L'individualisme n'a pas toujours été pris en mauvaise part. Pour les
   penseurs des Lumières, il constituait plutôt un horizon de progrès. Au
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   Il est courant d’imputer les maux de notre société à la montée de
   l’individualisme, sans pour autant prendre la peine de définir la
   réalité que cette notion recouvrirait. Comme si cela allait de soi.
   Pourtant, l’individualisme est loin d’avoir toujours représenté une
   tare ou un vague synonyme de l’égoïsme. Pour les philosophes des
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   idéal : celui du sujet pensant, capable d’user de sa raison de manière
   critique et autonome. La promotion de l’individualisme devait permettre
   de rompre avec l’obscurantisme, l’ignorance, le fanatisme religieux et
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   d’une croyance dans un libre-arbitre absolu, beaucoup sont loin d’être
   les pourfendeurs de l’individualisme. Dans un texte mal connu, Emile
   Durkheim écrit ainsi que " pour faire plus facilement le procès de
   l’individualisme, on le confond avec l’utilitarisme étroit et l’égoïsme
   utilitaire (...) des économistes ". Il y promeut au contraire un
   individualisme " abstrait " dont l’objet est " la glorification, non du
   moi, mais de l’individu en général [et qui] a pour ressort non
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   de les adoucir, une plus grande soif de justice ". Et d’exhorter :
   " Qu’on ne vienne donc pas dénoncer l’individualisme comme ennemi qu’il
   faut combattre à tout prix ! On ne le combat que pour y revenir, tant
   il est impossible d’y échapper "1. Marx lui-même, s’il dénonce
   l’" individualisme bourgeois " réduit à la recherche du seul intérêt
   égocentré, estime que celui-ci n’est pas voué à être remplacé par un
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   d’indépendance en cas de malheur. En ce sens, on peut dire que l’Etat
   social a soutenu une forme d’individualisme d’émancipation.

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   souvent liée à un supposé affaiblissement des institutions.
   Zoom L’individualisme, religion des temps modernes

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   attentif aux déterminations collectives qui pèsent sur les individus,
   il n’en croyait pas moins que l’individualisme est la nouvelle religion
   des temps modernes, comme l’illustre l’extrait ci-dessous

   " Non seulement l’individualisme n’est pas l’anarchie, mais c’est
   désormais le seul système de croyances qui puisse assurer l’unité
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   Emile Durkheim, L’individualisme et les intellectuels, éd. Mille et une
   nuits, 2002.
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   Alors, trop ou pas assez d’individualisme ? Mais surtout quel
   individualisme ? Telles sont les questions que nous avons posées à
   quatre personnalités : François Dubet, Philippe Corcuff, Marc-Olivier
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     * 1. L’individualisme et les intellectuels, par Emile Durkheim, Mille
       et une nuits, 2002.