Ce que l'« individualisme » ne permet pas de comprendre. Le cas de la famille -- agencements sociaux. En somme, le cœur du problème touche à ce qu’il faut entendre par individualisme et individualisation de la vie sociale. C’est donc par là qu’il faut entamer l’analyse avant d’en -- Dans ses versions les plus sommaires, cette thèse se plaît à opposer tradition et modernité, holisme et individualisme, donnant l’occasion de revisiter les dichotomies classiques issues de la pensée sociale du -- aisément se dissoudre. Appelons cela « dilution des normes ». La seconde idée ajoute que c’est l’individualisme qui a érodé l’institution familiale. L’individu ne veut plus se sacrifier pour la -- cadre de vie épanouissant, à la fois sécurisant et suffisamment libre. Appelons cela « individualisme familial ». -- disparition ou à la dilution des normes, des règles qui organisent la vie familiale, sous l’effet de l’individualisme croissant. L’individualisme familial : un nouvel « esprit social » -- cette vision linéaire opposant sommairement l’individu et le groupe, on peut objecter que l’individualisme familial est un nouvel « esprit social ». En effet, l’individualisme n’est pas le contraire du lien social, de la régulation sociale. C’est avant tout une autre manière de -- mœurs, fait l’unité d’une nation, d’une collectivité humaine8. L’individualisme est cet « esprit social » aujourd’hui. C’est une transformation du lien social, certainement pas sa fin. -- référence aux valeurs d’autonomie, de liberté et d’égalité promues dans les sociétés occidentales. L’individualisme est une réalité sociale profondément paradoxale, une réalité « dialectique » qui se laisse -- dichotomiques. Comme le montre bien Alain Ehrenberg10, le paradoxe de l’individualisme comme « esprit social » est qu’il s’agit d’un produit social qui dévalorise la vie sociale au profit de la vie privée, -- normes, organisées en institutions, c’est-à-dire en significations partagées, sont une fonction de toute société. L’individualisme génère donc en tant qu’« esprit social » ses propres normes et institutions. -- Davantage d’individualisme mais pas moins de normes -- etc. Cette simple énumération donne une idée de l’ampleur des changements. L’expression « individualisme familial » résume cette mutation qui se traduit par un déclin des institutions traditionnelles -- Mais cette prétendue quête de soi est aussi pour une part une idéologie au contenu très normatif. L’individualisme familial s’accompagne de nouvelles normes qui se diffusent par des voies inédites jusqu’à -- toujours d’un culte social dont il s’agit. Cette « psychologisation de la norme » fait ainsi système avec l’individualisme comme « esprit social ». Qui d’autres que les sciences psychologiques pourraient -- éducatifs, de relation avec le réseau de parenté28. À côté des types de fonctionnement « modernistes », marqués par l’individualisme familial, il en existe d’autres, attachés à une conception plus classique des -- sociales demeure, bien qu’atténuée, mais surtout le pluralisme existe à l’échelle de chaque famille. Sous l’effet de l’individualisme comme « esprit social », le couple est invité à trouver son propre style, à -- du soutien familial aux personnes âgées dépendantes, etc. Autant dire que les contradictions de l’individualisme familial ont pour effet d’alimenter le processus de normalisation douce qui caractérise -- provenances diverses. Elles ne sont par conséquent que le produit de l’individualisme familial et de la prolifération cacophonique des normes relatives à la vie intime. -- famille, il faut rappeler pour conclure que la famille demeure bel et bien une institution malgré la promotion de l’individualisme familial. Elle est une institution sociale aux deux sens que peut recouvrir -- est que ce système normatif est marqué par les valeurs de l’individualisme et de l’autonomie personnelle (« être l’auteur de sa vie ») qui dévalorisent la vie sociale, les rôles et les normes sociales. La seule subordination qui soit idéalement compatible avec l’individualisme est la subordination de soi à soi. Or ce que nous avons peine à voir c’est que cet individualisme est lui-même une création sociale, un « esprit social », la manifestation d’une autorité morale, de moins en moins perceptible, de la société sur les individus. En ce sens, que la famille soit ou non marquée par l’individualisme, cela ne change rien à l’affaire : les individus trouvent devant eux un