Les Irlandais disent « oui » à la légalisation de l'avortement
Plus de 66 % des Irlandais ont voté pour un changement de la Constitution de ce pays à forte tradition catholique.
Il n'y a finalement pas eu match. Les Irlandais se sont prononcés vendredi par référendum à une très forte majorité en faveur de la libéralisation du droit à l'avortement dans un des pays qui était considéré parmi les plus conservateurs d'Europe d'un point de vue social.
Les électeurs étaient invités à se prononcer pour ou contre l'abrogation d'un amendement constitutionnel interdisant, depuis 1983, la promulgation de toute législation sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG) et protégeant le « droit à la vie de l'enfant à naître » au même titre que celui de la mère.
66,4 % de « oui »
Le droit irlandais a été modifié en 2013 mais la possibilité d'interrompre une grossesse est depuis cette date limitée aux seuls cas où la vie de la mère est en danger. 66,4 % des votants se sont prononcés en faveur de la légalisation de l'avortement, d'après les résultats officiels annoncés ce.
Selon le sondage IPSOS/MRBI pour le journal Irish Times, les femmes ont voté à 70 % pour la libéralisation de l'IVG et 30 % contre ; la proportion chez les hommes est de 65 % pour le oui et 35 % pour le non. Les personnes âgées de plus de 65 ans ont elles voté majoritairement contre le changement de législation tandis que les 18-24 ans ont voté à 84 % pour.
Trois ans après la légalisation du mariage homosexuel
La consultation posait précisément la question de l'abrogation du 8e amendement de la constitution irlandaise, introduit en 1983, qui interdit l'avortement au nom du droit à la vie de « l'enfant à naître [...] égal à celui de la mère ».
Après le décès de septicémie d'une femme enceinte, une réforme a été introduite en 2013 permettant une exception lorsque la vie de la mère est menacée.
La législation irlandaise n'en reste pas moins l'une des plus restrictives d'Europe, avec l'Irlande du Nord et Malte, contraignant des dizaines de milliers de femmes à aller avorter à l'étranger au cours des trente dernières années.
La consultation intervient à trois mois d'une visite du pape François en Irlande et trois ans après la légalisation, par référendum également, du mariage homosexuel, qui avait provoqué un séisme culturel dans la petite République.
Changement de mentalités
Selon Diarmaid Ferriter, professeur d'histoire irlandaise à l'University College Dublin, les mentalités ont profondément évolué depuis 1983. « A l'époque, le débat était dominé par des voix plus âgées, masculines, et l'Eglise se trouvait manifestement dans une position beaucoup plus puissante qu'aujourd'hui ", a-t-il dit à l'AFP. « Le profil des militants des deux côtés est bien plus jeune aujourd'hui ".
Le gouvernement va devoir élaborer dans la foulée un nouveau projet de loi qui, s'il est voté par le Parlement, autorisera l'avortement pendant les douze premières semaines de grossesse, et jusqu'à 24 semaines pour raisons de santé.