique, la participation civique et sa valorisation, la visibilité médiatique. Or, la dimension autocratique de l’état est un frein au sentiment d’appartenance du citoyen à une communauté. Ce dernier se sent de plus en plus évincé du débat et les représentants politiques en raison de leur éloignement des préoccupations quotidiennes du peuple se coupent chaque jour davantage de leur électorat. L’organisation de l’Europe en ce sens a accentué cette impression d’isolement de la population par rapport à ses dirigeants. Dominique Rousseau^5 dans un entretien avec Joseph Gonfavreux pour Médiapart exprime la nécessité d’une participation civile à la vie politique : « Aujourd’hui, l’Assemblée nationale représente le citoyen abstrait et il faut une autre assemblée pour représenter les citoyens concrets, c’est-à-dire situés dans leurs activités professionnelles et sociales. Et il faut bien sûr reconnaître à cette assemblée un pouvoir délibératif et non seulement consultatif. » Vers la fin du travail ? Mais, pour s’investir dans la vie de la cité encore faut-il du temps… Depuis le XIX^e siècle, le travail occupe une place prédominante dans l’activité humaine. Or, nous constatons que beaucoup d’entre nous, conséquence de la crise, mais aussi, développement des nouvelles technologies en sont privés. Certains économistes pensent même, à l’instar de Jeremy Rifkin^6 que les emplois sont condamnés à disparaître en grande partie : nous entrons dans l’âge de l’informatisation, qui ne pourra jamais absorber les millions de travailleurs qu’employaient l’agriculture, puis l’industrie, puis le tertiaire. Est-ce un mal social ou une occasion offerte à l’homme de mettre à profit un temps libéré pour se consacrer à d’autres activités que celles assez réductrices de ses obligations professionnelles ? L’allocation d’un revenu inconditionnel attribué au citoyen dès sa naissance jusqu’à sa mort représente non seulement un moyen de résorber la pauvreté mais aussi une opportunité pour l’individu exonéré d’un travail aliénant de s’investir dans la société civile. Un engagement politique, associatif constitue une source d’épanouissement et un sentiment d’utilité sociale. « Le travailleur n’est pas seulement un travailleur, un producteur, c’est aussi un corps, un esprit, un parent, un citoyen, et chacun de ces rôles nécessitent un temps propre, une disponibilité qui fait obstacle à la pure logique du marché » écrit Dominique Méda^4. Repenser la société Nous aurons compris que l’application des diverses transformations sociales et politiques évoquées tout au long de ce texte exige la refonte de notre modèle de société, de ses structures mêmes, économiques et philosophiques. Au regard du dérèglement écologique, du profond malaise social et politique, nous constatons que ni le système néolibéral actuel ni les régimes politiques expérimentés tout au long de l’aventure humaine n’apportent de réponses véritablement satisfaisantes. Sans doute faut-il songer à vivre différemment, de manière plus simple, sans pour autant renoncer aux progrès technologiques que l’on peut mettre au service de la population et de la nature ? L’individu ne peut se résigner au statut réducteur de consommateur qui engendre beaucoup de frustration et jamais de véritable satiété. Il existe en chacun de nous bien d’autres sources de richesse. * * Notes : « la troisième modernité » succède à « la première modernité » et « la seconde modernité ». Le concept même de modernité repose sur la notion de séparation : séparation des pouvoirs, séparation de l’État et des Églises, de la sphère publique et de la sphère privée, des institutions et des sentiments (Donegani & Sadoun, 2007, pp. 7 et 427). La première modernité couvrirait la période du milieu du XIX^e siècle aux années 1960. Cet « individualisme abstrait » (De Singly 2005) met en avant la vision d’un individu doué de raison qui, à la suite des Lumières, s’émancipe des traditions communautaires. À partir des années 1960, avec la deuxième modernité apparaît « l’individualisme concret ». Avec ce dernier, « Il ne s’agit plus tant de se séparer de ses attaches communautaires au nom de la raison émancipatrice que de développer l’individu en revendiquant son originalité, son authenticité et son indépendance » (Bobineau & Tank- Storper, 2007). Dans le cadre de la troisième modernité, « l’individu se construit et se singularise aujourd’hui non pas tant en se référant à son authentique et originale individualité (deuxième modernité) » qu’en s’appropriant des caractéristiques communautaires et affinitaires – celles de son quartier, de sa région, de sa culture singulière, de sa religion, de ses réseaux de prédilection... ou encore celles de ses parents. Affinités, par conséquent, partagées en cercles restreints. Quelques repères bibliographiques. ^1 : François Dubet est sociologue et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Inégalités et justice sociale, sous la direction de François Dubet. Éd. La Découverte. Pourquoi moi ? L'expérience des discriminations, Éd. Seuil, 2013. ^2 : Olivier Bobineau, est sociologue « La troisième modernité, ou l'individualisme confinitaire » SociologieS [En ligne], Théories et recherches, mis en ligne le 06 juillet 2011, URL : http://sociologies.revues.org/3536 ^3 : Bernard Stiegler est philosophe, directeur de l’IRI, Institut de Recherche et d’Innovation au Centre Georges Pompidou et président de « ARS INDUSTRIALIS », cercle de réflexion.Ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue, de la pharmacologie, Éd. Flammarion, 2010. États de choc - Bêtise et savoir au XXI^e siècle, Éd.Fayard/Mille et une nuits, 2012. ^4 : Dominique Méda est normalienne philosophe et sociologue Professeure de sociologie à Paris-Dauphine. Elle est également directrice de l'Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (Irisso). Qu’est-ce que la richesse ? Réed.Champ-Flammarion, 2000. La mystique de la croissance. Comment s'en libérer, Éd. Flammarion, 2013. ^5 : Dominique Rousseau est professeur de droit constitutionnel à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne et préconise l’écriture d’une nouvelle constitution. La V^e République se meurt, vive la démocratie, Éd. Odile Jacob, 2007. ^6 : Jeremy Rifkin : La troisième révolution industrielle Éd. Les liens qui libèrent, 2012, La Fin du travailÉd. La Découverte, 2007. Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la rédaction. L'auteur Philocat FORMATRICE - RECEPTIONNISTE Nice - France * 8 billets * 2 liens * 17 favoris * 5 contacts onze euros par mois Lisez Mediapart en illimité sur ordinateur, mobile et tablette. 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Repli égotiste ? Dandysme de petit-bourgeois ? Nous avions lu plusieurs de ses ouvrages, écrits d’une plume vive, et étions curieux, car n’appartenant pas à cette tradition philosophique et politique, d’en savoir davantage : entretien à bâtons rompus avec le biographe d’Anselme Bellegarrigue, également auteur de Vendée 1793 et d’un essai sur le poète Léo Ferré — que faire de l’État ? pourquoi être non-violent ? qu’est-ce que le pouvoir ? peut-on « faire société » ? __________________________________________________________________ bey Vous faites de l’individu une figure de résistance face à la modernité marchande : ne vit-on pourtant pas dans une époque qui, sans cesse, glorifie l’électron libre, le self made man, le « be yourself » et le développement de soi ? Le XXI^e siècle est souvent présenté comme l’acmé de l’individualisme, comme le couronnement de l’individu-roi. Rien de plus exact : la personne, dans sa singularité, est prise en compte, choyée, valorisée, voire adulée, royalement célébrée par l’omnipotent marché. Et pourtant, paradoxalement, rien de plus faux ! C’est la grande confusion, plus ou moins entretenue par des médias sémantiquement peu scrupuleux, intellectuellement peu regardants. Car ce que l’époque choie, ce que le marché cajole n’est pas l’individualisme mais l’égocentrisme, le nombrilisme, le narcissisme, l’égoïsme qui engendre la rivalité, le profit, la réussite qui passe par l’écrasement de l’autre. Ce que la saison flatte et chouchoute n’est pas l’individu mais l’ego, le petit moi rétracté, le grand je boursouflé. L’individu, pivot du libertarisme [à ne pas confondre avec le libertarianisme, ndlr], a toute autre figure, il est constructeur de soi pour faire société avec l’autre, si chacun le désire. Mais il n’est pas donné a priori, il se construit dans la difficile et pourtant nécessaire individuation, ce que suggère implicitement Georges Bernanos quand il écrit, en 1947 : « Sommes-nous des êtres conscients et libres, ou des pierres roulant sur une pente ? » « Ce que la saison flatte et chouchoute n’est pas l’individu mais l’ego, le petit moi rétracté, le grand je boursouflé. » Le premier grand affirmateur de l’anarcho-individualisme français est d’ailleurs Anselme Bellegarrigue. Ce que le Gersois nomme son « individualisme cru » est une affirmation forte, un credo puissant : « Je suis anarchiste, c’est-à-dire homme de libre examen, huguenot politique et social, je nie tout, je n’affirme que moi ». Cependant, les définitions percutantes laissent, assez rapidement, place à des affirmations nuancées et qui s’avèrent en opposition avec l’égoïsme que défend Stirner. Pour Anselme, l’appropriation de soi à soi-même est à la fois « une affirmation de mon individu » tout autant qu’une « protestation contre toute suprématie ». Sa conception de l’individualisme est incompatible avec la domination car « nul n’est plus haut que tous ; nul n’est en-dehors du droit commun ». L’Un n’existe pas pour écraser les autres mais au contraire pour vivre en bonne entente et sur un pied d’égalité avec eux. Anselme, le premier, ouvre le chemin. L’ouvrier Joseph Déjacque, dix ans après, l’emprunte : « Tout ce qu’il [l’individu] est en droit d’exiger de ses semblables c’est que ses semblables n’attentent pas à sa liberté, c’est-à-dire à l’entier développement de sa nature. Tout ce que ceux-ci sont en droit d’exiger de lui, c’est qu’il n’attente pas à la leur^1Le Libertaire, n° 3, 1858.. » Cette revendication d’un individualisme attentif et fraternel se retrouve au XX^e siècle chez de nombreux auteurs libertaires. Un exemple, parmi de nombreux, est donné par Manuel Devaldès qui distingue l’individualisme anarchiste, tourné vers autrui, de l’égoïsme arrogant, qui méprise l’autre : « Alors que l’individualisme libertaire, l’individualisme réel, donne des armes aux faibles, non de manière à ce que devenus forts ils oppriment à leur tour les individus demeurés plus faibles qu’eux, mais de telle façon qu’ils ne se laissent plus absorber par les plus forts ; le prétendu individualisme bourgeois ou autoritaire s’efforce uniquement de légitimer par d’ingénieux sophismes et une fausse interprétation des lois naturelles, les actions de la violence et de la ruse triomphantes. » L’individualisme libertaire est célébré au fil du temps, par Bellegarrigue et Déjacque, par Zo d’Axa et Tailhade, par Fénéon et Descaves, par Ryner et Arru ou par Camus et Onfray. Albert Camus Quels points cardinaux lui voyez-vous ? Je dirais qu’il est possible d’en retenir trois. 1) L’individualisme libertaire n’est pas le nihilisme. Il n’affirme pas l’Un contre tous les autres, l’Un écrasant les autres par tous les moyens, comme le suggère parfois Stirner. L’individu n’est pas l’égoïste compétiteur, haineux, qui ne songe qu’à son autopromotion en s’essuyant les pieds sur ses rivaux. La confusion entre les deux figures est souvent entretenue, à tort. Politiquement, alors que l’individualisme est porté par le libertarisme anarchiste, l’égoïsme est soutenu par les pratiques néolibérales. 2) L’individualisme est émancipateur. Le sujet est constructeur de lui-même, par lui-même et par les autres. Il est possible de se souvenir de la phrase d’Elisée Reclus : « Il faut chercher âprement la vérité, trouver le devoir personnel, apprendre à se connaître soi-même ». L’émancipation ne tombe pas du ciel, elle est un travail sur soi, long, exigeant, permanent. Et, enfin : l’individualisme est fraternel. La question du rapport de l’individu à l’autre, à la société, est un nœud gordien du libertarisme. Certains libertaires ne supportent aucune contrainte sociale — comme Anna Mahé qui poussait sa détestation de l’État jusqu’à ne pas déclarer la naissance d’un enfant à l’état-civil — mais d’autres peuvent s’associer avec les compagnons qu’ils ont choisis, quand les autres mettent en avant, à l’instar de Bellegarrigue, « la fraternelle ambition de concourir au bien commun ». La fraternité réunissant les individus se concrétise dans la libre association, en lien aux désirs et envies… ainsi que la libre dissociation, possibilité toujours conséquente. L’entraide n’entraîne pas l’obligation et elle suppose une réciprocité ; sans bénéfice réciproque, entraider n’a pas de sens. L’interaction de l’homme libre et de l’association choisie favorise un enrichissement réciproque. Pour emprunter les mots de Devaldès, « avec l’individualisme libertaire, l’individu, enfin irréligieux, n’a plus à s’immoler à l’association, puisqu’il n’y participe que dans la mesure de sa libre volonté et suivant ses besoins ». Vous parlez de Stirner. Alain Jouffroy a avancé, dans De l’individualisme révolutionnaire, qu’il condamnait à l’impuissance, par son égotisme fou. Vous refusez, quant à vous, d’y voir seulement l’éloge d’un Moi-Je infantile et tout-puissant… « Ce monde de prédateurs et de proies ressemble à ce que pourrait être une société entièrement libéralisée. » Ma réflexion est plus nuancée que ce que vous en dites. Albert Camus, dans L’Homme révolté, considérait que l’émancipation de ce qu’il nommait « l’individu-roi » (par opposition à l’individu altruiste qu’il proposait) ne pouvait aboutir qu’à la destruction de l’homme : « Stirner et, avec lui, tous les révoltés nihilistes courent aux confins, ivres de destruction. » L’individualisme stirnerien mènerait donc, selon le philosophe, à la terreur anarchiste : « Sa descendance directe se retrouve dans les formes terroristes de l’anarchie. » Je n’en suis pas certain. Ravachol et Bonnot ont-ils lu et assimilé Stirner ? Se sont-ils revendiqués de lui, ont-ils voulu le mettre en application ? Il me semble que les deux écueils à éviter, avec la lecture de L’Unique, sont, d’une part, l’adhésion aux idées qui de toutes les façons sont tellement contextualisées qu’il serait complexe de les transposer ainsi ; d’autre part, le rejet à la façon de Camus, au prétexte qu’il fait le lit de « l’égotisme fou ». Je rappelle, au passage, que le journal de Cœurderoy est beaucoup plus violent et nihiliste que L’Unique. Et n’oublions pas, non plus, le Catéchisme révolutionnaire dans lequel Netchaïev avait entraîné Bakounine. Stirner n’a aucun monopole en matière de violence et de destruction ! Et puis, pardon de me citer, mais j’écris, dans le Dictionnaire de l’individualisme libertaire, que « Être stirnerien implique la validation de certaines de ses idées, la réfutation d’autres, la critique toujours. » Et j’ajouterai à cela que je ne me sens pas spécialement stirnerien… et d’ailleurs, je ne me considère pas davantage bellarriguien ou zo d’axien ! Et pourtant ce sont des auteurs que j’apprécie. Stirner a toujours posé problème aux libertaires, en raison de contradictions fortes. Il est celui qui préconise un égoïsme radical : « Je prends ce dont j’ai besoin ». Il définit un affrontement frontal, avec Dieu, avec l’État, mais aussi avec l’Autre, s’opposant en s’imposant à qui lui résisterait. Ce monde de prédateurs et de proies ressemble à ce que pourrait être une société entièrement dérégulée, une société entièrement libéralisée. Mais, complémentairement, c’est aussi, avec une force également puissante, que Stirner affirme la nécessité de l’Autre : « Comme l’individualisme est le fait primordial de l’humanité, l’association en est le terme complémentaire. » Il définit l’individualisme comme attaché à son indispensable auxiliaire, l’association avec les autres. Mais une association de libre choix. De celle à laquelle il adhère en toute lucidité et qu’il quitte tout aussi facilement, si l’individu n’y trouve pas son compte. Demeure une certitude : les contradictions stirneriennes ne sont pas en voie d’être dépassées ! ravachol Arrestation de Ravachol L’État, justement… Venons-y ! Votre vision paraît plus entrelacée que ce que l’on a coutume de lire dans la tradition libertaire. Pour Friedrich Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra : « L’État, c’est le plus froid des monstres froids : il ment aussi froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : ‘‘ Moi, l’État, je suis le Peuple’’ ». Le constat est implacable ! Pourtant, l’État n’est pas une fatalité en soi. Certes, celui que nous connaissons, en France, résulte d’une histoire multiséculaire, cependant l’anthropologue Pierre Clastres avait montré qu’existent des civilisations qui ont refusé la machine étatique. Il s’était appuyé sur son expérience des petites sociétés amérindiennes d’Amazonie. Contredisant les théories marxiennes, il avait mis en lumière le fait que l’État n’est pas le résultat d’un processus développemental, menant vers une civilisation de type occidental et technologique. Son existence ne signe pas la supériorité d’un groupe, européen, sédentaire, citadin, sur un autre, nomade, qui vivrait encore de chasse et cueillette. Son analyse montre qu’il existe deux sortes de sociétés (en quantité, il est vrai infiniment déséquilibrées) : les sociétés dites primitives, qui « ignorent l’État parce qu’elles n’en veulent pas » (Clastres), et les autres, toutes les autres, les sociétés à la structure étatique plus ou moins écrasante. « La question de l’absence d’État mérite débat. Entre l’étouffoir du tout-État et la férocité du non-État, un remodelage est à réfléchir. » Au-delà de cette donnée première et incontournable, les grandes questions qui assaillent, depuis toujours, les libertaires tournent autour de : faut-il l’abolir l’État ? le conserver ? simplement se séparer de quelques branches ? le réduire ? le remplacer ? par quoi ? à quel moment ? Il est possible de poser quelques repères qui balisent la question. Mais avant cela, je ferai une remarque, attachée à la notion de pouvoir coercitif qu’induit l’État. La machine État, pour puissante qu’elle apparaisse, n’est pas un monolithe. Michel Foucault nous a appris que le pouvoir n’est pas seulement localisé dans la machine mais qu’il se répartit tentaculairement. Le système est composé de ce que je nommerai des « mini-États », lieux de pouvoir reliés par des passerelles d’intérêts et de connivences. Il y a le mini-État des politiciens, élus professionnels et indécrottables ; celui des technobureaucrates, marquis arrogants de la haute fonction publique qui, par exemple, tiennent les finances à Bercy ; celui, également, des militaires, qui se fait discret mais demeure présent à tous niveaux et dont le politique ne peut se passer, Afghanistan, Mali, Centrafrique, Irak obligent. Celui de l’industrie pharmaceutique qui contrôle certains rouages des ministères importants. Bien d’autres encore. Enfin, chaque cerveau peut devenir un petit État en puissance, pour qui n’y prend garde ! Mais, pour revenir à la question, la disparition de l’État, de toute règle bureaucratique et centralisée, pour séduisante qu’elle soit, peut s’avérer diabolique. Elle offre le champ libre à la dérégulation dans tous les compartiments de la vie. Il suffit de porter les yeux sur les exemples pour mieux comprendre où elle peut mener : la Somalie, désormais abandonnée aux mains des chefferies tribales et des mouvements islamistes ; Haïti, en proie au lavage de cerveau par des sectes religieuses de toutes obédiences, plus pentecôtistes que vaudoues ; l’Irak livré aux oppositions ethniques et religieuses, entre communautés chiites, sunnites, kurdes, turkmènes et autres ; la Libye, défigurée, et tant d’autres pays. La disparition, l’écrasement, la dislocation de l’État, ouvrent les vannes à la violence privée, au dogme religieux, à la fragmentation sociale, à la mafia. La question de l’absence d’État mérite vraiment débat. Entre l’étouffoir du tout-État et la férocité du non-État, un remodelage est à réfléchir. Penser une affirmation de l’État contre la communauté envahissante, une affirmation des droits de l’individu contre l’abandon au grégarisme, de la loi républicaine contre la règle tribale, de la justice sociale contre le tribunal religieux, de la laïcité contre les croyances sectaires. clastres Pierre Clastres Vers quelle forme d’État pencher ? Les libertaires ont une égale détestation pour l’État bureaucratique, omnipotent, que pour le non-État et sa livraison des plus humbles aux lois de la jungle marchande. La soviétisation n’est pas une finalité, c’est un goulag ; la somalisation n’est pas un objectif, c’est une plaie. Alors, aucun schéma prédéterminé, aucune structure établie et aucun programme nouveau ne peuvent répondre à la question du nouvel État. C’est à la population, aux citoyens, à partir des expériences menées, de définir ses choix, d’élaborer ses modes de fonctionnement, tant il est vrai que la remise en cause de l’État et l’idée de proposer des formes alternatives émergent toujours lors de circonstances économiques singulières ou de conflits sociaux. Pourtant, l’avenir ne pourra pas évacuer quelques-unes des actuelles dimensions de l’État, comme celles qui ont trait à l’entraide sociale, qu’il faut cependant reconsidérer dans un sens plus protecteur. Penser un État réduit et non impérial, mesuré et non débridé, contrôlé et non contrôleur. Une sorte d’État minimal, protecteur pour les individus et soucieux de bien commun. « Aucun schéma prédéterminé, aucune structure établie et aucun programme nouveau ne peuvent répondre à la question du nouvel État. » Le libertaire américain Noam Chomsky émet un constat analogue, considérant, lui aussi, qu’il faut reconsidérer, sous un angle pragmatique, le mythe de la destruction de l’État. « L’idéal anarchiste, quelle qu’en soit la forme, a toujours tendu, par définition, vers un démantèlement du pouvoir étatique. Je partage cet idéal. Pourtant, il entre souvent en conflit direct avec mes objectifs immédiats, qui sont de défendre, voire de renforcer certains aspects de l’autorité de l’État […]. Aujourd’hui, dans le cadre de nos sociétés, j’estime que la stratégie des anarchistes sincères doit être de défendre certaines institutions de l’État contre les assauts qu’elles subissent, tout en s’efforçant de les contraindre à s’ouvrir à une participation populaire plus large et plus effective. » Il ne serait pas infondé, mais la discussion reste ouverte, de maintenir, en les simplifiant, les ministères qui assurent les sécurités financières, médicales et d’hébergement, pour chaque individu, indépendamment de son âge et de sa condition de vie. De maintenir, aussi, en les allégeant, les ministères qui garantissent une justice indépendante et la sécurité des citoyens. Il semble, alors, que les autres ministères existant actuellement, à l’image de celui de l’Éducation nationale, pourraient disparaître de leur forme actuelle : être réduits, simplifiés voire supprimés. D’ailleurs, on peut se demander : le ministère de l’Éducation nationale est-il nécessaire ? N’est-il pas possible de remplacer le monstrueux MEN par une institution plus légère sous forme de Conseil éducatif national, émanation de conseils éducatifs à dimension régionale, sans lobbies à caractère rectoral ou inspectoral ? Les missions de ce Conseil seraient à circonscrire autrement qu’à travers les seules obsessions de la surveillance et de l’évaluation. Parmi elles : définir un programme de base pour tous, à partir des fondamentaux ; épauler l’aide à l’innovation en facilitant les expérimentations ; fédérer les pratiques de lutte contre l’échec et diffuser les réussites enregistrées en ce domaine — fussent-elles modestes —, etc. Il semble nécessaire de préférer un État minimal, dépouillé de sa cohorte de grands fonctionnaires aux rémunérations pharaoniques, de petits fonctionnaires aigris et revanchards, de conseillers spéciaux aux primes dignes de footballeurs internationaux, d’experts en expertise, de politiciens recyclés, de toute cette cour qui se pense indispensable, qui vit au cœur, autour, au crochet des ministères, se délectant dans les mangeoires et les abreuvoirs de la République. Ainsi posée, on s’aperçoit que la question de la disparition (ou pas) de l’État se complète par la façon dont on peut se passer d’une domination bureaucratique, constante et à multiples facettes. chomsky Noam Chomsky Vous vous montrez très critique à l’endroit de la violence et des actions armées : seriez-vous un partisan du pacifisme ? La réflexion sur la recherche de moyens efficients pour s’opposer à l’économisme dominateur, aux hiérarchies étouffantes, au quotidien qui grignote la liberté chaque jour davantage, pour construire un mode de vie différent, invite à penser la non-violence comme modalité ordinaire de fonctionnement d’une société humaine, équilibrée, pacifiée. « Si l’une des caractéristiques de l’action non-violente est d’être ouverte à tous — hommes, femmes, enfants, vieillards, handicapés, etc. —, elle permet surtout d’empêcher la formation de groupes spécialisés dans le combat violent et de décourager la création d’une élite en capacité de confisquer le pouvoir parce qu’elle possède les armes » rappellent, avec justesse, mes amis André Bernard et Pierre Sommermeyer, dans un livre peu épais mais fort intelligent, paru cette année, Désobéissances libertaires. « L’approche de la non-violence implique, à l’opposé, que la violence soit à combattre, afin que tombent d’autres citadelles qui se nourrissent d’elle, comme l’État. » La non-violence et l’anarchisme sont idées proches, même si deux distinctions principales peuvent être apportées. D’une part, l’anarchisme considère qu’il faut abolir l’État pour que disparaisse la violence qui lui est attachée. L’approche de la non-violence implique, à l’opposé, que la violence soit à combattre, afin que tombent d’autres citadelles qui se nourrissent d’elle, comme l’État. Cette définition, à partir de la théorie anarchiste, laisse de côté de nombreuses occurrences caractérisant la violence, telles les agressions physiques et morales d’un individu envers un autre, l’oppression, l’humiliation, la menace, la servitude, la détention et plus généralement les privations de liberté. Aussi, une autre distinction peut être notée, au sein même de l’univers anarchiste entre une orientation davantage dogmatique, volontiers insurrectionnelle, éventuellement violente — au sens que lui donnèrent aussi bien Stirner que Bakounine — et une seconde orientation, qui se retrouve davantage dans la voie libertaire, qui tend à une pratique non-violente. Dans cette distinction, se retrouve, pour une part, la différence entre courants plateformiste et synthésiste, entre anarchisme et anarchie. L’anarchie et la non-violence prennent source, bien évidemment chez les grands anciens, Proudhon et Bellegarrigue. « Malgré les violences dont nous sommes témoins, je ne crois pas que la liberté ait besoin désormais pour revendiquer ses droits et venger ses outrages, d’employer la force », écrit Pierre-Joseph Proudhon. Quant à Anselme Bellegarrigue, il condamnait lucidement, dès 1848, « les jongleries sanglantes qui, sous le titre pompeux de révolutions, dissimulent l’impertinence de quelques valets pressés de devenir des maîtres ». Appartiennent aussi à la famille, le Russe Léon Tolstoï et l’Américain Benjamin Tucker. Le premier écrivit, en 1901 : « Pour nous qui voulons mettre fin à une mauvaise organisation sociale, il n’y a non plus qu’un moyen de salut, nous abstenir de pratiquer la violence, cause de nos malheurs, renoncer à la violence personnelle, à l’enseignement systématique de la violence, à toute justification de la violence. » Pour le second, la violence révolutionnaire n’a même plus de sens, elle est désavouée par l’Histoire : « Le temps des révolutions armées est fini, on en triomphe trop facilement. » proudhon Proudhon, par Gustave Courbet Côté français, deux figures ressortent, parmi de nombreux libertaires adeptes de la non-violence, E. Armand et André Arru. Pour Ernest Juin — plus connu sous le pseudonyme E. Armand — être homme, c’est défendre la non-violence. Ambitieux projet qui ne sera rendu possible que grâce à l’éducation : « Il me semble impossible que mieux éclairés, plus instruits, informés davantage, enfin, les humains n’en viennent pas d’eux-mêmes à la solution seule capable de réduire toujours plus la souffrance évitable — et c’est là le bonheur — la solution individualiste : la solution de la liberté. » Il disait cela en 1923. Pour Jean-René Saulière, devenu André Arru en 1939 en raison de son insoumission, son rejet de la violence n’exclut pas une forme active de résistance comme la confection de fausses pièces d’identité ou l’aide aux évadés. Il est à noter que la violence qu’il refuse est autant celle de l’État et du nationalisme que celle des révolutionnaires et de l’internationalisme. « Je refuse toute participation même anodine, même sans risques, à cette incommensurable bêtise, c’est le seul mot qui me paraît juste pour qualifier la guerre. J’agirais identiquement pour une révolution, même si elle me paraissait sympathique. La violence, pour quelques raisons que ce soit, ne résout jamais rien. » Il y a Louis Lecoin, aussi. « Giono connaissait la guerre et ses horreurs, puisqu’il combattit à Verdun. Cette rude expérience fit de lui un pacifiste intégral. » Oui. C’est un autre personnage, à la forte personnalité, qui marqua son époque. Il était connu pour son pacifisme et ses grèves de la faim — celle de 1962 resta célèbre qui permit d’aboutir, l’année suivante, au statut d’objecteur de conscience, pour lequel Albert Camus avait également combattu, aux côtés de Lecoin. Ce dernier écrivit pourtant que la non-violence possédait ses propres limites : « Ma non-violence, dans la société de fauves que nous subissons, n’est que théorique ; elle me conduit à souhaiter une harmonieuse cité toujours en évolution heureuse dans la douceur des rapports entre ses habitants, mais elle ne peut m’empêcher d’employer un peu de violence au besoin pour en détruire beaucoup^2Liberté, n° 109, 1964.. » Contradiction, encore ! Au-delà du courant libertaire organisé, il est parfois surprenant de voir que certains auteurs prirent avec force, le parti de la non-violence tandis que la grande conflagration de 1939 éclatait. Un cas singulier est celui de l’écrivain provençal Jean Giono. Il connaissait la guerre et ses horreurs de l’intérieur, puisqu’il fut mobilisé en 1914 et combattit à Verdun. Cette rude expérience fit de lui un pacifiste intégral. Sa position de ne pas prendre parti, durant la seconde guerre mondiale, fut sujette à discussion. Pourtant, les écrits de Giono, même antérieurs à 1939, rappellent que son pacifisme est inséparable d’une critique acerbe du système capitaliste. Pour lui, la guerre est un moment de la grande manipulation du capital. « Celui qui est contre la guerre est par ce seul fait dans l’illégalité. L’état capitaliste considère la vie humaine comme la matière véritablement première de la production du capital. Il conserve cette matière tant qu’il est utile pour lui de la conserver. Il l’entretient car elle est une matière et elle a besoin d’entretien, et aussi pour la rendre plus malléable il accepte qu’il vive. » Première Guerre mondiale, dans les tranchées Un temps proche du Parti communiste, il s’en éloigna rapidement, eu égard au bellicisme dont ce mouvement fit preuve. Il s’opposa alors à Romain Rolland, qui signait un appel « Nous ne voulons pas la guerre » tout en restant dans le giron du PCF. Or, ajoute Giono, « les journaux de ce parti parlent ouvertement de la guerre ; ils disent qu’ils sont prêts à la faire et ils demandent aux gouvernements français et anglais de menacer Hitler de la guerre, si l’on en juge par les articles de L’Humanité ». Quand il demeura fidèle à ses idées, au risque de rester solitaire, d’autres intellectuels dits ‘‘pacifistes’’ restaient compagnons de route d’un parti qui poussait au conflit armé. Jean Giono, fortement individualiste et se défiant de la vénération envers la modernité, reste la figure singulière d’un pacifisme qui ne transige pas. Dernier point, toujours nécessaire à se souvenir : la fougue guerrière n’est pas une spécialité de la droite ! L’obsession des socialistes à imposer les droits de l’Homme, le glaive à la main, trouve une seconde jeunesse dans le droit d’ingérence, qui est nouvelle façon de faire la guerre par d’autres moyens. Le socialisme gestionnaire — rejoint par le canal historique du républicanisme français, encore encroûté dans la Troisième République — a indécrottablement la nostalgie de la puissance coloniale. « Le socialisme gestionnaire a indécrottablement la nostalgie de la puissance coloniale. » Permettez ce petit rappel. Léon Blum gouverne, en 1946, lorsque éclate la guerre d’Indochine. Sous le gouvernement de Pierre Mendès France, en 1954, débute la guerre d’Algérie. Guy Mollet, chef du gouvernement, en 1956, expédie les soldats français dans l’aventure du canal de Suez. Sous la présidence de François Mitterrand, en 1991, la France participe à l’expédition en Irak. Le premier ministre Lionel Jospin envoie, en 1999, l’armée au Kosovo. Puis, le même premier ministre participe à la coalition qui pénètre, en 2001, en Afghanistan. Le président François Hollande, à son tour, envoie, en 2013, l’armée française en République du Mali et au Sahel, combattre le terrorisme, puis en République de Centrafrique, se battre contre on ne sait plus très bien qui, et en 2014, fidèle suiveur des Américains, sans mandat de l’ONU, il bombarde le Nord de l’Irak, alors aux mains des extrémistes sunnites ! Loin d’être une irritation de la seule droite, le prurit guerrier n’a jamais cessé de démanger le socialisme gestionnaire. Une des querelles principales entre le marxisme et l’anarchisme est la notion de pouvoir. Comment la traitez-vous ? Déjà, de quelle forme de pouvoir parle-t-on ? Le pouvoir sur est un mode de domination, le pouvoir de est une façon d’être qui peut s’avérer bénéfique ou pas, selon qui, envers qui et pourquoi il est exercé. Considérons, en premier lieu, la signification pesante et négative du terme. C’est le pouvoir qui assure la subordination, le commandement, la supériorité ; c’est l’acception qui se rencontre le plus communément. Sa figure destructive aboutit à la puissance écrasante de l’un sur l’autre, à la satisfaction de l’égoïsme, au conflit insoluble. Les déclinaisons sont nombreuses. C’est ainsi que les bonimenteurs de la politique, relayés par de fidèles médias, ont tout pouvoir de professer chaque soir leurs balivernes aux informations : certainement le chômage va diminuer, naturellement les États-Unis œuvrent pour la paix dans le monde, assurément la Chine est une grande démocratie et évidemment la Terre est plate depuis la nuit dernière ! Les gogos, totalement crédules, quémandent chaque jour leur ration d’avoine télévisuelle. Les journalistes les plus opportunistes et les politiciens les plus adroits élèvent le mensonge au rang de beaux-arts. Le pouvoir politique, tel qu’il existe, poursuit, également, un objectif obsessionnel : gagner de l’argent. Pouvoir de dominer, pouvoir de posséder, pouvoir de disposer de la pensée et de la vie des autres — qui subissent sans guère développer d’esprit critique — voilà le credo de l’oligarchie. afghan Soldat français mort en Afghanistan Néanmoins, et contrairement à l’idée admise par beaucoup, il ne faut pas oublier qu’existent, parallèlement, des formes positives du pouvoir. Chacun est en position d’exercer un pouvoir qui ne nuit pas à autrui, au contraire, qui lui vient en accompagnement. Le premier de tous est le pouvoir d’attention, d’écoute de l’autre, le pouvoir d’exercer une vigilance altruiste. Cela se matérialise par le pouvoir d’aider, pouvoir de coopérer, pouvoir de décider avec l’autre, pouvoir de convaincre. C’est une forme constructive qui cherche l’entente, le consensus, à la condition, naturellement, que l’autre accepte l’aide, afin que chacun en tire profit dans une réciprocité partagée. Le libertarisme anarchiste se mobilise sur cette orientation qui, il faut le reconnaître, dans les conditions actuelles de la société, n’est pas des plus faciles à mettre en place, ni des plus gratifiantes. L’individu, s’il prend la peine de chercher, dispose d’autres pouvoirs à visée positive. C’est, par exemple, le pouvoir capacité. Il se traduit par le fait que chacun, dans des conditions favorables, a le pouvoir d’évoluer, de réaliser, de créer, de transformer sa vie. Il mobilise sa propre volonté et, parfois, pour y parvenir, fait appel à l’entraide ou à la coopération. C’est, autre exemple, le pouvoir régulation. Il peut, lui aussi, se comprendre de façon négative si les seuls aspects qui transparaissent sont, d’une part, celui de la contrainte au changement et, d’autre part, le fait que certains le vivent comme une remise en cause de leur personne. En revanche, si le pouvoir de régulation est perçu comme mode de remise en marche du collectif, sans culpabilisation individuelle, alors le remodelage, le changement de cap sera partagé et vécu plus positivement. Pouvoir politique, pouvoir économique, pouvoir social mais aussi pouvoir d’écoute, de création, de coopération, le pouvoir est partout. « Parler d’une société sans pouvoir politique, c’est parler d’une société sans relations sociales, sans régulations sociales, sans processus de décision sociale, bref, c’est parler d’un impensable parce que réitérativement contradictoire dans les termes », lançait Ibanez en 2010. Détruire le pouvoir ne fait pas plus sens que détruire l’État. Il est préférable d’étudier les enjeux, d’élucider les rapports de domination plutôt que se réfugier derrière un slogan. Vous avez mentionné à plusieurs reprises le nom de Bellegarrigue. Il se trouve que vous êtes l’auteur d’une biographie sur lui (vous le tenez pour le « premier libertaire français »). Pourquoi s’être penché sur son cas ? « Les gogos quémandent chaque jour leur ration d’avoine télévisuelle. Les journalistes les plus opportunistes et les politiciens les plus adroits élèvent le mensonge au rang de beaux-arts. » Il n’existait aucune biographie sur lui. Je note que Déjacque et Cœurderoy, autres grands pionniers et contemporains de Bellegarrigue et Proudhon, n’ont pas, non plus, de biographie… Appel lancé aux historiens du mouvement libertaire ! Dans les textes libertaires que je lisais depuis des décennies, je rencontrais parfois Bellegarrigue. Il était souvent cité, la plupart du temps de façon incomplète, quant à chaque petite biographie lue, elle était indigente, fantaisiste voire contradictoire avec une autre (pour illustration voir celle, très inventée, rédigée par Raoul Vaneigem pour L’Encyclopedia Universalis). Comme, en outre, ses propos touchaient des thèmes qui demeurent fortement d’actualité — le droit, le gouvernement, l’État, la désobéissance, la municipalité —, j’ai décidé d’effectuer des recherches pour mieux identifier l’auteur, son parcours, ses écrits. J’ai recherché, durant trois années, pour réunir ses textes politiques dans leur intégralité et pour trouver ses descendants. Une fois identifiés (en France, aux États-Unis, au Salvador), ceux-ci se montrèrent très coopératifs et me donnèrent de nombreux éléments permettant de mieux comprendre le Gersois, né en 1813. Ils me confièrent, aussi, le seul cliché existant de son portrait. Bellegarrigue est un être complexe, en rupture de ban avec son milieu familial qui était fortement légitimiste, exerçant d’abord le métier de journaliste puis de juriste et d’avocat. Il est auteur d’un essai publié à la suite des événements de 1848, Au fait, au fait !! Interprétation de l’idée démocratique. Il fonde, en 1850, une Association de Libres Penseurs, rapidement interdite, puis publie deux numéros d’une revue portant le nom de L’Anarchie, Journal de l’Ordre. Il voyage aux États-Unis et, de retour en France, enseigne le droit à la Sorbonne. Il épouse l’une ses étudiantes, ayant vingt-deux ans de moins que lui, et, en 1859, ils quittent la France pour la République du Salvador. À la demande du président salvadorien, qui vient de fonder une université nationale, il y crée une faculté de droit. Bellegarrigue décède au Salvador, probablement, en 1869. acte Acte de naissance d’Anselme Bellegarrigue Que peut-on, pour aujourd’hui, tirer de son œuvre ? On peut, très synthétiquement, articuler cela autour de plusieurs points. La suppression du gouvernement. Il s’oppose fermement au gouvernement, non pas celui de tel ou tel ministre mais à tous les gouvernements, au principe même de gouvernement. « À mon point de vue, la Révolution doit être la ruine non pas d’un gouvernement, mais du gouvernement ». Pour lui, gouvernement et ministères (à de rares exceptions) n’ont pas lieu d’être. Ce ne sont que des parasites qui spolient le peuple en limitant sa liberté. L’illusion du vote. Anselme préconise l’abstention. Le vote, à l’exception de celui qui concerne la municipalité (précédant ainsi ce qu’écrira plus tard Murray Bookchin), ne sert à rien, si ce n’est à entretenir une caste politicienne qui ne pense qu’à ses propres intérêts. « Je m’obstine à croire que les électeurs ne savent pas qu’ils se suicident civilement et socialement en allant voter ; un vieux préjugé les tient encore loin d’eux-mêmes, et l’habitude qu’ils ont d’être chez le gouvernement les empêche de voir qu’il ne tient qu’à eux d’être chez eux. » La municipalité. Sans malheureusement développer son idée, Bellegarrigue insiste sur la nécessité d’en revenir à la base, à la commune. Ce faisant, et à nouveau comme Bookchin après lui, il se différencie d’autres penseurs révolutionnaires qui développent un point de vue de classe. « Il reste ce que tous les gouvernements ont vainement tenté de détruire ; il reste la base essentielle et impérissable de la nationalité ; il reste la commune que tous les pouvoirs perturbent et désorganisent pour en faire leur chose ; il reste la municipalité, organisation fondamentale, existence primordiale qui résiste à toutes les désorganisations et à toutes les destructions. » La non-violence. Bellegarrigue a entendu parler de la Révolution de 1789, de la Terreur de 1793, par ses parents qui les ont connues. Lui-même a l’expérience de 1830 et 1848. Il s’est rendu compte que le barricadisme ne conduisait qu’à de nouvelles défaites et de nouvelles aliénations. « La liberté, que l’on nous a sottement appris à attendre comme un présent des hommes, la liberté est en nous, la liberté c’est nous. Ce n’est ni par fusils, ni par barricades, ni par agitations, ni par fatigues, ni par clubs, ni par scrutins qu’il faut procéder pour l’atteindre, car tout cela n’est que du dévergondage. » La servitude. Le peuple doit développer son sens critique s’il veut arrêter d’être manipulé, abusé, piétiné. Son propos rejoint parfois le pamphlet De la Servitude, d’Étienne de La Boétie. « Certes, le plus grand plaisir que vous puissiez faire aux évêques un peu décontenancés, aux assemblées qui ont remplacé le roi […] c’est de rentrer au plus vite dans le dogme traditionnel de la résignation, de l’abnégation et de la renonciation de vous-mêmes. » « Le vote, à l’exception de celui qui concerne la municipalité, ne sert à rien, si ce n’est à entretenir une caste politicienne qui ne pense qu’à ses intérêts. » Et, enfin, l’individualisme libertaire. Il note en 1848 : « L’individualisme […] c’est l’affranchissement, la grandeur, la noblesse ; c’est l’homme, c’est le peuple, c’est la liberté, c’est la fraternité, c’est l’ordre. » On a parfois laissé entendre que Bellegarrigue est un disciple de Stirner. Rien de plus faux pour qui regarde les chronologies. L’Unique paraît en 1844, en langue allemande, idiome que ne parle pas Bellegarrigue, et n’est traduit en français qu’en 1899. L’Allemand n’a pas pu influencer le Français (et réciproquement). Et puis leur individualisme n’est pas de même nature. Celui de Bellegarrigue est « une protestation contre toute suprématie », quand, à l’inverse, Stirner cherche à imposer sa suprématie aux autres. Le Français n’en veut subir aucune, jamais, il revendique la fraternité comme moyen de faire société ; la reconnaissance que les individus se doivent étant un moyen d’y parvenir : « Il n’y a sur la terre que des hommes, je suis homme, mon intérêt est égal à celui de qui que ce soit. » Anselme développe un individualisme fraternel quand Max Stirner veut imposer un égoïsme absolu. La question de la violence, individuelle ou de masse, traduit, tout autant, leur profond désaccord. Pour Max Stirner, « on va plus loin avec une main pleine de force qu’avec un sac plein de droit ». Alors que pour Anselme Bellegarrigue : « La révolution armée est une hérésie […] la violence est l’antipode du droit. » Nulle confusion possible. Selon ce dernier, l’individualiste ne peut qu’être fraternel, ce qui par certains aspects annonce Camus. L’individu et le groupe sont les deux faces d’une même pièce. L’un ne peut aller sans l’autre, l’autre ne peut exclure l’un. L’un et l’autre, loin d’être paralysés, prennent sens dans une dynamique de la pratique, traducteurs des mouvements de la pensée et des modes d’actions propres à chacune des deux dimensions. Si Anselme considère que le collectivisme imposé est réducteur tandis que l’individualisme est épanouissant, c’est parce que la société émancipée résulte du choix associatif d’individus libres et non d’injonction contractuelle de l’État. Choisir de faire société, oui ; subir la sommation sociale, non. __________________________________________________________________ PDF | Imprimer NOTES [ + ] 1. ↑ Le Libertaire, n° 3, 1858. 2. ↑ Liberté, n° 109, 1964. Publié le 21 novembre 2014 dans Philosophie par Ballast Imprimer Ballast Ballast revueba@llast.fr « Tenir tête, fédérer, amorcer » Découvrir d'autres articles de Ballast Nous sommes un collectif entièrement militant et bénévole, qui refuse la publicité en ligne et papier. Vous pouvez nous soutenir (frais, matériel, reportages, etc.) par un don ponctuel ou régulier. Soutenir la revue Ballast – Tenir tête, fédérer, amorcer Ballast est un collectif né en novembre 2014. Image en page d'accueil : Étudiants portant des boîtes à éclipse, Illinois (États-Unis), 1963, Francis Miller. 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Home 2. VOX 3. Vox Societe Comment l'individualisme à outrance met en péril l'Etat-nation * Par Gérard Thoris * Publié le 31/10/2014 à 18:39 Comment l'individualisme à outrance met en péril l'Etat-nation Manuel Valls à Matignon, le 30 octobre. THOMAS SAMSON/AFP FIGAROVOX/ANALYSE - Revenant sur les déclarations de Manuel Valls, qui souhaite «accélérer l'émancipation des individus», Gérard Thoris s'inquiète des conséquences de cette réorientation politique de la gauche pour la cohésion nationale. __________________________________________________________________ Economiste et philosophe, Gérard THORIS dirige Socieco dont l'objet est le décryptage et la prospective. Il publie régulièrement des articles en matière de politique économique et sociale (Liberté politique, Revue française des finances publiques, Sociétal, etc.). Il est expert auprès de l'Association Progrès du Management (APM) sur la crise économique mondiale et les questions de politiques publiques. __________________________________________________________________ «Il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s'attache à un passé révolu et nostalgique, hantée par le surmoi marxiste et par le souvenir des Trente Glorieuses. La seule question qui vaille, c'est comment orienter la modernité pour accélérer l'émancipation des individus». Manuel Valls, Interview à L'Obs du 23 octobre 2014 Il était temps! Manuel Valls vient de reconnaître que le temps des Trente glorieuses est révolu. Il y avait bien longtemps qu'on savait, avec Jean Fourastié qu'il s'agissait d'une période de rattrapage et que le niveau de vie pourrait ne plus beaucoup augmenter . Mais enfin, entre 5 % et 0,5 %, il y a de la marge, surtout quand tout l'édifice de l'Etat-Providence est construit sur une croissance à 2 %. Dès 2009, nous avons montré que le Parti Socialiste était dans une impasse en continuant à s'arc-bouter sur les réformes intenables que sont les 35 heures, la retraite à 60 ans et une fiscalité destructrice de richesses dont le symbole est l'ISF . Bref, la maîtrise de l'économie se dérobe sous les pieds de l'Etat, mieux à même de redistribuer les richesses que de les créer. L'émancipation des enfants vis-à-vis de l'un des parents biologiques, subie plus que voulue, est chose faite dans nombre de familles monoparentales ou recomposées. Cela ne veut pas dire que ce parent biologique n'a pas envie d'exercer son rôle de parent. On le sait, en cas d'échec sur l'économie, la Gauche en revient constamment aux racines philosophiques de son projet politique. Et les mesures qu'elle prend dans ces circonstances ne sont jamais remises en cause par la Droite. Ne faisons plus semblant de le découvrir: pour Jean Jaurès, «le socialisme est l'individualisme, mais l'individualisme logique et complet» . Il est évident que Manuel Valls s'inscrit dans cette lignée lorsqu'il souhaite «accélérer l'émancipation des individus». Pour autant, on peut s'interroger sur la pertinence d'un programme dont les effets seconds non désirés, pour ne pas dire les effets pervers, sont de plus en plus visibles. Pour Jean Jaurès, l'individualisme (de droite) n'était pas logique puisqu'il laissait la structure familiale intacte, abritée derrière l'autorité parentale. La première émancipation porte sur la fidélité, pourtant encore inscrite dans le Code civil: «les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance» (art. 212). N'importe comment cela est advenu ; aujourd'hui la moitié des cohabitations, qu'elles soient spontanées ou sanctionnées légalement, se termine par un divorce. On l'a dit mille fois, la promesse de fidélité ne vaut que pour celui ou celle qui l'écoute. Faut-il pousser l'émancipation plus loin encore, en supprimant la notion de fidélité du Code civil? Après tout, Jean-Marc Ayrault n'a pas hésité à en effacer la notion de «bon père de famille» Or, n'est-ce-pas que la «bonté» engage. N'est-ce pas que, comme don, elle appelle un contre-don dont il est difficile de... s'émanciper! A la bonté, on préfère donc la raison . On n'en sera pas surpris car il y aura toujours une «bonne raison» de s'émanciper des contraintes de la vie familiale et sociale. Derrière la tant vantée solidarité nationale, il y a un mouvement d'émancipation qui rend caduques la plupart des formes concrètes de solidarité. D'ailleurs, ce qui cache le concept de famille aujourd'hui a peu à voir, statistiquement parlant, avec ce qu'il était à la veille de mai 1968. L'émancipation des enfants vis-à-vis de l'un des parents biologiques, subie plus que voulue, est chose faite dans nombre de familles monoparentales ou recomposées. Cela ne veut pas dire que ce parent biologique n'a pas envie d'exercer son rôle de parent ; cela veut seulement dire qu'il est plus difficile de le faire hors la spontanéité d'une vie partagée au quotidien. Cependant, on ne peut exclure que l'émancipation vis-à-vis de ses propres enfants biologiques soit monnaie courante, sinon il faudrait expliquer pourquoi 3 millions d'enfants sont privés de pension alimentaire. Faut-il pousser l'émancipation encore plus loin en confiant tous ces enfants à la garde de l'État? D'une certaine façon, c'est chose faite avec la scolarisation précoce. Néanmoins, là aussi, certaines questions ne peuvent être éludées. Si les enseignants n'en disaient mot, s'ils ne revenaient pas régulièrement sur le fait qu'il est plus difficile de socialiser un enfant à l'école quand il n'a pas été d'abord socialisé dans sa famille - quel horrible possessif! - on pourrait croire ou laisser croire que tout cela n'a pas d'importance. Mais, ces enfants, émancipés de l'autorité parentale sont aussi ceux qui s'émancipent spontanément de l'autorité des enseignants. La République postule que le savoir est attrayant comme le fruit du jardin d'Eden et qu'il suffit d'ouvrir les portes de l'école pour que chaque citoyen en herbe s'en saisisse. Manifestement, nombre d'enfants ne sont pas prêts à le cueillir. C'est ainsi que, chaque année, 200 000 d'entre eux s'émancipent du système scolaire au point d'en sortir sans diplôme . Faut-il pousser l'émancipation encore plus loin en multipliant les faux diplômes qui permettent de se donner bonne conscience sur le niveau de réussite des élèves? Quant à la nation, cette création de la modernité, elle est réduite à n'être qu'un Etat-Providence qui n'arrive jamais s'émanciper des droits acquis. Derrière la tant vantée solidarité nationale, il y a un mouvement d'émancipation qui rend caduques la plupart des formes concrètes de solidarité. C'est ainsi que, dans une formule à la fois factuelle et prophétique, Pierre Rosanvallon écrit: «Le passage de l'État protecteur à l'État-Providence traduit, au niveau des représentations de l'État, le mouvement dans lequel la société cesse de se penser comme un corps pour se concevoir comme un marché.» En d'autres termes, l'État-Providence permet de se désencastrer des solidarités concrètes qui sont naturellement contraignantes en termes de normes et de pressions sociales. L'émancipation permise par l'Etat-Providence est donc à la racine de cette «société de marché» récusée par Lionel Jospin . Mais quelle direction pourrait-il prendre pour aller encore plus loin dans le désencastrement? Cet État-Providence est aussi un État prédateur. C'est du moins l'avis de ces citoyens qui, lassés de tant de sollicitude de la part des ministres taxeurs ce qui est presque devenu un pléonasme s'émancipent du territoire national. Rassurons-nous l'imagination des représentants de la Nation est sans limite. Notons d'ailleurs en passant qu'ils ne se gênent pas pour s'émanciper des règles qu'ils ont eux-mêmes voté, en conscience, devant le peuple levé en corps électoral. Ils aiment oublier qui le patrimoine d'une concubine notoire, qui un compte en Suisse, qui une villa au milieu de l'océan Indien, qui encore le cumul d'allocations de chômage avec leurs émoluments de représentants de la Nation. D'ailleurs, auprès de ses collègues, Manuel Valls a récolté immédiatement ce qu'il avait semé. Il suffit de lire les réactions des membres importants du Parti socialiste pour constater qu'ils se sont rapidement émancipés des règles de la solidarité, en principe de rigueur au sein d'une majorité présidentielle. Cependant, cet État-Providence est aussi un État prédateur. C'est du moins l'avis de ces citoyens qui, lassés de tant de sollicitude de la part des ministres taxeurs - ce qui est presque devenu un pléonasme - s'émancipent du territoire national. Pire encore sans doute, puisqu'on veut les frapper d'interdiction de sortie du territoire, d'autres veulent devenir mercenaires d'une idée dont il n'ont pas réussi à s'émanciper. Ainsi, pour les seconds de manière ferme, pour les premiers de manière sournoise, y aurait-il des raisons de croire que la seule émancipation interdite soit celle du territoire de la République? Non! Que chacun se rassure. Il est une émancipation que la République ne tolèrera jamais, celle qui consiste à s'affranchir de l'obligation de conserver un compte bancaire créditeur. Vous avez dit société de marché? Gérard Thoris Sur le même sujet * Manuel Valls * Gauche * Emancipation * Etat-Nation * Individualisme * Barcelone : une vidéo de campagne de Manuel Valls fait polémique Barcelone : une vidéo de campagne de Manuel Valls fait polémique * Chômage : les intermittents dans le viseur * Après la défaite à Evry, Mélenchon déplore la stratégie d'union des gauches * Législative dans l'Essonne : la Macronie revendique une victoire en pleine crise des «gilets jaunes» Thématique : Manuel Valls Suivre Vox Societe * + récents * + commentés * + partagés * Bioéthique: refusons la mainmise du marché sur la procréation humaine Bioéthique: refusons la mainmise du marché sur la procréation humaine * Grand débat: débattre, oui, mais sur les faits * Ni misérabilisme, ni populisme : comprendre la France populaire * Paul Ariès : «Le véganisme est le cheval de Troie des biotechnologies alimentaires» * «Gilets jaunes : se délivrer de l'envie et renouer avec la confiance» Plus d'actualités Vox Societe Le Figaro Premium Abonnez-vous pour 1€ seulement Saisissez votre email ____________________ J'en profite Annulable à tout moment Réagir à cet article 59 commentaires * Avatar djejeaumax Un individualiste à outrance est quelqu'un qui ne pense pas à moi, rien qu'à moi et à personne d'autre ! Le 03/11/2014 à 15:38 Alerter Répondre * Avatar djejeaumax "l'édifice de l'Etat-Providence est construit sur une croissance à 2 %" : quelle est votre source ? On a bien dû faire 2% en moyenne depuis 1974 et on a accumulé 2000mds d'€ pour financer "l'Etat-Providence"... Le 03/11/2014 à 13:45 Alerter Répondre * Avatar machin-choses Je trouve que de ne plus faire de service militaire et ne pas avoir d'autre choix que d'arrêter les études faute de système d'apprentissage digne de ce nom est une grande violence faite aux jeunes hommes. Un filet social n'est pas une expérience ou un rêve, c'est un somnifère anesthésiant laissant les jeunes hommes dans l'inexpérience et l'ignorance. Le 03/11/2014 à 06:13 Alerter Répondre * Avatar alsako1 Nation, nationalisme , guerre. Il y a 100 ans début de la grande boucherie nationaliste 14/18, le sommet du nationalisme européen Le 03/11/2014 à 03:07 Lire la réponse à ce commentaire Alerter Répondre + Avatar Disons PointFR cette guerre, comme toutes les autres, ont été soutenues par des industriels et des financiers. les guerres sont avant tout économiques et voulues par ceux qui savent en tirer profit. L'individualisme exacerbé de notre monde libéral conduira aussi à la guerre. La plus sauvage sans doute. On n'a pas besoin de s'abriter derrière un drapeau pour tuer son voisin. Le 03/11/2014 à 17:41 Alerter Répondre * Avatar markus L001 Cet hyper individualisme prenant un aspect destructeur est l'une des principales conséquence du dérapage culturel et politique de l'état jacobin centralisateur, qui favorisa une sorte d#ÉGO DÉMESURÉ DE CERTAINS CONTRADICTEURS professionnels ou non, mais des politologues et philosophes nous avaient prévenus la déviation de 1793 de notre révolution légitime de 1789, faussa le jeu politique en tournant le dos à la démocratie réelle, que réclamait le peuple face à l'extension de l'absolutisme royal et administratif. De fait les jacobins par leur déviationisme maffieux prôné par de petites cliques avides de pouvoir ont préparé le terrain pour ce qui deviendra au 20 è siècle, le fascisme rouge, brun ou noir. Mais cet individualisme ne touche plus seulement les personnes dans leur vie intime, mais également dans une ressurgence du pouvoir individuel, qu'a bien exprimé F. Hollande par son moi président. Ceci a été favorisé par le maintien des institutions de la 5è République après De Gaulle. Vouloir penser être en mesure de confier le seul pouvoir , pouvoir solitaire, en sorte, ne fonctionne plus oui pas longtemps au 21è siècle, la perte de prestige ainsi engendrée, renforce indirectement l'égo des simples citoyens, lesquels pensent trouver une parcelle de pouvoir en descendant dans la rue, or avec le fiasco de certains soulèvements, dont le printemps dit arabe, nous observons, que ceci est également une mauvaise solution. Le 02/11/2014 à 23:50 Alerter Répondre * Avatar lebrun10 Et après on se plaindra que les enfants ne respectent plus leurs parents . En réalité la Société se désagrège sous les coups de boutoir des idéologies qui ont remplacé le bon sens pra Le 02/11/2014 à 23:43 Alerter Répondre * Avatar de FG000 FG000 Tien çà c'est pas mal il a pensé à tout çà? Les enfants à la garde de l'état nation que l'on combat donc que l'on détruit. Le 02/11/2014 à 21:02 Alerter Répondre * Avatar latorpille devinez qui monte les français les uns contre les autres pour mieux régné , allez deviner ! nos politiques de tous bords qui ont était au pouvoir , sa les arrangent . Le 02/11/2014 à 19:44 Alerter Répondre * Avatar Abonné luke C'est le gaspillage, la gabegie, de l'Etat nation, qui le met en danger. Aujourd'hui, tout le monde compte l'argent et cherche du rendement, sauf l'Etat. Les services publiques sont de moins en moins compétitifs parce qu'ils ne se réforment pas et sont pillés par les placés, par les syndicats et les professions réglementées. Le 02/11/2014 à 19:20 Alerter Répondre * Avatar dahut 2017 , l ' émencipation de la gauche ; il vont être très seul !!. Le 02/11/2014 à 18:58 Alerter Répondre * Avatar un mec normal .. Au sujet de la pensée unique , ce qui est grave c est le refus du CSA pour LCI en TNT, ce n est pas 1 télé de gauche , mais donne souvent des infos que ne donnent pas les 2 télés Hollande La gauche est hypocrite sur ce sujet , car elle dit qu elle regrette cette décision pour la pluralité de l info , mais ce sont 3 personnalité de gauche qui ont été nommé derniérement au CSA Le 02/11/2014 à 18:58 Alerter Répondre * Avatar de condorman94 condorman94 Je viens de lire dans cet " article " le nihilisme de la pensée !!! Que Manuel Valls retourne à ses cours d'histoire , et surtout qu'il révise celle concernant Clemenceau dont il se dit admirateur !! Le 02/11/2014 à 18:57 Alerter Répondre * Avatar C Di Un gouvernement de nuls à commencer par leur chef sans parler de son PM, Manuel qui pense qu'à lui même pour 2017. Jamais vu autant d'hypocrites dans ce gouvernement de gauche et des cumulards ! et ils se foutent de la situation des chômeurs, de la précarité et de l'insécurité dans le pays. Pendant ce temps moi je, FH , moi président va faire le beau à l'étranger ! Naturellement avec AIR SARKO ONE. Et pendant que le pays traverse une crise terrible dans tous les domaines ! Il va faire le beau !!!!! Le 02/11/2014 à 18:50 Alerter Répondre * Avatar Nonpeutetre Le socialisme ne peut pas être l'émancipation des individus ; le socialisme, c'est l'assistanat, l'irresponsabilité, l'infantilisation des individus. En effet le mot 'socialisme' est synonyme de 'étatisme' ; c'est le tout à l'État, tout le capital, tout le pouvoir, toutes les décisions et surtout toute la pensée. . En Socialie, l'individu délègue à l'État, son capital, son pouvoir, ses décisions et surtout sa pensée. La Socialie, c'est la pensée unique de l'État imposée à tous les individus. En Socialie, les individus sont rassemblés dans un immense cheptel, indifférenciés et mis au service de l'État, Le 02/11/2014 à 18:29 Alerter Répondre * Avatar Abonné Noemie Albert Un auteur chargé d'écrire un article sur la notion d'émancipation et qui réinvente l'eau tiède après avoir balayé toutes les formes d'émancipation sauf celle du bébé qui cesse de téter le sein maternel pour se gorger de bouillie industrielle; Un texte qui balaye toutes les formes d'émancipation, rien que pour reprendre le mot de Valls; Tout ça ne vaut pas tripette. ? Il était souhaitable qu'il dise sans utiliser des mots incompréhensibles " l'individualisme logique et complet" ou encore "désencastrer" qu'il ne sait pas ce que Valls a voulu dire ce qui est le cas avec n'importe quel socialiste. Lorsqu'il écrit "sa famille - quel horrible possessif!" il ne sait pas que l'enfant n'est pas possédé par la famille, c'est l'inverse. Lorsque je dis MA France, je suis libre, mais la France est à moi. Lorsqu'ils parlent, la musique est jolie (MOA ... Président ....reprenez au refrain...MOA ... Président) mais cela n'a aucun sens. . L'émancipation c'est d'abord le fait de ne pas être esclave de l'idéologie socialiste et de pouvoir se réaliser, réaliser sa croissance physique intellectuelle et morale. C'est se développer physiquement comme matériellement. Devenir riche c'est s'émanciper de la pauvreté et inversement, s'émanciper de la pauvreté ce n'est pas être assisté, mais être plus riche. . Oui, ce philosophe a raté l'occasion de se taire ... Le 02/11/2014 à 18:27 Alerter Répondre * Avatar de ansiarque ansiarque Gérard Thoris détourne le sens des paroles de Manuel Valls avec beaucoup de malhonnêteté. L'émancipation des individus que le Premier Ministre évoque ne consiste pas à permettre à chacun de se libérer ses engagements et responsabilités morales (mariage, paternité, solidarité familiale, etc.). Il rappelle simplement que le rôle de la République est de donner les moyens à chaque individu de réaliser son potentiel, en facilitant son développement (soutiens à la formation, soutiens à la fondation et à la direction d'entreprises, bourses d'études, aides pratiques de type garde d'enfants, etc.). Il s'agit de lever, autant que possible et au moins financièrement, les inégalités et handicaps qui entravent tous ceux qui n'ont pas eu l'opportunité de se construire au sein d'une famille heureuse, instruite et stimulante. C'est positif autant pour les individus que pour le PIB. Le 02/11/2014 à 18:14 Alerter Répondre * Avatar Hermodore Et le collectivisme à outrance de l'État-nation, il en pense quoi le monsieur? Le 02/11/2014 à 17:58 Alerter Répondre * Avatar Bachir Article remarquable par sa justesse. La famille est le socle de la société. La protéger et resserrer les liens entre les individus, c'est plusieurs points de croissance assurée. Dommage que ce ne soit pas la politique du gouvernement Le 02/11/2014 à 17:48 Alerter Répondre * Avatar Abonné Michel167382 La solution? Enlever les enfants dès la naissance, et les confier à un organisme formateur, qui les endoctrinera selon la pensée socialiste de l'uniformatisation par le bas! Le danger sera de changer de majorité gouvernementale qui remettra en cause cette orientation au profit d'une autre, tourneboulant nos têtes de moins en moins blondes! C'est déjà ce qui se passe me dit ma femme par dessus mon épaule! Mince alors!!!!! Le 02/11/2014 à 16:41 Alerter Répondre * Avatar pierre325 L'émancipation de l'enfant avec le compte en banque des parents. L'art de faire raquer les familles en ciblant les jeunes. Le 02/11/2014 à 16:41 Alerter Répondre (BUTTON) Afficher plus de commentaires * 10 astuces pour apprendre n'importe quelle langue facilement 10 astuces pour apprendre n'importe quelle langue facilement Découvrir * Suivez l'évolution de vos conditions météo Suivez l'évolution de vos conditions météo En savoir + * L'intégrale du Figaro sur tous vos écrans L'intégrale du Figaro sur tous vos écrans S'abonner * Plus de 15 newsletters thématiques Plus de 15 newsletters thématiques S'inscrire * Testez vos connaissances ! Des cadeaux à gagner Testez vos connaissances ! 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L’individualisme est-il dépassé ? A notre époque post-moderne, chacun est devenu le législateur de lui-même, estime Gilles Lipovetsky. Il n’y a guère d’autonomie, on observe plutôt la fusion, le regroupement en tribus, rétorque Michel Maffesoli. Mis à jour le 10 Août 2009 à 14:44 © Jupiter * 1 * 6 * * j * * a * b 1 / 3 Le débat A découvrir Qui sont-ils ? Agrégé de philosophie, Gilles Lipovetsky mène, à Grenoble, une carrière d’enseignant. Depuis son premier livre, L’Ere du vide (Gallimard, 1983), il explore l’individualisme contemporain. Il s’intéresse également aux influences de la mode dans les sociétés modernes (L’Empire de l’éphémère, Gallimard, 1987) et au rôle " révolutionnaire " des femmes (La Troisième Femme, Gallimard, 1997). Sociologue, Michel Maffesoli est professeur à la Sorbonne. Il a en particulier étudié, dans Le Temps des tribus (Méridiens-Klincks, 1988, épuisé), le déclin de l’individualisme dans les sociétés de masse. Il a fondé le laboratoire de sociologie du Centre d’études sur l’actuel et le quotidien. Dans son dernier livre, L’Instant éternel (Denoël), il décrit la "nouvelle intensité de l’imprévisible dans l’instant et l’acceptation lucide de l’éphémère". S’affirmer, face aux autres, sans culpabilité, est une prérogative moderne. Or l’individu n’a pas toujours eu droit de cité, car il dérangeait un ordre social collectif, aux règles uniformes pour tous. Encore aujourd’hui, le mot "individualisme" peut, selon l’interlocuteur, évoquer l’aboutissement heureux d’un combat millénaire pour la liberté, l’autonomie et l’épanouissement de chacun ; ou… une dérive regrettable et égoïste, voire narcissique, néfaste pour une vie harmonieuse en commun, et corrosive pour le lien social. D’où l’intérêt d’un débat entre deux penseurs de qualité, qui divergent pourtant sur le rôle et l’avenir de l’individualisme en ce début de siècle. Gilles Lipovetsky et Michel Maffesoli ont mené cette discussion en public, à Psychologies magazine. En voici l’essentiel. Jean-Louis Servan-Schreiber : : Je placerai cette discussion sous une citation de l’ancêtre de tous les individualistes, Michel de Montaigne, qui disait : " Mon opinion est qu’il faut se prêter à autrui et ne se donner qu’à soi-même. " Pour lancer le débat, pourriez-vous, l’un et l’autre, nous dire l’idée que vous vous faites de l’individualisme ? Gilles Lipovetsky : Ce que j’ai essayé de montrer depuis maintenant une vingtaine d’années, c’est que les sociétés occidentales démocratiques sont entrées dans un nouveau cycle de la culture individualiste, que j’ai appelé la " seconde révolution individualiste " et que je rattache à l’avènement de la consommation et de la communication de masse, à partir des années 50. Une seconde révolution individualiste, parce qu’elle s’inscrit dans la continuité des valeurs et de la modernité démocratique en cours depuis les XVIIe et XVIIIe siècles : à savoir, la valorisation de l’individu autonome, libre, égal à ses semblables. Mais cet individualisme restait fortement encadré par la morale, les grandes idéologies, des mœurs rigides, lesquelles contrecarraient l’autonomie individuelle. C’est précisément ce qu’a fait voler en éclats l’époque de la consommation et de la communication de masse. Dès lors, la spirale de l’individualisme s’est généralisée et coïncide, avec le recul des encadrements sociaux lourds, à l’émanation de l’individu. D’où cette promotion de la vie en self-service qui caractérise l’époque postmoderne : chacun est devenu le législateur de lui-même (au moins en principe). Cette culture individualiste se caractérise par un certain nombre de traits fondamentaux : l’expansion de l’autonomie subjective, le culte hédoniste du présent, le culte du corps, le culte psy et relationnel, l’effondrement des grandes idéologies de l’Histoire. Il faudrait ajouter à cela, plus récemment, le culte de la consommation et du marché. C’est cette conjonction de traits, qui autorise à parler d’un "nouvel individualisme". Pour vous, ces évolutions constituent-elles un progrès ? G.L. : Ça dépend des paramètres retenus. En ce qui concerne le droit à se gouverner soi-même, à construire sa propre vie, cela me semble incontestable. Maintenant, il y a de nombreux problèmes qui accompagnent cette expansion de l’individu : la communication, les exigences réciproques, le rapport au travail, la construction identitaire. Mais qui souhaiterait revenir en arrière ? Qui souhaiterait un Etat où les femmes n’auraient pas la maîtrise de leur corps ? Qui souhaiterait le retour en force des impositions traditionnelles ou idéologiques ? Michel Maffesoli : C’est l’une de mes idées obsédantes que de considérer que cet individualisme, qui a été en quelque sorte le pivot explicatif de nos sociétés, paraît – je pèse mes mots – saturé. On voit bien, dans les deux ou trois siècles qui viennent de s’écouler, comment se constitue " l’invention " de l’individu. Descartes : cogito ergo sum, c’est là une sacrée révolution qui fait que " J’existe à partir du fait que “je” pense ", alors que préalablement on était pensé. On ne pensait qu’en communauté, et il n’y avait de pensée que communautaire. Autre secousse, la Réforme, qui revendique le libre examen, à partir duquel tout un chacun va pouvoir établir une relation personnelle avec Dieu. Tout un chacun va pouvoir lire par lui-même la Bible, alors qu’il y avait lecture collective ecclésiale. Le pas suivant est franchi, au XVIIIe, par les Lumières, et les deux livres de Rousseau : l’“Emile” et “Du contrat social”. Rousseau y montre que le summum de la civilité, c’est l’autonomie : autonomos, " Je suis ma propre loi ". Et c’est quand je suis capable d’être ma propre loi que je peux, par un contrat social, m’associer avec d’autres individus autonomes. A partir de là s’élaborent ces grandes notions qui nous sont coutumières – contrat, démocratie, liberté – sur lesquelles s’appuie notre conception de la modernité. Mais, aujourd’hui, je constate que cette grande catégorie de l’individu et de l’individualisme fait eau de toutes parts. Dans les articles journalistiques, universitaires, politiques, quand on ne sait que dire, on lance les mots " individu " ou " individualisme ". Cette tarte à la crème me paraît être une projection des gens de nos générations. Or ce que l’on observe, de façon empirique, c’est plutôt le fait qu’il n’y a guère d’autonomie. Je n’existe que dans et par le regard de l’autre. Ce qui est plutôt de l’ordre de la fusion. On l’observe, en particulier, dans les pratiques juvéniles. J’ai proposé des catégories pour essayer de rendre compte de cette fusion, notamment la notion de tribu. Plutôt que de garder le mot " individu " et de le nuancer comme le fait Gilles Lipovetsky, je proposerais la notion de " personne ". Plus que l’individu, la personne est plurielle. Elle peut choisir des masques grâce auxquels elle peut être à la fois ceci et autre chose. L’idée rimbaldienne de " Je est un autre " me paraît se répandre dans l’ensemble du corps social. Voilà où me semble passer le débat. 1 2 3 * 1 * 6 * * j * * a * b A lire aussi dans le dossier "Moi et les autres" * Le secret préserve le couple Tout se dire ? Quel appauvrissement ! La fusion conjugale rend stupide, pense Jacques-Antoine Malarewicz, thérapeute de couple. ... * L’intimité : un besoin et un droit Sans cet espace privé de pensées, croyances, projets, nous sommes comme amputés de nous-même. Nous le protégeons, puis nous apprenons à le partager. Les explications du thérapeute Robert Neuburger qui ... * Socialisation : l’enfant à la découverte des autres Egocentrique, l’enfant ? Absolument ! Au début, tout “est” lui, tout est “à” lui. Peu à peu, il se tourne vers autrui. A condition d’être éduqué au partage, au respect ... * Ces pays où le moi n’existe pas Autonomie ou solidarité ? Le monde est partagé. En Asie ou en Afrique, pauvreté oblige, la collectivité, la famille, l’emportent sur l’individu. Dans l’Occident riche, c’est l’inverse. Etat des lieux ... * Demain, j’apprends à dire non Temps, énergie, argent, Danièle consacre tout aux autres. Résultat : elle se sent grignotée de tous côtés. Savoir dire “non” : un outil indispensable pour affirmer son identité. ... Discutez-en : sur le forum Nos clefs pour mieux communiquer [INS: :INS] [INS: :INS] Plus d'infos sur le sujet Articles Tests People : « Comment je dépasse mes doutes » __________________________________________________________________ Stress : Vous sentez-vous dépassé(e) ? __________________________________________________________________ Tests relationnels * Etes-vous sociable ou solitaire ? Etes-vous sociable ou solitaire ? * En groupe, quelle est votre place ? En groupe, quelle est votre place ? * Savez-vous faire confiance ? Savez-vous faire confiance ? __________________________________________________________________ + Plus de Tests Vos contenus préférés Articles Réponses d'expert Témoignages Ne vous laissez plus manipuler ! 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Par peur de la solitude, je me suis lancée dans une course effrénée à ... __________________________________________________________________ Différente des autres... Je suis encore jeune. Entre crise d'ado et recherche d'indépendance, il y a aussi ... __________________________________________________________________ Je n'aime pas aimer Je ne sais pas aimer. J'aime mal, pas assez ou trop. Je ne sais ... Commentaires Pour réagir Connectez-vous ou Inscrivez-vous * EphemèreRide - 15/08/2009 Lire M. Lipovetsky est plus qu'un plaisir, c'est comme étancher ma soif, merci. Restez connecté à Psychologies * b * a * c * x * j * t * Psychologies magazine janvier 2019 * en janvier Je feuillette le magazine * Offre d'abonnement -50% A votre avis ? De quoi avez-vous besoin en ce moment ? (*) D’amour ( ) De lumière ( ) De vitamines ( ) D’un nouveau projet Valider Voir les résultats Vous recherchez une formation ? 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Si la socialisation est la stratégie adaptative la plus efficace, c’est pourtant l’individualisme qui a actuellement le vent en poupe. A l’origine, la vie en société de l’homme, comme de tous les animaux sociaux a une origine pratique : assurer une meilleure survie de l’espèce. En groupe, on est mieux armé contre les bêtes sauvages, contre le froid et la faim. Oui, car s’il faut partager avec autrui les fruits de sa chasse, la traque collective permet d’attraper de plus gros animaux ou plus souvent. Rien de très différent de l’organisation en meute des carnivores, du vélociraptor au loup actuel. Plus tard, c’est encore la vie en cité qui permet de protéger les récoltes des peuples nomades par l’érection de remparts. Ou de gérer efficacement la pénurie d’eau, comme en Egypte ou en Mésopotamie où l’irrégularité des crues nécessite très tôt une organisation centralisée pour distribuer les récoltes équitablement et assurer les travaux de canalisation. Une nécessité administrative qui donne naissance à l’écriture, mais c’est une autre histoire… Parallèlement, l’instinct de survie promeut des comportements individualistes pour assurer sa propre perpétuation ou la promotion de son capital génétique, au détriment des autres. En témoignent le mâle dominant qui s’attribue la plus grosse part du festin, le lion qui tue les bébés félins pour éviter toute concurrence alimentaire ou sexuelles futures, le coucou qui pond dans le nid des autres oiseaux et casse les oeufs des rebelles (on appelle cela le comportement “mafieux” du coucou)… Les exemples dans la nature ne manquent pas de ces agissements égoïstes et asociaux, y compris chez des espèces qui vivent en communauté. Dans la nature, c’est la loi du plus fort ou du plus fourbe qui règle les conflits. Mais l’homme comprend assez vite que cette loi naturelle n’est pas très efficace. Elle est trop gourmande en vies humaines, elle tue les meilleurs chasseurs qui privent la tribu de leurs force ou savoir-faire, elle fait disparaître les soldats les plus valeureux en des affrontements individuels stériles. C’est la raison de l’instauration de la paix et la trêve de Dieu par l’Eglise au 10e s, ou encore de l’interdiction des duels par Richelieu et Louis XIIIe au 17e s. L’intelligence humaine pragmatique invente donc la loi, dont l’un des témoignages les plus anciens est le code babylonien d’Hammourabi vers 1750 av JC. C’est de là que vient la fameuse “loi du talion”, conçue pour l’époque comme une limitation de la violence. “Oeil pour oeil, dent pour dent”, c’est à dire stricte proportionnalité de la rétorsion et non pas escalade. En réalité, cette égalité ne touchait que les citoyens, les esclaves et les métèques (étrangers à la cité) étant bien sûr traités de manière très inégalitaire. L’homme accepte de sacrifier une part de sa liberté et de sa volonté de puissance contre la sécurité. La sécurité du groupe contre les éléments extérieurs, mais aussi la sécurité contre la violence interne au groupe. Aussi fort soit-on, on n’est pas à l’abri du poison, de l’embûche et de la traîtrise. Raison pour laquelle tout pouvoir construit sur la force seule devient vite paranoïaque. CHASSEZ LE NATUREL, IL REVIENT AU GALOP Animal comme les autres, l’être humain reste toutefois soumis à des instincts puissants qui le poussent à l’individualisme et l’égoïsme, à différents degrés. Le nourrisson monument d’égoïsme et d’égocentrisme ne songe tout d’abord qu’à l’assouvissement de ses besoins propres. Ce n’est que passés les 18 premiers mois qu’il prend pleinement conscience d’autrui et c’est son éducation qui l’amènera à composer progressivement avec les désirs des autres. Mais nous gardons toute notre vie ce réflexe du “moi d’abord”, surtout si la période égocentrique s’est prolongée dans l’enfance. C’est le cas de l’égoïste primaire qui privilégie son plaisir et sa liberté en toutes circonstances, sans se soucier le moins du monde d’autrui. C’est le “super-connard” si bien raillé par Omar et Fred : il porte un gros sac à dos dans le métro bondé, vous empêche de passer sur l’escalator en se mettant bien à gauche, présente tous ses bons de réduction à la caisse les jours d’affluence, se gare en double-file pour aller boire au bistro, bloquant ainsi la circulation… Mais il existe un égoïsme plus subtil : celui qui englobe un groupe de personnes. Ne penser qu’à sa famille, ses amis, ses proches, c’est aussi de l’égoïsme, bien qu’elle ne concerne pas que sa seule personne. Si les autres ne sont conçus que comme une extension de soi, il ne s’agit pas d’altruisme, mais bien d’égoïsme déguisé. Combien de gens très sympathiques “quand on les connaît”, qui sont de vrais salauds avec tous les autres ? On se souvient du syllogisme de Jean-Marie Le Pen pour justifier la préférence nationale : “je préfère mon frère à mon cousin, mon cousin à mon voisin, mon voisin à un étranger”. Cette hiérarchie sanguine ou géographique semble relever du bon sens commun. Plus on connaît quelqu’un, plus on a de chances de nouer des liens avec lui. Cependant, on peut ne pas souffrir son frère et adorer son cousin, ou détester son voisin et avoir de la sympathie pour un souriant inconnu. Et surtout, cet élan “naturel” ne signifie en rien qu’il est juste sur le plan moral. On ne saurait bâtir une organisation de vie en société sur nos instincts primaires. C’est précisément la grandeur de l’être humain de vaincre ces derniers. On appelle cela la culture, ce qui s’ajoute à la nature, voire s’y oppose. Platon, dans le Banquet, recommande à ses disciples de commencer par aimer un beau corps, puis tous les beaux corps, pour en venir à l’amour de la vertu et des sciences, avant d’aboutir à l’amour du beau en soi. De la même façon, la sagesse nous incite à passer de l’amour de soi, à l’amour de ses proches, puis de ses voisins et enfin de l’humanité entière. En cas de choix impérieux et vital, on privilégiera toujours sa progéniture, ses parents à une personne étrangère. Qui reprochera à une mère de vouloir d’abord sauver son enfant d’un immeuble en flammes ? C’est ce que nous dicte notre penchant naturel et il n’y a aucun mal à cela. Mais ce sont les circonstances particulières qui justifient alors ce choix cornélien. Choisir systématiquement une seule partie de l’humanité au dépend des autres, voilà ce qui est injuste. C’est le danger du communautarisme de repli : moi et mes semblables CONTRE les autres. La morale est dans l’ouverture à autrui, dans la mesure du possible. Il n’y a pire danger que confondre l’émotion individuelle légitime, avec ce qui est juste et souhaitable pour la société entière. Le débat autour de la peine de mort est un bon exemple de cet antagonisme. L’argument classique avancé par ses promoteurs est : “si on avait assassiné ton enfant de cette façon, ne voudrais-tu pas tuer son meurtrier ?”. Ma réponse est : si, probablement ! Et j’aurais tort, car la justice n’est pas la vengeance. Mais le plus important est que la société ne se fonde pas sur la juxtaposition des désirs individuels. On ne bâtit pas des règles macroscopiques sur une réalité microscopique. Cette décision me rendra-t-elle mon enfant ? Non. Cette exécution limite-t-elle la violence par son effet dissuasif ? Non. La mort est-elle irréversible ? Non. Y a-t-il eu des erreurs judiciaires par le passé ? Oui. Est-il plus injuste de tuer un innocent ou de ne pas tuer un coupable ? Tuer un innocent. La peine de mort est-elle une horreur morale ? Oui. C’est pourquoi la société doit choisir de brimer l’instinct individuel au profit d’une plus grande justice globale. L’INTERET GENERAL, OBJET DE TOUTES LES CONVOITISES La vie en société, de plus en plus urbaine, nécessite une adaptation plus précise et systématique de ses lois pour régler les conflits et arbitrer entre liberté individuelle et intérêt collectif. C’est l’invention du droit et la prolifération des légistes, dont Philippe le bel s’entoure pour donner une légitimité collective à ses décisions les plus autoritaires (procès contre les templiers, attentat d’Anagni contre le pape Boniface VIII). Il incombe historiquement aux prêtres, d’abord, puis aux rois et plus tard aux élus de définir ce qu’est “l’intérêt collectif”, sur lequel repose tout le système. Et à chaque fois, une catégorie d’individus détourne cette notion pour servir ses desseins particuliers. Les prêtres et aristocrates inventent la féodalité pour assurer leur domination sur le peuple. Les Grecs et Romains créent des sous-classes d’hommes, du sénateur à l’esclave, du patricien au plébéien… Le système tient, tant que le plus grand nombre floué croit à sa légitimité morale. Le paysan du moyen-âge endoctriné par un clergé plus ou moins intéressé, ne se sent pas victime des deux ordres qui le dominent. Point ne veut devenir “moine escouillé” (soumis à l’abstinence sexuelle), ni mettre sa vie en danger au hasard de sanglantes batailles. De toute façon, tous croient alors en la prédestination, concept bien pratique pour ceux qui en bénéficient et accepté par le peuple, conditionné depuis l’enfance par la religion ayant bien labouré un cerveau vierge de toute instruction. Les révoltes ne visent pas à renverser le système, mais à limiter ses injustices les plus criantes (prélèvements excessifs d’impôts, famines, corvées…). Si l’on avait demandé son avis au peuple de 1793, il n’aurait sans doute pas condamné le roi, tant celui-ci était perçu, depuis des siècles comme un rempart contre les abus des Grands (les grands aristocrates plus ou moins injustes et exploiteurs). L'individualisme et la force ne suffisent pas L’utopie de la méritocratie – Crédit photo : Defence Images via Flickr.com LA MERITOCRATIE, L’UTOPIE QUI MAINTIENT LA COHESION DU SYSTEME Aujourd’hui, la démocratie – grâce au vote – permet de définir plus équitablement l’intérêt général que sous l’ancien régime. Toutefois, le système est loin d’être optimal. * D’abord par la sur-représentation des catégories sociales aisées dans le profil des élus (surtout de la représentation nationale), soit par la sélection des études (ENA, Science Po), soit par celle de l’argent (Dassault) ou par la force du capital social – en gros – le carnet d’adresses (voir les dynasties familiales Kosciusco-Morizet, Zuccarelli ou encore Ceccaldi). Sans parler du clientélisme – porté à son comble par les grandes familles romaines – et si courant au plan local. * Par l’évaporation des principes moraux dans l’ensemble de la classe politique, tous bord confondus. La liste des affaires est si longue qu’il est inutile de s’attarder. Les politiques défendent surtout leur propre intérêt et leur mauvais exemple se dissémine à travers l’ensemble de la société. “Pourquoi respecter les règles quand les gens d’en haut ne les respectent pas ?”. Etre honnête aujourd’hui, c’est être presque naïf et faible. Le discrédit qui frappe les politiques conduit à rejeter tout centralisme, et stratégie collective, ce qui menace la cohésion sociale dans son ensemble. Le libéralisme du chacun pour soi – déjà promu à l’échelle mondiale et accentué par depuis 1991 par la chute de l’empire soviétique et la dérèglementation financière mondiale – est accentué par la médiocrité de nos représentants. * Par la manipulation démagogique et l’exploitation habile de l’ignorance du peuple et de sa porosité émotionnelle (revoir les excellents “à mort l’arbitre” ou “Dupont Lajoie” de Mocky et Chabrol). Promesses intenables (baisser les impôts, relancer la croissance), surenchère sécuritaire, bouc-émissarisation (étrangers, Bruxelles etc.)… De ce point de vue, certains médias mettent clairement de l’huile sur le feu avec des une racoleuses et démagogues. * Par la persistance de l’idéologie méritocratique qui justifie les pires injustices. “Si on veut, on peut”, “je me suis fait tout seul”, “ils n’ont qu’à se bouger”… Idéologie profondément ancrée par l’héritage républicain et napoléonien (voir élitisme des grandes écoles). Et constitutive du libéralisme protestant qui infuse à travers le monde (relire le génial “Ethique protestante ou l’esprit du capitalisme” de Max Weber). Utopie qui maintient en place un système inégalitaire défendu à la fois par les nantis, mais aussi par les classes moyennes, surtout inquiètes d’être déclassées et de devoir payer pour les retardataires. Tout comme les paysans du moyen-âge qui défendirent jusqu’au bout une société profondément injuste, les classes moyennes valident un système inique, endoctrinées qu’elles sont par l’illusion de “l’égalité des chances” et la surestimation du mérite dans la réussite individuelle. Mais aucune utopie n’est éternelle et quand celle-ci s’écroulera pour le plus grand nombre, (les 12 à 16% des plus défavorisés n’y croient plus depuis longtemps), c’est l’ensemble du système qui implosera. Je ne suis pas sûr de le souhaiter, mais je ne vois aucune alternative, pour le moment. Cyrille Frank Sur Twitter Sur Facebook Sur Linkedin Sur Mediacademie.org (newsletter mensuelle gratuite des tendances, outils, modèles d’affaire du journalisme/production d’information) A LIRE AUSSI * Non aux ghettos culturels pour riches * Nouveaux médias : une nouvelle classe de dominants * Le plaisir, valeur refuge de nos sociétés en repli * Les mécanismes séculaires de l’influence médiatique Crédit photo en CC : Shandi-lee et Defenseinmages via Flickr.com Partager : * Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre) * Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre) * Cliquez pour partager sur Google+(ouvre dans une nouvelle fenêtre) * Articles similaires Navigation de l’article « Les illusions de l’innovation inutile Ergonomie éditoriale : les grandes tendances et innovations pour 2015 » 5 comments * gv 1 août 2014 at 15 h 33 min Comme toujours beaucoup de questions intéressantes dans votre billet. Je voudrais m’autoriser trois petits ajouts pour alimenter la réflexion. 1/ Communautarisme et aimer davantage son frère que son voisin …etc… un propos qui renvoie à la question de l’identité, trop complexe pour être abordé dans le cadre d’un commentaire, mais qui a fait l’objet d’un développement intéressant dans le Monde Diplomatique de février 2014. 2/ Penser le bonheur du plus grand nombre renvoie à l’idée d’utopie, thème sur lequel j’ai essayé de réfléchir dans un billet intitulé «de nouvelles utopies sont-elles possibles?» 3/ Il y a également, je pense, un déterminant plus actuel et plus sournois dans l’essor de l’individualisme, qui se fonde sur l’évolution de la «pensée de projet». Traditionnellement, le nombre de projets accessibles au commun des mortels était relativement limité et généralement associé aux perspectives familiales. Ces possibles se sont progressivement développés et diversifiés (les possibles de la consommation, l’accession à la propriété… ). Le développement des outils disponibles (spécialement informatiques), des études, des réseaux traditionnels ou numériques, et surtout l’information tous azimuts, a augmenté, je crois, l’idée que chacun pouvait se faire de ses propres possibles. Quand le nombre de possibles est perçu comme réduit, le consensus s’établit facilement, dans le cas contraire, chacun va privilégier le sien (les projets des autres sont alors facilement perçus comme sans objet, au mieux, comme des obstacles, au pire). Réaliser son projet propre passe par l’imposer à des projets concurrents… Le cadre des projets dépasse alors celui de la famille… du couple… et, le manque d’imagination aidant se focalise sur le carriérisme professionnel… c’est-à-dire sur le contexte le plus concurrentiel qui soit… le plus frénétiquement individualiste… surtout quand l’offre d’emploi diminue. Répondre + cyceron 29 décembre 2014 at 18 h 50 min Bonjour GV, Je vous réponds très tardivement et je vous prie de m’en excuser. D’une part j’ai été assez accaparé dernièrement, et d’autre part, j’ai changé (malencontreusement) mes règles de modération, qui ne m’ont pas alerté de votre message. Bref, c’est à moi de vous remercier et féliciter pour la qualité de vos relances ! Oui je souscris tout à fait à votre individualisme de projets lié à l’extension des possibles et à l’accroissement de la concurrence qui en résulte. On le voit au niveau de la libéralisation de l’accès à la parole publique. Tout le monde ayant désormais la possibilité technique (et le temps) de s’exprimer, la concurrence fait rage : celle de l’attention. Et cela est vrai au plan professionnel, au niveau des loisirs (tout le monde voyage aujourd’hui, ce qui fait la différence, c’est le voyage “hors-norme”, “authentique”, hors des sentiers battus, dont on se gargarise)… La liberté pourrait être de vivre différemment et à côté. Mais dans nos sociétés grégaires, elle se traduit par un combat normatif pour s’imposer symboliquement (ou plus prosaïquement sur le plan économique). Très bonnes fêtes à vous ! Cyrille Répondre * Luigi 13 janvier 2015 at 0 h 00 min Whaou, j’applaudis. J’ai adoré chaque mot. Le genre de lecture qui faut du bien. Certaines personnes y voient encore clair. C’est bon de voir de la lumière allumée sur certains sites, d’y rentrer et de se sentir réchauffé. Répondre + cyceron 15 janvier 2015 at 20 h 22 min Merci beaucoup Luigi ! :)) C’est votre commentaire qui me fait plaisir ! Répondre * Pingback: - Croire ou ne pas croire, la raison ne fait rien à l’affaire Laisser un commentaire Annuler la réponse. Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec * Commentaire _____________________________________________ _____________________________________________ _____________________________________________ _____________________________________________ _____________________________________________ _____________________________________________ _____________________________________________ _____________________________________________ Nom * ______________________________ Adresse de messagerie * ______________________________ Site web ______________________________ Laisser un commentaire [ ] Prévenez-moi de tous les nouveaux commentaires par e-mail. [ ] Prévenez-moi de tous les nouveaux articles par email. Cherchez sur le site Search for: ____________________ (BUTTON) ESJ Pro Medias ESJ Pro Medias Découvrez nos stages en formation continue pour journalistes, communicants, producteurs de contenus... 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Esquisses d’une vie – Edwige Thibaut Ridley Scott, Prométhée et le livre d'Enoch racontés aux moins nuls alternate alternate (Recherche) Recherche___________ * Accueil * Présentation * Proposer un Article * Nous Aider * Nous Contacter * | * Arcipelago › Italia (Recherche) Recherche___________ Voxnr – Emprise Voxnr – Emprise * Accueil * ACTU + Politique + Monde + Europe + Économie + Société * FOCUS + Analyses + Zoom + Pólemos + Presse * SAVOIRS + Idées + Culture + Livres + Reprises * | * DÉBATS + Invités + Tribune * | * VIDÉOTHÈQUE + Vidéos-Focus + Videos-Rencontres + Vidéos-Bruits * | * Rendez-Vous + Conférences + Dédicace * | * Voxnr + Présentation + Proposer un Article + Nous Aider + Nous Contacter À la Une * Douma : Crime de guerre syrien ou ultime provoc des ennemis de Damas ? * Un Levant sans l’omniprésent Ami américain est-il possible ? * Ankara Vs Paris : Choc de deux puissances ou de deux ego ? [2] * Ankara Vs Paris : Choc de deux Puissances ou de deux ego ? 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Nous définirons l’individualisme comme une dimension de l’idéologie moderne qui érige l’individu, en tant qu’être moral, en valeur suprême. De la famille à l’individu Pour établir notre généalogie de l’individualisme moderne, nous commencerons par les travaux d’un juriste britannique, sir Henry Sumner Maine. Ce dernier, grand spécialiste du droit comparé, est l’auteur d’un ouvrage publié en 1861 et qui a connu de nombreuses rééditions, Ancient Law, dans lequel il examine les concepts juridiques des sociétés anciennes en s’appuyant sur le droit romain, les systèmes juridiques de l’Inde et de l’Europe orientale, ou encore les jurisprudence contemporaines. Selon Maine, les sociétés humaines ont connu successivement deux grands principes d’organisation politique : la parenté de sang, puis la communauté de territoire. Dans un chapitre intitulé « La société primitive et l’ancien droit », consacré au droit dans les sociétés archaïques, il écrit : « L’histoire des idées politiques commence, en fait, avec l’idée que la parenté de sang est la seule base possible d’une communauté de fonctions politiques ; et aucun de ces renversements de sentiments que nous appelons solennellement révolutions n’a été si surprenant et si complet que le changement survenu lorsque quelque autre principe, celui de contiguïté locale par exemple, fut établi pour la première fois comme base d’une action politique commune » (2). Sa thèse est limpide : c’est lorsque le cadre territorial s’est substitué aux liens de parenté comme fondement du système politique que l’organisation sociale moderne que nous connaissons est apparue. Pour Maine, tout commence avec la famille : « la famille est le type même de la société archaïque ». Pour retracer l’histoire des sociétés les plus anciennes, il va s’appuyer, dans son enquête, sur des sources variées : les observations des contemporains, les archives, mais surtout les institutions et les systèmes juridiques primitifs qui se sont transmis jusqu’à nos jours. Il analyse ainsi les premiers chapitres de la Genèse, où l’organisation politique de la société apparaît fondée sur le pouvoir patriarcal. Utilisant également la littérature antique, il cite le passage de l’Odyssée concernant les cyclopes : pour Homère, ces monstres incarnent « le type de civilisation étrangère et moins avancée » (3). Les cyclopes n’avaient ni assemblées, ni thémistes, et les chefs de famille exerçaient le pouvoir sur leurs épouses et leur descendance. Dans la Grèce ancienne et à Rome, Maine trouve la trace des groupes de filiation à partir desquels s’est constitué l’Etat. On peut donc supposer que les premières communautés politiques apparurent partout ou les familles, au lieu d’éclater à la mort du patriarche qui les dirigeait, gardèrent leur unité. Les institutions romaines ont conservé les vestiges de cette tradition : « Le groupe élémentaire est la Famille, rattachée au plus ancien descendant mâle. L’agrégation des Familles forme le Gens ou la Maison. L’agrégation des tribus constitue l’Etat (Commonwealth) » (4). Maine en conclut que l’idée d’un lien lignager commun est une donnée fondamentale des sociétés archaïques. Ce phénomène est commun aux Indo-européens qui retracent leurs origines à partir d’un même rameau familial. Les thèses de Maine sur les origines lignagères de la sociétés sont à mettre en rapport avec les discussions sur le droit naturel. Pour Maine, l’état de nature est une notion « non historique, invérifiable », de même que l’idée de contrat social qui est au centre des doctrines philosophiques. Sa position est à l’opposé des thèses défendues par Hobbes, Locke et Rousseau. Pour lui, les philosophes voient l’état de nature, l’état d’avant l’Etat, avec les yeux de l’individualisme moderne, présupposant l’existence d’un contractualisme avant l’heure. Au modèle de l’autorité patriarcale, les sociétés modernes opposent une autre conception du lien politique, la cellule de base n’étant plus la famille mais l’individu. « L’unité de la société archaïque était la famille, celle de la société moderne est l’individu » (5) insiste-t-il. La grande nouveauté du monde moderne, c’est le remplacement du lien statutaire qui prévalait dans les sociétés anciennes par la relation purement contractuelle. Comme le résume Maine dans un célèbre aphorisme : « Le mouvement progressif des sociétés jusqu’à nos jours a été un mouvement du status au contrat » (6). Certes, au XIXème siècle, il n’a pas été le seul à opposer le caractère individualiste des sociétés modernes aux sociétés archaïques communautaires. Tocqueville, par exemple, a fort bien analysé le développement et le triomphe de l’individualisme dans l’Amérique démocratique et, au-delà les pays développés d’Occident. De même, dans Gemeinschaft und Gesellschaft, publié en 1887, Ferdinand Tonnies oppose la communauté (gemeinschaft), unité organique, à la société (gesellschaft), construction mécanique et rationalisée. « Maine inaugure une pensée du politique à deux vitesses, selon laquelle une scission fondamentale sépare archaïsme et modernité, ou, selon une formulation plus moderne, sociétés holistes et sociétés individualistes » (7) écrit Marc Abélès dans Anthropologie de l’Etat. Sociétés holistes et sociétés individualistes C’est à Louis Dumont, dont l’œuvre embrasse l’ensemble des domaines des sciences sociales (sociologie, anthropologie, philosophie, histoire, droit et sciences politiques), que l’on doit l’analyse la plus pertinente sur les concepts d’individualisme et d’holisme, permettant une appréhension nouvelle de la modernité. En effet, Dumont distingue les sociétés traditionnelles de la société moderne. « Dans les premières, écrit-il, comme par ailleurs dans la République de Platon, l’accent est mis sur la société dans son ensemble, comme Homme collectif ; l’idéal se définit par l’organisation de la société en vue de ses fins (et non en vue du bonheur individuel) ; il s’agit avant tout d’ordre, de hiérarchie, chaque homme particulier doit contribuer à sa place à l’ordre global et la justice consiste à proportionner les fonctions sociales par rapport à l’ensemble » (8). Le sociologue qualifie ce type de sociétés de « holiste ». Il poursuit : « Pour les modernes au contraire, l’Etre humain c’est l’homme “élémentaire“, indivisible, sous sa forme d’être biologique et en même temps de sujet pensant. Chaque homme particulier incarne en un sens l’humanité entière. Il est la mesure de toute chose (…) Le royaume des fins coïncide avec les fins légitimes de chaque homme, et ainsi les valeurs se renversent. Ce qu’on appelle encore “société“ est le moyen, la vie de chacun est la fin. Ontologiquement la société n’est plus, elle n’est plus qu’un donné irréductible auquel on demande de ne point contrarier les exigences de liberté et d’égalité » (9). Dumont constate que « parmi les grandes civilisations que le monde a connues, le type holiste de société a prédominé » (10). Il ajoute que « tout se passe même comme s’il avait été la règle, à la seule exception de notre civilisation moderne et de son type individualiste de société » (11). La civilisation européenne est donc, à l’origine, une civilisation holiste, la société y étant perçue comme une communauté, comme un tout organique auquel on appartient par héritage. « Ce n’est pas en tant qu’individu, note Jean-Pierre Vernant, que l’homme grec respecte ou craint un dieu, c’est en tant que chef de famille, membre d’un genos, d’une phratrie, d’un dème, d’une cité ». De même, aucune tradition philosophique classique ne pose l’homme comme un individu isolé. Ainsi, pour Aristote, l’homme est par nature un zoon politikon, un animal politique, qui n’est nullement détaché des autres hommes. Toutefois, « la transition dans la pensée philosophique de Platon et d’Aristote aux nouvelles écoles de la période hellénistique montre une discontinuité », souligne Louis Dumont, « l’émergence soudaine de l’individualisme » (12). En effet, précise-t-il, « alors que la polis était considérée comme autosuffisante chez Platon et Aristote, c’est maintenant l’individu qui est censé se suffire à lui-même. Cet individu est, soit supposé comme un fait, soit posé comme un idéal par les épicuriens, cyniques et stoïciens tous ensemble » (13). Dans son ouvrage, désormais classique, A History of Political Theory, Georges Sabine classe les trois écoles philosophiques comme différentes variétés de “renonciation“ (14). En effet, ces écoles enseignent la sagesse, et pour devenir un sage, il faut d’abord renoncer au monde… Comment interpréter la genèse de cet individualisme philosophique ? Dumont l’explique ainsi : « L’activité philosophique, l’exercice soutenu par des générations de penseurs de l’enquête rationnelle, doit avoir par lui-même nourri l’individualisme, car la raison, si elle est universelle en principe, œuvre en pratique à travers la personne particulière qui l’exerce, et prend le premier plan sur toutes choses, au moins implicitement » (15). Si Platon et Aristote, après Socrate, avaient su reconnaître que l’homme est essentiellement un être social, leurs successeurs hellénistiques posèrent comme idéal supérieur celui du sage détaché de la vie sociale. La ruine de la polis grecque et l’unification du monde – Grecs et Barbares confondus – sous l’égide de l’empire universel d’Alexandre, événement historique sans précédent, aura sans doute favorisé l’avènement de cet individualisme. L’individualisme chrétien Ainsi que l’a montré Louis Dumont dans ses travaux, c’est avec le christianisme que l’individualisme fait véritablement son apparition dans l’espace mental européen, de pair avec l’égalitarisme et l’universalisme. L’universitaire écrit : « Il n’y a pas de doute sur la conception fondamentale de l’homme née de l’enseignement du Christ : comme l’a dit Troeltsch, l’homme est un individu-en-relation-avec-Dieu, ce qui signifie, à notre usage, un individu essentiellement hors du monde » (16). Et d’ajouter : « La valeur infinie de l’individu est en même temps l’abaissement, la dé-valuation du monde tel qu’il est : un dualisme est posé, une question est établie qui est constitutive du christianisme et traversera toute l’histoire » (17). Il précise : « Il suit de l’enseignement du Christ et ensuite de Paul que le chrétien est un “individu-en-relation-à Dieu. Il y a, dit Ernst Troelsch, “individualisme absolu et universalisme absolu“ en relation à Dieu. L’âme individuelle reçoit valeur éternelle de sa relation filiale à dieu, et dans cette relation se fonde également la fraternité humaine : les chrétiens se rejoignent dans le Christ dont ils sont les membres » (18). Conclusion : « L’individu comme valeur était alors conçu à l’extérieur de l’organisation sociale et politique donnée, il était en dehors et au-dessus d’elle, un individu-hors-du-monde » (19). A l’aide de l’exemple indien, Dumont soutient que l’individualisme n’aurait pas pu se développer autrement à partir du holisme traditionnel. La relation de l’individu et du monde va subir toute une évolution dans la conception chrétienne. Dans un premier temps, correspondant à l’époque du christianisme primitif, l’opposition au monde est très forte. Les obligations sociales, confondues avec le service des valeurs païennes, sont niées ; la vie dans le monde est à la fois une condition et un obstacle au salut individuel. Dans un deuxième temps, l’Eglise ayant triomphé du paganisme, revendique son droit au pouvoir politique. La conversion de l’Empereur et ensuite de l’Empire impose à l’Eglise une relation plus étroite à l’Etat. Elle se « mondanise » : ce qui est du monde devient simplement subordonné à ce qui est hors-du-monde. Du même coup, l’individualisme, porteur de l’élément extramondain, peut se développer librement au détriment de la communauté. Cette « mondanisation » s’opère en deux étapes. D’abord, le pape Gélase développe une théorie de la relation entre l’Eglise et l’Empereur qui aboutit à une dyarchie hiérarchique, faisant la distinction hiérarchique entre l’auctoritas du prêtre et la potestas du souverain. Le prêtre est subordonné au souverain dans les affaires mondaines qui concernent l’ordre public. On a affaire à une « complémentarité hiérarchique » (20). Puis, au VIIIème siècle, se produit un changement majeur. Les papes rompent leurs liens avec Byzance et s’arrogent le pouvoir temporel suprême en Occident. L’Eglise prétend maintenant régner, directement ou indirectement, sur le monde, ce qui signifie que l’individualisme chrétien est maintenant engagé dans le monde à un degré sans précédent. Tels sont les stades de la transformation de l’individu-hors-du-monde à l’individu-dans-le-monde : l’individu chrétien, étranger au monde à l’origine, s’y trouve progressivement de plus en plus profondément impliqué. L’Histoire de l’Europe chrétienne va devenir l’Histoire de la diffusion progressive de l’individualisme. « Par étages, la vie mondaine sera ainsi contaminée par l’élément extramondain jusqu’à ce que, finalement, l’hétérogénéité du monde s’évanouisse entièrement. Alors le champ entier sera unifié, le holisme aura disparu de la représentation, la vie dans le monde sera conçue comme pouvant être entièrement conformée à la valeur suprême, l’individu hors-du-monde sera devenu le moderne individu-dans-le-monde » (21). Laïcisation de l’individualisme L’étape suivante est la laïcisation. A partir de la Renaissance, le christianisme, confronté à la Réforme protestante, ne peut plus organiser naturellement la vie collective. La religion « cesse le garant d’une structure hiérarchique : elle révèle, au plan politique, sa charge égalitaire » écrit Paul Claval (22). La laïcisation des valeurs chrétiennes fait de l’individualisme, de l’égalitarisme et de l’universalisme des notions concrètes de la vie profane. L’Etat moderne est une « église transformée », dixit Louis Dumont, qui ne règne que sur des individus. L’individualisme progresse, à partir du XIIIème siècle, à travers l’émancipation d’une catégorie : le politique, et la naissance d’une institution, l’Etat. Le processus culmine chez Calvin qui fait du monde une vaste théocratie, où règne la valeur individualiste. Avec lui, « la dichotomie hiérarchique qui caractérisait notre champ d’étude prend fin : l’élément mondain antagonique, auquel l’individualisme devait jusque-là faire une place, disparaît entièrement dans la théocratie de Calvin. Le champ est absolument unifié. L’individu est maintenant dans le monde, et la valeur individualiste règne sans restriction ni limitation. Nous avons devant nous l’individu-dans-le-monde » (23). Le libéralisme a hérité de la conception individualiste, égalitariste et universaliste, induite par le christianisme. Pour Dumont, à partir du XVIIIème siècle, l’émancipation de la catégorie économique représente, à son tour, par rapport à la religion et à la politique, à l’Eglise et à l’Etat, un progrès de l’individualisme. « La vue économique est l’expression achevée de l’individualisme » précise-t-il (24). Dans un premier temps historique, le libéralisme hérite de la justification religieuse de l’individualisme : « Pour Locke, concevoir la société comme juxtaposition d’individus abstraits fut possible seulement parce que, aux liens concrets de la société, il pouvait substituer la moralité en tant qu’elle réunit ces individus de l’espèce humaine sous le regard de Dieu » (25). Il insiste : « La substitution à l’homme comme être social de l’homme comme individu a été possible parce que le christianisme garantissait l’individu en tant qu’être moral » (26). La moralité prend alors appui sur la foi « pour offrir un substitut au holisme dans l’espèce humaine en tant que porteur de l’obligation morale » (27). Dans un deuxième temps, lorsque la religion, victime du processus de désacralisation, de désensorcellement, de désenchantement (Entzauberung) du monde, mis en œuvre par le rationalisme, commence à perdre de son influence, les bases morales du libéralisme tendent à s’effacer tandis que, parallèlement, le goût de l’effort et de la discipline du travail individuel sont progressivement remplacés par la recherche hédoniste du bonheur individuel. Avec l’affaiblissement de la croyance en Dieu, l’individualisme changera de pôle : il ne s’exprime plus sous la forme d’une volonté tendue vers l’effort, la glorification de Dieu dans le monde, mais sous celle d’un pur hédonisme, d’un désir de jouissance et la recherche du bonheur. La sécularisation des idéologies religieuses, la laïcisation de l’individualisme entraîne, nécessairement, le matérialisme. La recherche individuelle du bonheur, sans prise en considération de l’intérêt collectif, fait de la conquête des choses, et non plus du dépassement de soi, le but essentiel de l’existence. C’est ainsi que La Déclaration d’Indépendance américaine, proclamée à Philadelphie, le 4 juillet 1776, insiste moins sur les droits politiques du citoyen que sur la recherche pour l’homme du bonheur, sur le droit de l’individu à résister à toute souveraineté qui entraverait son libre arbitre et son bon plaisir. On y trouve, en effet, cette formule révélatrice : « Nous considérons comme des vérités évidentes par elles-mêmes que les hommes naissent égaux ; que leur Créateur les a dotés de certains droits inaliénables, parmi lesquels sont la vie, la liberté, la recherche du bonheur (pursuit of happiness); que les gouvernements humains ont été institués pour garantir ces droits ». Chez les Pères de l’Indépendance on retrouve donc l’idée, déjà formulée chez Hobbes, Locke ou Rousseau, que l’individu constitue l’unité de base de la vie. Or, remarque à juste titre Guillaume Faye, « une telle idée, aujourd’hui, rejetée par les sciences sociales et l’éthologie, provient, comme l’on montré Halbwachs et Baudrillard, de la transposition politique du dogme chrétien du salut individuel. Le destin collectif et historique se trouve mis entre parenthèses, rendu provisoire, au profit du destin existentiel de l’individu » (28). Karl Marx n’échappe pas à cette vue-du-monde. Le sociologue et économiste révolutionnaire-conservateur autrichien Othmar Spann avait déjà souligné la prédominance des traits individualistes chez lui (29). De même, Dumont soutient la thèse que « Marx est essentiellement individualiste » (30). Dans le marxisme, peuples et nations ne sont qu’accessoires par rapport à cette humanité potentielle, simple somme d’individus elle aussi, qu’est la classe. « Le but de Marx demeure l’émancipation de l’homme par la révolution prolétarienne, écrit Dumont, et ce but est construit sur la présupposition de l’individu » (31). La conception de l’homme comme individu est ainsi à la base de la théorie de la valeur-travail, chez Ricardo comme chez Marx. Pour lui, la cause est entendue : « Le socialiste Marx croit à l’Individu d’une manière qui n’a pas de précédent chez Hobbes, Rousseau et Hegel et même, dirait-on, chez Locke » (32). Postmodernité et néo-individualisme Dans les années 70, les sociétés occidentales développées entrent dans un processus de changement radical quant à leur mode d’organisation social, culturel et politique, qui équivaut à un changement complet de civilisation. C’est alors que le concept de postmodernité fait son apparition pour désigner ce changement complet de civilisation. Il renvoie à plusieurs éléments : l’effondrement de la rationalité et la faillite des « grands récits » ou « métarécits » (33), la fin de l’ère industrielle productiviste, la consommation de masse, la montée de l’individualisme, le dépérissement des normes d’autorité et de discipline, la désaffection pour les passions politiques et le militantisme, la désyndicalisation. Le philosophe Gilles Lipovetsky a produit une magistrale analyse de ce phénomène dans des essais brillants comme L’ère du vide et L’Empire de l’éphémère. Il estime que la société postmoderne est caractérisée avant tout par un néo-individualisme hédoniste et autiste, ce qu’il appelle la « seconde révolution individualiste » : engouement pour les nouvelles technologies et les sports de glisse, indifférence à autrui, désinvestissement de la vie publique, perte de sens des grandes institutions sociales et politiques, dissolution de la mémoire collective, relativisme moral, narcissisme exacerbé, « cocooning » de la jeunesse. Autant de thèmes à rapprocher des travaux du sociologue américain Christopher Lasch qui, dans La culture du narcissisme, met l’accent sur l’apparition d’un nouveau type d’individu caractérisé par une « personnalité narcissique ». Loin de s’alarmer de l’inéluctable progression de cet individualisme de masse, Lipovetsky s’en félicite. Finie la contrainte autoritaire, voici venu le temps de l’explication et du dialogue. Pour lui, cet individualisme contemporain est une « chance démocratique ». Mais, depuis les attentats du 11 septembre 2001, les choses auraient changé. L’individu jouissif de la postmodernité serait devenu un individu anxieux. Au désir d’affranchissement de toutes les normes, aurait succédé une demande généralisée de protection, une obsession de la santé, et une inquiétude vis-à-vis du futur. Nous aurions basculé dans les Temps hypermodernes (34), caractérisés par l’ « hyper » : hyper-puissance américaine, hyperconsommation et hypernarcissisme. Fin de la postmodernité, bienvenue à l’hypermodernité ! Lipovetsky insiste sur la recomposition de notre rapport au temps. C’est le règne de l’économie du stock zéro, de la production à flux tendu, de la consommation immédiate. Le passé étant invalidé, le futur apparaissant comme incertain voire risqué, reste le présent qui devient l’axe central du rapport au temps. L’ici et maintenant est prédominant. Le triomphe de l’instantanéité signe l’abandon de toute attitude prométhéenne. Le présent hédoniste l’emporte. Robert Steuckers a parfaitement résumé la généalogie intellectuelle de l’individualisme moderne tel que nous venons de la décrire : « L’Occident a raisonné depuis mille ans en termes de salut individuel, lors de la phase religieuse de son développement, en termes de profit individuel, lors de sa phase bourgeoise et matérialiste, en termes de narcissisme hédoniste, dans la phase de déliquescence totale qu’il traverse aujourd’hui ». Edouard Rix, Terre & Peuple magazine, solstice d’été 2011, n°48, pp. 11-15. NOTES (1) M. Weber, L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, Plon, Paris, 1964, p. 122, note 23. (2) H.S. Maine, Ancient Law, Oxford University Press, Londres, 1959, p. 106. (3) Ibid, p. 103. (4) Ibid, p. 106. (5) Ibid, p. 104. (6) Ibid, p. 141. (7) M. Abélès, Anthropologie de l’Etat, Petite bibliothèque Payot, Paris, 2005, p. 46. (8) L. Dumont, Homo hierarchicus. Essai sur le système des castes, Gallimard, coll. Bibliothèque des sciences humaines, Paris, 1966, p. 23. (9) Ibid. (10) L. Dumont, Homo aequalis. Genèse et épanouissement de l’idéologie économique, Gallimard, Paris, 1977, p. 12. (11) Ibid. (12) L. Dumont, Essais sur l’individualisme. Une perspective anthropologique sur l’idéologie moderne, Seuil, coll. Esprit, Paris, 1983, p. 37. (13) Ibid. (14) G. H. Sabine, A History of Political Theory, Londres, 1963, p. 137. (15) L. Dumont, Essais sur l’individualisme, op.cit., p. 39. (16) L. Dumont, « La genèse chrétienne de l’individualisme. Une vue modifiée de nos origines », Le Débat, septembre-octobre 1981, 15, p. 127. (17) Ibid, p. 129. (18) L. Dumont, Essais sur l’individualisme, op.cit., p. 40. (19) Ibid, p. 58. (20) Ibid, p. 53. (21) L. Dumont, « La genèse chrétienne de l’individualisme », op. cit., p. 130. (22) P. Claval, « Idéologie et démocratie », in Michel Prigent, éd., Les intellectuels et la démocratie, PUF, Paris, 1980, p. 81. (23) L. Dumont, Essais sur l’individualisme, op.cit., p. 60. (24) Ibid, p. 23. (25) L. Dumont, Homo aequalis, op. cit., p. 81. (26) Ibid.22) (27) Ibid, p. 80. (28) G. Faye, Le Système à tuer les peuples, Copernic, Paris, 1981,p. 100. (29) O. Spann, Der wahre Staat, 1931, pp. 130-131. (30) L. Dumont, Homo aequalis, op. cit., p. 139. (31) Ibid, p.197. (32) L. Dumont, Essais sur l’individualisme, op.cit., p. 111. (33) J.F. Lyotard, La condition postmoderne, éditions de Minuit, Paris, 1979. (34) G. Lipovetsky, Les Temps hypermodernes. Entretien avec Sébastien Charles, Grasset, Paris, 2004. BIBLIOGRAPHIE M. Abélès, Anthropologie de l’Etat, Petite bibliothèque Payot, Paris, 2005, 253 p. L. Dumont, Homo hierarchicus. Essai sur le système des castes, Gallimard, coll. Bibliothèque des sciences humaines, Paris, 1966, 445 p. L. Dumont, Homo aequalis. Genèse et épanouissement de l’idéologie économique, Gallimard, Paris, 1977, 270 p. L. Dumont, Essais sur l’individualisme. Une perspective anthropologique sur l’idéologie moderne, Seuil, coll. Esprit, Paris, 1983, 272 p. C. Lasch, La culture du narcissisme, Champs Flammarion, Paris, 2006, 332 p. G. Lipovetsky, L’ère du vide. Essais sur l’individualisme contemporain, Gallimard, Paris, 1983, 246 p. G. Lipovetsky, L’empire de l’éphémère : la mode et son destin dans les sociétés modernes, Gallimard, Paris, 1987, 345 p. G. Lipovetsky, Les Temps hypermodernes. Entretien avec Sébastien Charles, Grasset, Paris, 2004, 186 p. J.F. Lyotard, La condition postmoderne, éditions de Minuit, Paris, 1979, 128 p. H.S. Maine, Ancient Law, Oxford University Press, Londres, 1959, p. 106. Vouloir Attachments * the-thinker-1080x675 (ERROR) Partager * Facebook * Twitter * Google + * LinkedIn Précédent Heinrich Himmler. 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Close #Blog Rose-Croix, de Serge Toussaint » Flux Blog Rose-Croix, de Serge Toussaint » Flux des commentaires Blog Rose-Croix, de Serge Toussaint » À propos de l’individualisme Flux des commentaires A propos du mysticisme A propos des illusions alternate alternate [tr?id=1904308359833545&ev=PageView &noscript=1] Blog Rose-Croix, de Serge Toussaint * Accueil * Sur ce blog + Qui est-il ? + Pourquoi ce Blog ? * Rubriques + Points de vue + Points de vue : liste + Livres + Pensées rosicruciennes o Spiritualité o Humanisme o Ethique o Ecologie + Histoires de Sagesse + Lettres ouvertes + Evénements + Dossier de presse + Conférences à Québec * L’A.M.O.R.C individualisme À propos de l’individualisme 26 octobre 2017 by Serge Toussaint • Points de vue • Tags: société • 10 Commentaires Email this to someone Email this to someone email Share on Facebook Share on Facebook Facebook Tweet about this on Twitter Tweet about this on Twitter Twitter Il est fréquent de dire que les sociétés modernes sont devenues trop individualistes, ce qui, de mon point de vue, est tout à fait exact. Mais qu’entendons-nous par-là ? D’une manière générale, cela veut dire que la plupart des gens, sans distinction de rang social, privilégient de façon ostentatoire leurs intérêts personnels ou ceux de leurs proches, parfois au détriment d’autrui. Autrement dit, c’est le «chacun pour soi», sans se préoccuper des conditions dans lesquelles les autres vivent, qu’ils habitent à l’autre bout du monde, dans le quartier voisin, ou même dans la maison d’à côté. Pourquoi en est-on arrivé là ? Parce que les conditions de vie se sont améliorées de manière exponentielle dans les pays développés et que la technologie a progressé beaucoup plus vite que les consciences. Ces deux facteurs combinés ont conduit les gens à devenir de plus en plus matérialistes, c’est-à-dire à chercher le bien-être et le bonheur dans le confort matériel, avant tout pour eux-mêmes et pour ceux avec lesquels ils partagent leur existence au quotidien. Par voie de conséquence, cela a exacerbé leur désir de posséder, au point que ce désir est devenu culturel. Comme vous l’avez certainement remarqué, c’est généralement dans les épreuves et les difficultés que les êtres humains se montrent les plus solidaires et rompent provisoirement avec l’individualisme ambiant. Ainsi, lors d’une catastrophe naturelle ou autre, des mouvements de solidarité apparaissent et l’aide s’organise rapidement pour assister les victimes. Les dons se font également beaucoup plus nombreux. S’il en est ainsi, c’est le plus souvent parce que chacun (re)prend alors conscience que lui-même pourrait faire partie des personnes affectées et qu’il apprécierait que l’on vienne à son secours. De même, vous avez certainement noté que les gens sont beaucoup plus solidaires dans les pays pauvres que dans les pays riches. Ils ont davantage le sens de la collectivité et partagent le peu qu’ils possèdent. Si tel est le cas, c’est parce qu’ils ne sont pas conditionnés par le désir de posséder. C’est aussi parce qu’ils agissent davantage sous l’impulsion de leur âme que de leur ego, dans son aspect le plus exclusif. Autrement dit, ils laissent parler l’intelligence du cœur, laquelle privilégie toujours le bien commun, la solidarité et la fraternité. Que faire pour que les gens qui vivent dans les pays riches, favorisés, développés… deviennent moins individualistes et s’ouvrent davantage aux autres, notamment à ceux qui ont moins ? On serait tenté de répondre : qu’ils perdent ce qu’ils ont, redeviennent pauvres ou soient à nouveau dans le besoin. Mais là n’est pas la solution, d’autant qu’il est naturel et légitime de vouloir améliorer ses conditions de vie et bénéficier d’un certain confort matériel. Ce qu’il faudrait, c’est comprendre que l’individu n’est rien sans la collectivité et ne peut être heureux à long terme en excluant les autres du bonheur qu’il recherche pour lui-même. Par ailleurs, il faudrait apprendre aux enfants à se préoccuper du bien-être des autres, ce qui pose le problème de l’éducation. Serge Toussaint Grand Maître de l’Ordre de la Rose-Croix Email this to someone Email this to someone email Share on Facebook Share on Facebook Facebook Tweet about this on Twitter Tweet about this on Twitter Twitter EN RELATION AVEC CE SUJET: 1. À propos de la régénération de l’humanité 2. A propos de la vieillesse 3. A propos de la compassion 4. A propos de l’espérance de vie « A propos du mysticisme A propos des illusions » ____________________ Dossier de Presse lien-vers-site-amorc-sidebar lien-vers-site-amorc-sidebar En savoir plus CITATION DU MOMENT... « En raison de leur origine et de leur nature divines, les hommes ont la capacité de se transcender et d’exprimer ce qu’il y a de meilleur en eux, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus divin. En fait, ils sont destinés à faire preuve de connaissance et de sagesse, et à faire de la Terre un lieu de paix, d’harmonie et de fraternité. » — L’utopie rosicrucienne IMPORTANT * Appel à la non-violence * Appel à la tolérance * A votre avis * Lettre ouverte des Rose-Croix aux Citoyens et aux Citoyennes du monde * Lettre ouverte des Rose-Croix aux parents que nous sommes, avons été ou serons * Prophéties des Rose-Croix * Lettre ouverte des Rose-Croix aux scientifiques * Lettre ouverte aux athées DERNIERS TEXTES PUBLIÉE * citation-blog Texte à méditer 5 * rc-politique Rose-Croix et politique * citation-blog Texte à méditer 4 * citation-blog Texte à méditer 3 * citation-blog Texte à méditer 2 RUBRIQUES * Points de vue * Liste de tous les Points de vue * Pensées rosicruciennes * Histoires de sagesse * Evénements * Plan du blog Liens * Amis de l'A.M.O.R.C. * Facebook A.M.O.R.C. * Ordre de la Rose-Croix VIDÉO IFRAME: about:blank IFRAME: https://www.youtube.com/embed/DsdTdCORx-g?rel=0 ARCHIVES ARCHIVES [Sélectionner un moiss] DERNIER LIVRE [wAAACwAAAAAAQABAEACAkQBADs=] [plaidoyer-pour-une-ecologie-sidebar.jpg] Rubriques * Points de vue * Pensées rosicruciennes * Histoires de sagesse * Evénements A propos de : * Pourquoi ce blog ? * Qui suis-je ? * Dossier de presse * Politique de confidentialité Partager Email this to someone email Share on Facebook Facebook Tweet about this on Twitter Twitter Rechercher ____________________ © Blog Rose-Croix, de Serge Toussaint 2019 Le Blog de Serge Toussaint error: Alert: Contu protégé No Copy_____________ #syndication article alternate alternate alternate Quantcast RSS Syndication Twitter Facebook FeedBurner NetVibes [img_logo_lgs_transparent.png] « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir » Rechercher accueil | nouveautés de la semaine | derniers articles | articles au hasard | auteurs référencés | thèmes  5 mai 2012 2 La montée de l’individualisme est un fléau ! Michael KURTIS Parmi les phénomènes marquants de la fin du XXe siècle, la fin de la guerre froide et le recul des idéologies marquent un tournant majeur dans l’histoire de l’humanité. Avons-nous atteint ce que Fukuyama (philosophe américain d’origine japonaise) a appelé "la fin de l’Histoire" ? Cette dernière serait selon lui, caractérisée par une victoire triomphante et pérenne de la démocratie et du capitalisme sur le communisme. Ce constat est néanmoins largement discutable. "Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde" avait d’ailleurs écrit Bertolt Brecht, nous enseignant ainsi cette vigilance nécessaire face à la barbarie latente chez l’être humain, qu’une crise économique peut libérer. En ce sens que la démocratie, n’est jamais acquise, c’est un combat permanent, une vigilance nécessaire, face aux ennemis de la liberté, comme les avait qualifiés Saint-Just. Cette vigilance a pris la forme d’une défense dogmatique de la liberté. Elle est au coeur de l’idéologie libérale et néolibérale qui ont triomphé parmi les élites depuis une trentaine d’années. Héritière de la philosophie des lumières, notamment dans sa branche anglo-saxonne, elles sont profondément humanistes et placent l’individu au coeur de la société en lui confiant des droits et des libertés incontestables : liberté d’expression, d’entreprendre, de se déplacer librement, de s’associer, etc… Cet amour de la liberté induit une méfiance vis-à -vis de l’État et de ses règlementations pourtant nécessaires pour lutter contre la loi de la jungle, la loi du plus fort. Il impose une méfiance vis-à -vis des idéologies collectivistes et communistes, dont les expériences historiques desservent souvent la noblesse des idées. L’échec du communisme n’a laissé aucune alternative au modèle des démocraties libérales en s’éteignant. Cet amour de la liberté est l’essence même du modèle néolibéral, défenseur de l’autorégulation. Ainsi s’est installée la loi de l’offre et de la demande comme mode d’organisation économique de la société. Partant du mythe du bon sauvage, selon lequel, l’homme serait bon par nature puis perverti par la société, la philosophie libérale est profondément individualiste. Elle place donc l’être humain au coeur du système et l’émancipe de toute contrainte absolutiste. Elle le tient pour responsable de sa propre condition, de ses choix et de ses actes… Il ne faut pas confondre avec l’anarchisme et l’égoïsme pur puisqu’il considère l’individu, en tant que membre impliqué dans une société. L’individualisme prône en revanche l’autonomie individuelle face aux diverses institutions sociales et politiques. L’intérêt de l’individu peut s’opposer à l’intérêt du groupe et aux mouvements collectifs. L’homme serait ainsi capable de réaliser de grandes choses par ses propres actes, sans mouvement social. Cette idée s’oppose donc fondamentalement au concept marxiste de lutte des classes en tant que moteur de l’histoire. La liberté et l’égalité sont des antagonismes, des concepts opposés et contradictoires. Plus les individus sont libres, plus l’égalité est difficile à préserver. A l’inverse, plus ils seront égaux, moins ils seront libres. Le choix de la liberté "avant tout" met en péril la sauvegarde de l’égalité, qui pour être atteinte nécessite l’intervention d’un acteur tiers. Pourquoi l’État est-il le seul à pouvoir préserver l’égalité ? Selon Bourdieu, l’État est le seul agent économique et social qui puisse s’imposer légitimement pour corriger les inégalités naturelles entre les individus (âge, taille, sexe, origine sociale ou géographique), par l’impôt, les lois et les politiques publiques. L’individualisme, sous l’égide de la liberté et de l’antitotalitarisme, est devenu un fléau pour notre société. En temps de crise, Hobbes a raison contre Rousseau : le pessimisme anthropologique et l’individualisme sont plus porteurs. Il a pris la forme de l’égoïsme social et met en péril la solidarité républicaine. Si la société individualiste est la somme de tous les intérêts individuels, la société républicaine est elle, celle de l’intérêt général, du bien commun et collectif. Comment préserver la cohésion de notre société en opposant les individus entre eux ? En responsabilisant l’individu face à ses échecs, ses actes et ses excès, quelles que soient ses origines ou ses chances de départ, c’est la conception de notre organisation sociale qui est remise en cause. L’individualisme s’est imposé en France depuis 1980 comme idée dominante. Les générations nées depuis 1980 sont imprégnées par l’individualisme, véhiculé par la culture américaine (séries, films etc…) qui a imposé ses paradigmes à travers tout l’occident. En France, face à une Gauche historiquement collectiviste, héritière de Jaurès et de Karl Marx, s’est développée une droite libérale ayant pour fondement idéologique cet individualisme politique. C’est tout le sens de l’affaiblissement de l’État, de la destruction des services publics, du démantèlement de la sécurité sociale, de la réforme des retraites, etc… Dorénavant l’individu doit se prémunir lui-même face au risque et s’assurer de son coté. Cette idée républicaine est à l’origine du système de retraite par capitalisation que la Droite s’est jurée d’instaurer un jour dans notre pays. Toutes ces politiques ont contribué à détruire l’organisation centralisée de l’État et la solidarité républicaine pour rendre l’individu responsable de sa propre condition. C’est pourtant nier l’absence d’égalité des chances dans notre système. Les inégalités sociales sont aujourd’hui plus que jamais incontestables ! La misanthropie a trouvé une faille idéologique, tellement exceptionnelle, qu’elle s’y est engouffrée pour pourrir notre lien social. L’individualisme, c’est le fait d’enjamber un SDF devant sa porte. C’est considérer le pauvre comme l’unique responsable de sa situation, de prétendre qu’il aurait forcément pu s’en sortir. Malheureusement l’éducation républicaine, si elle a émancipé l’individu et pu corrigé (lorsqu’elle en a les moyens) marginalement les écarts, n’a en réalité jamais réussi à éradiquer ces inégalités naturelles. Cette idéologie individualiste est un fléau coupable de démanteler notre lien social, de distiller une misère et une précarité intolérables que seule la solidarité peut combattre Michael KURTIS URL de cet article 16587 https://www.legrandsoir.info/la-montee-de-l-individualisme-est-un-fleau .html Tweet Partager Imprimer version PDF pas de commentaires no comment reagir Michael KURTIS 14/05 Monsieur Sarkozy, sachez que l’Afrique est bien rentrée dans l’Histoire depuis des siècles… 13/05 De l’intoxication des esprits en 6 exemples 11/05 La dette, c’est grave docteur ? 02/05 Rafael Correa : l’insurrection citoyenne en 10 leçons Articles associés Société Aucun article récent. Afficher tout Commentaires 05/05/2012 à 17:49 par latitude zero Je propose (modestement !) de remettre dans l’ordre la devise de la République Française « Liberté Egalité Fraternité » Par « Fraternité Egalité Liberté » Car il n’y aura pas de liberté autre que celle des nantis et des escrocs sans égalité ( égalité des chances) Et parce qu’il n’y aura pas de véritable égalité sans fraternité ( celle de considérer son voisin comme son frère plutôt qu’un concurrent à éliminer ou une marchandise à exploiter) #81195 05/05/2012 à 18:45 par calame julia Oui-oui ! Les universitaires ne sont pas solidaires d’autres travailleurs mais utilisent les médias pour raconter leur petit kk nerveux cad bisbilles avec leurs supérieurs... par exemple ! c’est un exemple que je cite. Nous avons eu ces cinq dernières années mille et une occasions de faire montre de fraternelle solidarité et qu’avons nous fait ? confiance aux marchés ? c’est une question que je pose. T’as constaté comme les ricains des states nous ont bien eus avec "le rêve américain" ? Non ! attends je t’explique : en fait le americain dream c’était comment ils pouvaient nous apprendre à nous défaire de notre culture, de notre savoir, de notre savoir-faire pour nous imposer le leur ! Et l’Europe vieillissante prise de passion pour tant de jeune impulsion novatrice se laisse attendrir et aller dans les bras voraces des sans culture et sans origines les ricains des states qui sont forts : très forts pour détruire. #81199 RSS RSS Commentaires [img_ajouter_un_commentaire.png] Communication aux lecteurs N’extradez pas Julian Assange ! #FreeAssange #Unity4J Via Wikileaks, Julian Assange a rendu un fier service au monde entier, en rendant compte des crimes de guerre américains, de l’espionnage de leurs alliés, et d’autres secrets peu reluisants des organisations, entreprises et régimes les plus puissants de la planète. Cela n’a pas fait de lui l’ami de l’État profond américain. Tant Obama que Clinton ou Trump ont déclaré que son arrestation devrait être une priorité. Récemment, nous avons reçu la confirmation [1] qu’il a été inculpé en secret de manière à le faire extrader vers les USA aussitôt qu’il aura pu être arrêté. suite : https://internal.diem25.org/fr/petitions/1 __________________________________________________________________ Libérez Julian Assange de sa prison médiatique https://fr.mediumweb.info/assangefra Free Julian Assange from his media prison https://www.mediumweb.info/assangeeng Liberen a Julian Assange de su cárcel mediática https://es.mediumweb.info/assangeesp 1 »» agrandir | commenter AGENDA samedi 26 janvier 2019 COMMERCY (MEUSE) - Programme de l'assemblée des assemblées 26 et 27 janvier 2019 Commercy et environs - Les Gilets Jaunes de Commercy samedi 26 janvier 2019 PARIS - Fascisation de la France de Macron dans l'Union Européenne - Café d’histoire critique et d’études marxistes mardi 5 février 2019 NANTES - Théâtre "Pale blue dot, une histoire de WikiLeaks" - Étienne Gaudillère - Compagnie Y vendredi 29 mars 2019 LONDRES - Rassemblement/Veillée pour Julian Assange - Boots on the ground 4 Julian #FreeAssange #Unity4J [free_assange.jpg] Vous avez une minute ? La République contre son École Muriel FITOUSSI, Eddy KHALDI Certains, après la sortie de « Main basse sur l’école publique », (1) n’ont pas voulu croire, au moins dans un premier temps, dans la radicalité des postulats et parti-pris idéologiques qui avaient présidé, comme nous le dénoncions alors, aux mesures initiées par Xavier Darcos. Puis la « fusée des réformes » a décollé, et les yeux de nombreux citoyens, au-delà même de la communauté éducative, ont été décillés. Les atteintes graves au service public d’éducation se sont succédées à un rythme infernal, de la (...) Agrandir | voir bibliographie Le journalisme devrait être plus proche de la science. Dans la mesure du possible, les faits devraient être vérifiables. Si les journalistes veulent préserver une crédibilité à long-terme envers leur profession, c’est dans cette direction qu’il faut aller. Avoir plus de respect pour les lecteurs. Julian Assange __________________________________________________________________ [img_Logo_Docu_Revolucionarios.jpg] Cuba - Tchernobyl : Lettre à Maria. 24 août 2006. Chère Maria, Je ne sais pas si mon nom vous dira quelque chose. A vrai dire, je ne crois pas vous avoir laissé un souvenir impérissable. C’est pourtant vous qui m’avez donné, au détour d’une seule phrase, une des plus belles leçons d’humanité qu’un homme puisse recevoir. Il y a déjà quelques années de cela mais, comme vous pouvez le constater, je n’ai pas oublié. Vous souvenez-vous, Maria, de cet occidental en visite sur votre île qui voulait vous poser quelques questions ? En réalité, et (...) 4 Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi. Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...) 21 Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...) 40 Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public. CLIQUEZ ICI © Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources. L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002. 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Dans la pensée hégélienne, nous sommes tissés de trois brins, dans trois dimensions : l'universalité (ce qui est à tous), la particularité (toutes nos appartenances à des groupes et non-appartenances à d'autres) et la singularité (ce qui n'est qu'à nous). Ces trois dimensions ne sont pas exclusives l'une de l'autre. Le discours hyper-individualiste ne reconnait que la singularité. Quand on pense à l'individualisme, on pense en général à l'égoïsme, on pense à une condamnation morale d'actes ou de personnes, on pense aussi à un état d'égoïsme extrême des membres de la société qui rend la vie sociale difficile et presqu'impossible. Evidemment, l'égoïsme, c'est toujours l'égoïsme des autres (on est dans la morale) et la condamnation morale est une posture, elle n'a aucune réalisation concrète. Il me semble que l'état d'esprit des membres de notre société est constitué d'un individualisme quasi absolu, un hyper-individualisme dans lequel toute appartenance à un groupe est une aliénation, un mal qui n'aurait pas lieu d'être et dont il faut se débarrasser. Tout lien social est aliénation. Il faut être un « être humain » tout simplement. On parle du vivre-ensemble, ce vivre-ensemble concerne des individus, tous séparés les uns des autres et se devant une reconnaissance réciproque de leur individualité (ni jugement, ni contrainte, pas même d'attente) et rien d'autre. En même temps, nous sommes dans un ensemble national, exclusif (dans le discours) des ensembles plus petits ; nous les refusons en leur donnant le nom de communautarisme. Lesdits communautarismes seraient incompatibles avec l'appartenance nationale (nul ne peut servir deux maîtres, quelque chose comme ça), la nation tenant le caractère universel de la démocratie et de la République. « Nos valeurs priment sur l'obscurantisme, au-delà des confessions, au-delà de nos différences appartenances. Nous sommes tous Français », a rappelé Ibrahim Sorel Keita, président de la chaîne de la TNT Banlieues diversité médias TV : http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/09/28/hommage-a-herve-gourde l-nous-devons-reinstaurer-une-logique-de-fraternite_4495759_3224.html Bien entendu, dans ce cadre général, il y a moult exceptions. Ce cadre ne s'oppose pas à tous les groupes internes. On ne s'oppose pas aux Bretons, leur déclaration communautaire n'est pas nommée et il n'est pas dit qu'elle abime la République. Pourtant, les Bretons s'opposent par la violence à des lois nationales, issues de l'Assemblée nationale, elle-même issue des urnes et nul ne les range dans les communautaristes, destructeurs de la Nation. N'en font pas partie non plus, les communautés considérées comme victimes (les Roms par exemple). Il y a le principe et l'application du principe. Nous avons un principe et des applications à choix multiples qui estompent le principe jusqu'à l'effacer. L'application du principe qui déforme considérablement le principe obéit à des régularités qui ne font l'objet d'aucune attention. Ce sont ces régularités que je tente de montrer, de décrire. On voit le travail de cette distorsion dans le contexte des agressions hideuses de Français par des groupes djihadistes qui se revendiquent de l'Islam. La question de la condamnation de ces actes et de ces groupes djihadistes par les musulmans de France se pose. Mais s'ils le faisaient, même si c'est pour le bien, ils se constitueraient en communauté. Or, en principe, nous ne reconnaissons pas les communautés, et en pratique nous en reconnaissons certaines, sans les nommer communauté parfois, ou à la plainte, quand elles sont victimes. Ce qui donne des cafouillages en pagaille. Côté orthodoxie républicaine : « Non, je n'irai pas manifester devant la Mosquée de Paris. Si je dois y aller, c'est en tant que Français, horrifié qu'on ait égorgé un autre Français. Pas en tant que musulman. » http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/09/25/pourquoi-les-musulmans -devraient-prendre-position-apres-la-mort-d-herve-gourdel_4494554_3224. html et encore : « La logique à l'oeuvre dans tout cela est terrible. Elle présuppose que les musulmans seraient, par défaut, solidaires des actes des terroristes. Elle présuppose que tout musulman est relié au terrorisme islamiste et qu'il doit publiquement couper ce lien. Elle présuppose une suspicion a priori. Une suspicion qui est parfois explicite mais qui est le plus souvent sourde, voire intériorisée par les musulmans eux-mêmes. » Suit une longue liste de comparaisons, dont certaines farfelues (il s'agit de montrer l'absurde de cette demande, pour le journal Rue 89). « Pourquoi demander aux musulmans de France de prendre position ? » demande Michaël Szadkowski, en titre d'un article du Monde. Parce que ce sont les djihadistes qui affirment agir au nom de l'Islam, et qui dans leur « logique » visent la France et les Français ; la question n'est pas dans une « logique » interne à la France (sans compter le caractère paradoxal de cette « logique »). Il faut considérer la succession des discours et des actes, respecter les antériorités, tenir compte du sens du courant dans le flot des paroles. Que les Français nommés par les djihadistes disent ce qu'ils pensent de ce lien et le coupent est une nécessité ; tant qu'ils ne l'ont pas fait, on est en droit de supposer et de craindre que ce lien énoncé par les djihadistes soit bien réel, voire réciproque. Nous serions dans un monde sans aucun lien, aucune solidarité. Tous des Robinson dans notre île, nos paroles et nos actes ne dépasseraient pas le périmètre dans lequel ils sont faits ! C'est ça qui est absurde, cet hyper-individualisme. Il me semble qu'au contraire, nos appartenances nous constituent et bâtissent ce moi essentiel à l'intérieur de nous. Nous les voyons comme des gênes, des freins, des soustractions à cet être unique de liberté que nous sommes, alors que ce sont des nourritures, ce sont les désirs, les multiples complémentarités que nous trouvons dans les autres, les coopérations et les oppositions. Et dans l'application à-peu-près du principe d'unité nationale sans particularisme, il y a (heureusement) une condamnation des actes, la déclaration que même si ces égorgeurs disent avoir agi au nom de leur religion, l'Islam n'a rien à voir avec ça... Cependant le débat continue dans ces termes victimisation ou non des musulmans de France. Cependant le débat continue dans ces termes de l'hyper-individualisme : victimisation ou non des musulmans de France. Il faudrait reconsidérer cette idée d'une insularisation de tous les individus et relier positivement particularité et singularité. Moyenne des avis sur cet article : (*) ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) 4.25/5 (16 votes) __________________________________________________________________ Sur le même thème Nécessaire mise au point sur les rapports entre l'État et l'islam pour la réflexion sur « l'islam de France » Entretien avec Odon Lafontaine (2) sur l'islam Stéphane Lupasco : une éthique pour l'écosophie Délire furieux sur le climat : Ne nous laissons pas devenir fous ! Reconquête, restauration de l'autorité de l'Etat ou "face à face"? Le non de Collomb au dépeçage de la France __________________________________________________________________ [banniere-dons.png] __________________________________________________________________ Réagissez à l'article 20 réactions à cet article [Les plus anciens d'abord] * ______________________________________________________________ César Castique César Castique 1er octobre 2014 18:26 Pour une grande majorité de Français - les *NOUS* -., les musulmans sont perçus comme des *EUX*, - et c'est cela qu'on en attend des gages - tandis que les musulmans, en tant que Croyants, que Fidèles, se considèrent comme des « NOUS » par rapport aux "EUX* que sont, forcément, les mécréants. les infidèles. Croire qu'un tel clivage peut être atomisé par des théories à base d'universalisme républicain, est une de ces angéliques âneries avec lesquelles notre époque tente de se rassurer. Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ César Castique César Castique 1er octobre 2014 18:37 Correction : « ...et c'est pour cela qu'on en attend des gages... » Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ Olivier Perriet Olivier Perriet 2 octobre 2014 09:34 J'avais vu une raison de l'émergence de J-M Le Pen en 2002 dans le délire incroyable sur la 2e Intifada : une semaine avant le 21 avril 2002, débat surréaliste entre le président du CRIF et le mufti de Marseille, le 1er demandant au second de condamner les actes antisémites (comme s'il en était le responsable personnel), le second finissant par indiquer benoitement que, au vu des crimes commis « là bas », un certain échauffement était tout à fait normal « ici ». Comme si la France c'était la Palestine. La seule communauté invisible là dedans c'est celle des Français qui ne se revendiquent ni ceci ni cela. Mais faites l'expérience, revendiquez vous Français sans plus, tout le monde trouvera ça bizarre. Et pourtant... Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ bnosec bnosec 2 octobre 2014 09:50 Les bonnets rouges sont un bel exemple du « tout pour ma gueule » : on va tous payer l'écotaxe en faisant le plein de notre bagnole pour éviter à ces connards de foutre le feu aux préfectures. Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ Olivier Perriet Olivier Perriet 2 octobre 2014 10:18 C'est une bizarrerie française, on est souvent en mode parodique par rapport aux autres pays : ailleurs, les régions riches disent « on fait sécession on ne donne plus rien ». en France, les mouvements indépendantistes veulent plus d'autonomie et plus de subventions (Corse, Bretagne). De même avec Dieudonné (mais ça n'a rien à voir) « franco camerounais » qui reprend à son compte les revendication des éternels descendants d'esclaves Noirs américains (alors qu'il n'a personnellement rien de commun avec cette mémoire !) et leurs récriminations contre les Juifs. Un débat qui a eu lieu il y a...40 ans aux USA. Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ rocla+ rocla+ 2 octobre 2014 10:18 l' écotaxe est l' envers des privilèges des fonctionnaires une partie des gens ont divers avantages que n' ont pas les autres . l' envers de cette situation est de faire payer à certains une taxe pendant que d' autres ne la paient pas . Ou bien tout le monde a des privilèges ou bien personne en bénéficie . Ou bien tout le monde paye des taxes ou personne . Voilà , Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ rocla+ rocla+ 2 octobre 2014 10:20 l' écotaxe est l' envers des privilèges des fonctionnaires une partie des gens ont divers avantages que n' ont pas les autres . l' envers de cette situation est de faire payer à certains une taxe pendant que d' autres ne la paient pas . Ou bien tout le monde a des privilèges ou bien personne en bénéficie . Ou bien tout le monde paye des taxes ou personne . Voilà , Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ [grey.gif] Crab2 2 octobre 2014 15:18 « Théorie du genre » Bonne réponse qui renvoie dos à dos une classe politique toujours en retard d'une dizaine de révolutions : http://mo.michelonfray.fr/chroniques/la-chronique-mensuelle-de-mich el-onfray-n-113-octobre-2014/ Site perso : http://laicite-moderne.blogspot.fr/ Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ Taverne Taverne 2 octobre 2014 15:47 « L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine conduit à la violence... voilà l'équation ». (Averroès) Et comme vous écrivez que « le discours hyper-individualiste ne reconnait que la singularité », je cite une seconde fois Averroès : « Dieu ignore les singuliers ». Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ [grey.gif] soi même 2 octobre 2014 16:39 Cela fait mal au mandibule de dire tous simplement égoïsme, non on préfère la poésie des mots pour masquer la réalité crue que l'on en fait partie de c'est égoïsme collectif ! Car si ce n'est pas le cas, pourquoi ce peindre, si ce n'est bien sa personnalité qui ce plein d'être oublier ? smiley smiley smiley smiley smiley smiley smiley smiley smiley :- smiley Je te rajoute pas le dernier, il ne passe plus ! Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ vesjem vesjem 2 octobre 2014 22:54 @pereol communautaristes, destructeurs de la Nation Le cas breton est très mal choisi ; cette population a subi l'humiliation de « sa » république jusqu'à très récemment ; En effet , jusqu'aux années 1950 , un grand nombre de bretons avait et parlait une langue : le breton (# 50% approx) ; L'école républicaine a tout fait pour éradiquer cette langue ( punitions et humiliations pour quiconque la pratiquait ) ; La fierté du Breton en a été sévèrement altérée , mais il garde encore au tréfonds de lui la volonté sourde de retrouver toute sa culture spoliée ; d'où son unité culturelle dans la révolte contre les injustices ; à noter que dans nos îles qui ont subi l'esclavage , les populations gardent encore malgré eux l'héritage diffus de l'obéissance ; Ont ne sort jamais indemne des violences d'un pouvoir ; De la même façon , le monde a beaucoup de souci a se faire quant au devenir des millions d'orphelins , victimes des exactions de l'occident Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ Orélien Péréol Orélien Péréol 4 octobre 2014 14:03 Au contraire, vous abondez en mon sens. L'exemple des Bretons n'est pas là pour parler de la Bretagne. Je n'en dis qu'une chose : d'un point de vue général, théorique, c'est un communautarisme et que cette caractéristique de communautarisme n'est pas dans le discours tenu sur les Bretons. Ce qui constitue un viol de l'idée d'égalité de tous en droit. Vous m'expliquez que les Bretons ont de bonnes raisons de se constituer en groupe en part. Ce n'est pas le sujet. Vous allez dans mon sens, puisque vous reconnaissez par là que les Bretons se distinguent et se séparent du peuple français en son ensemble et valorisent cette distinction-séparation. Si le concept de communauté est exclusif de la République et de la Nation, comme il est dit de certains groupes, alors cela doit se dire des Bretons. Et quand vous mettez des guillemets à « sa » (République) vous confirmez la validité de mon exemple pour ce que je veux dire. Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ [grey.gif] huijitsu 4 octobre 2014 01:20 Et les bombardements de la colation en votre nom, ça vous va ? Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ Orélien Péréol Orélien Péréol 4 octobre 2014 14:32 Je vais sans doute écrire un deuxième article (voire plus) sur ce sujet. Les commentaires portent sur les exemples que j'ai pris. Les exemples ne sont pas mon sujet. Ce sont des illustrations, pris dans l'actualité parmi beaucoup d'autres. Mon sujet, c'est l'idée qui nous imprègne tous peu à peu selon laquelle les liens naturels, légitimes, ou sociaux non-choisis ou non « bénéficiaires » sont indus, ineptes, faux, à rejeter et combattre, car nous sommes un être libre, sans liens, au centre de nous-mêmes, comme Dieu et que nous choisissons nos solidarités, les solidarités ne viennent pas vers nous. J'appelle cette idée hyper individualisme. Cet argument de l'hyper individualisme est opposé par certains pour dire que les musulmans de France n'ont pas à s'exprimer particulièrement sur les crimes commis au nom de l'Islam, alors qu'ils me semblent qu'ils doivent se séparer fermement de la solidarité que les terroristes leur envoie en déclarant que leurs actes sont faits dans l'exercice de la religion musulmane. Ce que les musulmans de France font. Je vis et ressens au contraire que nous sommes faits de mille liens qui nous tissent à tous, dans le temps, nous sommes liés au Préhistoriens, aux Romains...etc. je vais pas tout passer en revue, à nos parents bien sûr. Nous sommes liés à tous les hommes sur la Terre. ces liens sont la nourriture de notre liberté et loin de nous gêner, voire de nous empêcher de vivre, sont au contraire indispensables pour nous dire nous-mêmes et nous constituer en dignité humaine, de liberté surtout. Voilà une tentative de synthèse de mon article. Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ [grey.gif] epicure 4 octobre 2014 18:26 " Quand on pense à l'individualisme, on pense en général à l'égoïsme, on pense à une condamnation morale d'actes ou de personnes, on pense aussi à un état d'égoïsme extrême des membres de la société qui rend la vie sociale difficile et presqu'impossible. " Il ne faut pas prendre son cas pour des généralité. Les mots ont un sens, et deux mots existent pour décrire deux choses différentes. Le problème c'est qu'en général la confusion est faite par nombre de personnes. L'individualisme n'est pas un égoïsme extrême, ce n'est pas un égoïsme tout court. L'individualisme c'est l'autonomie de décision des individu vis à vis de toute autorité arbitraire. Par contre l'égoïsme est la fusion du concept individualiste avec un autre concept, celui de rupture avec l'universel ( le particularisme ), se focalisant sur un seul individu. Il existe deux liens sociaux : le lien vertical, celui de l'autoritarisme, de la soumission, qui est rejeté par l'individualisme proprement dit. Le lien horizontal entre égaux, le lien de l'universalité, qui lui est rejeté aussi par l'égoïsme avec l'autre. Si la singularité est bien une spécificité de l'individualisme, c'est la vision universaliste de l'individu basée sur l'unité de celui ci, c'est à dire voir l'individu au delà de toute particularité spécifique. La singularité, c'est ni être identique, ni être contre, mais ce qui permet de faire lien entre chaque individu car il y a toujours quelque chose qui nous lie à d'autre parmi tout ce qui fait notre singularité ne serait ce au minimum notre humanité. Comme tu dis la particularité crée une inclusion mais aussi une exclusion, donc la stigmatisation de particularités spécifiques c'est ça qui crée la rupture avec l'universel. L'égoïsme repose en fait sur une vision conflictuelle avec les autres faute de lien social (qui reose sur le sentiment de confiance). C'est à dire que ce qui caractérise l'égoïste radical, c'est bien son action agressive vis à vis de la société, à vouloir s'imposer face aux autres. Le bling bling, la rolex à 50 ans, les marques de sport , l'iphone etc..., tout ce qui permet de se montrer, qu'on a les signes de supériorité ce n'est pas de la singularité, mas bien de la particularité opposée à ceux qui ne l'ont pas. Rouler sans tenir compte des autres de amnière agressive, mettre de al musique à fond quand on est dans un immeuble, tout ça ce sont des comportements égoïstes, qui sont en fait des comportement agressifs. Ce qui différencie l'égoïsme de l'individualisme c'est donc l'agressivité, et la non prise en compte totale des autres individus. Alors que en miroir à l'égoïsme il y a un individualisme qui vit le lien social horizontal , comme le cadre de l'émancipation des individus, plutôt que le chacun pour soi et tous contre tous, qui en fait aliène les individus. Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ [grey.gif] Baasiste 2 4 octobre 2014 18:41 « Il ne faut pas prendre son cas pour des généralité. Les mots ont un sens, et deux mots existent pour décrire deux choses différentes. Le problème c'est qu'en général la confusion est faite par nombre de personnes. L'individualisme n'est pas un égoïsme extrême, ce n'est pas un égoïsme tout court. L'individualisme c'est l'autonomie de décision des individu vis à vis de toute autorité arbitraire. » l'individualisme est l'opposé à tous groupe, tout ensemble, tous liens avec d'autres (union=anti-individualisme), tout entraide et solidarité (plusieurs gens=anti-individualisme qui est UN et singulier), tous collectif, etc... « Par contre l'égoïsme est la fusion du concept individualiste avec un autre concept, celui de rupture avec l'universel ( le particularisme ), se focalisant sur un seul individu. » un seul individu=individualisme, l'individu est seul SEUL. plusieurs individus et ensemble des individus=groupe, communauté, collectif, donc anti-individualisme, particularisme=identité de plusieurs individus, tu comprends rien comme d'hab. défendre l'individu en défendant un TOUT est anti-individualiste. « Il existe deux liens sociaux : le lien vertical, celui de l'autoritarisme, de la soumission, qui est rejeté par l'individualisme proprement dit. Le lien horizontal entre égaux, le lien de l'universalité, qui lui est rejeté aussi par l'égoïsme avec l'autre. » égalité=incompatible avec la liberté individuelle. et enfin « égalité »=uniformité anti-universelle (rejette les identités des humains). « Si la singularité est bien une spécificité de l'individualisme, c'est la vision universaliste de l'individu basée sur l'unité de celui ci, c'est à dire voir l'individu au delà de toute particularité spécifique. La singularité, c'est ni être identique, ni être contre, mais ce qui permet de faire lien entre chaque individu car il y a toujours quelque chose qui nous lie à d'autre parmi tout ce qui fait notre singularité ne serait ce au minimum notre humanité. » humanité=collectif, identité collective, donc anti individualisme. lien avec les autres, fin de la singularité, mais société marchant sur l'action plurielle les liens pluriels. voir l'individu au-dessus de toute particularité spécifique=déjà en place, c'est le capitalisme donnant une identité uniforme car l'individualité ne varie que très peu. « Comme tu dis la particularité crée une inclusion mais aussi une exclusion, donc la stigmatisation de particularités spécifiques c'est ça qui crée la rupture avec l'universel. » tu stigmatises et tu es anti-universel car le particulier c'est al diversité humaine et les différences humaines... rejetés par ta personne et tous compatibles avec l'universel. tu traites les divers identités humaines d'exclusion pour imposer ton identité à toi morbide. « L'égoïsme repose en fait sur une vision conflictuelle avec les autres faute de lien social (qui reose sur le sentiment de confiance). C'est à dire que ce qui caractérise l'égoïste radical, c'est bien son action agressive vis à vis de la société, à vouloir s'imposer face aux autres. » donc tu parles comme un collectiviste tu n'aimes pas que l'individu aille contre la société collective et les « autres » (autres=pluriel, ensemble, anti-individualisme). « Le bling bling, la rolex à 50 ans, les marques de sport , l'iphone etc..., tout ce qui permet de se montrer, qu'on a les signes de supériorité ce n'est pas de la singularité, mas bien de la particularité opposée à ceux qui ne l'ont pas. » particularité non ce n'est pas de la particularité, tu montres ton individualité et la supériorité de ton individu individu en montrant les richesses que tu peux accumuler, et pour que ta personne épate. « et Rouler sans tenir compte des autres de amnière agressive, mettre de al musique à fond quand on est dans un immeuble, tout ça ce sont des comportements égoïstes, qui sont en fait des comportement agressifs. » individualisme « je m'en tape des autres, MOI MOI ma gueule ». voilà chacun ne pense qu'à lui et suit son individualité et ses volontés individuelles. « Ce qui différencie l'égoïsme de l'individualisme c'est donc l'agressivité, et la non prise en compte totale des autres individus. » l'égoïsme est bien individualiste, c'est l'assouvissement de ses plaisirs individuels, l'individu de chacun ne se lie à aucun autre, INDIVIDU=UN, ce qui n'est pas DIVISIBLE/. « Alors que en miroir à l'égoïsme il y a un individualisme qui vit le lien social horizontal , comme le cadre de l'émancipation des individus, plutôt que le chacun pour soi et tous contre tous, qui en fait aliène les individus. » l'émancipation des individus pour toi=soumission au collectif, chacun pour soi=liberté et volonté de chaque individu. le bien humain n'a rien à voir avec le bien de l'individu. Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ [grey.gif] Baasiste 2 4 octobre 2014 19:41 « Il ne faut pas prendre son cas pour des généralité. Les mots ont un sens, et deux mots existent pour décrire deux choses différentes. Le problème c'est qu'en général la confusion est faite par nombre de personnes. L'individualisme n'est pas un égoïsme extrême, ce n'est pas un égoïsme tout court. L'individualisme c'est l'autonomie de décision des individu vis à vis de toute autorité arbitraire. » l'individualisme est l'opposé à tous groupe, tout ensemble, tous liens avec d'autres (union=anti-individualisme), tout entraide et solidarité (solidarité et entraide se fait par plusieurs gens=anti-individualisme, individualisme au contraire qui est UN et singulier), tous collectif, etc... l'autonomie=indépendance de tous les autres individus, l'individualisme c'est l'égoïsme. « Par contre l'égoïsme est la fusion du concept individualiste avec un autre concept, celui de rupture avec l'universel ( le particularisme ), se focalisant sur un seul individu. » un seul individu=individualisme, l'individu est seul SEUL. plusieurs individus et ensemble des individus=groupe, communauté, collectif, donc anti-individualisme. particularisme=identité de plusieurs individus (individu=contraire de plusieurs), tu comprends rien comme d'hab. défendre l'individu en défendant un TOUT est anti-individualiste. « Il existe deux liens sociaux : le lien vertical, celui de l'autoritarisme, de la soumission, qui est rejeté par l'individualisme proprement dit. Le lien horizontal entre égaux, le lien de l'universalité, qui lui est rejeté aussi par l'égoïsme avec l'autre. » égalité=incompatible avec la liberté individuelle. et enfin « égalité »=uniformité anti-universelle (rejette toutes les identités diverses et variés des humains, incompatible avec toute l'humanité). « Si la singularité est bien une spécificité de l'individualisme, c'est la vision universaliste de l'individu basée sur l'unité de celui ci, c'est à dire voir l'individu au delà de toute particularité spécifique. La singularité, c'est ni être identique, ni être contre, mais ce qui permet de faire lien entre chaque individu car il y a toujours quelque chose qui nous lie à d'autre parmi tout ce qui fait notre singularité ne serait ce au minimum notre humanité. » humanité=collectif, identité collective, donc anti individualisme. lien avec les autres, fin de la singularité, mais société marchant sur l'action plurielle les liens pluriels (individualisme=contraire de pluriel). voir l'individu au-dessus de toute particularité spécifique=déjà en place, c'est le capitalisme donnant une identité consumériste uniforme car l'individualité ne varie que très peu. correction Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ Orélien Péréol Orélien Péréol 4 octobre 2014 20:19 à epicure et Baasiste2 Pourriez-vous commenter mon texte ? epicure donne ses définitions des mots que j'emploie et expose ce qu'il en pense. OK. Pourrait-il commenter mon texte, et non pas s'en servir pour expliquer son point de vue, tout comme si je n'avais rien écrit. (C'est pas grave, il ne prend pas son cas pour une généralité, lui) Par exemple, il écrit : deux mots existent pour décrire deux choses différentes. On n'en est absolument pas sûr. Le Mont Blanc et le Mont Saint-Michel. Difficile de voir la même chose avec le mot « mont ». Bien des mots décrivent de nombreuses choses. Sans compter la perception singulière que chacun s'en fait et les perceptions particulières (par exemple, les Suisses peuvent dire « tu m'as déçu » en positif. Et les Français non) etc. epicure écrit encore : « Comme tu dis la particularité crée une inclusion mais aussi une exclusion, donc la stigmatisation de particularités spécifiques c'est ça qui crée la rupture avec l'universel. » Je ne dis absolument pas ça, mais alors pas du tout. Je dis que nous sommes tissés de trois dimensions toutes nécessaires l'universalité, la particularité et la singularité. Particularités spécifiques est une sorte de pléonasme. Particularité peut désigner la dimension de la particularité et les applications, les exemples de cette particularité, les particularités (elles sont en effet inclusives et exclusives) mais elles ne créent pas de rupture avec l'universalité, l'universalité ne peut exister qu'avec la particularité et la singularité. Si vous voulez commenter, ce ne sera pas de refus. Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ Pere Plexe Pere Plexe 5 octobre 2014 11:56 L'hyper individualisme qui s'est imposé est sans doute à rapprocher de l'effondrement de la gauche au moins du point de vue idéologique.Si la droite à par essence toujours privilégier l'individu au groupe la gauche s'y est lentement convertie. Les discours de Montant sur la crise puis le vedettariat d'un Tapie (alors présenté comme étant « de gauche ») en sont de symptomatiques marqueurs. Répondre Signaler un abus Lien permanent * ______________________________________________________________ Orélien Péréol Orélien Péréol 2 décembre 2014 11:18 Un article du Monde sur cet individu, isolé de tout et qui est le siège de toutes les « valeurs », culpabilisé quand il est célibataire (injustement sans doute, ce n'est pas dit, c'est suggéré) par les couples : http://abonnes.lemonde.fr/m-perso/reactions/2014/11/25/le-couple-ce tte-norme-qui-culpabilise-les-celibataires_4528847_4497916.html (si vous n'arrivez pas à l'ouvrir, pas d'inquiétude, tout est dans le titre) Deux des mes trois réactions sur le site du Monde : On ne se reproduit pas que pour soi, on reproduit l'espèce humaine aussi. On est ts des filles et des fils, humains sur un fil (ce sont les mêmes mots). Nous sommes tous issus d'inconnu(e)s depuis la Préhistoire qui nous ont faits, sans qui nous ne serions pas là. Sans couple hétéro, mort de l'humanité. Cela paraît insupportable et même odieux à certains, ce serait un poids injuste et illégitime pour les solos, « une norme sociale qui rend difficile le célibat ». Le remède serait pire que le mal. C'est un article qui culpabilise les couples parce qu'ils culpabilisent les célibataires. Inverser la norme serait pire, l'espèce humaine en mourrait. Surtt, la société est en nous, les autres sont en nous, ns en sommes issus, nous les « nourrissons » sans cesse et ils ns « nourrissent » en retour. Ils ns apportent aussi des contradictions et des pb, ils sont pas tous comme nous, pas ts célibataires (pr les célibataires) pas ts en couple (pr les cpls) ! C'est embêtant mais la solitude est mortelle. Répondre Signaler un abus Lien permanent Ajouter une réaction Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici. FAIRE UN DON Auteur de l'article Orélien Péréol Orélien Péréol Auteur, essayiste, écrit nouvelles, pièces de théâtre... Acteur. Ex enseignant, participe de la sociologie de l'Analyse Institutionnelle... Voir ses articles Inscrivez-vous pour participer à AgoraVox Derniers articles de l'auteur * Faire commander les Etats par les juges * Lettres à Nour * Kanata, l'homme est un loup pour l'homme * L'internationale financière Tous les articles de cet auteur A lire dans la même rubrique Société * « Sens de l'effort et premier de cordée ». 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Propos recueillis par Catherine Golliau Modifié le 23/11/2016 à 16:30 - Publié le 22/11/2016 à 16:14 | Le Point.fr L'individualisme se définit comme la reconnaissance de la souveraineté de l’individu. Quoi de plus stimulant et salutaire en ces temps de manipulation de masse, selon Alain Laurent. L'individualisme se définit comme la reconnaissance de la souveraineté de l’individu. Quoi de plus stimulant et salutaire en ces temps de manipulation de masse, selon Alain Laurent. © K cabral (licence creative commons) Profitez de votre abonnement à 1€ le 1er mois ! Alain Laurent © Gerard Cambon Gerard Cambon Alain Laurent © Gerard Cambon Gerard Cambon DR © Gerard Cambon Gerard Cambon Le Point : L'individualisme est considéré généralement comme un défaut, or, pour vous, c'est une vertu. Pourquoi ? Alain Laurent : Parce que c'en est une. D'où le titre de cette anthologie, L'Autre Individualisme, que je viens de publier. Ce que j'appelle ainsi c'est celui que définissent la plupart des dictionnaires : la reconnaissance de la souveraineté de l'individu. En psychologie, c'est un comportement indépendant et autonome, le contraire du suivisme. En politique, la valorisation de l'initiative privée, la volonté de privilégier le développement des droits et des responsabilités de l'individu – par opposition au collectivisme. C'est l'application de la fameuse devise d'Emmanuel Kant : oser penser par soi-même. Quoi de plus stimulant et salutaire en ces temps de manipulation de masse sur Internet ? Or aujourd'hui, l'individualisme est défini uniquement comme l'impérialisme du moi, l'égoïsme, le repli sur soi. À gauche, il est accusé de dissoudre le « vivre ensemble ». Et les droites traditionalistes, souverainistes et bien sûr extrêmes ne sont pas en reste. Si on met dans cette catégorie l'islamisme et son communautarisme absolu, on peut même se demander si l'hostilité viscérale à l'individu libre ne s'est pas déplacée vers cet autre pôle de l'idéologie contemporaine. Il ne faut pourtant pas confondre des comportements individualistes extrêmes qui peuvent effectivement être égoïstes, et le fait de défendre le principe de décider soi-même de sa propre vie. Et d'ailleurs, n'existe-t-il pas des égoïsmes collectifs : par exemple, les corporatismes ? Comment expliquer cette évolution sémantique ? Le mot « individualisme » apparaît dans les années 1820, porté sur les fonts baptismaux par Pierre-Isodore Rouen et surtout Benjamin Constant. D'emblée ce dernier lui confère un sens positif, parce que l'individualisme défend les droits de l'individu face à ceux de la société et de l'État, qu'il est un facteur de développement de l'esprit humain. Pour lui, « l'indépendance individuelle est le premier des besoins modernes ». Plus tard, l'Anglais John Stuart Mill affirmera que « sur lui-même, l'individu est souverain », et Antoine Destutt de Tracy, que « l'individu est propriétaire de lui-même ». L'individualisme va ainsi connaître en Europe de riches heures au XIXe siècle avec des penseurs comme Gustave de Molinari, Frédéric Bastiat, Herbert Spencer, etc. Kierkegaard, le père de l'existentialisme, sera le concepteur d'un individualisme spirituel et existentiel, presque chimiquement pur, au point de vouloir que soit écrit sur sa tombe : « Ci-gît l'Individu » (avec une capitale !). Pour lui, l'être humain n'est responsable de ses choix que devant Dieu. Mais c'était un protestant... L'Église catholique autant que le communisme ont combattu l'individualisme. Et en France, il va falloir attendre l'affaire Dreyfus, à la fin du XIXe siècle, pour que le mot soit enfin utilisé de manière positive. Démocrates de gauche et de droite, mais aussi une partie des anarchistes et des penseurs un peu à la marge comme Georges Palante, se reconnaissent alors dans un individualisme associé à la liberté de disposer de soi sans agresser les autres. Le libéralisme et l'individualisme vont-ils toujours de pair ? Pas forcément. Les libéraux de souche catholique ou chrétienne ne sont pas individualistes, quant aux libéraux modérés comme Raymond Aron ou Jacques Rueff, ils s'en méfient. À l'inverse, un Jean-François Revel a fait de la défense de l'individualisme libéral son cheval de bataille... Et Donald Trump, de quel individualisme est-il le représentant ? En dépit de son nationalisme, il incarne en partie l'individualisme américain traditionnel, jadis célébré par Herbert Hoover : se faire soi-même sans attendre d'assistance d'un État toujours trop intrusif, résister aux injonctions de la bien-pensance collectiviste de l'establishment. Mais dans sa version plus radicale et conforme à ce que prônait une Ayn Rand, cet individualisme a été infiniment mieux illustré par le candidat libertarien Gary Johnson. LIRE aussi Koenig - Les libertariens ? Des hippies avec un flingue en bandoulière Mais pourquoi des penseurs socialistes comme Jaurès se sont-ils ouvertement réclamés de l'individualisme ? Entre 1890 et 1930, beaucoup ont pensé que l'individualisme, c'était le socialisme, et réciproquement. Après le sociologue Émile Durkheim, Jaurès a ainsi défendu l'idée que le socialisme, c'était « l'individualisme logique et complet », car, écrit-il en 1898 dans la Revue de Paris, « le socialisme est l'affirmation suprême du droit individuel ». Après lui, des penseurs comme Eugène Fournière, Victor Basch ou Célestin Bouglé vont défendre un socialisme qui respecte les droits de l'individu. Dans L'Âme humaine sous le socialisme, Oscar Wilde va écrire en 1891 que « le socialisme ne sert qu'à atteindre l'individualisme ». À cette époque, les deux grands réservoirs de l'anti-individualisme sont la gauche marxiste d'un côté, et les adeptes de la révolution conservatrice et du nationalisme de l'autre. Pour eux, l'individu doit se soumettre et se dissoudre dans la collectivité, la nation. Le contrecoup de la Première Guerre mondiale sera la montée en puissance des totalitarismes, et évidemment de l'anti-individualisme. Mais aujourd'hui ? L'influence du catholicisme a décru, et les totalitarismes ont été vaincus … La religion chrétienne a perdu en visibilité, mais ses idées continuent d'imprégner la société. Elles inspirent ainsi les discours sur le partage et la solidarité, même les discours sacrificiels de la droite dure. Quant au marxisme, il est lui aussi demeuré très présent, même si ce n'est plus dans les bulletins de vote. L'idéologie en France est puissante. Or les grandes idéologies comme les religions communient toutes dans l'exécration du penser par soi-même. Le développement du communautarisme contribue aujourd'hui à dévaloriser l'indépendance d'esprit. Qu'est-ce qui explique, selon vous, que l'on renonce à sa liberté ? L'individualisme peut impliquer une insécurité ontologique : il faut inventer soi-même le sens de sa vie. Pour beaucoup, c'est effrayant, surtout si l'on a subi l'imprégnation des idéologies du collectif, pour qui être citoyen, c'est renoncer à disposer pleinement de soi-même. Aujourd'hui, en France, le culte de la République est ainsi en passe de devenir une idéologie. Avec injonction de participer à ce nouveau culte incantatoire ! Être individualiste, c'est être pour la liberté, dites-vous. Donc, celle de porter le voile islamique, par exemple. Or vous êtes contre. Pourquoi ? Un certain type de voile est l'étoile jaune des femmes. Elles renoncent à leur liberté en se soumettant à une injonction patriarcale. La femme se retrouve ainsi assignée à une essence qui fait d'elle une éternelle mineure. Qu'elle le porte « volontairement » n'y change rien. Beaucoup abdiquent d'eux-mêmes leur liberté pour se sentir appartenir à une communauté. Staliniens et nazis ont eux aussi préféré la « servitude volontaire ». Dans une lettre de juillet 1845 à Thoreau, le chantre du non-conformisme qu'était Emerson appelait à une « déclaration d'indépendance individuelle », applicable à tous : le meilleur chemin pour devenir des adultes et penser par nous-mêmes, même si ce n'est pas toujours facile. Mais comment vivre en société si chacun fait ce qui lui plaît ? D'abord toute liberté se conçoit avec des limites. Et l'individualisme n'est pas l'isolement. Ses penseurs, même Palante ou Stirner, ont voulu instituer un nouveau type de lien avec les autres : coopérer, partager ce que l'on a librement choisi, sans aliéner sa singularité. L'individualisme peut ainsi mener à la coopération volontaire, comme l'ont soutenu des anarchistes français et américains. « L'associationisme » prôné notamment par Proudhon en est une des interprétations possibles. En fait, ce fameux individualisme consumériste tant vilipendé est un oxymore. La société de consommation exige le collectif, elle a besoin des communautés. Ou plus exactement de pseudo-communautés ou tribus, créées de toutes pièces par le marketing pour mieux segmenter le marché. Nous vivons sans réfléchir dans une confusion lexicale généralisée, rien moins qu'innocente. C'est l'un des maux majeurs de ce nouveau siècle. Alain Laurent, "L'Autre Individualisme. Une anthologie". Les belles lettres, 515 pages, 35 euros. * * * * * * Agrandir le texte * Réduire le texte * Imprimer * Commenter * Ajouter aux favoris * Envoyer par email Reportages, analyses, enquêtes, débats. 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Et chacun reçoit à la mesure de son travail et de ses possibilités. Celui qui travaille peu reçois peu celui qui travaille beaucoup reçois beaucoup. C'est normal, c'est la loi de la vie. Celui qui a eu plus de chance que les autres, donne à ceux qui ont non eu moins, cela se fait assez naturellement, pas tout le monde mais tout de même. Signaler un contenu abusif [ ] ____________________ __________ __________ __________ __________ __________ __________ __________ __________ __________ __________ Veuillez remplir tous les champs obligatoires avant de soumettre votre commentaire Le titre du commentaire est obligatoire Le texte du commentaire est obligatoire [X] M'alerter lors de la publication de ma réaction Envoyer (BUTTON) Envoyer (BUTTON) Annuler (BUTTON) Mettre en brouillon Voir les conditions d'utilisation Ce service est réservé aux abonnés. Déjà abonné ? 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En faisant l’amalgame entre l’individualité accomplie et l’ego, on sape le fondement même de la capacité à l’autonomie et à l’exercice du libre arbitre. On verrouille définitivement toute velléité à la responsabilité citoyenne, enchaînant le citoyen à des idéologies collectivistes avec les conséquences que l’on connaît : suivisme passif et dépendance aux meneurs. Une citoyenneté responsable est-elle possible sans engagement individuel ? Peut-on dépolluer la planète sans consommation individuelle responsable ? C’est la conscience de l’injustice, du viol de la liberté de conscience et des droits humains fondamentaux qui nous fait réagir, voire « désobéir ». Tant que l’on reste sous l’emprise des clivages idéologiques qui divisent le tissu social et sans l’éveil à la dimension unitaire, impersonnelle de la conscience, aucun changement n’est possible. Tout part de la conscience individuelle. L’individu n’est pas au service de la société, il en est la pierre de construction. En cela, il a le droit fondamental de décider en âme et conscience des règles du jeu collectif qui répondront aux besoins de liberté, de justice et de paix pour tous. L’individualité accomplie, éveillée au plan de conscience impersonnel, unitaire et universel de l’Etre (fondement de notre Humanité) est consciente d’être une cellule d’un même corps, l’humanité. L’engagement individuel -comme en témoigne le mouvement des enseignants en résistance- s’inscrit nécessairement dans une action collective. Nos limites nous ouvrent au besoin des autres, à la solidarité et surtout à la complémentarité des différentes approches. De même que la solidité d’une construction dépend de la qualité des pierres utilisées, la force d’un collectif réside dans la cohérence des individus qui le composent et qui mettent en cohésion leurs convictions, leurs paroles et leurs actes. Si la démocratie était effective dans notre pays, ceux qui sonnent l’alerte à propos des dérives utilitaristes de l’éducation ne seraient pas sanctionnés et un débat de fond serait ouvert. Et dans ce débat, l’argument moral, éthique rejoindrait l’argument politique de l’intérêt commun, car de fait il n’y a pas de séparation entre l’individu et la société dans laquelle il vit. En coupant la conscience individuelle de sa sphère naturelle d’action : le monde et en prônant la prééminence des idéologies collectivistes et des croyances sociales sur la liberté de conscience, on ne lutte pas contre l’individualisme, on tue l’individualité ! Et ainsi on a toute latitude de dicter pour tous ce que l’on prétend être juste et bon. LE NON RESPECT DE LA LIBERTE INDIVIDUELLE OUVRE LA PORTE AU TOTALITARISME IDEOLOGIQUE. Objection, désobéissance, résistance… sont toujours des positionnements qui viennent dénoncer l’inacceptable et l’inacceptable c’est de devoir être et agir en contradiction avec son intime conviction. Encore faut-il pouvoir et oser sortir du carcan de ses habitudes de penser et d’agir, de sa peur du qu’en-dira-t-on et des représailles possibles… Envisager une action collective à partir de l’engagement individuel, c’est penser autrement le lien entre l’individu et le collectif pour prendre conscience que c’est en servant l’intérêt commun en tout désintéressement que l’individu réalise pleinement sa dimension universelle. Soumis aux lois de la matière par sa condition physique et relié au plan universel de la vie par sa conscience profonde, l’homme peut accéder à une approche de la réalité respectueuse de la vie, de la nature, de l’intérêt général et de lui-même. En cultivant son sens critique, en se forgeant une éthique, en aiguisant son jugement moral, il développe son sens des responsabilités pour, de façon désintéressée, s’associer aux autres afin d’apporter avec eux la réponse adéquate aux nécessités de l’instant. La démocratie directe prend alors toute sa valeur et toute sa pertinence. Synthèse d’un travail collectif du R.I.R.E. (Réseau Informel de Réflexion sur l’Education) http://reseaueducation.blogspot.com r.i.r.e@orange.fr IFRAME: //www.facebook.com/plugins/like.php?href=http%3A%2F%2Fwww.alterinfo.net %2FINDIVIDUALISME-OU-INDIVIDUALITE-Egoisme-ou-Responsabilite_a43553.htm l&layout=button_count&show_faces=false&width=100&action=like&colorschem e=light IFRAME: //platform.twitter.com/widgets/tweet_button.html?url=http%3A%2F%2Fxfru. it%2FXWcTUe&counturl=http%3A%2F%2Fwww.alterinfo.net%2FINDIVIDUALISME-OU -INDIVIDUALITE-Egoisme-ou-Responsabilite_a43553.html&text=INDIVIDUALISM E%20OU%20INDIVIDUALITE%20%20Ego%C3%AFsme%20ou%20Responsabilit%C3%A9&cou nt=horizontal Mardi 9 Mars 2010 Nouveau commentaire : Nom * : ____________________ Adresse email (non publiée) * : ____________________ Site web : ____________________ Commentaire * : [BUTTON Input] (not implemented)_ [BUTTON Input] (not implemented)_ [BUTTON Input] (not implemented)_ [BUTTON Input] (not implemented)____ [BUTTON Input] (not implemented)___ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ [ ] Me notifier l'arrivée de nouveaux commentaires Proposer VIDEOS | Politique Nationale/Internationale | Propagande médiatique, politique, idéologique | Société | Histoire et repères | Conflits et guerres actuelles | Néolibéralisme et conséquences __________________________________________________________________ __________________________________________________________________ __________________________________________________________________ https://www.alterdep.com/ __________________________________________________________________ Publicité __________________________________________________________________ Brèves 20/01/2019 La super Lune cette nuit et d’autres phénomènes astronomiques à ne pas manquer en 2019 20/01/2019 Gilet jaune mutilé à vie: «Ce n'est pas normal de faire ça à un peuple» (vidéo) 20/01/2019 Onu: 10 Casques bleus tués et 25 autres blessés lors d'une attaque terroriste au Mali 20/01/2019 L'armée de l'air syrienne annonce avoir riposté à des raids israéliens dans le sud du pays 20/01/2019 Des milliers de personnes défilent à Paris contre l'avortement (VIDEOS) 20/01/2019 «Ne rien lâcher» : après l'acte 10, les femmes Gilets jaunes à nouveau dans la rue (VIDEOS) 20/01/2019 «Vos sbires mutilent nos jeunes» : la mère d'un Gilet jaune éborgné interpelle Macron (VIDEO) 20/01/2019 Netanyahu au Tchad, une "percée historique", selon lui 20/01/2019 Un journaliste agressé par des «antifas d’extrême gauche» vêtus de gilets jaunes (vidéo) 20/01/2019 «Libérez nos camarades»: des Gilets jaunes s’invitent à la prison de Dijon 20/01/2019 Au moins deux morts et 14 blessés dans un important incendie à Courchevel (vidéo) 20/01/2019 En RDC, Félix Tshisekedi proclamé président par la Cour constitutionnelle 20/01/2019 «Non à l’Eurovision 2019 en Israël» : des militants perturbent «Destination Eurovision» (VIDEO) 20/01/2019 Gaza : 30 Palestiniens blessés par des tirs israéliens lors d'une nouvelle Marche du retour 20/01/2019 Gilets jaunes : la présidente de la CDU s'inquiète de la situation en France 19/01/2019 Grève massive en Tunisie 19/01/2019 «Début du ralentissement de l’économie mondiale»: l'UE limite ses importations d'acier 19/01/2019 Quatre lots d’antibiotiques pour enfants rappelés en France 19/01/2019 Présidentielle algérienne: Ali Ghederi officiellement candidat 19/01/2019 Acte 10: 84.000 manifestants en France, autant que samedi dernier (Intérieur) __________________________________________________________________ __________________________________________________________________ VIDEO * Les plus récentes * Les plus populaires La véritable histoire de Louis Pasteur et Joseph Meister La véritable histoire de Louis Pasteur et Joseph Meister René BICKEL | 27/11/2017 | 16957 vues 0 0 0 0 0 (0 vote) | 1 Commentaire Asselineau explique comment fut créer le front national. 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Autres revues * document précédent * sommaire du numéro * document suivant I. Une société des individus Individualisme et collectivisme dans les pratiques éducatives : le ying et le yang ? Michaël Dambrun et Céline Darnon, maîtres de conférences, université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, Laboratoire de psychologie sociale et cognitive, CNRS. Parmi les principales valeurs culturelles qui façonnent le système scolaire et les pratiques éducatives, l'individualisme et le collectivisme sont deux variables centrales. Dans cet article, les auteurs proposent une articulation entre, d'une part, les connaissances sur l'individualisme et le collectivisme issues de la psychologie interculturelle et, d'autre part, les résultats des travaux en psychologie de l'éducation concernant l'impact des pratiques éducatives sur le vécu scolaire des élèves. Le système scolaire est un lieu privilégié de transmission culturelle et sociale. À travers diverses pratiques éducatives, l'élève y acquiert non seulement des compétences cognitives et sociales, mais également des buts et des valeurs qui le façonnent. Ces pratiques éducatives reflètent bien souvent les valeurs dominantes de la société. En effet, le système scolaire n'est pas une structure indépendante de la société, mais, au contraire, un organe de celle-ci qui assure une fonction particulière, celle d'éduquer et de former les jeunes. L'INDIVIDUALISME ET LE COLLECTIVISME Selon Triandis (1995), quatre principales caractéristiques permettent de distinguer l'individualisme du collectivisme : (1) la définition du soi en termes d'attributs personnels ou collectifs ; (2) la priorité des buts personnels sur les buts collectifs (et vice-versa) ; (3) l'importance des relations interpersonnelles fondées sur l'échange réciproque versus sur le partage ou la mise en commun ; (4) l'importance des attitudes personnelles versus des normes sociales dans les comportements individuels. À ces premiers éléments de distinction, on peut ajouter que l'individualisme est également caractérisé par l'autonomie, l'indépendance émotionnelle, la différenciation sociale, la compétition, et l'hédonisme. L'interdépendance, l'intégrité familiale, la sociabilité et la coopération seraient davantage caractéristiques du collectivisme. Dans le discours commun, l'individualisme et le collectivisme sont souvent opposés ; il est en effet souvent inféré qu'une personne individualiste est faiblement collectiviste et inversement. Toutefois, les travaux en psychologie interculturelle révèlent une autre réalité : l'individualisme et le collectivisme sont des valeurs conceptuellement et empiriquement indépendantes l'une de l'autre, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas totalement antinomiques ; elles sont, en partie, définies par des caractéristiques qui leur sont propres ( e.g., Gelfand, Triandis, Chan, 1996 ; Tafarodi, Walters, 1999). Autrement dit, l'individualisme et le collectivisme ne sont pas de simples opposés, ils peuvent coexister au sein d'un même individu ou d'une même culture. Par exemple, en fonction du contexte ou de la situation sociale, ils peuvent être plus ou moins prononcés. Un second apport de la psychologie interculturelle réside dans la multidimensionnalité de l'individualisme et du collectivisme, et plus spécifiquement dans la prise en compte de la dimension plus ou moins hiérarchique des relations entre individus. Les relations au sein d'une société peuvent êtres de types égalitaires ( i.e. relations horizontales) ou hiérarchiques et inégalitaires ( i.e. relations verticales). Dans cette perspective, Triandis et ses collègues (1995 ; e.g., Triandis, Gelfand, 1998) proposent une structure de l'individualisme et du collectivisme en quatre facteurs ( voir le tableau 1) : (1) lorsque l'individualisme est associé à l'inégalité entre individus, on obtient l'individualisme vertical ; (2) lorsqu'il est associé à l'égalité, cela donne l'individualisme horizontal ; (3) le collectivisme vertical résulte de l'association du collectivisme avec l'inégalité interindividuelle ; et enfin (4) le collectivisme horizontal émerge de la combinaison entre le collectivisme et l'égalité sociale. Individualisme Collectivisme Vertical Horizontal Vertical Horizontal Définition et caractéristiques Le soi est perçu comme autonome et unique, les individus sont considérés comme inégaux. La compétition et le pouvoir sont valorisés Le soi est perçu comme autonome, les individus sont considérés comme égaux. La liberté individuelle est valorisée Le soi est perçu comme connecté aux autres, les individus sont considérés comme inégaux. La conformité au groupe et le respect de l'autorité et/ou de la majorité sont valorisés Le soi est perçu comme connecté aux autres, les individussont considérés comme égaux. La coopération est valorisée Type de pratique éducative Apprentissage basé sur la compétition et la comparaison sociale Apprentissage basé sur la liberté individuelle d'entreprendre, d'explorer, et d'expérimenter Apprentissage basé sur le respect de l'autorité et la conformité Apprentissage basé sur la coopération et le partage Conséquences motivationnelles pour les élèves Buts de performance Autonomie Complaisance Coopération Plusieurs travaux attestent de la validité et de l'utilité de cette structure en quatre facteurs ( e.g., Chen, Meindl, Hunt, 1997 ; Strunk, Chang, 1999). Autrement dit, contrairement à l'idée populaire selon laquelle l'individualisme et le collectivisme seraient de simples opposés sur une dimension unique, les travaux scientifiques aboutissent à une structure plus complexe où il est utile de distinguer non pas deux mais quatre facettes. Là encore, il est important de considérer que ces différentes valeurs culturelles ne sont ni nécessairement opposées ni exclusives. Au contraire, il est proposé qu'elles coexistent au sein d'un même individu ou d'une même culture, l'importance relative de chacune des dimensions pouvant varier. Par exemple, si l'on considère la culture française, il serait vain de vouloir la caractériser par une seule de ces quatre dimensions. En effet, les quatre dimensions coexistent, certaines ayant toutefois un poids plus important que d'autres. D'ailleurs, au sein même d'une culture (par exemple, la France), il peut y avoir différentes sous-structures caractérisées, elles-mêmes, par un niveau différent sur chacune de ces dimensions. Appliqué au système scolaire, il est probable qu'il en soit de même ; les quatre valeurs culturelles se combinent, donnant naissance à un contexte éducatif culturel spécifique. À ce niveau, trois questions nous paraissent importantes : * Quelles sont les pratiques pédagogiques que chacune des valeurs culturelles peut encourager et quelles répercussions celles-ci peuvent elles avoir en termes de motivations scolaires ? * Quel est le portrait du contexte éducatif culturel français ou, autrement dit, quelles y sont les valeurs culturelles dominantes ? * Comment peut-on agir sur les valeurs culturelles éducatives de manière à les rendre optimales pour les élèves, tant sur le plan de la formation et de la motivation, que sur le plan des relations sociales qu'ils entretiennent entre eux et de leur bien-être ? QUELLES PRATIQUES PEDAGOGIQUES ET QUELLES REPERCUSSIONS POUR LES ELEVES ? Nous venons de voir que chacune des grandes dimensions culturelles correspond à une vision particulière du soi, à un positionnement en termes de priorité des buts personnels sur les buts collectifs, aux types de relations interpersonnelles qui y sont entretenues ainsi qu'à l'importance accordée aux attitudes personnelles versus les normes sociales dans les comportements que les individus adoptent. L'adoption, ou le rejet, de certains de ces principes va donc nécessairement jouer sur les pratiques pédagogiques directement ou indirectement mises en place par les enseignants dans les classes. Or ces pratiques pédagogiques peuvent à leur tour affecter le vécu académique des élèves. Nous verrons ici quel type de pratiques éducatives (enseignants) et quel vécu académique (élèves) spécifiques peuvent découler de chacune des quatre grandes valeurs culturelles. Afin de faciliter la compréhension, nous présentons chaque valeur culturelle et ses conséquences de manière séquentielle dans l'ordre proposé dans le tableau 1. L'individualisme vertical Cette valeur culturelle se caractérise par la perception que les individus sont uniques et autonomes (individualisme), mais que certains sont meilleurs que d'autres ou que les individus sont inégaux (relation verticale). Par conséquent, l'individualisme vertical est fortement associé à la valorisation de la compétition, de la comparaison sociale et de la performance individuelle. Classer les élèves en fonction de leur performance, attribuer une récompense seulement à une partie des élèves, sont autant de pratiques mettant précisément l'accent sur la comparaison sociale entre élèves (comment chacun réussit comparativement aux autres) et sur la compétition (la réussite des uns passe par l'échec des autres). Or ces pratiques pédagogiques ont à leur tour un impact fort sur la motivation et le vécu académique des élèves. Les recherches dans le domaine des buts d'accomplissement, par exemple, suggèrent que ces pratiques encouragent les élèves à adopter des "buts de performance", aussi appelés "buts d'implication de l'ego", ceux-ci se caractérisant par le désir de dépasser les autres, de mettre en avant ses compétences comparativement à autrui (voir par exemple Ames, 1992 ; Dweck, 1986 ; Nicholls, 1984). Les recherches montrent que ces buts affectent la motivation et les performances des élèves (pour une revue récente, voir Linnenbrink-Garcia, Tyson, Patall, 2008). Par exemple, même si l'adoption de tels buts est souvent positivement liée à la réussite scolaire (mesurée, la plupart du temps dans ces études par la note à l'examen), elle ne l'est en réalité que pour certaines populations et certains contextes, en particuliers, ceux où les individus sont peu amenés à douter de leur capacité à réaliser la tâche (Darnon, Butera, Harackiewicz, Mugny, Quiamzade, 2007). Par ailleurs, le fait que ce lien existe ne doit pas éloigner d'une question centrale à nos yeux, celle des moyens d'accéder à la performance. Plusieurs recherches semblent indiquer que les buts de performance sont particulièrement liés à deux stratégies d'étude. Premièrement, ces buts prédisent l'emploi de ce que les auteurs qualifient de stratégie d'études superficielles, par exemple, apprendre par coeur, essayer de cibler ce sur quoi l'on va être interrogé, (Nolen, 1988). Deuxièmement, les buts de performance sont fortement liés à l'utilisation de la triche en classe (Anderman, Danner, 2008). Ainsi, lorsqu'on cherche à être meilleur que les autres, "tous les moyens" semblent être bons pour accéder à la réussite. Notons que les buts de performance affectent également la réaction des individus face à leurs pairs. Lorsqu'ils sont fortement motivés à dépasser les autres, les individus ont tendance à réagir en défendant leur point de vue et en dénigrant celui de la personne qui n'est pas d'accord avec eux (Darnon, Butera, Mugny, 2008). En effet, favoriser les buts de performance en classe amène les élèves à adopter des réactions défensives face aux désaccords, ce qui est néfaste à l'apprentissage (Darnon, Harackiewicz, Butera, 2007). Enfin, les buts de performance sont reliés négativement au bien-être des élèves ; plus ces derniers accordent de l'importance aux buts de performance et/ou perçoivent que les buts de performance sont fortement valorisés au sein de leur établissement, plus leur bien-être est faible ( e.g. Kaplan, Maehr, 1999). Pour résumer, en termes de pratiques éducatives, l'individualisme vertical est associé à la promotion de la compétition entre élèves (sous-tendue par la valorisation de la comparaison sociale), ce qui incite les élèves à adopter des buts de performance (Tanaka, Yamauchi, 2004). Or ces buts sont particulièrement néfastes pour les apprentissages, ainsi que pour les stratégies que les élèves mettent en place pour réussir et la manière dont ils régulent les interactions sociales entre eux. Enfin, ce type de but est également délétère pour le bien-être des élèves. L'individualisme horizontal La perception que les individus sont relativement indépendants et autonomes (individualisme), conjuguée à la croyance que les individus sont foncièrement égaux (relation horizontale) aboutie au concept d'individualisme horizontal. Cette valeur culturelle est donc intimement liée à l'idée de liberté individuelle. En termes de pratiques pédagogiques, l'individualisme horizontal correspond à un style d'apprentissage principalement orienté vers la liberté individuelle d'entreprendre, d'explorer et d'expérimenter, ce qui conduit les élèves à accorder une grande importance à leur autonomie. Nous pouvons faire référence à la conceptualisation de Deci et Ryan (1985, 2002) qui définissent l'autonomie comme la tendance à agir en accord avec nos intérêts authentiques ou les désirs et les valeurs que nous avons intégrés ( e.g. Chirkov, Ryan, Kim, et Kaplan, 2003). Plus spécifiquement, dans leur théorie de l'autodétermination, Deci et Ryan (1985, 2002) avancent l'idée que les individus auraient une tendance innée à la croissance psychologique et au développement. Mais cette tendance va plus ou moins bien pouvoir s'exprimer en fonction du contexte, qui peut maintenir, renforcer ou inhiber ces tendances naturelles. Pour eux, ce qui est déterminant dans le contexte, c'est la mesure dans laquelle celui-ci soutient l'autonomie : plus l'environnement soutient l'autonomie (par exemple, lorsque l'individu peut faire des choix, lorsqu'il peut s'exprimer), plus l'individu sera intrinsèquement motivé par l'activité qu'il réalise. Or cette motivation intrinsèque a des répercussions positives, entre autre sur la persistance face aux difficultés, la créativité et le bien-être général. L'autonomie est donc une valeur centrale dans cette approche. D'ailleurs, le besoin d'autonomie est l'un des trois besoins que les auteurs qualifient de fondamentaux, innés, universels, et essentiels pour la santé et le bien-être (Deci, Ryan, 2000)1. Pour résumer, l'individualisme horizontal valorise l'autonomie et la liberté individuelle. Une telle vision se traduit par des pratiques pédagogiques mettant en avant l'autonomie de l'enfant ou l'étudiant, l'amenant à se construire "par lui-même". Ces pratiques, notamment la valorisation de l'autonomie, peuvent avoir des répercussions tout à fait positives sur le vécu académique des élèves. Selon la théorie de l'autodétermination, elles favorisent en effet le maintient de la motivation intrinsèque à la découverte et ont des effets bénéfiques sur l'engagement dans les tâches scolaires, la créativité et le bien-être à l'école. Le collectivisme vertical Cette valeur culturelle combine la perception que l'individu est intimement connecté ou lié aux autres (collectivisme), et que les individus sont foncièrement inégaux (relation verticale). Le collectivisme vertical valorise la conformité au groupe et le respect de l'autorité ou de la majorité (Bond, Smith, 1996). Au niveau éducatif, on peut attendre de ce type de système de valeur qu'il facilite un style pédagogique fondé sur la conformité et le respect de l'autorité éducative et/ou parentale. D'ailleurs, dans le collectivisme vertical, chaque agent a une place définie, et l'atteinte des objectifs du groupe implique que chacun reste à cette place. La distinction entre les enseignants et les élèves y est donc particulièrement saillante. En termes de pratiques pédagogiques, le collectivisme vertical s'associe donc non seulement à une forte valorisation du conformisme, mais également à une grande différentiation entre les enseignants, d'une part, les élèves, de l'autre. Quelles sont les répercussions des pratiques pédagogiques valorisant les rapports où la hiérarchie est saillante et le conformisme ? Il a été largement montré que l'influence reposant sur le statut et l'accentuation des différences de statut, tout comme celle qui découle du conformisme est souvent d'assez court terme (Hovland, Weiss, 1951 ; Moscovici, 1980). En effet, cette influence est à l'oeuvre lorsque les gens sont faiblement impliqués et génère un changement de surface qui ne perdure pas nécessairement dans le temps (Petty et Cacioppo, Goldman, 1981). Elle implique rarement une restructuration profonde des connaissances et un apprentissage durable. En d'autres termes, lorsqu'un élève adopte un point de vue simplement parce que tout le monde semble l'adopter, cela ne veut pas dire qu'il y a vraiment réfléchi. De même, lorsqu'il adopte le point de vue de l'enseignant pour obtenir son approbation, cela ne veut pas dire qu'il a réellement intégré cette information. On parle dans ce cas de complaisance (Kelman, 1961). Plus récemment, des travaux indiquent qu'il existe toutefois des conditions dans lesquelles les sources mettant l'accent sur la différence de statut entre elles et les cibles peuvent générer de l'apprentissage : en effet, le style "autoritaire" (fondé sur la différence de statut) peut favoriser l'apprentissage chez certains étudiants, comme, par exemple, ceux qui viennent juste de commencer leurs études, pour qui le sentiment de dépendance à l'égard des enseignants est fort (Quiamzade, Mugny, Dragulescu, et Buchs, 2003). Ce n'est pas le cas en revanche des étudiants plus avancés chez qui, à l'inverse, le style autoritaire crée plutôt une forte résistance à l'influence. Pour résumer, en termes de pratiques pédagogiques, le collectivisme vertical implique une forte saillance de l'asymétrie de statut entre enseignants et enseignés, et une forte pression au conformisme. Cette forte saillance, si elle peut, dans certains contextes, et pour certains étudiants favoriser les apprentissages, engendre le plus souvent chez les autres, de la complaisance. Lorsque l'on fait preuve de complaisance, on se soumet à la source (l'autorité éducative et/ou parentale, la majorité) non pas parce que l'on a vraiment réfléchi à l'information qu'elle nous a délivré, mais bien plus parce que l'on a besoin de son approbation sociale (Butera, Buchs, 2004). Par exemple, lors de l'examen, un élève peut répondre d'une certaine manière pour que son enseignant lui accorde une bonne note. Cela ne voudra pas nécessairement dire que l'élève a réfléchi et est convaincu de ce qu'il a écrit, ni que cette connaissance va perdurer au-delà de l'examen. Le collectivisme horizontal La perception d'être connecté à autrui (collectivisme) associée à l'égalitarisme (relation horizontale) est caractéristique du collectivisme horizontal qui valorise la coopération et le partage. Les pratiques pédagogiques qui en découlent sont principalement orientées vers la coopération entre élèves et le partage des savoirs comme source d'acquisition et de développement. Une pratique pédagogique découlant directement de ce système de valeur est l'apprentissage coopératif. Plusieurs méthodes d'apprentissage coopératif ont été élaborées et testées par des chercheurs. Une vue d'ensemble de ces méthodes peut être trouvée dans des ouvrages, chapitres ou articles portant spécifiquement sur ce sujet (Buchs, Filisetti, Butera, Quiamzade, 2004 ; Toczek-Capelle, 2004 ; Aronson, Patnoe, 1997 ; Johnson, 19812). Retenons ici que la mise en place de ces méthodes implique en général de changer les "règles du jeu" de l'école en mettant en avant l'idée que les camarades ne doivent pas être considérés comme des personnes avec qui l'on est en compétition, mais comme des ressources. Ces méthodes reposent sur l'application de plusieurs principes. L'un d'eux est l'interdépendance positive, typique du collectivisme horizontal : les individus savent que leur réussite implique la réussite de chacun des membres du groupe coopératif. Quels sont les effets de ces pratiques sur le vécu académique des élèves ? Les recherches se sont beaucoup intéressées aux effets de l'utilisation des techniques d'apprentissage coopératif en classe. Les résultats sont variables en fonction de la méthode utilisée, du niveau, de la fréquence des activités coopératives. Toutefois, quelques résultats sont consistants. En particulier, l'utilisation répétée de méthodes coopératives a un effet positif non seulement sur des variables "cognitives" (par exemple, l'apprentissage) mais également "métacognitives" (capacité de réflexion, esprit critique, capacité de prise de perspective). Cette pratique a également un effet positif sur des variables plus "motivationnelles" comme l'estime de soi. En outre, il est souligné que ces méthodes contribuent à changer les valeurs de la classe et créer une ambiance positive, ce qui se traduit entre autre par une plus grande acceptation de la différence (par exemple, intégration des personnes avec un handicap) et de meilleures relations entre élèves d'ethnies différentes (Aronson, Patnoe, 1997). Pour résumer, le collectivisme horizontal implique une forte interdépendance positive entre individus. Les pratiques pédagogiques qui en découlent sont donc la valorisation de la coopération en classe, qui peut se faire, par exemple, par la mise en place de méthodes d'apprentissage coopératif. Or les recherches attestent aujourd'hui des bienfaits liés à l'usage de ces méthodes en classe, en ce qui concerne les apprentissages, mais aussi l'atmosphère de la classe et les relations entre élèves. L'AMBIVALENCE FACE A L'INDIVIDUALISME VERTICAL L'école, le collège et le lycée étant des lieux de socialisation par excellence durant l'enfance, l'adolescence et le début de l'âge adulte, il est important de s'intéresser aux valeurs culturelles qui y sont valorisées. À en croire certains clichés, nos sociétés occidentales seraient dominées par une montée inexorable de l'individualisme. Ce point de vue est confirmé par plusieurs travaux qui révèlent qu'en Occident les gens adoptent majoritairement des valeurs individualistes comme principes directeurs de leurs comportements ( e.g., Hofstede, 1980 ; Schwartz, 1994). Cela signifie-t-il que le système scolaire valorise et favorise l'acquisition de l'individualisme ? Certains travaux permettent d'apporter des éléments de réponse. Par exemple Loose (2001 ; 2008) a mesuré l'individualisme en recourant à quatre dimensions : (1) la réalisation de soi ( i.e. primauté de la réussite personnelle) ; (2) l'autonomie ( i.e. liberté dans ses décisions et liberté concernant le choix des buts) ; (3) l'indépendance émotionnelle ( i.e. considérer qu'autrui n'est pas impliqué dans sa vie et réciproquement) ; et, (4) la différenciation sociale ( i.e. évitement de la conformité afin d'être différent). Dans une première étude et sur la base d'outils adaptés à l'âge des jeunes, cette chercheuse a étudié le niveau d'individualisme en fonction du niveau scolaire, du CM1 à la terminale, et même après à l'université. Contrairement à l'idée que l'école serait un lieu d'acquisition de l'individualisme, aucune augmentation de l'individualisme entre le CM1 et la terminale n'apparaît. Au contraire, les résultats font état d'une diminution significative de l'individualisme au cours de la scolarité (voir également, Dubois et Beauvois, 2001). Dans une seconde étude, Loose (2008) a examiné si l'individualisme était valorisé par les enseignants et par les parents d'élèves. Il ressort de cette étude que les enseignants et les parents n'évaluent pas de la même manière l'individualisme ; alors que les parents le valorisent, les enseignants le dévalorisent. Autrement dit, ces travaux ne semblent pas confirmer l'idée selon laquelle le système scolaire français serait un moteur de l'acquisition de l'individualisme chez les jeunes. Toutefois, deux limites nous conduisent à considérer ces résultats avec prudence : tout d'abord, ces études ne prennent pas en compte la multidimensionnalité de l'individualisme et du collectivisme. Si l'individualisme tel que mesuré dans cette étude diminue avec l'âge, on ne peut ni en inférer que le collectivisme augmente, ni que certaines facettes de l'individualisme comme la compétition ( i.e. individualisme vertical) et la liberté individuelle ( i.e. individualisme horizontal) diminuent. Par ailleurs, des travaux récents indiquent que la valeur sociale peut elle-même être subdivisée en deux principales sous-dimensions. L'analyse de Dubois et Beauvois (2001, voir également Beauvois, 1995) distingue en effet la désirabilité sociale, correspondant à la valorisation sur le plan de la sympathie, de l'utilité sociale, correspondant à une valorisation en termes de chances de réussite dans un système social (jugement de compétence). Dans cette perspective, la baisse de l'individualisme constatée par Loose (2001) tout au long de la scolarité pourrait simplement traduire un biais de désirabilité sociale. Autrement dit, bien que les jeunes acquièrent la connaissance qu'il est peu désirable de se montrer individualiste, il est possible d'envisager que l'individualisme reste pour eux valorisé sur le plan cette fois de l'utilité sociale. Or, on peut penser que l'individualisme, sous sa forme verticale, peut être valorisé au sein du système éducatif. En effet, chercher à réussir mieux que les autres peut indirectement être valorisé par la fonction de sélection qu'exercent la plupart des institutions éducatives (voir Bourdieu et Passeron, 1970 ; Duru-Bellat, 2006). C'est ce que révèle une série de recherches réalisées en France dans lesquelles la valorisation des buts de performance ( i.e., chercher à réussir mieux que les autres), caractéristiques de l'individualisme sous sa forme verticale (cf. supra), était étudiée (Darnon, Dompnier, Delmas, Pulfrey, Butera, 2009 ; Dompnier, Darnon, Delmas, Butera, 2008). Ces études montrent que, du point de vue des étudiants, adopter des buts de performance n'est, certes, pas un bon moyen de passer pour sympathique auprès des enseignants (faible désirabilité sociale). Cependant, c'est un excellent moyen de montrer que l'on a toutes les chances de réussir dans ce système (forte utilité sociale). C'est d'ailleurs surtout lorsque les étudiants se placent du point de vue de leurs enseignants que l'utilité sociale des buts de performance se manifeste (Dompnier et al., 2008). Cela nous enseigne qu'au-delà du discours des enseignants, dans lequel il n'est pas valorisé de chercher à réussir mieux que les autres, le système, par son fonctionnement, continue à valoriser cette motivation de manière plus indirecte. D'ailleurs, dans une étude réalisée aux États-Unis, Anderman et Midgley (1997) observent que les élèves plus âgés perçoivent davantage que les plus jeunes que le système scolaire accorde de l'importance à la performance et à la compétition. Ces travaux apportent donc des éléments qui soutiennent l'idée que l'individualisme vertical est une valeur forte dans les institutions scolaires. UN PEU D'INDIVIDUALISME ET DE COLLECTIVISME... MAIS PAS SOUS N'IMPORTE QUELLE FORME ! Les travaux que nous avons présentés montrent que l'individualisme sous sa forme verticale, bien que très présent dans le système éducatif, présente l'inconvénient de valoriser la compétition et les buts de performance dont les effets délétères ne sont plus à démontrer. À cette forme d'individualisme, il faut donc préférer l'individualisme horizontal. En effet, nous avons vu que certaines pratiques pédagogiques s'inspirant d'un individualisme horizontal mettent l'accent sur l'importance de préserver et encourager le sentiment d'autonomie des élèves. Cette analyse implique que, contrairement à ce que l'on pourrait penser, toute forme d'individualisme n'est pas nécessairement associée aux buts de performance et qu'il est tout à fait possible d'envisager que, sous sa forme horizontale, l'individualisme puisse être profitable aux élèves. Cette réalité n'échappe pas aux enseignants qui pour la plupart sont tout à fait conscients du fait qu'il faut "favoriser l'autonomie" de l'élève. Ce qui est moins connu en revanche, c'est qu'il existe des manières relativement simples de maintenir ou de soutenir ce sentiment d'autonomie chez les élèves. Par exemple les recherches ont montré que les récompenses, les punitions et les pressions temporelles sont autant de facteurs qui risquent de menacer le sentiment d'autonomie et de réduire ainsi la motivation intrinsèque des élèves. À l'inverse, permettre aux élèves de faire des choix, leur donner la possibilité d'exprimer leur point de vue peuvent contribuer à maintenir ou renforcer l'autonomie des élèves, ce qui renforce par la suite leur intérêt dans les activités scolaires (pour une revue, voir Deci et Ryan, 2002). Toutefois, cette importance accordée à l'autonomie et les effets bénéfiques qui peuvent en découler ne doit pas faire oublier que l'école est avant tout un lieu social. En effet, la valorisation de l'autonomie "pure", si elle correspond à une valeur forte dans nos sociétés, ce qui explique, sans doute, sa forte popularité auprès des populations enseignantes, ne permet pas de rendre compte du fait que l'école est également un lieu où l'élève est en interaction avec des enseignants et à des pairs. Or, ce point est crucial puisqu'on sait aujourd'hui que cette dimension sociale peut grandement contribuer aux connaissances que l'individu (élève, étudiant) va pouvoir construire, ainsi qu'à la qualité de son expérience scolaire. À ce propos, le collectivisme, sous sa forme horizontale, peut générer certaines pratiques qui, bien que malheureusement souvent sous-exploitées dans nos institutions éducatives, peuvent avoir des effets tout à fait profitables aux élèves. Retenons en effet que la coopération en classe peut contribuer à présenter chacun de ses composants (enseignants, pairs), comme autant de ressources, donc de personnes pouvant apporter de l'information et contribuer à la construction de la connaissance. Cela pourra en outre contribuer à améliorer les relations interpersonnelles au sein de la classe et l'atmosphère générale. Le collectivisme horizontal gagnerait en ce sens tout à fait à être valorisé en classe. Nous avons mentionné plus haut qu'il ne convient ni d'idéaliser l'individualisme ou le collectivisme, ni de diaboliser l'un ou l'autre de ces fonctionnements. Bien plus, l'analyse du système éducatif que nous venons de présenter permet de dégager que le contexte éducatif optimal comporte des pratiques issues de l'individualisme (par exemple, respecter l'autonomie des élèves et ainsi leur implication dans la tâche) et du collectivisme (par exemple, favoriser la coopération). Notons d'ailleurs que ces deux formats ne sont pas du tout antagonistes, bien au contraire. En effet, par la coopération, on peut agir sur la motivation intrinsèque de l'individu (Aronson, Patnoe, 1997). Par ailleurs, les auteurs de la théorie de l'autodétermination avancent que la relation à des autrui signifiants peut être un élément favorisant l'implication dans la tâche et la motivation intrinsèque. Le besoin d'affiliation est d'ailleurs, d'après eux, un autre besoin fondamental pour le bien-être des individus (Deci et Ryan, 2000). Notons enfin que dans les méthodes d'apprentissage coopératif que nous avons décrites, l'accent est mis, certes, sur l'interdépendance positive entre élèves (structure typique du collectivisme) mais également sur la responsabilité individuelle qui relève pour sa part d'une valeur bien plus individualiste. En d'autres termes, c'est en associant des pratiques collectivistes et des pratiques plus individualistes que l'on peut créer des systèmes dans lesquels l'individu pourra à la fois apprendre, se sentir bien, mais également coopérer avec les autres et grandement bénéficier de cette coopération. Références bibliographiques * AMES C. (1992) "Classrooms : Goals, structures, and students motivation", in Journal of Educational Psychology, 84, 261-271. * ANDERMAN E., DANNER F. (2008) "Achievement goals and academic cheating", in International Review of Social Psychology, 21, 155-180. * ANDERMAN E. M., MIDGLEY C. (1997) "Changes in achievement goal orientations, perceived academic competence, and grades across the transition to middle level schools", in Contemporary Educational Psychology, 22, 269-298. * ARONSON E., PATNOE S. (1997) Cooperation in the classroom : The jigsaw method, New York, Longman. * BEAUVOIS J.-L. 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(2) Voir également à ce sujet : http://www.jigsaw.org Diversité, n°157, page 60 (06/2009) Diversité - Individualisme et collectivisme dans les pratiques éducatives : le ying et le yang ? * document précédent * sommaire du numéro * document suivant |Contact|Mentions légales| #publisher [tr?id=1929703090388441&ev=PageView&noscript=1] [logo-mobile-www.png?version=feature-870-uniformisation-home-ade] Téléchargez notre application Ouvrir Journal économique et financier Menu * L'actualité en continu * Stratégie * Innovation * Territoire * Idées & grands entretiens * Événements * L'actualité en continu * Stratégie + Management o Enseignement supérieur o Emploi o Ressources humaines o Social + Finance & Droit o Finance autrement o Finance o Droit o Banque + Industrie + Services + Agriculture + Logistique + Energie + High Tech + Hôtellerie-Restauration + Santé + Agro-alimentaire + Défense-aéronautique + Distribution – Franchise + Marketing - Communication Guillaume Decitre Guillaume Decitre : "Je n'occupe plus de fonctions opérationnelles au sein de Decitre" Aguttes Lyon Lyon : La maison de ventes aux enchères Aguttes fait évoluer son site de la gare des Brotteaux 1 Ulis Ulis / Sofradir : une réorganisation pour de nouvelles ambitions d’ETI * Innovation + Innovation technologique + Innovation sociale – ESS + French Tech Financement levés des fonds startup Auvergne-Rhône-Alpes, grande gagnante de la labellisation French Tech Seed CEA Open innovtion center Le CEA veut aider les entreprises à se réinventer Entreprise du futur Quel sens pour l'entreprise du futur ? * Territoire + Politique + Politique publique + Attractivité + Transports + Infrastructure + Tourisme + Hôpitaux-cliniques + Immobilier + Culture Cité du design Hôtel, déménagement... : Thierry Mandon rebat les cartes de la Cité du Design 1 Biovision Forum Biovision : le coup d'arrêt reunion micro Comment Auvergne-Rhône-Alpes s'invite dans le Grand débat national * Idées & grands entretiens + Grands Entretiens + Opinion + Expertise + Conférences + Livres Laurent Butstraen Le mécénat d'entreprise doit être conforme à l'intérêt social Benoit Meyronin Futur du travail : de l'importance du "care" Bernard Devert 3 Assez, la violence ! 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Par Dominique Schmauch*, ingénieur agronome, mathématicien et psychanalyste, en amont des prochains Défis du dirigeant, "Stimulez l'intelligence collective de votre entreprise", programmés le vendredi 18 mars prochain, avec EMLYON Business School. Vous aussi, participez au débat et soumettez vos questions en commentaires. Elles pourront être abordées lors de la conférence-débat (à suivre sur Twitter #ActeursLive). L'invention occidentale de l'individualisme toucherait-elle à sa fin ? Michel Foucault n'est malheureusement plus au Collège de France pour écrire la suite de L'herméneutique du sujet, livre dans lequel il décrit les moyens que l'homme a mis en œuvre depuis les origines, pour advenir et conquérir son indépendance de penseur au-delà des dieux, du religieux et des dogmes politiques. "Je", à savoir le sujet, avait atteint avec la modernité et avec le "Je pense donc je suis" de Descartes des hauteurs alpines puis himalayennes avec l'avènement des sciences sociales. Après la conclusion post-moderne de Jacques Lacan : "Je pense où je ne suis pas, donc je suis où je ne pense pas", l'individu, perdu au milieu du le champ d'une autonomie qui lui échappe, tente de se retrouver dans une anomie réticulaire. C'est le groupe qui devient sujet de vérité. Les politiques en font l'amère expérience tous les jours. Lire aussi : LES DÉFIS DU DIRIGEANT | Stimulez l'intelligence collective de votre entreprise Ni Michel Foucault ni Jacques Lacan n'ont vécu le tsunami 2.0 qui a transformé le monde en un vaste ensemble d'interactions donnant ainsi naissance à une immense organisation réticulaire "mondiale" qui semble annoncer la fin des États, comme l'imprimerie fût concomitante de la fin des empires. ActeursLive_EMLYON L'individualisme, la conscience de soi, s'est développé conjointement, après les lumières, avec un discours sur les capacités cognitives de l'individu. Ces capacités ont donné lieu à une accélération sans précédent de l'innovation et ont permis à l'homme d'inventer un nouveau système d'interactions qui conjugue l'instantanéité et l'infini : le "peer to peer". Parmi les conséquences de cette révolution il faut noter que : * la masse des connaissances humaines double actuellement tous les deux ans ! * chacun d'entre nous peut en une fraction de seconde accéder à des masses considérables d'informations. Face à deux impossibles Ce "0*∞" (on notera que, dans la théorie des limites, ce cas est indéterminé) confronte l'esprit humains à deux impossibles. * Le premier est d'embrasser cet instantanéité et cette infinité d'informations. Cela suppose, au minimum, d'utiliser des outils de métacognition pour se représenter, par exemple, les dynamiques en œuvre sur le web. * Le second est relatif à la vitesse d'innovation. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité depuis l'apprentissage et la généralisation du langage qui a demandé quelques dizaines de milliers d'années, puis de l'écriture (quelques milliers d'années), puis de l'imprimerie (quelques centaines d'années), l'hyper-textualisation, en quelques dizaines d'années, entraîne une capacité d'innovation plus rapide que la capacité d'adaptation de la plasticité cérébrale. Face à ces deux impossibles, le monde occidental n'a pas d'autres choix que de retrouver le chemin de l'intelligence organisationnelle. Ceci nécessite une transformation radicale de nos organisations, entreprises, associations afin qu'elles puissent se doter des moyens d'exister dans un monde aujourd'hui dominé par les géants (américains) du web. Le cerveau étant lui-même un système réticulaire obéissant aux lois de la complexité, l'intelligence organisationnelle consiste à réunir les cerveaux en un super système réticulaire... selon trois dimensions : l'apprentissage, l'action et le (bien-)être collectif. Apprentissage collectif Toutes les approches convergent pour démontrer que l'apprentissage collectif est plus efficace que l'apprentissage individuel : on notera cependant que selon l'institut Montaigne, la plupart des personnes arrivent en faculté en ayant passé, dans les cycles précédents, plus de 80% de leur temps à écouter un enseignant devant un tableau ... Il existe, chez les militaires essentiellement, une philosophie de l'action mais essentiellement dans un sens conjoncturel fondé sur une coopération, parfois une collaboration. Mais cette approche, collective, ne couvre pas l'intelligence organisationnelle. L'être collectif, l'être organisationnel devrait-on dire, est la diffraction du souci de soi (là encore au sens de Foucault) dans l'organisation dont la partie émergente est ce que les anglo-saxons nomment la "collective mood". Jusqu'à présent, l'organisation contraignait les individus, il convient que ce soit les individus qui façonnent l'organisation. * Dirigeant d'entreprise (notamment dans le domaine aéronautique), passionné de pédagogie, Dominique Schmauch a publié Modèle d'organisation (Village Mondial) en 2002 et Les conditions du Leadership (L'Harmattan) en 2005. Il travaille actuellement sur les modalités d'apprentissage en 3.0. Vous aussi, participez au débat. Soumettez vos questions en commentaires. Elles seront abordées lors de la conférence "Stimulez l'intelligence collective de votre entreprise", programmée le vendredi 18 mars par Acteurs de l'économie-La Tribune et EMLYON, dans le cadre du cycle "Les Défis du dirigeant". EMLYON_logo Banner-600x90_Acteurs-devient.jpg Sur le même sujet * Conférence-défis-dirigeant-18-mars-complet LES DÉFIS DU DIRIGEANT | Stimulez l’intelligence collective de vo... S'abonner Réagir ____________________ ____________________ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ [ ] Recevoir un email si quelqu'un répond à mon commentaire. (BUTTON) Envoyer commentaire Votre email ne sera pas affiché publiquement Tous les champs sont obligatoires × Merci pour votre commentaire. 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Consultez l'aide en ligne > Nouveau sur Les Echos.fr ? Jusquà 8 articles offerts / mois Newsletters actus et sectorielles personnalisées (BUTTON) Inscription gratuite et immédiate IDEES Mariage et famille : trois visions de l'individualisme JULIEN DAMON - Les Echos | Le 06/03/2008 * 1 / 3 * 2 / 3 * 3 / 3 Décision éminemment privée, le mariage demeure une question majeure de politique publique. Partout en Occident, union libre, séparation, divorce, monoparentalité accompagnent un déclin de la fécondité et de la nuptialité. On estime actuellement, à Washington comme à Paris, qu'un mariage sur deux se termine par un divorce. Aux Etats-Unis, la proportion de naissances hors mariage est passée de moins de 10 % en 1960 à plus du tiers en 2005 (près de la moitié en France). Les changements s'accélèrent. En 1960, un cinquième des enfants noirs vivaient avec leur mère isolée. C'est le cas maintenant du cinquième des enfants blancs, et de plus de la moitié des enfants noirs. Aujourd'hui, seules 50 % des familles américaines ont à leur tête un couple marié, contre 80 % en 1950 et 60 % en 1980. Près d'un million d'enfants sont chaque année impliqués dans un divorce. Les ruptures familiales engendrent un appauvrissement. Au point qu'aux Etats-Unis le mariage est érigé en instrument de lutte contre la pauvreté. La réforme du Welfare votée en 1996 sous l'ère Clinton incite les Etats à soutenir les familles biparentales. L'administration Bush a débloqué des centaines de millions de dollars pour favoriser le mariage (primes de mariage, cours de préparation, campagnes de communication, etc.). Mais si tous les spécialistes observent le passage d'un mariage institutionnel (pour instituer la famille) à un mariage individualiste (pour d'abord faire plaisir aux individus), leurs analyses sont très variées. L'individualisme sympathique ALONE TOGETHER. HOW MARRIAGE IN AMERICA IS CHANGING Paul R. Amato, Alan Booth, David R. Johnson, Stacy J. Rogers Cambridge, Harvard University Press, 2007, 323 pages. Quatre sociologues de l'Université de Pennsylvanie, emmenés par Paul Amato, ont réalisé une enquête identique à vingt ans d'intervalle. Interrogeant des individus mariés, ils se sont intéressés à ce qu'ils appellent la « qualité des mariages ". Entre 1980 et 2000, les niveaux de bonheur déclaré n'ont pas véritablement varié. Jalousie, problème de répartition des ressources au sein du ménage, addictions diverses ont légèrement diminué. Si, en 1980, 21 % des couples mariés faisaient état de violence domestique, ils ne sont plus que 12 % en 2000. Le taux d'activité des épouses, sur la période, est passé de 58 % à 75 % et la part de la contribution féminine aux ressources des ménages mariés de 21 % à 32 %. Selon les sociologues, qui rendent compte d'une participation accrue des hommes aux tâches domestiques et à l'éducation des enfants, les mariages les plus favorables à l'égalité entre les hommes et les femmes sont les plus heureux. Mais, parmi eux, ce sont les couples sans enfant qui sont les plus contents... Le grand changement, c'est la baisse considérable du temps passé ensemble. Les activités conjugales, les sorties conjointes, les visites et les dîners en commun chez des amis ont très nettement diminué. La part des couples indiquant voir fréquemment un film à deux, faire des courses, rendre visite à des proches, travailler ensemble s'est réduite de 40 %. Un nombre croissant d'individus mariés ont des loisirs, des réseaux, des vacances, voire des appartements, différents de ceux de leur conjoint. Les auteurs ont tout de même une vision très positive d'un mariage qu'ils disent « égalitaire », car proposant un cadre moins contraignant au quotidien. Et cette image sympathique des couples mariés, se déclarant toujours aussi heureux mais passant bien moins de temps ensemble, ne dit rien de ceux qui ne sont plus mariés, et de ceux qui ne l'ont jamais été. L'individualisme égoïste THE MARRIAGE PROBLEM. HOW OUR CULTURE HAS WEAKENED FAMILIES James Q. Wilson New York, HarperCollins, 2002, 274 pages. Célèbre criminologue de Harvard, James Q. Wilson défend la thèse conservatrice. Pour lui, le mariage est une institution éternelle, essentielle pour la stabilité de la société. Les idées progressistes et les interventions publiques (facilitation du divorce, aides sociales aux mères célibataires) l'ont affaibli. S'appuyant sur une multitude d'enquêtes, Wilson reprend la palette d'avantages conférés par le mariage. Les couples mariés se déclarent plus heureux que ceux qui ne le sont pas. Ils disposent de revenus supérieurs, tendent à être en meilleure santé et vivent plus longtemps que les non-mariés. Le mariage serait source de bonheur, de richesse, de réussite, de bonne santé. Autant dire que l'auteur est inquiet de voir la famille remise en cause par l'individualisation des comportements, les aspirations hédonistes et la privatisation des moeurs : auparavant l'individu appartenait à la famille, désormais la famille appartient à l'individu. Chacun, dans ce contexte, peut faire ce qu'il veut en termes de comportements reproductifs et matrimoniaux. C'est, pour Wilson, une corruption morale fondamentale. Pour lui, le problème clef est qu'on divorce maintenant trop facilement. Seuls un tiers des cas de divorce sont le fait d'incidents sérieux ou de querelles régulières entre les parents. Pour les enfants, le divorce est plus source de douleur que les tensions parentales qu'ils ressentent. En un mot, l'individualisme familial moderne est un égoïsme qu'il faut moralement et pratiquement combattre. L'individualisme positif THE END OF MARRIAGE ? INDIVIDUALISM AND INTIMATE RELATIONS Jane Lewis Cheltenham, Edward Elgar, 2001, 235 pages. Pour les pro-mariage, le mouvement d'individualisation a des vertus, notamment pour l'émancipation des femmes, mais il a profondément déstabilisé l'institution familiale. De sacrement, le mariage est devenu contrat. De contrat il s'est transformé en arrangement. Et c'est, selon Jane Lewis, professeur de politique sociale à Oxford, une excellente nouvelle. Le divorce, facilité par l'indépendance économique des épouses, repose d'abord sur un changement des valeurs. Longtemps le mariage a signifié « deux font un ». Aujourd'hui c'est de plus en plus « un et un font deux ". Lewis n'y voit aucun égoïsme. Le déclin des modèles traditionnels du pater familias et de l'homme pourvoyeur de ressources s'est accompagné d'une privatisation du mariage. Il y a là un mouvement d'individualisme positif, inscrit dans l'histoire. La dissociation de la procréation et de la sexualité a été suivie de la dissociation du mariage et de la parenté. Il pourrait s'ensuivre une dissolution intégrale du mariage dans l'ensemble des formes possibles d'unions entre individus. Pour Jane Lewis, les différences d'attitude et de comportement à l'égard du mariage sont plus des différences générationnelles que des différences entre parents mariés et parents qui cohabitent. Si on la suit, le XXIe siècle sera celui des unions et des cohabitations d'amour, et donc aussi celui des désamours et des séparations. Le mariage ne sera plus une institution, mais seulement une relation. D'où de formidables évolutions juridiques en perspective pour s'adapter aux décompositions et recompositions familiales en tout genre. JULIEN DAMON Professeur associé à Sciences po (cycle d'urbanisme) Infos 0 Lecture différée Sauvegarder avec Drive Sauvegarder avec Evernote Sauvegarder avec Instapaper Sauvegarder avec Pocket Sauvegarder avec Readability Imprimer Réagir à cet article Les articles les plus lus Un être humain sur sept est « invisible » Monde 1 Un être humain sur sept est « invisible » Près de 1,1 milliard de personnes ne disposeraient pas de papiers officiels leur permettant d'être i... Retraites complémentaires : le coup de poker de la CFDT Économie France 2 Retraites complémentaires : le coup de poker de la CFDT Entré en vigueur en janvier à l'Agirc-Arrco, le malus visant à retarder les départs à la retraite es... Comment Carlos Ghosn choyait ses proches aux frais de Nissan Industrie - Services 3 Comment Carlos Ghosn choyait ses proches aux frais de Nissan Salaires secrets, adhésions au yacht-club, lustre de luxe… de nouveaux documents, consultés par « Le... Sécurité sociale : ce qui va changer en 2017 Économie France 4 Sécurité sociale : ce qui va changer en 2017 Les députés procèdent ce mercredi au vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 201... * Accueil * Politique + Accueil + Politique + Société + Collectivités locales * Présidentielle * Économie + Accueil + Conjoncture + Budget - fiscalité + Social + Impôt sur la fortune immobilière * Bourse + Accueil + Marchés + Actions + PEA-PME + Traders + Fonds-Trackers + Actionnariat + Concours + Espace Privilèges * Monde + Accueil + Europe + États-Unis + Amériques + Chine + Asie - Pacifique + Afrique - Moyen Orient + Enjeux Internationaux * Tech - Médias + Accueil + High tech + Médias * Industrie - Services + Accueil + Automobile + Tourisme - Transport + Aéronautique - Défense + Conso - Distribution + Mode - Luxe + Énergie - Environnement + Pharmacie - Santé + Services - Conseil + Immobilier - BTP + Industrie lourde * Finance - Marchés + Accueil + Banque - Assurances + Gestion d'actifs + M&A + Marchés financiers + Lexique financier + Capital Finance * Régions + Accueil + Auvergne-Rhône-Alpes + Bourgogne-Franche-Comté + Bretagne + Centre-Val de Loire + Corse + Grand Est + Hauts-de-France + IDF + Normandie + Nouvelle-Aquitaine + Occitanie + Pays de la Loire + PACA + Actualité des PME + Innovateurs + Actualité des Marchés Publics * Idées + Accueil + Editos - 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Les autres radios * * Nos services * Codes promo * Billetterie * Rencontres Le Club RTL * Mon compte * Ma timeline * Newsletters * Jeux & privilèges Réseaux Sociaux * Facebook * Twitter * Google+ * Instagram 1 min de lecture Individualisme Sondage : l'individualisme ronge notre société, jugent les Français Huit personnes sur dix considèrent que la cohésion sociale est défaillante, selon une étude du Credoc. L'individualisme apparaît comme le premier obstacle fragilisant la cohésion sociale (32%). Pour les Français, l'individualisme apparaît comme le premier obstacle fragilisant la cohésion sociale, selon une étude du Credoc. Photo : le quartier Pablo-Picasso à Nanterre. Pour les Français, l'individualisme apparaît comme le premier obstacle fragilisant la cohésion sociale, selon une étude du Credoc. Photo : le quartier Pablo-Picasso à Nanterre. Crédit : AFP studio-rtl La rédaction numérique de RTL * et AFP Partager l'article * * * * * * * publié le 15/07/2013 à 22:35 Jean Lassalle, le député qui parcourt la France depuis le 10 avril dernier, le faisait remarquer il y a quelques jours sur notre antenne : les Français estiment que la société est profondément individualiste. Voilà une étude du Credoc publiée ce lundi 15 juillet qui confirme ses dires. Huit personnes sur dix considèrent que la cohésion sociale est défaillante, précise cette étude du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie, selon laquelle "le sentiment de vivre dans une société fragmentée, divisée ne se dément pas depuis trois ans". Aux yeux des interviewés, l'individualisme apparaît comme le premier obstacle fragilisant la cohésion sociale (32%), devant les discriminations (16%), le chômage (14%) et la pauvreté (11%). Société désunie Pourtant, le chômage reste de loin la principale préoccupation des Français: au début 2013, une personne sur deux cite ce problème comme l'un des deux sujets qui la soucient le plus. Selon le rapport, la confrontation à des discriminations dans son entourage nourrit également l'idée d'une société peu harmonieuse. L'étude révèle que près d'une personne sur deux a été le témoin d'une discrimination au cours des douze derniers mois. À lire aussiSommes-nous des éternels insatisfaits ? comportement Sommes-nous des éternels insatisfaits ? * * Le sentiment d'être en butte avec des services publics inéquitables et impersonnels joue aussi dans le sentiment de vivre dans une société désunie. Ainsi, une très grande majorité de Français (71%) regrette le manque de personnalisation des services publics et des inégalités de traitement selon les citoyens (67%). La dureté de la crise et sa prolongation dans le temps ont tendance à amplifier un sentiment d'impuissance et de défaitisme, relève aussi le rapport du Credoc. L'importance accordée à la solidarité, à la lutte contre les inégalités, s'amenuise du même coup, selon l'enquête, réalisée en "face à face", entre le 15 décembre 2012 et le 15 février 2013, auprès d'un échantillon représentatif de 2.009 personnes, âgées de 18 ans et plus, sélectionnées selon la méthode des quotas. La rédaction vous recommande * Régis Debray : "La déchristianisation a fait le lit de l'individualisme" Lire la suite Individualisme Info Société À la Une Actu Un adolescent portant une casquette pro-Trump défie un amérindien lors de la Marche des peuples autochtones le 18 janvier 2019 États-Unis États-Unis : des adolescents pro-Trump se moquent d'un amérindien * * Flash Actu * Nabil Fekir à la lutte avec Yann M'Vila le 23 novembre 2018 20H00 EN DIRECT - Suivez Saint-Étienne - Lyon * Gérald Darmanin, le 2 janvier 2019 19H45 L'envoi de la lettre coûterait 5 millions d'euros * Un immeuble a pris feu à Courchevel le 20 janvier 2019 18H50 Ce que l'on sait de l'incendie à Courchevel Tous les flashs Actu LeGuide.com Pour acheter moins cher, comparez ! Restez informéRecevez chaque jour l'essentiel de l'actualité et les alertes Info de la rédaction* ____________________ (BUTTON) OK Votre adresse email sera uniquement utilisée par la société M6 Web pour vous adresser votre newsletter. 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Toute l'astro par Christine Haas RTL, LA RADIO AMPLIFIÉE * Assister aux émissions * Participer aux émissions * Nous contacter * Nous rejoindre * Fréquences * Newsletters * Mentions légales * Charte de confidentialité * Configuration des cookies * Annonceurs * Codes promo Duracell * Codes promo File dans ta chambre Les réseaux sociaux * Nous suivre sur Facebook * Nous suivre sur Twitter * Nous suivre sur Google+ * Nous suivre sur Instagram * Abonnez-vous à nos newsletters Les applications Android App on Google Play Available on the App Store article 7763157540 Sondage : l'individualisme ronge notre société, jugent les Français Sondage : l'individualisme ronge notre société, jugent les Français Huit personnes sur dix considèrent que la cohésion sociale est défaillante, selon une étude du Credoc. L'individualisme apparaît comme le premier obstacle fragilisant la cohésion sociale (32%). https://www.rtl.fr/actu/sondage-l-individualisme-ronge-notre-societe-ju gent-les-francais-7763157540 2013-07-15 22:35:00 https://cdn-media.rtl.fr/cache/pMQqMCADK4kmOIgP8EGg0g/330v220-2/online/ image/2013/0715/7763157341_pour-les-francais-l-individualisme-apparait- comme-le-premier-obstacle-fragilisant-la-cohesion-sociale-selon-une-etu de-du-credoc-photo-le-quartier-pablo-picasso-a-nanterre.jpg [url.gif?user_name=rtl.fr&url=https%3A%2F%2Fwww.rtl.fr%2Factu%2Fsondage -l-individualisme-ronge-notre-societe-jugent-les-francais-7763157540] #Boulevard Voltaire » Flux Boulevard Voltaire » Flux des commentaires alternate alternate 20 janvier 2019 * « Tu y vas, toi, aux gilets jaunes ? »... * Grand débat : le prince, il parle pas à toi !... * Détention de Carlos Ghosn : l’inertie française ?... * Bien sûr que le cannabis tue !... * Les mauvais chiffres de la sécurité routière ? C’est la faute aux gilets jaunes, bien sûr !... Boulevard Voltaire * Boulevard Voltaire * Gilets jaunes + Envoyer vos vidéos + Voir les vidéos * Archives * Nos auteurs * Lettre d’actualité * Contact + Proposer un article * Faire un don * * Recherche___________ (BUTTON) * * Politique * Société * Immigration * Economie * Religion * Education * Armées * Justice * Histoire * UE * International * Santé * Livres [INS: :INS] Culture - Editoriaux - Entretiens - Histoire - Industrie - Médias - Politique - Sciences - Société - 18 juillet 2015 Avec la postmodernité, l’individualisme se mue en égocentrisme narcissique… [INS: :INS] FacebookTwitter 806 Cet article a été lu Print Friendly, PDF & Email Imprimer ou envoyer par courriel cet article Modernité… Tous les médias n’ont plus que ce mot à la bouche. Il faut être moderne, nous dit-on, « parce qu’on n’arrête pas le progrès ». Au fait, ça veut dire quoi, la « modernité » ? La modernité est une des catégories fondamentales de la sociologie historique et de la politologie contemporaines. Étudiée par une multitude d’auteurs, elle va très au-delà de ce qu’on appelle en général la modernisation (industrielle et postindustrielle). Elle trouve ses racines à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance, et s’épanouit à partir du XVIIe et surtout du XVIIIe siècle. Elle se caractérise par la montée des classes bourgeoises, qui imposent progressivement leurs valeurs au détriment des valeurs aristocratiques et des valeurs populaires, et par la naissance de l’individualisme. Sous l’influence de l’idéologie du progrès, rendue possible par l’essor des sciences et des techniques, s’affirme à l’époque moderne une confiance de principe dans les capacités de l’homme à gérer « rationnellement » son destin. Le passé et la tradition perdent dès lors leur légitimité, de même que les formes sociales d’appartenance traditionnelle et communautaire. L’hétéronomie par le passé est remplacée par l’hétéronomie par le futur, c’est-à-dire la croyance que demain sera nécessairement meilleur (les « lendemains qui chantent »). C’est l’époque où se déploient à la fois les philosophies du sujet et les grands systèmes historicistes, qui prétendent déceler un « sens de l’Histoire » assuré dont l’accomplissement mènerait le monde à son idéal. Sur le plan politique, le grand modèle est celui de l’État-nation, qui s’affirme au détriment des logiques féodale et impériale. Les frontières suffisent à garantir l’identité des collectivités, et servent de tremplin à des tentatives d’universalisation des valeurs occidentales, par le biais notamment de la colonisation. L’Église, de son côté, perd peu à peu le pouvoir de contrôle de la société globale qu’elle possédait autrefois. Mais cette modernité, on y est toujours ou on en est sortis ? Quid de la « postmodernité » ? La postmodernité ne s’oppose pas à la modernité, mais la dépasse tout en la prolongeant sur certains plans (on parle alors d’« ultra-modernité » ou encore d’« hypermodernité », au sens où l’on parle aussi d’hyperterrorisme, d’hyperpuissance, d’hypermarchés, etc.). Son avènement, à partir des années 1980, s’explique par le désenchantement du monde engendré par la désagrégation des « grands récits » historicistes, elle-même consécutive à l’effondrement des dogmes religieux et à l’échec des utopies révolutionnaires du XXe siècle. Dans le monde postmoderne, on assiste à une dissolution généralisée des repères traditionnels, qui entraîne une fragmentation, voire une atomisation de la société civile, en même temps qu’une fragilisation des identités individuelles et collectives, elle-même génératrice de comportements anxiogènes et de poussées de « phobies » paniques. L’individualisme se mue en égocentrisme narcissique, tandis que les rapports humains extra-familiaux se réduisent à la concurrence ou à la compétition régulée par le contrat juridique et l’échange marchand. L’hédonisme s’appuie sur la consommation de masse (on consomme d’abord pour se faire plaisir plutôt que pour rivaliser avec autrui) pour viser avant tout au bien-être et à l’épanouissement personnel. Les disciplines contraignantes et les normes prescriptives s’effondrent, l’autorité sous toutes ses formes est discréditée, et l’art s’émancipe des règles de l’esthétique. On assiste aussi à un éclatement des cadres temporels, qui se traduit par le culte du présent au détriment de toute volonté de transmettre. Sur le plan politique, la gouvernance se ramène de plus en plus à la gestion, l’État-nation est débordé par le haut (emprises planétaires) et par le bas (renaissance des communautés locales), et les frontières ne garantissent plus rien. La postmodernité correspond à ce monde « liquide » théorisé par Zygmunt Bauman, où tout ce qui était durable et solide semble se désagréger ou se liquéfier. C’est un monde de flux et de reflux, un monde de mouvances migratoires néo-nomades, caractérisé par le désinstitutionnalisation et la déterritorialisation des problématiques. Sous l’effet d’une logique économique qui a balayé tout idéal de permanence s’instaure le règne de l’éphémère et du transitoire, dans la production et la consommation des objets, tout comme dans les comportements, comme en témoignent la fin des engagements politiques de type sacerdotal, la désaffection des églises, des syndicats et des partis. La foi religieuse est privatisée, on se compose des croyances à la carte, et tous les modes de vie deviennent socialement légitimes. La vogue de l’idéologie des droits de l’homme et la croyance au pouvoir régulateur du marché se conjuguent pour légitimer la promotion des droits et l’affirmation de la « liberté des choix », tandis que l’explosion de la logique du marché entraîne la commercialisation de tous les modes de vie. Deux mots anglo-saxons résument bien cette tendance générale : le « selfie » et le « zapping », autrement dit l’obsession de soi et la volatilité des comportements, qu’ils soient électoraux ou amoureux. Avec l’actuelle réforme de l’école, l’éternelle querelle entre les « Anciens » et les « Modernes » reprend du poil de la bête. L’enseignement du grec et du latin, c’est moderne, postmoderne ou archaïque ? Ce n’est rien de tout cela. Car le grec et le latin, tout comme ce qui est de l’ordre de la culture authentique, ne sont ni d’hier ni de demain, mais de toujours ! Entretien réalisé par Nicolas Gauthier FacebookTwitter 806 Cet article a été lu Cher lecteur, Cet article vous a intéressé ? Aidez Boulevard Voltaire, par un don, à vous fournir chaque jour de l’information de qualité, non filtrée au politiquement correct, et à diffuser massivement cette contre-information au plus grand nombre de Français pour restaurer le vrai débat d’idées qui manque tant dans notre pays. D'avance, merci ! L'équipe de Boulevard Voltaire (BUTTON) Je fais un don à Boulevard Voltaire Article précédent Un petit tour dans le grand Tour de France Article suivant L’Union européenne organise l’invasion migratoire Alain de Benoist Intellectuel, philosophe et politologue [q?_encoding=UTF8&Format=_SL300_&ASIN=2916916121&MarketPlace=FR&ID=Asin Image&WS=1&tag=les4v-21&ServiceVersion=20070822] [INS: :INS] * Articles similaires * Articles par : Alain de Benoist Editoriaux Catherine Rouvier 0 0 Grand débat : le prince, il parle pas à toi ! 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Nos pères ne connaissaient que l'égoïsme. L'égoïsme est un amour passionné et exagéré de soi-même, qui porte l'homme à ne rien rapporter qu'à lui seul et à se préférer à tout. L'individualisme est un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s'isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l'écart avec sa famille et ses amis ; de telle sorte que, après s'être ainsi créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même. L'égoïsme naît d'un instinct aveugle ; l'individualisme procède d'un jugement erroné plutôt que d'un sentiment dépravé. Il prend sa source dans les défauts de l'esprit autant que dans les vices du cœur. L'égoïsme dessèche le germe de toutes les vertus, l'individualisme ne tarit d'abord que la source des vertus publiques ; mais, à la longue, il attaque et détruit toutes les autres et va enfin s'absorber dans l'égoïsme. L'égoïsme est un vice aussi ancien que le monde. Il n'appartient guère plus à une forme de société qu'à une autre. L'individualisme est d'origine démocratique, et il menace de se développper à mesure que les conditions s'égalisent. [...] Tocqueville, De la démocratie en Amérique, II, II, II, éd. GF, p. 125. __________________________________________________________________ Fût-ce sur un mot, tout grand écrivain refait sa langue au besoin de son problème. Ainsi Tocqueville, mais en se réappropriant la formule gnomique à la française et la maxime du duc de La Rochefoucauld, lequel, pour stigmatiser ce qu'il voyait se passer dans la société de son temps, avait lui-même renouvelé la vieille expression de l'amour-propre, qu'il empruntait à la théologie morale et aux confesseurs. Tocqueville a besoin d'un terme. Ce n'est pas que ce terme n'existe pas déjà (« L'individualisme est une expression récente »), mais au moment où il écrit cette partie de La Démocratie en Amérique, il est encore neuf, encore étrange, l'un de ces -ismes promis à une fortune insolente mais encore plastique et appropriable. Bien ajusté par ses soins, il lui va comme un gant et, avec Balzac et Lamennais, notre écrivain va contribuer fortement à l'imposer. Cependant, chez Tocqueville, rien ne se passe que par oppositions binaires et par le filtre de son idée mère : le mouvement historique qui porte des régimes aristocratiques à ceux de l'égalité Sept séquences brèves, sept sentences, qui forment une stratégie, l'une dans l'autre, de la pensée et de l'écriture : deux définitions préalables (successivement de l'individualisme et de l'égoïsme), développées en une définition de l'individualisme ; puis deux descriptions en action de l'individualisme (genèse de l'un et de l'autre, effets de l'un et de l'autre), mais sous l'égide de l'égoïsme ; après quoi l'on revient à faire se succéder deux définitions conjointes de l'égoïsme puis une dernière, de l'individualisme. Sous l'apparence d'une fragmentation, l'auteur articule les deux notions entre elles et ses propres énoncés selon une logique de la distinction et du développement, une syntaxe de la définition et une écriture imagée de la description, selon un ordre hiérarchisé et dynamique des séquences. Le cœur de ces sept énoncés, c'est le troisième. Le plus long et de syntaxe complexe, les deux premiers y conduisent, les quatre derniers en procèdent. Constituant une définition en quelque sorte sociologique de l'individualisme, cette phrase unique le présente d'abord comme « un sentiment » (entendons comme un certain mode de la sensibilité affecté à chaque humain dans cette forme sociale), puis par l'effet que produit ce sentiment en « chaque citoyen » de cette cité-là (effets conjoints de séparation à l'égard de la totalité et de réunion au sein d'un groupe formé à l'utilité de chacun), et enfin par la conséquence proprement politique de cet effet (indifférence à l'égard de « la grande société » due au fait de l'intérêt porté à cette « petite société », la seule dont l'être humain ait désormais l'usage). Grande et petite société : microcosme et macrocosme. Ou plutôt justement il n'y a plus de cosmos, ni de totalité, ni même de forme sociale. Chaque être humain se laissant constituer par les affects de sa sensibilité immédiate et des besoins qu'elle lui signale, le sens de toute appartenance est perdu, y compris dans les groupements éphémères formés aux seules exigences de l'usage de chacun. Mais que venait faire ici la figure de l'égoïsme, et que vient-elle y faire dans les quatre dernières séquences ? Dans cette espèce de psychomachie, cette figure est posée pour ainsi dire arbitrairement dans la première séquence et comme pour expliciter simplement la nouveauté de l'individualisme : à l'idée nouvelle de la vie morale doit répondre une idée ancienne. Or cette cellule mère va déterminer les six autres et d'abord le mouvement de la deuxième à la troisième et de ces deux à la quatrième, car on ne saurait comprendre complètement le terme de l'individualisme sans retourner à celui de l'égoïsme, sans le reprendre et sans le travailler comme il ne l'avait jamais été, en vue précisément d'un approfondissement de ce terme nouveau, l'individualisme. Ainsi, entre la troisième séquence et la deuxième, un certain jeu tactique permet de passer d'« un amour passionné et exagéré de soi-même » à « un sentiment réfléchi et paisible », en allant de ce qui aurait pu être une définition de l'amour-propre selon La Rochefoucauld mais qui se trouve entièrement et rétroactivement orienté par les deux mots de « réfléchi et paisible ». C'est une dialectique, mais légèrement tordue : car, si l'expression de « sentiment réfléchi et paisible » répond bien à celle d'« amour passionné », quelque chose pourtant s'est perdu en même temps que l'expression « amour exagéré de soi-même », quelque trait qui évoquait, fût-il réprouvé, la force d'un lien d'un moi à soi. Le sujet humain se serait-il affaibli dans cette opération ? Ensuite, à chaque fois, les cellules quatre, cinq et six se consacreront presque exclusivement au mot et à la chose de l'égoïsme. La première et la deuxième de ces trois tournent autour des images de la source et de la naissance, filées et retournées dans celles de l'épuisement du germe et du tarissement, et elles en reviennent encore à l'individualisme. La sixième n'y revient plus. Et il faudra attendre la septième et dernière cellule pour que l'individualisme revienne en force, en gloire, et seul, et se trouve défini tel qu'en lui-même, par son origine, qui l'assigne enfin et explicitement au régime politique de la démocratie et qui relance les questions par la considération de l'avenir. Cependant le terme de l'égoïsme revêt une certaine ambiguïté. Par l'expression de « nos pères », il appartient au régime aristocratique de la société, jamais nommé en tant que tel, cela notamment parce que le terme d'égoïsme appartient aussi à la sphère de la morale en général et pour ainsi dire éternelle : « L'égoïsme est un vice aussi ancien que le monde. Il n'appartient guère plus à une forme de société qu'à une autre. » Ainsi la notion de l'égoïsme vient-elle perturber la problématique constante de Tocqueville, qui oppose terme à terme aristocratie et démocratie et qui ne parvient pas à inscrire les termes de l'égoïsme et de l'individualisme dans ce seul rapport-là*. Ici les symétries de l'écriture se troublent et le développement stratégique des définitions est chargé de les redistribuer selon un mouvement dynamique et suspendu in fine à des considérations sur l'avenir. En somme, si l'égoïsme est bien l'envers du lien féodal de dévouement de chacun à tous et à chacun et si, à ce titre, il appartient pleinement au régime aristocratique**, Tocqueville se sent obligé de le restituer à une morale a-historique non autrement spécifiée, antérieure sans doute au régime aristocratique et peut-être à tout régime social. Ainsi est-il amené à reconduire l'individualisme à l'égoïsme, celui-là au terme de ses ravages allant enfin « s'absorber » dans celui-ci et dans les déserts d'une humanité abandonnée, homme par homme, à sa tendance à l'atomisation. À vue humaine, l'individualisme serait le chemin le plus court pour que l'homme retourne à un état antérieur cette fois à toute morale et qui, lui, ne saurait avoir de nom. Pierre Campion 27 juin 2004 __________________________________________________________________ * En fait, l'écriture de Tocqueville se trouve souvent en butte à des difficultés. C'est ce que Claude Lefort a mis en évidence. Non pour prendre Tocqueville en défaut mais, au contraire, pour montrer que c'est un écrivain, affronté comme tel aux contradictions et apories que toute grande pensée se donne. (Cf. la page principale de cette étude.) ** Le principe de la vie aristocratique a un envers, l'égoïsme, et un contraire, l'individualisme. La morale féodale stigmatise le premier, et elle ne connaît pas le second. Retour page principale Tocqueville Mesurez votre audience #Imago Mundi _______________________________________________________________________ . [imagor.png] - [Accueil] [Encyclopédie] [Inventaires] [Histoire] [L'Humain] [sear.png] ______________________ OK __________________________________________________________________ L'individualisme [oeilh.gif] L'individualisme est le contraire du collectivisme. Considéré du point de vue psychologique, c'est la tendance de l'individu à se prendre lui-même pour fin, à subordonner le bien des autres au sien propre. Politiquement, c'est le système ou le mode d'organisation sociale qui prend pour base théorique où réalise plus ou moins dans la pratique l'indépendance de l'individu à l'égard de la communauté, le libre épanouissement des aspirations personnelles. Il ne semble guère douteux que le progrès politique dans le passé n'ait eu lieu dans le sens de l'individualisme, s'il a consisté essentiellement dans l'affranchissement graduel des personnes, devenues de plus en plus maîtresse d'elles-mêmes et de leurs biens, de mieux en mieux garanties dans leurs droits. La constitution anglaise, celle des États-Unis [btimc.gif] , la Révolution française avec sa Déclaration des droits de l'homme [obra.gif] , la République, issue finalement de cette Révolution, ont été regardées comme les dernières étapes de ce progrès. Or, l'élément commun à toutes ces formes politiques, et mesure leur valeur comparative, n'est-ce pas précisément la part qu'elles font à la liberté; et cette liberté, qu'est-ce autre chose, en dernière analyse, que l'autonomie du citoyen dans la cité? On a peine à croire que les sociétés humaines aient fait fausse route en se développant dans ce sens. Pour l'admettre, il faudrait changer radicalement notre idée de la civilisation, renoncer, par exemple et avant tout, à la conception morale qui semble rallier le mieux tous les esprits éclairés de notre temps, la morale du respect des personnes et de l'autonomie des volontés. Cependant l'individualisme à outrance serait, à la limite, destructif de toute société et radicalement immoral. On s'en aperçoit aujourd'hui, ceux-là même qui ne s'en étaient pas d'abord avisés; d'où le juste discrédit des doctrines et, à la longue, des institutions qui abonderaient uniquement dans le sens de l'égoïsme individuel sans le corriger par le sentiment de ce que la partie doit au tout, le citoyen à la cité. L'analogie des sociétés naturelles avec les organismes, prisée par la sociologie du XIX^e siècle, a fait apparaître la solidarité des individus comme aussi nécessaire au bien de la société que la solidarité des cellules est nécessaire au bien de l'organisme. L'esprit de solidarité, qui, s'il n'est pas le contraire de l'individualisme, en est au moins le correctif, apparaît dès lors comme le complément indispensable de l'esprit de liberté, lequel, faute d'être tempéré de la sorte, conduit en morale à l'égoïsme sans scrupule, en politique à l'anarchie, dans l'ordre économique à tous les effets de l'implacable concurrence, dans l'ordre social, à toutes les laideurs de la lutte sans merci des intérêts. De même que, pour les organismes, l'hypertrophie de quelques cellules aux dépens des autres est une sûre cause de destruction, de même l'est, pour les sociétés, l'hypertrophie monstrueuse de certains individus aux dépens des autres, ou, ce qui ne vaut pas mieux, l'exaltation furieuse de toutes les individualites au mépris du bien public. « Quand tous sont isolés par l'égoïsme, a dit Benjamin Constant, il n'y a que de la poussière, et dès qu'un orage arrive, c'est de la fange. » Si donc l'individualisme garde ses droits en sociologie (car comment la société qui n'est faite, après tout, que d'individus atteindrait-elle ses fins en dehors du bien de ses membres ?) ce n'est jamais qu'au même titre et dans la même mesure que la liberté même, laquelle n'est respectable qu'à la condition de respecter les autres, n'est sacrée moralement que comme sujette du devoir, et serait mortelle socialement si elle n'était, non seulement contenue par la justice, mais transfigurée par l'amour. La liberté ivre de son propre vin n'est qu'un dissolvant; l'individualisme sans frein est odieux. Point de société qui résiste à l'esprit de dispersion si l'esprit d'union n'était plus fort, c.-à-d. l'esprit de solidarité, de fraternité qui fait que l'individu s'oublie pour les autres, trouve son plus grand bonheur au besoin dans le sacrifice. (H. Marion). . _______________________________________________________________________ [ligne.gif] _______________________________________________________________________ [Histoire culturelle] [Biographies] [Sociétés et cultures] [sear2.png] ______________________ OK [sepr2.png] [home.png] [Pages pratiques] [Aide] [Recherche sur Internet] __________________________________________________________________ © Serge Jodra, 2008. - Reproduction interdite. Christus PANIER S'INSCRIRE CONNEXION ____________________ * NUMÉRO EN COURS * ARCHIVES + Tous les numéros + Tous les hors séries + Nos auteurs + + Pratiques et récits + Recherches ignatiennes + Lire et méditer + Présentation du dossier + + Recherche avancée * ACTUALITÉS * NEWSLETTER * LA BOUTIQUE * QUI SOMMES-NOUS Christus * NUMÉRO EN COURS * ARCHIVES + Tous les numéros + Tous les hors séries + Nos auteurs + + Pratiques et récits + Recherches ignatiennes + Lire et méditer + Présentation du dossier + + Recherche avancée * ACTUALITÉS * NEWSLETTER * LA BOUTIQUE * QUI SOMMES-NOUS 1. Accueil 2. Dossier du numéro 3. QUELLE SPIRITUALITÉ DANS UN MONDE INDIVIDUALISTE ? Dossier du numéro CHRISTUS N°188 Octobre 2000 QUELLE SPIRITUALITÉ DANS UN MONDE INDIVIDUALISTE ? Chacun est en dette à l'égard d'autrui Nous entendrons ici le terme individualisme dans son sens le plus simple, comme la doctrine qui affirme une primauté de l'individu sur la collectivité. L'individu y est considéré comme la source première des valeurs. « Un monde individualiste » : l'expression désigne la réalité sociale qui privilégie les droits des individus sur les droits collectifs et qui fonde cette conviction sur la reconnaissance de l'autonomie du sujet humain. Expression par excellence de la modernité, l'individualisme témoigne de façon singulière de l'ambiguïté de celle-ci. L'individu y est défini comme le fondement de toute pratique sociale, ce qui exige qu'il soit débarrassé de toute épaisseur historique : il est au sens propre un « absolu » délié de toute contingence historique, une pure abstraction. Ainsi, l'individualisme, qui exalte la valeur de l'individu concret, travaille en même temps à sa disparition dans l'abstraction d'une définition purement formelle. On retrouve cette ambivalence dans l'usage du terme. « Individualisme » signifie que chacun est pris en compte pour lui-même, dans sa particularité, comme une valeur absolue. Aucun individu n'est égal à un autre — ce qui fait sa richesse incomparable. C'est sur cette base que la modernité posera le principe que nul ne peut être soumis contre son gré à une contrainte. Mais défendre l'individualisme, c'est aussi affirmer l'égalité de chacun, également nanti de droits semblables. Ainsi, l'on exalte d'un côté le particularisme, de l'autre l'égalitarisme : chacun est différent et doit être respecté dans sa différence, mais chacun doit être reconnu semblable à tous les autres dans ses droits fondamentaux. Parler d'un « monde individualiste », c'est donc se situer au coeur de la contradiction de la modernité, qui souhaite à la fois mettre radicalement en question les hiérarchies sociales et respecter tout aussi radicalement les différences constitutives des personnes. On mesure bien cette contradiction dans la pratique sociale contemporaine : au nom de la liberté, de nombreux groupes ou individus revendiquent le droit à la reconnaissance de leur spécificité, et, consécutivement, le devoir pour les autres de respecter celle-ci et les droits qui y sont liés. Mais qu'en est-il quand ce droit à la différence entre en conflit avec le principe général de l'égalité ? Est-ce le droit de l'individu qui l'emporte ou le souci du respect de l'égalité de chacun, quoi qu'il en soit de son statut ou de ses choix personnels ? On voit par là que le concept d'individualisme peut entraîner des comportements très différents, en particulier en ce qui concerne la spiritualité. Si l'on met l'accent sur la particularité irrévocable de l'individu, la spiritualité aura surtout pour mission d'exprimer la quête de ce qui fait l'irrévocable spécificité de soi ; si, en revanche, on met d'abord en évidence l'unité et l'égalité de pleine participation au droit d'appartenance sociale, la spiritualité mettra en avant l'exigence éthique de la responsabilité, unissant chacun dans une commune soumission à la Loi. La juste estime de soi Examinons plus en détail ces deux formes d'individualisme et les spiritualités qui leur sont liées. Ce qu'on dénonce souvent quand on s'en prend à l'individualisme, c'est son lien quasi naturel avec l'égoïsme. Affirmer ses droits, c'est évidemment se poser comme possesseur d'une irréductibilité qu'aucun autre ne saurait réduire, sinon avec le libre accord du sujet. L'égoïsme est d'abord l'affirmation de soi, de sa valeur et de ses droits, la reconnaissance de soi pour soi, une manière de défendre l'estime de soi sans laquelle il n'est pas d'existence personnelle digne de ce nom. Avant d'être une mise à l'écart d'autrui, l'égoïsme est une reconnaissance. C'est-à-dire une juste appréciation de ce qu'on est. C'est bien ce que revendique avec force l'individualisme moderne : reconnaître la valeur irréductible de chacun. Bien entendu, une telle proposition peut aisément conduire à un repli sur soi, une forme de mépris d'autrui. C'est le risque de l'individualisme que cet oubli des liens qui nous unissent les uns aux autres. Mais il est nécessaire de reconnaître d'abord qu'il ne peut y avoir d'authentique liberté sans affirmation ni estime de soi. Un certain discours chrétien exaltant l'altruisme et dénonçant l'égoïsme comme une faute majeure contre l'amour oublie le B-A-BA de l'Evangile, à savoir le lien que le Christ établit entre l'amour de soi et l'amour d'autrui. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » dit assez qu'il ne peut y avoir d'amour vrai sans amour de soi. L'amour de soi est certes ambigu, il peut signifier le refus d'autrui. Mais il peut aussi exprimer la reconnaissance pour le don que constitue pour soi sa propre vie. Comme le chante le psaume 139 : « Je confesse que je suis une vraie merveille, tes oeuvres sont prodigieuses : oui, je le reconnais bien. Mes os ne t'ont pas été cachés lorsque j'ai été fait dans le secret » (v. 14-15). Une juste estime de soi conduit à la reconnaissance. Je dirais volontiers que l'individualisme est une traduction philosophique de l'enseignement chrétien sur l'amour. En liant comme il le fait amour du prochain et amour de soi, Jésus montre qu'il ne peut y avoir de respect d'autrui sans respect de soi. Lequel ne conduit pas à l'autosatisfaction mais à la reconnaissance que, pour l'individu, « soi » est toujours aussi « autrui ». Rien ne montre mieux ce que peut signifier une spiritualité « individualiste » comprise ainsi que la parabole dite « du Bon Samaritain » {Le 10,25-37). Commentaire du texte biblique énonçant le double commandement de l'amour de Dieu et du prochain (Lv 19,18), cette parabole est aussi une réponse à la question de l'interlocuteur de Jésus : « Qui est mon prochain ?» A cette question théorique, Jésus répond par une histoire, en faisant confronter deux attitudes morales. Face au blessé victime d'une agression, les uns, soucieux pour des raisons religieuses de ne pas devenir impurs, se détournent et passent leur chemin ; l'autre, en l'occurrence, un Samaritain, membre d'une communauté religieuse dissidente détestée du judaïsme, prend soin du blessé et s'en occupe : « Emu et bouleversé, il s'approcha, banda ses plaies, et, y versant de l'huile et du vin, le chargea sur sa propre monture, le conduisit à une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, tirant deux pièces d'argent, il les donna à l'aubergiste et lui dit : "Prends soin de lui, et si tu dépenses quelque chose de plus, c'est moi qui te rembourserai quand je repasserai." » Successivement, les deux moments nécessaires d'une vraie relation à autrui sont présentés : l'élan initial de compassion qui ouvre à l'accueil d'autrui, et l'analyse de la réalité, calculant ce qu'implique la situation et y faisant face avec intelligence. La parabole décrit ainsi ce qu'est l'amour du prochain. Ce qui le suscite, c'est d'abord la compassion spontanée et quelque chose comme une identification à la victime. Dans ce premier temps, il s'agit moins de devoir que de spontanéité naturelle. Elle est la uace de cette réalité qui nous unit et nous rend égaux les uns aux autres. Et qui rend possible la reconnaissance de la valeur de soi et d'autrui. Il ne peut pas y avoir de morale s'il n'y a pas ce sentiment d'appartenance à une communauté de destin. Il y a là une double relation de soi à ' autrui, dans laquelle non seulement autrui m'interpelle par sa présence mais me suscite à moi-même. C'est par cette relation à autrui que je me découvre dans ma spécificité, ma particularité. La spécificité individuelle ne prend sens que de cette relation à autrui. Soi et le prochain Mais le plus intéressant de l'histoire n'est pas encore dit. C'est la surprenante question que Jésus pose alors qui le révèle : « Lequel des trois personnages, à ton avis, s'est montré le prochain de l'homme tombé sous les coups des bandits ? » (v. 36). Jésus renverse la perspective morale classique : le prochain n'est pas l'autre, le blessé de l'histoire, c'est celui qui s'est laissé émouvoir, interpeller par la détresse d'autrui, qui a pris sur lui de s'approcher de celui qui en a besoin. Le prochain, c'est celui dont je me fais proche. C'est moi quand j'écoute ce qui monte du plus profond de moi, là où l'autre me revendique et me fait ainsi exister. Ce que l'Evangile fait comprendre, c'est qu'il n'y a de vérité personnelle que dans cette reconnaissance du lien à autrui. Aimer son prochain, c'est reconnaître ce que l'on doit à autrui. Qui serai-je si d'autres n'avaient pas été pour moi comme le Bon Samaritain ? Pour pouvoir me poser comme sujet de ma liberté, j'ai à reconnaître que celle-ci est le fruit de tout ce que j'ai reçu des autres qui m'ont pris en charge et suscité à la liberté. Aimer son prochain comme soi-même signifie que ce qu'il y a d'unique en chacun, d'absolument particulier, est le fruit d'une grâce qui vient d'ailleurs que de soi. Le « soi » est ce qui ne cesse d'advenir pour moi du lien avec autrui, qui me constitue dans mon irréductible individualité comme produit par ma dépendance à l'égard d'autrui. Reconnaître cette dépendance comme l'histoire d'une grâce veut dire que chacun est incomparable, unique et de ce point de vue « absolu ». Il n'y a donc pas de paradoxe à associer, comme nous le faisons, dépendance et individualisme Dans cette perspective, l'individualisme est une affirmation de la valeur unique de tout individu et fonde une commune reconnaissance de l'égalité des droits de chacun. Le paradoxe que nous avons mis en évidence en commençant n'en est pas un dans la perspective chrétienne. C'est sans doute la spécificité chrétienne qui a si fortement marqué notre culture occidentale II ne s'agit donc pas d'opposer, comme on le fait trop souvent, individualisme et ouverture aux autres, égoïsme et altruisme. La spiritualité chrétienne, répétons- le met en évidence la valeur absolue de l'individu en tant que celle-ci exprime en même temps la dette tout aussi absolue à l'égard d'autrui. L'articulation mise à mal Reste une question : pourquoi l'individualisme moderne a-t-il tant de mal à articuler positivement les deux significations du terme ? L'exaltation quasi anarchiste de l'individu oppose une forte résistance à toute prise au sérieux de l'éthique commune. Peut-être parce que le besoin d'une spiritualité qui habite tout être humain exige que soient d'abord cassées toutes les formes de formalisme social. Toute éthique souffre il est vrai, de l'étroitesse où l'exigence morale la confine. A bas la morale qui ne peut laisser s'exprimer l'originalité individuelle forcément menaçante pour l'unité sociale ! Aujourd'hui comme jamais sans doute, ce besoin d'être soi-même contre les puissantes forces du conformisme social n'a été aussi grand. Comme un appel à transgresser les lourdes exigences d'une vie sociale qui ne cesse de nous faire payer le prix de la sécurité qu'elle nous offre par un rigoureux contrôle de nos désirs. La rigueur du contrôle rend l'expression de la créativite individuelle plus aléatoire, voire impossible. Un désir croissant d'individualité se heurte à des contraintes créées par le désir tout aussi fort de sécurité et de croissance. Il y a là l'indice d'un profond malaise social. L'individualisme moderne semble devoir constamment osciller entre résistance au social et recherche éperdue d'une insertion communautaire voire collectiviste. La spiritualité, y compris chrétienne, n'échappe pas à cette oscillation. Or, si on se laisse enseigner par la tradition spirituelle, on y apprend que la vie communautaire n'a d'autre but que le développement de la relation la plus intime de chacun avec Dieu, et que cette intimité personnelle conduit à la reconnaissance d'autrui et pour autrui. On ne peut être soi sans reconnaître qu'on ne l'est que par la grâce de l'A(a)utre. Force est malheureusement de constater que le christianisme a lui-même contribué à une certaine disqualification de la spiritualité. L'histoire du christianisme occidental fait apparaître à cet égard deux ruptures significatives. La première avec la scolastique, a privilégié le souci d'explicitation rationnelle de la foi, au détriment de l'expression poétique, symbolique, de celle-ci. Le pouvoir de la raison comme rigueur rationnelle s'impose alors et, avec elle, une spiritualité soumise au principe rationnel du tiers exclu, qui vise à éliminer toutes les ambiguïtés du langage métaphorique. Par là, notons-le en passant, se trouvent justifiés l'usage de la contrainte et les pratiques de l'Inquisition. Mise sous contrôle, la spiritualité tend à être alignée sur la morale. La seconde rupture est due à la Réforme protestante qui, par son exigence de soumission à l'Ecriture, a eu tendance à historiciser la foi. C'est-à-dire à confondre la vérité théologique ou spirituelle avec la véracité historique. Le littéralisme ou fondamentalisme protestant a souvent stérilisé la créativité théologique et esthétique du protestantisme en confondant respect de la Parole et idolâtrie d'un texte. Dans les deux cas, le risque a été de soumettre la liberté spirituelle des croyants à l'autorité d'un magistère (biblique ou ecclésiastique) qui, d'une manière ou d'une autre, interdit l'accès au Texte et aux énigmes qu'il ne cesse de proposer à la foi. Certes, ces énigmes du Texte ont aussi un côté inquiétant et déstabilisant, à laisser ainsi entre la vérité et le texte une distance troublante. D'où la forte pression pour qu'un langage commun s'impose et prescrive le sens autorisé. A la liberté spirituelle, il faut bien reconnaître que nos Eglises ont souvent préféré la prescription autoritaire d'une interprétation officielle. Le résultat en est connu : l'autoritarisme clérical a causé des dégâts importants, dont la modernité garde la trace et la blessure. La difficulté d'articuler correctement la notion d'individualisme en est la preuve : tout se passe comme si on ne pouvait sauver l'individu qu'en récusant la valeur de ses liens sociaux, et réciproquement. Un individualisme conformiste Nous sommes ainsi en présence d'une double difficulté. Du côté du christianisme c'est l'abandon progressif de la dimension esthétique poétique du langage de la foi. Dogmatisme et historicisme ont obligé cette dimension pourtant essentielle du langage chrétien à se porter vers d'autres terrains d'expression : dès la fin du moyen âge l'art comme la littérature se développent comme un nouveau langage religieux, marginal, mais infiniment plus créatif que celui des Eglises. Du coup, la conscience « religieuse » s'élargit et se sécularise René Char ou Francis Bacon, par exemple, ne sont-ils pas l'expression la plus « religieuse » de notre temps ? En se séparant de sa source poétique, le christianisme s'est non seulement appauvri, mais il s'est rendu incapable d'inventer le nouveau langage dont il avait besoin. La beauté avait déserté le langage chrétien. Sauf, bien sûr, quelques exceptions, malheureusement trop rares et trop méprisées. C'est du côté des poètes ou des peintres qu'il faut chercher l'expression de cette quête spirituelle de cette interrogation à la fois douloureuse et pleine d'espoir sur le mystère de la vie. De son côté, coupé de sa source spirituelle originelle la modernité n'est pas parvenue à articuler correctement la défense de l'individu, de son irréductible mystère et son insertion dans un projet communautaire. Le besoin de communauté se heurte à celui de liberté. Le besoin de beauté se heurte au sentiment d'impuissance que lui oppose le réalisme des nécessités sociales. Notre société occidentale ne parvient plus à assumer l'écart entre intenogation sur le mystère de l'être et volonté de maîtrise technique. L'art contemporain, sous toutes ses formes, part en lambeaux, de plus en plus fasciné par le modèle technique. A son tour, l'individualisme cesse d'être un facteur de résistance, il s'aligne sur le conformisme tranquille, dont les nouvelles religions type new âge sont l'exemple parfait 1. S'il est encore temps, le christianisme doit se mettre en quête d'une spiritualité qui renoue avec la tradition spirituelle de ses origines, c'est-à-dire avec la liberté inventive qui fut la sienne. Offrir, si possible, à nos contemporains un accès à leur spécificité, c'est-à-dire au courage d'être eux-mêmes dans la reconnaissance de leur commune appartenance à une humanité à faire, non seulement par des acquis techniques mais aussi par le respect éthique de leur fragilité. Il y a certainement une grande attente spirituelle ; elle peut s'égarer sur bien des impasses. Le vieil appel du Seigneur à joindre l'amour de soi à l'amour du prochain, et l'un et l'autre à l'amour de Dieu, est plus que jamais nécessaire. C'est ce lien qui assure toute sa valeur à l'individualisme et à la spiritualité dont il a besoin. 1. Sur l'ambiguïté de cette forme moderne de religion, cf. l'excellente étude de Michèle Martin-Gninewald, « Le divin dans l'oeuvre majeure de P. Coelho : LMchimiste », Lumière et vie, n* 245, janvier 2000, pp. 7-23. Facebook Twitter Google+ COMMENTAIRES Vous devez être connecté pour poster des commentaires. ARTICLE PRÉCÉDENT : PERDRE SA VIE POUR LA TROUVER ARTICLE SUIVANT SE RECEVOIR D'UN AUTRE Eric Fuchs J'AIME SUIVRE LA BOUTIQUE OFFREZ / ACHETEZ UN ABONNEMENT UNE REVUE UN HORS-SÉRIE VOTRE PANIER Votre panier est vide Total 0 € Voir mon panier DERNIÈRE PARUTION PLACE AUX ÉMOTIONS ! N°261 | Janvier 2019 SOMMAIRE DÉTAILLÉ MOTS CLÉS Désir Liberté Gloire Femme Conscience Cinéma Tolérance Vocation Diaconie Guérison Théologie Arbitrage Mère Education Ascèse Passion Judaïsme Royauté Temps Célibat Sociabilisation Prêtre Terrorisme développement personnel Sacrement de l’Ordre Don Chair Bienveillance Rire Tentation LIBRAIRIE NUMÉRIQUE JÉSUITE NOUS CONTACTER FAQ NOS PARTENAIRES MENTIONS LÉGALES IFRAME: https://app.mailjet.com/widget/iframe/218X/1UH Ces informations sont destinées à la Société d’Edition de Revues, qui édite Christus. 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Ensemble, ils ont dirigé « La tyrannie de la valeur » (Écosociété, 2014), un ouvrage collectif proposant une critique radicale des catégories du capitalisme et de l’anticapitalisme. Car les deux compères n’ont pas peur de taper sur la gauche “libérale-libertaire”, ce qui leur a valu d’être taxés de “conservateurs de gauche”. Au Comptoir, nous avions des questions à leur poser. Sur la situation au Québec, sur les auteurs qui manquent à nos bibliothèques, et surtout sur le capitalisme d’aujourd’hui et les façons de le combattre. Le Comptoir : La tradition intellectuelle québécoise est malheureusement mal connue en France. Lorsqu’on s’y intéresse, on découvre des noms comme Jacques Lavigne, Hubert Aquin, Michel Freitag, qui nous laisse penser qu’il existerait, chez vous, une tradition de “gauche conservatrice” ? Est-ce le cas ? A gauche, Maxime Ouellet, à droite, Eric Martin. Photo : Institut d'étude internationale de Montréal À gauche, Maxime Ouellet, à droite, Éric Martin. © Institut d’études internationales de Montréal Éric Martin et Maxime Ouellet : Il n’existe pas, au Québec, de tradition dite du “conservatisme de gauche”. Cette étiquette est en fait plutôt récente : elle est notamment apparue suite à un colloque organisé en 2010 à l’Université d’Ottawa autour de l’anarchisme tory chez Orwell et Jean-Claude Michéa [les interventions de ce colloque ont été publiées dans Les racines de la liberté. Réflexions à partir de l’anarchisme tory aux éditions Nota Bene en 2014, NDLR]. Rappelons que l’expression anarchisme tory, une boutade d’Orwell, cherche à nommer une tension entre, d’un côté, l’émancipation, et de l’autre côté, ses conditions institutionnelles de possibilité. Nous avons exploré la présence d’une telle tension ou réflexion chez plusieurs auteurs, notamment Marx, Michel Freitag, Simone Weil, Pasolini, Hannah Arendt et d’autres. La question était de savoir ce qui doit être préservé pour que la liberté et la justice soient possibles, et comment des auteurs historiquement associés à la gauche ont réfléchi à ces questions plutôt que de se limiter à opposer la “bonne” liberté de la singularité émancipée à la “mauvaise” contrainte du monde extérieur. Si l’expression anarchisme tory ou “conservatisme de gauche” a le mérite de marquer une distance critique à l’égard d’une gauche devenue trop souvent postmoderne, libérale, individualiste et nominaliste, elle a le défaut de prêter le flanc à la critique dans cette époque (où « il y a trop d’images » comme le dit le cinéaste Bernard Émond), une époque qui s’arrête aux étiquettes et à la surface des choses, qui ne cherche pas à approfondir les questions au plan philosophique. On risque alors de comprendre à tort les auteurs mentionnés plus haut (souvent, hélas, sans les lire véritablement) et de les ranger parmi les réactionnaires infréquentables, de prétendus sexistes ou racistes-xénophobes et quantité d’autres faussetés et ceci parce qu’ils situent leur pensée, pourtant bien campée dans le camp de la justice sociale, en rupture avec le progressisme idéologique ambiant et unilatéral et parce qu’ils appellent à réfléchir à l’articulation entre émancipation et enracinement. Michel Freitag (1935-2009). Photo : Département de sociologie de l’UQAM © Département de sociologie de l’UQAM L’appellation “conservatisme de gauche”a suscité tant de confusions que nous préférons l’abandonner entièrement. À la fin de sa vie, Murray Bookchin, excédé par le lifestyle anarchism, a abjuré le terme “anarchisme” pour se dire plutôt communaliste. Politiquement, nous pourrions reprendre à notre compte une telle expression, ou encore celle de “gauche du commun”. S’il s’agit de nous positionner théoriquement de manière plus précise, nous nous inscrivons dans l’héritage de la pensée dialectique, de l’hégéliano-marxisme et de la théorie critique. Plus spécifiquement, au Québec, cet héritage a été mobilisé et enrichi par le sociologue Michel Freitag, auteur de la théorie dite “sociologie dialectique”. Il y a effectivement chez Michel Freitag, aux côtés d’une critique radicalement anticapitaliste de la globalisation, une dimension “conservatrice” qu’il appelle « conservatrice ontologique ». Mais cela n’a rien à voir avec quelque position moralement rétrograde : il s’agit plutôt de s’opposer à la révolution technoscientifique du capital qui, à l’heure actuelle, détruit l’ensemble des formes de vie et des formes culturelles-symboliques, institutionnelles et sociales. Contre cela, Freitag en appelle, notamment dans L’impasse de la globalisation, à réactiver la réflexion philosophique pour réfléchir à la fragilité des formes de la nature et du commun et à la nécessité de penser ce qui doit être préservé en elles, sans quoi toute liberté et toute justice sont impossibles : contre la logique d’illimitation du capital, comment développer de manière réfléchie et critique un sens de la limite. Il ne s’agit aucunement de défendre la tradition de manière acritique, mais de chercher à voir, ce qui, en elle, est effectif (wirklich) comme le dirait Hegel. La posture de Freitag est proche de celle de Günther Anders, qui prophétisait dans les années 1950 l’obsolescence de l’homme, et se disait “conservatrice”, mais dans un sens radicalement étranger au conservatisme des politiciens : conservateur au sens où l’était Camus quand il disait qu’il s’agit moins de refaire le monde que de l’empêcher de se défaire (ce qui n’implique pas d’être conservateur Gunther Anders (1902-1992) sur des questions de justice sociale). Malheureusement, le mot conservatisme suscite aujourd’hui tant réactions négatives et de craintes que ces nuances restent incomprises et sont éclipsées par l’ampleur de la réaction allergique au passé (toujours réduit à n’être qu’une domination dont il faudrait se défaire) caractéristique du progressisme idéologique ambiant. Il est donc préférable pour nous de laisser derrière l’expression de “gauche conservatrice” puisque, dans les faits, elle fait écran à la question de fond et ne traduit que très imparfaitement ce qui doit être pensé, et qui a, du reste, toujours eu un nom : l’articulation entre liberté et commun, ce rapport entre particulier et universel que la philosophie a toujours pensé sous le nom de dialectique depuis son origine. Le défi de cette époque est de réconcilier la recherche d’émancipation avec le maintien des conditions d’existence de la nature, d’une vie et d’une société décentes. Il est singulier que de chercher à penser ensemble les dimensions du progrès et de la préservation d’un monde commun soit aujourd’hui considéré réactionnaire (alors que si l’on y pense bien, toute justice est impossible sans l’arrière-plan d’un monde commun doté d’une relative permanence, même s’il peut être appelé à se modifier sur tel ou tel aspect). Il faut y voir une preuve de l’enfermement dans lequel nous sommes, où les mots mêmes qui pourraient nous libérer, sont devenus des tabous : l’individualisme a fait tant de progrès que le mot “commun”, contrairement à l’époque de Marx, n’inspire plus des espoirs de liberté, mais une méfiance parce qu’il menacerait nécessairement le pluralisme des “systèmes de valeurs” monadiques que nous serions tous devenus. Contre ce monde relativiste peuplé de “moi” autofondés, nous faisons valoir l’importance de penser aujourd’hui le commun comme a priori indépassable par toute liberté particulière. Il faut certainement s’assurer que le commun ne soit pas conçu comme réduction du divers à quelque unité monolithique ou conformiste. Mais il faudrait aussi en venir à comprendre que le seul système social par lequel nous nous relierons si nous continuons de refuser de penser éthiquement et politiquement le commun sera le Marché, dès lors pérennisé et confirmé comme seule forme de lien social, du moins jusqu’à la catastrophe écologique finale. La synthèse entre le particulier et l’universel n’est certainement pas une affaire facile, mais c’est néanmoins l’exigence qui s’impose à nous, à moins de vouloir un monde où le commun n’est fait que de l’addition de singuliers étrangers les uns aux autres, qui ne pourront dès lors être reliés par des moyens puisqu’ils ne s’entendent sur aucune fin. « Le défi de cette époque est de réconcilier la recherche d’émancipation avec le maintien des conditions d’existence de la nature, d’une vie et d’une société décentes. » Dans Les racines de la liberté comme dans La tyrannie de la valeur, vous semblez voir ce que l’on pourrait appeler un “moment conservateur” chez Marx, notamment à travers sa notion de valeur. C’est pour le moins déroutant, car Marx est généralement considéré comme positiviste. Pourriez-vous expliquer au marxiste néophyte ou au pas-marxiste-du-tout, ce qu’est la valeur, et comment cette notion mal-aimée peut nous permettre de repenser notre rapport au capitalisme ? tyrannie_valeur Marx n’est pas plus un conservateur qu’un positiviste. Marx est un dialecticien (qui s’inspire de Hegel) dont la méthode cherche précisément à dépasser ce genre de dualisme. Son analyse dialectique l’amène d’ailleurs à prendre conscience des effets dévastateurs que produit la logique du capital sur le lien social. Marx s’appuie tout au long de son œuvre sur la critique de la modernité qui est notamment formulée par certains auteurs romantiques, sans toutefois croire qu’il soit possible ni souhaitable de retourner à des formes pré-modernes de socialité, puisque celles-ci s’appuient sur des rapports de domination archaïques et fondamentalement régressifs du point de vue d’une conception moderne de la liberté, conception qu’il convient également pour lui de préserver. Il s’agit donc pour Marx de défendre une conception non-libérale de la liberté qui permette de réconcilier à la fois liberté individuelle et collective, la seconde étant la condition institutionnelle de possibilité de la première. En ce qui concerne la critique de la valeur élaborée par Marx, on peut dire qu’il s’agit d’un approfondissement théorique de ses premières réflexions portant sur l’aliénation. Il ne s’agit pas d’une critique qui se fonde strictement sur une base économique puisque celle-ci prend appui sur un fondement ontologique. L’analyse de Marx sur la valeur s’appuie d’abord sur celle d’Aristote dans les Politiques. Ce dernier y distingue valeur d’échange et valeur d’usage, avant de faire la critique de la chrématistique, c’est-à-dire de l’accumulation infinie de l’argent pour l’argent. Aristote fait plutôt valoir l’importance d’en revenir à une oikonomia, c’est-à-dire à une production subordonnée à un idéal de la vie bonne ; cet idéal n’existe pas de manière individuelle, mais est toujours le fait d’une société qui partage des notions communes du Bien, du Juste, etc. Malheureusement, le marxisme vulgaire tel qu’il a été notamment incarné en France par Althusser, n’a pas compris la théorie critique de la valeur formulée par Marx, notamment dans le premier chapitre du Capital (qu’Althusser suggérait de ne pas lire parce que trop hégélien). On a fait de Marx un penseur positiviste et ricardien alors que, comme l’a montré la critique de la valeur (Kurz, Jappe, Scholz, Lohoff, Trenkle, Postone, etc.), Marx est un critique des formes de médiations sociales aliénées (travail abstrait, richesse abstraite, argent, marchandise, etc.) qui permettent la reproduction de la totalité capitaliste. Contre cette totalité aliénée, Marx, dans le sillage d’Aristote, sait qu’il faut penser ce que pourraient être des médiations et un rapport social non aliénés. Autrement dit, Marx est un penseur du lien social et du commun par-delà l’aliénation du fétichisme. Contrairement à ce qu’on a souvent dit, Marx n’est pas un apologue du productivisme à tout prix : dans sa correspondance avec Vera Zassoulitch, Marx affirme que « la commune est le point d’appui de la régénération sociale en Russie ». Autrement dit, ici, Marx s’appuie sur des formes de socialité pré-modernes, non pas parce qu’il est conservateur, mais parce qu’il est dialecticien : il sait que l’alternative au travail aliéné, qui sépare le producteur de ses conditions d’existence, passe par une ressaisie critique de la commune traditionnelle. La critique de Marx vise l’abstraction qui rend possible la quantification de l’ensemble des activités sociales au détriment d’un rapport qualitatif et sensible au monde, lequel suppose toujours la participation à un rapport social lui-même déterminé par des principes qualitatifs plutôt que par des moyens sans fins, comme le marché ou les machines. lutte-classes Dans une interview donnée en octobre 2014 au journal Voir, vous décrivez une gauche qui, d’après vous, reprend à son compte bon nombre de présupposés du libéralisme (foi dans le Progrès, exaltation de l’individualisme face à la communauté, universalisme abstrait, etc.). Est-ce vraiment si grave ? Cette gauche est-elle de fait l’allié objectif du libéralisme ? Dans le même ordre d’idée, les luttes d’identités (queer, féministe, revendications culturelles ou religieuses) complètent-elles la lutte des classes, ou lui font-elles concurrence ? Les luttes des “nouveaux mouvements sociaux”, et même les luttes de classes, sont des conditions nécessaires, mais non suffisantes du dépassement du capitalisme. Il faut comprendre que le capitalisme repose sur forme de domination englobante, impersonnelle, abstraite et qui se présente comme naturelle. Il prend la forme d’une totalité aliénée. Toute lutte qui ne dépasse pas le stade de la résistance particulière laisse intacte cet universel abstrait. Autrement dit, le défi aujourd’hui est d’unifier les différents mouvements sociaux dans une synthèse, qui n’abolirait pas leur apport particulier, mais qui leur donnerait la capacité d’articuler un imaginaire et un projet politique commun visant le remplacement de cet universel abstrait mortifère qu’est le capital. Malheureusement, la gauche en Occident dérive depuis plusieurs années vers la défense d’une conception de la liberté qui se résume à la déliaison et l’absence de contraintes, conception qui est le pendant miroir à gauche de la conception néolibérale et capitaliste de la liberté. Il ne s’agit pas de dénier la pertinence des revendications de tel ou tel groupe, il s’agit pour nous de dire, comme le disait déjà Marx, que des luttes qui restent cantonnés à la défense de droits ou à la reconnaissance ne permettent pas un dépassement du capitalisme, système qui rend dans les faits tout droit purement formel, puisque chacun-e s’y trouve ultimement enchaîné au travail aliéné et privé de monde. Malheureusement, comme ces mouvements ont initialement construit leur critique contre un universel non-inclusif, leur rapport à l’universalité prend essentiellement la forme d’une critique uniquement négative. Or, le défi est de l’ordre d’une double négation de la négation : si l’universel abstrait nie l’humanité, celle-ci doit nier cette négation pour s’affirmer comme liberté ; mais elle doit encore nier cette liberté abstraite qui méconnait ses conditions objectives de possibilité et affirmer positivement ou reconnaitre une forme d’universalité concrète dans laquelle elle pourra enfin vivre, et en dehors de laquelle aucune justice ne peut être poursuivie. Comme le disait Aristote, seul un Dieu ou une bête peut vivre en dehors de la Cité. La critique de l’idéologie du Progrès pose la question de notre rapport au passé et par là, de la mémoire et de l’identité. Quel rapport constructif peut-on entretenir avec notre passé, et jusqu’à quel point la nostalgie est-elle un écueil ou un moteur ? Quel enseignement peut-on tirer de l’exemple québécois, où défense de la culture francophone semble parfois rimer avec la lutte contre un néolibéralisme d’importation anglophone ? [aquin_hubert.jpg?w=233&h=300] Au Québec, la lutte pour l’indépendance, bien qu’elle ait aussi eu ses défenseurs de droite, a aussi été portée à gauche par tout un courant révolutionnaire, décolonisateur, inspiré du marxisme notamment. On peut citer par exemple, la revue Parti pris qui défendait l’indépendance, le socialisme et la laïcité, Marcel Rioux (voir notamment La question du Québec), Pierre Vadeboncoeur, Fernand Dumont, le poète Gaston Miron, Pierre Vallières, Charles Gagnon (à ses débuts militants), le Front de libération du Québec (FLQ) et d’autres. Il est également intéressant de noter qu’à la fin des années 1960, le Front de libération des femmes (FLF) et le Centre des femmes liaient, dans un effort de synthèse critique, la cause féministe à celle de l’indépendance et du socialisme. À l’époque, le Québec est dominé par l’impérialisme anglo-américain, non seulement linguistiquement, mais économiquement, politiquement, culturellement, bref, totalement. Pour les marxistes québécois de l’époque des années 1960-1970, il ne s’agit donc pas seulement de lutte des classes. Inspirés notamment de Fanon et Memmi, ils voient la lutte de libération nationale des Québécois comme un mouvement permettant d’opposer l’existence culturelle d’un peuple à la domination capitaliste et impérialiste qui le nie. Dans La fatigue culturelle du Canada français, Hubert Aquin constate que trop souvent, la nation est réduite au nationalisme chauvin, raciste et belliqueux, et donc rejetée à la fois par la gauche et les libéraux. Or, Aquin montre plutôt que toute appartenance à l’humanité universelle doit s’incarner dans une forme particulière, dans un universel concret (pour parler comme Karel Kosik). L’exemple du Québec nous enseigne aujourd’hui que, bien que le socialisme ne puisse exister en un seul pays, il n’existe pas non plus de manière abstraite et déracinée, mais doit prendre appui sur des communautés politiques vivantes et concrètes qui sauveront leur manière d’être symbolique et culturelle de la barbarie capitaliste. Le fondement du projet socialiste a toujours été l’internationalisme, c’est-à-dire de la solidarité entre les peuples. Trop souvent compris de manière abstraite, l’internationalisme s’est aujourd’hui converti en individualisme cosmopolite, alors que le socialisme signifie la possibilité pour chacun-e d’appartenir à une communauté politique et une communauté de sens par-delà l’abstraction universaliste et déracinée de la valeur marchande. Or, aujourd’hui, les questions sont généralement traitées de manière éclatée (laïcité par-ci, indépendance par-là, socialisme pas très souvent…), et malgré de nouvelles tentatives de synthèse (on pense à la théorie de l’intersectionnalité des luttes), il resterait encore à trouver, de notre point de vue une manière de re-lier à nouveau, par exemple les luttes oppositionnelles négatives d’aujourd’hui à un combat positif renouvelé pour l’indépendance et le socialisme, c’est-à-dire l’institution d’une république sociale et internationaliste au Québec. « Il est illusoire de croire que les Canadiens sont souverains. Les Québécois sont colonisés par les canadiens et par le capital globalisé ; les Canadiens sont colonisés par les Américains et le capital globalisé. » Nuit debout a permis à des souverainistes de gauche comme Frédéric Lordon, pour qui la démocratie passe par une émancipation des structures supranationales (remettant en cause, dans une certaine mesure, l’Union européenne) d’obtenir un large écho. Le Québec, depuis la lutte des patriotes jusqu’au référendum de 1995 en passant par la Révolution tranquille, a connu plusieurs tentations souverainistes ou indépendantistes. Peut-on comparer le système fédéral canadien à l’Union européenne ? Les souverainistes européens peuvent-ils tirer des leçons de l’expérience québécoise ? Pierre Elliott Trudeau (1919-2000), premier ministre Le Canada n’est pas un pays au sens moderne du terme puisqu’il n’a pas été fondé par une révolution républicaine : c’est la réunion d’une élite au sein d’un conseil d’administration pour gérer un territoire cédé par l’Empire britannique à des escrocs et des constructeurs de chemin de fer. Le Canada est ainsi un des premiers pays postmodernes et néolibéraux, au sens où sa fondation est déjà post-politique. De la même manière, l’Union européenne n’est qu’une organisation visant le passage du gouvernement des hommes à l’administration des choses, ou plutôt, à la gouvernance ; elle marque la fin de la souveraineté politique et l’avènement de la souveraineté du capital dont elle est la bureaucratie. Il est illusoire de croire que les Canadiens sont souverains. Les Québécois sont colonisés par les Canadiens et par le capital globalisé ; les Canadiens sont colonisés par les Américains et le capital globalisé. Pierre Elliot-Trudeau, père de Justin Trudeau, premier ministre fédéraliste et pourfendeur de l’indépendantisme québécois, disait en 1968 : « Le Canada n’est pas plus indépendant des États-Unis que la Pologne ne l’est à l’égard de l’Union soviétique : nous avons chacun 10% de notre indépendance ». Les “Européens” sont maintenant colonisés par le capital globalisé. Comme l’a bien vu Frédéric Lordon, la seule alternative est de réfléchir à nouveau à des formes de souveraineté populaire contre la souveraineté du capital. Celle-ci prendra d’abord une forme nationale, mais devrait être le ferment d’une reconstruction internationaliste ensuite. Malheureusement, cette voie est difficilement praticable puisque la souveraineté nationale a été diabolisée à gauche, considérée comme suspecte et fascisante et, de fait, abandonnée entre les mains du Front national et autres partis fascisants en Europe alors qu’elle devrait être réappropriée par la gauche, et au fond, par le peuple. « Le vrai nationalisme qui veut être au service de tout un peuple et servir son épanouissement ne peut donc cohabiter avec le capitalisme. » Patriotes à Beauharnois en novembre 1838, lors de la rébellion des patriotes, par Katherine Jane Ellice (aquarelle). Archives nationales du Canada. Patriotes à Beauharnois en novembre 1838, lors de la rébellion des patriotes, par Katherine Jane Ellice (aquarelle). Archives nationales du Canada. Comme le disait le syndicaliste québécois Michel Chartrand : « Le nationalisme, je n’ai pas à discuter cela, je dois le prendre comme une donnée de la nature aussi fondamentale que l’instinct de conservation. Pour moi, le nationalisme est à un peuple ce que l’instinct sexuel est à la personne. On sait ce qui se produit quand on essaie de nier ou de refouler la sexualité : ça donne de la folie furieuse qui se jette n’importe où, dans la soif de puissance ou de domination. Nier le nationalisme d’un peuple, c’est créer un climat propice à la violence, c’est courir au désastre. Or le capitalisme, pour se survivre, ne peut laisser libre cours au nationalisme : le capitalisme, par essence, est apatride, a-national, a-familial, amoral, parce que tous les liens humains entravent la course folle des affaires. Or le capitalisme a besoin d’être libre de traiter avec n’importe qui, car sa seule morale, c’est la maximisation du profit et la suppression des concurrents. Le vrai nationalisme qui veut être au service de tout un peuple et servir son épanouissement ne peut donc cohabiter avec le capitalisme. Ce qui n’empêche pas certains capitalistes de se prétendre nationalistes. Duplessis [Maurice Duplessis (1890-1959), premier ministre du Québec de 1944 à 1959, instaure un régime fort, conservateur et anticommuniste, NDLR] était un bandit et il se croyait nationaliste. Le nationalisme, c’est le préalable de l’ouverture sur le monde : on ne peut accéder à l’international que par la médiation de la nation. Une personne ne peut entrer en relation avec une autre que si elle se connaît et se définit elle-même d’abord. » On a vu fleurir, à Nuit debout, des rectangles rouges, initiative lancée par des militants de la très mobilisée Paris 8 (Université de Saint-Denis). Il s’agit bien sûr d’un clin d’œil au mouvement étudiant québécois des carrés rouges, de 2012 et de 2015. Serait-ce là le signe que la lutte contre le capitalisme se positionne sur une ligne de front qui transcende les frontières, et que tous les peuples subissent les mêmes logiques, comme l’écrit par exemple le Comité Invisible ? Ou bien s’agit-il plutôt de situations et de luttes particulières dont les ressemblances s’en tiendraient aux apparences ? 120621_q24pm_carre-rouge_sn635 Le capitalisme est globalisé et il s’en prend partout aux institutions sociales et politiques, notamment à l’éducation nationale, parce qu’elles entravent son expansion. C’est pourquoi l’université publique doit être transformée en Université Inc., en organisation au service du capital comme l’avait bien vu Michel Freitag dans Le naufrage de l’université. C’est aussi pourquoi des grèves étudiantes et des luttes sociales souvent similaires éclatent de par le monde. Il faut se réjouir de voir le carré rouge faire le tour du monde. Cependant, il faut être honnête et reconnaître que la grève étudiante de 2012, malgré son ampleur historique, n’a pas transformé durablement nos conditions d’existence, pas plus que Occupy Wall Street d’ailleurs. Nuit debout se trouve aujourd’hui un peu confronté au même risque : la question n’est pas de s’indigner contre le capital – tout le monde le fait et cela donne lieu à toute sortes de carnavals festifs. La question est de savoir, comme le disait Zizek, ce qui vient après le carnaval : comment allons nous détruire les institutions ou organisations dominatrices du capital, et quelles médiations ou institutions pouvons-nous penser « pour la suite du monde », pour reprendre le titre d’un film du cinéaste québécois Pierre Perreault. Depuis quelques mois, l’élection de Justin Trudeau a fait naître en France un intérêt inattendu pour la vie politique canadienne, qui se traduit par une idéalisation enthousiaste, un scepticisme poli ou un rejet de principe. Difficile de se faire une idée, depuis notre côté de l’Altlantique, sur un personnage qui apparaît tantôt comme sincère et proche du peuple, tantôt comme le désagréable produit d’une émission de télé-réalité. Justin Trudeau incarne-t-il une certaine common decency en politique, ou un nouveau visage du spectacle ? Justin Trudeau est un bouffon et un tartuffe spectaculaire. Il a épaté la galerie des médias libéraux avec son cabinet multiculturel aux allures d’une publicité de Benetton. Mais au fond, il n’est qu’un égoportrait vide à travers lequel le capital parviendra à ses fins, comme l’atteste notamment son soutien indéfectible à l’industrie pétrolière des sables bitumineux, une des industries les plus écocides de la planète. Au Forum de Davos, le gouvernement Trudeau a présenté le Canada comme un « endroit diversifié, positif et fort pour investir » : autrement dit, la diversité n’est pour lui qu’un autre argument de vente lorsqu’il s’agit de se prosterner devant le capital. Le Canada est, pour parler comme Michéa, l’incarnation de l’Empire du moindre mal libéral, et Justin Trudeau en est le leader parfait, celui qui réunira tout le monde sous les auspices post-politiques du Marché et du Droit individuel, et à grands renforts de narcissisme et de bêtise facebookée. La jeune génération a soif de lecture et le chômage lui laisse du temps. Le Québec regorge d’écrivains souverainistes, révolutionnaires, inconnus par chez nous. Avec quels livres et quels auteurs nous conseilleriez-vous de passer l’été, afin de rafraichir nos cerveaux sur la plage ? * Les ouvrages de Michel Freitag : L’impasse de la globalisation, L’Abime de la liberté, L’oubli de la société, Le naufrage de l’université et d’autres. * Marcel Rioux, La question du Québec et La culture comme refus de l’économicisme. * Pierre Vadeboncoeur, La dernière heure et la première. * L’anthologie de Parti Pris éditée chez LUX par Jacques Pelletier. * Fernand Dumont, Le lieu de l’homme, Raisons communes, La vigile du Québec. * Pierre Vallières, Nègres blancs d’Amérique. * Gaston Miron, L’homme rapaillé. * Hubert Aquin, La fatigue culturelle du Canada français. * Stanley Bréhaut-Ryerson, Capitalisme et confédération, Les origines du Canada. Nos Desserts : * Sur Contretemps, une lecture de l’ouvrage La tyrannie de la valeur, d’Éric Martin et Maxime Ouellet * L’interview de Jean-Claude Michéa, par Le Comptoir * Entretien de Renaud Garcia sur Le Comptoir * Sur le socialisme populaire et conservateur de George Orwell et Simone Weil * Les liens entre gauche et nationalisme ont déjà été creusés au Comptoir à travers nos articles sur Thomas Sankara et ou sur le patriotisme de gauche en France * Les prises de position d’Éric Martin et Maxime Ouellet ont suscité un débat en 2015. On peut lire, sur le site Raisons Sociales, les critiques que leur fait Félix Deslauriers, et la réponse des intéressés. Partager: * Twitter * Facebook * Google * WordPress: J'aime chargement… Sur le même thème Catégories :Politique Tagué:Eric Martin Navigation des articles Quand les foules trahissent le football Défense des Black Blocs : « L’émeute est une forme antique et légitime de l’expression politique du peuple » 2 réponses » 1. Sinclair dit : 22 juin 2016 à 16 h 28 min Oui passionnant interview, qui me rappel la pensée du théoricien socialiste irlandais James Connolly, qui écrivait: »Pas de socialisme sans libération nationale, pas de véritable libération nationale sans socialisme. » Réponse 2. Ping: « L’individualisme a créé une méfiance envers le commun » – Eric Martin Laisser un commentaire Annuler la réponse. Entrez votre commentaire... ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ ____________________________________________________________ Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter: * * * * * Gravatar E-mail (obligatoire) (adresse strictement confidentielle) ____________________ Nom (obligatoire) ____________________ Site web ____________________ Logo WordPress.com Vous commentez à l'aide de votre compte WordPress.com. 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Laisser un commentaire Sur Facebook Sur Facebook Commentaires récents arnaudaron dans Jean-Yves Pranchère : «… Les 20 ans de l… dans L’euro, 20 ans d’a… Méc-créant dans L’euro, 20 ans d’a… zitabelle dans Michel Étiévent : «… Matthieu Rey –… dans Matthieu Rey : « Le… Les bars proches * Araprism * Ballast * Bavardages * Blablart contempourien * Collectif Lieux Communs * Fragments d’Histoire de la gauche radicale * Fragments sur les temps présents * Frustration * Galaad Wilgos * Jeanne Frank * L'Arène nue (blog de Coralie Delaume) * L'Entreprise de l'Impertinence * La bulle de zou * La Sociale * Le Cri du Peuple * Le Litterarium * Les Amis de Bartleby * Ludivine Benard (La mauvaise réputation) * Lundi matin * Mémoire des luttes * Mettre son grain de sel * Notes & Morceaux choisis * Orwellistan – Le blog d'Alidovitch * Pas de Roses Sans Epines * Philitt * Réveil Mutin * Revue Accattone * Sniadecki * Socialisme Libertaire * Sylvain Métafiot (Ma Pause Café) * Terrestres * Voyageurs du net * Zones subversives Le coin presse * Article 11 * Basta! * C.Q.F.D. * Fakir * Jacobin * La Décroissance * Le Média * Le Monde diplomatique * Le Monde libertaire * Offensive libertaire et sociale * Palim Psao (Critique de la valeur-dissociation. 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Celle-ci d’ailleurs nourrit son œuvre. Cette jeune femme appartient à la nouvelle génération d’intellectuels français qui renouvelle la réflexion sur la démocratie. Signe particulier : sa double compétence lui permet d’osciller entre le particulier et le général. Elle vient d’écrire : Les irremplaçables (Gallimard). Elle en parle ce dimanche 4 octobre dans le magazine Idées. Où l'on réalise, entre autres choses, que l'individuation n'a rien à voir avec l'individualisme et que, si nous ne sommes rien sans l’Etat de droit, celui-ci ne peut exister sans nous. Parler de Cynthia Fleury, c’est mettre l’accent sur une grande curiosité, une approche pluridisciplinaire des choses. C’est aussi souligner une soif d’engagement. N’est-elle pas le plus jeune membre du Comité consultatif national d’éthique ? Membre aussi du laboratoire d’idées (think tank) de la Fondation Hulot ou membre de la cellule d’urgence médico-psychologique du SAMU à Paris ? Cet engagement intellectuel repose évidemment sur son travail de recherche et d’enseignement. La force de l’individu. Professeur de philosophie politique à l’American University of Paris, chercheure associée au Museum d’histoire naturelle, maître de conférences à Sciences-Po, enseignante à Polytechnique, Cynthia Fleury mène depuis des années, une réflexion sur la démocratie et sur la place de l’individu dans celle-ci. En 2009, elle a écrit Les pathologies de la démocratie (Fayard) où elle pose en quelque sorte une question : Qu’avons-nous fait des nos valeurs ? Et s’interroge sur les défis que les démocraties occidentales doivent surmonter : l’individualisme, le communautarisme et le fait religieux. Elle est aussi l’auteur de La fin du courage. La reconquête d’une vertu démocratique en 2010 chez le même éditeur. Le courage comme moteur de l’action ; le courage qui est une affaire individuelle mais doit être aussi une force collective. Dans cet ouvrage, elle prône « une éthique collective du courage ». [cynthiafleury-irremplacables250_0.jpg] Editions Gallimard Irremplaçables En cette rentrée 2015, Cynthia Fleury poursuit cette réflexion en nous proposant, cette fois, Les irremplaçables, un essai sur la place unique de l’individu dans la démocratie. « Cet ouvrage s’inscrit dans la suite de mon travail sur l’irremplaçabilité de l’individu dans la régulation démocratique, un travail au croisement de la philosophie politique et de la psychanalyse faisant toujours le lien entre l’individu et le collectif », écrit-elle d’emblée. L’individu est important en tant qu’individu mais il est tout aussi important pour « la durabilité démocratique ». Une hypothèse que l’auteur développe dans son livre. Quand on parle de l’individu, il faut être clair. Le livre de Cynthia Fleury n’est pas un éloge de l’individualisme, un des fléaux de l’époque. Tout au contraire. C’est un plaidoyer pour ce que la philosophe-psychanalyste appelle « l’individuation » c'est-à-dire l’affirmation de soi pour les autres et par rapport au pouvoir. « S’individuer, devenir sujet, nécessite de sortir de l’état de minorité dans lequel on se trouve, naturellement et symboliquement », souligne-t-elle. L’individuation, c’est un processus. C'est tout à la fois la maxime grecque « connais-toi toi-même », la faculté de profiter de l’instant « pour cheminer vers soi », l’engagement, la connaissance du prix de la douleur, ou bien encore de la force comique et de l’absurdité car « l’humour est un commencement. Le monde s’ouvre car le récit de l’origine est moqué et le mensonge mis à nu », selon Cynthia Fleury. Devenir irremplaçable, c’est donc « entrelacer les différentes séquences du processus d’individuation jusqu’à former une singularité qui n’est plus sous tutelle ». C’est pour tout dire sortir de l’état de servitude volontaire décrite par La Boétie. L’indépendance contre le pouvoir Et puis il y a le pouvoir. Politique notamment. S’individuer, c’est considérer qu’il n’y a ni dieu, ni maître. « L’individuation est une puissance non corrompue par le pouvoir ». Ce pouvoir dont il faut se méfier car « ce qu’il cherche à détruire, c’est la capacité d’individuation propre de l’individu ». Ce qu'il promeut c'est l'individualisme « au sens où l'individu ne saisit plus la place régulatrice et protectrice de l'autre, des autres, d'une obligation de constituer un ou plusieurs collectifs ». Le pouvoir « menace l'avènement de l'individu en tant que sujet libre », écrit Cynthia Fleury dans cet essai riche. Pour elle, il faut déconstruire le pouvoir. Par conséquent, plus nous serons nous-mêmes, autonomes, indépendants d'esprits et ouverts à l'autre, plus nous aurons le « souci de soi », plus nous fortifierons l'Etat de droit, la démocratie qui est le reflet de nous-mêmes car nous en sommes les acteurs. En principe. Nous pourrons ainsi faire barrage au populisme. C'est pour que nous sommes irremplaçables. Le livre de Cynthia Fleury est passionnant, original et ambitieux. Il parle aussi de la place de la famille, de l'éducation. Comme le note Roger Pol-Droit dans une chronique qui lui est consacrée, dans Le Monde, il ne propose rien de moins que de réinventer une Cité des âmes. « Cette vieille préoccupation de Platon et de Kant est à repenser, après Freud, au temps du numérique », selon lui. Pour en savoir plus : L'émission Idées, dimanche 4 octobre 2015 à 15h10 TU vers le monde et Paris, à 16h10 TU vers l'Afrique ; rediffusion lundi 5 octobre 2015 à 00h10 TU vers le monde et Paris. Chronologie et chiffres clés * France * Réagir * print * * Tweeter * * * Republier Sur le même sujet * illustration Quand Pierre Rosanvallon part à la … * illustration La France, ce pays qui aime les idées * illustration Seul contre tous, Simon Leys montra le … Commentaires Republier ce contenu X Vous êtes libres de republier gratuitement cet article sur votre site internet. Nous vous demandons de suivre ces Règles de base Le Partenaire s'engage à ne pas porter atteinte au droit moral des journalistes. A ce titre, le Contenu devra être reproduit et représenté par le Partenaire tel qu'il a été mis à disposition par RFI, sans modifications, coupures, ajouts, incrustations, altérations, réductions ou insertions Ajoutez cet article à votre site Web en copiant le code ci-dessous.