Quarante ans après la loi Veil, les femmes ont moins recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), mais les avortements répétés sont plus fréquents
Après avoir diminué de 1975 à 1995, le recours à l’IVG a légèrement augmenté avant de se stabiliser à la fin des années 2000, résume l’Ined (Institut National des Etudes Démographiques) dans une étude, à deux jours du 40e anniversaire de la loi dépénalisant l’IVG, le 17 janvier.
Les naissances surviennent de plus en plus tard, l’âge moyen à la maternité ayant reculé, passant de 26,7 ans en 1975 à 30,1 ans au début de la décennie 2010. L’âge moyen à l’IVG a en revanche tout d’abord eu tendance à rajeunir, passant de 28,6 ans en 1975 à 27,5 ans en 2003. Puis il a cessé de baisser, restant stable autour de 27,5 ans.
Le nombre de premières IVG par femme est cependant de 0,33, ce qui signifie que 33 % des femmes ont recours à l’IVG au moins une fois dans leur vie.
Si l’étude constate une baisse du recours à l’avortement, avec 0,53 IVG par femme en moyenne au cours de la vie en 2011, contre 0,66 en 1975, l’étude souligne aussi l’augmentation "continue" de la proportion d’IVG dites "répétées".

Les IVG répétées plus nombreuses
Les femmes ayant déjà avorté le font plus souvent à plusieurs reprises, même si le phénomène reste "faible en France" puisque, en 2011, seulement "9,5% des femmes ont recours deux fois à l’IVG, et 4,1% trois fois ou plus au cours de leur vie".
"Dans les années 1970, les IVG répétées représentaient moins d’une IVG sur dix", contre près de deux sur dix au début des années 2000, selon l’étude, qui s’appuie sur les bulletins obligatoirement remplis par les médecins après tout avortement depuis la loi de 1975.

Des IVG ont pu être réalisées dans les années 1970 "hors du cadre de la loi, avant sa promulgation en 1975", ce qui expliquerait la faible part d’IVG répétées pour cette période.
Mais la progression s’observe également "après les années 1980", les "IVG de rang 3", c’est à dire précédées de deux IVG, devenant également plus fréquentes, est-il noté.
IVG médicamenteuse : la plus fréquente
Une tendance qui traduit sans doute la diversification croissante des comportements conjugaux et sexuels des femmes et "pour une part d’entre elles, au quotidien, l’usage de méthodes contraceptives insuffisamment adaptées à leur situation de vie".
Autre enseignement: la loi de 2001 qui a allongé la durée maximale de grossesse pour une IVG à 12 semaines, contre 10 auparavant, "n’a eu pour effet ni un allongement durable de la durée moyenne de grossesse au moment de l’IVG, ni une augmentation du recours à l’IVG".
210.000 avortements ont été recensés en France en 2011
A l’inverse, la diffusion de l’IVG médicamenteuse a favorisé un raccourcissement des durées de grossesse au moment de l’IVG, qui s’établissaient à 6,4 semaines en moyenne en 2011, contre 7,1 en 2002 et 6,8 en 1990.
En 2004, un décret a permis aux femmes de recourir à l’IVG médicamenteuse dans le cadre de la médecine de ville (hors hôpital et cliniques).
Depuis 2008, cette forme d’IVG est la plus fréquente. Elle représentait ainsi plus de la moitié (55%) des IVG en 2011. Près de 210.000 avortements ont été recensés en France en 2011.