Avortement, liberté d’expression et bilinguisme au menu conservateur

Le chef conservateur fédéral, Andrew Scheer
Photo: Justin Tang La Presse canadienne Le chef conservateur fédéral, Andrew Scheer

Les débats au congrès bisannuel du Parti conservateur (PC), la semaine prochaine à Halifax, risquent d’être passionnés. Les militants reviendront à la charge pour inscrire dans le programme de la formation leur opposition à l’avortement. Ils proposeront de s’opposer à un élargissement de l’aide médicale à mourir, s’attaqueront aux pronoms inventés pour désigner les personnes transgenres et remettront en question certains acquis syndicaux.

Soixante-seize résolutions seront débattues au congrès lors de séances ouvertes aux médias — une première pour les conservateurs. Deux d’entre elles proposent de biffer du programmedu parti l’engagement de ne pas présenter de loi sur l’avortement et de remplacer ce passage par la reconnaissance que « la protection de la vie d’un enfant à naître est un objectif législatif tout à fait valable ».

Une troisième résolution propose que l’avortement soit « explicitement exclu » de l’aide internationale du Canada. En 2010, le gouvernement de Stephen Harper, hôte du Sommet du G8, avait créé la controverse en décidant que son initiative phare sur la santé maternelle exclurait les interruptions volontaires de grossesse.

Des militants de la Saskatchewan demanderont que le PC s’oppose à l’élargissement de l’aide médicale à mourir aux mineurs, aux personnes atteintes d’une maladie mentale et aux personnes ayant signifié leur désir de mourir mais devenues inaptes par la suite.

Ce débat reviendra à l’ordre du jour sous peu, car ces trois cas de figure avaient été écartés de la loi adoptée en 2016. Le gouvernement a commandé des consultations sur le sujet dont les résultats doivent être publiés en décembre.

Pronoms transgenres

Les conservateurs semblent par ailleurs bien mal tolérer la montée d’une certaine gauche militante voulant « dégenrer » la langue ou interdire les discours contraires aux siens. Une des résolutions qui seront débattues à Halifax clame que « toute forme de discours forcé est une violation de la Charte des droits et libertés ».

Une autre résolution propose d’abroger la loi ayant ajouté « l’identité ou l’expression de genre » aux motifs interdits de discrimination. Les militants ontariens à l’origine de cette résolution estiment que cette mesure législative, adoptée l’an dernier, « oblige les Canadiens à utiliser les pronoms [inventés] iel et ille ».

Ces mêmes militants proposent de retirer les subventions fédérales aux universités qui ne défendraient pas la liberté d’expression sur leur campus.

Des militants de la Nouvelle-Écosseproposent d’inscrire dans le programme conservateur que les juges nommés à la Cour suprême « doivent parler, lire et écrire couramment le français et l’anglais ».

Si la résolution était adoptée, elle constituerait un revirement majeur pour le PC, qui s’est toujours opposé au bilinguisme obligatoire des juges au nom de la préséance devant être accordée à la compétence.

M. Harper avait d’ailleurs nommé deux juges unilingues, Marshall Rothstein et Michael Moldaver.

Enfin, des militants de Lac-Saint-Louis semblent s’inspirer des débats faisant rage aux États-Unis en proposant que les syndiqués aient le droit de ne pas payer la part de leurs cotisations syndicales qui n’est pas « directement utilisée pour la négociation collective ou les avantages des travailleurs ».