L’individualisme -- L’individualisme [individualisme-5.jpg] Dans L’Ethique protestante et l’Esprit du capitalisme (1904), le sociologue Max Weber écrit que “le terme “individualisme“ recouvre les notions les plus hétérogènes que l’on puisse imaginer”. Nous retiendrons néanmoins l’idée que l’individualisme désigne la doctrine qui accorde à l’individu une valeur intrinsèquement supérieure à toute autre et ce dans tous les domaines – éthique, politique, économique –, où toujours priment les droits et les responsabilités de ce dernier. L’individualisme apparaît ainsi comme inséparable de la notion de démocratie, car il est le -- contre l’arbitraire du pouvoir. Cependant, certains penseurs analysent l’individualisme comme une potentielle menace pesant sur le lien social, pouvant ainsi engendrer une dépolitisation et une anarchie sociale. Après avoir présenté une clarification de la notion l’individualisme et de ses termes périphériques (1), nous tenterons d’en dégager la spécificité contemporaine (2). 1/ Dans les sociétés démocratiques modernes, l’individualisme renvoie à la valorisation de l’individu par rapport au collectif. A/ Dans les Essais sur l’individualisme (1983), Louis Dumont distingue deux sens du terme individu : -- B/ Dans De la Démocratique en Amérique (1835-40), Alexis de Tocqueville présente l’individualisme comme étant une caractéristique fondamentale de la démocratie, mais qui est profondément ambivalent parce qu’il est porteur de deux phénomènes contradictoire : * la dépolitisation : l’individualisme isole les citoyens les uns des autres, c’est “un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque -- providentiel dont il s’attache simplement à prévenir les dangers, l’individualisme restant à ses yeux, le meilleur moyen de lutter contre le despotisme. Le risque d’anarchie qu’il est susceptible de faire -- C/ Dans L’individualisme et les intellectuels (1898), Emile Durkheim distingue deux sortes d’individualisme : * l’individualisme des Lumières : c’est le bon individualisme, celui de Kant, de Rousseau, républicain et humaniste où tout individu -- individuelle qui le relie à un ensemble social ; * l’individualisme corrélatif au capitalisme : c’est le mauvais individualisme, celui qui est valorisé par les libéraux, à savoir l’égoïsme utilitaire, l’apothéose du bien-être privé, le culte égoïste du moi. Chaque citoyen n’est alors plus relié aux autres par des propriétés morales mais par un individualisme concurrentiel : chacun cherche son intérêt particulier, ce qui déséquilibre le premier individualisme. -- Selon Max Weber, cet individualisme qui se développe avec le capitalisme est à relier à l’éthique protestante. Dans L’Ethique -- maintient l’unité rationnelle de sa vie avec la main de fer de son éthique. Ce danger de l’individualisme rationalisateur, propre aux sociétés capitalistes modernes, est comparé à une “cage de fer” qui -- 2/ Les analyses de l’individualisme contemporain peuvent être distinguées selon le degré de rupture qu’il existe avec les analyses -- accélération du phénomène décrit par les analyses modernes de l’individualisme. a) Ulrich Beck dans La société du risque. Sur la voie d’une autre -- Ces risques se manifestent non seulement au niveau technoscientifique, mais aussi au niveau biographique. L’accentuation de l’individualisme conduit selon lui à “une individualisation de l’inégalité sociale”, -- y a donc pour Giddens une réciprocité qui excède le narcissisme. Selon lui, l’individualisme de la seconde modernité n’est pas purement égoïste et constitue un prolongement de la rationalité moderne.