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Très chère chanson française


9782259229968Dictionnaire amoureux de la chanson française, par Bertrand Dicale, Plon, 746 pages, 25 €

Si vous regardez de temps à autre des émissions télés sur des chanteurs français, vous ne pouvez l’avoir loupé. Qu’il s’agisse de Claude François, Michel Berger, Barbara ou même Louis de Funès, Bertrand Dicale a toujours son mot à dire, son expertise à délivrer. Il intervient aussi régulièrement sur France Info. Bref, c’est assez logique que ce soit à lui qu’ait été confié ce Dictionnaire amoureux de la chanson française. Qui est peut-être, dans cette collection, le plus périlleux car on possède tous en soi son propre Panthéon, et ses rejets viscéraux, et on pourra s’offusquer, en toute logique, de l’absence d’un tel alors que tel autre, jugé inférieur, a droit à plusieurs pages. Ainsi, et au-delà de toute préférence personnelle, je remarque que Michel Jonasz, Bobby Lapointe, Yves Simon, Serge Reggiani, Nicolas Peyrac, William Sheller, Gérard Manset, François Béranger, Michel Fugain, Hugues Aufray ou Michel Sardou, s’ils sont généralement cités à plusieurs reprises, n’ont pas droit à une entrée spécifique.

Dicale 1 Bruno KleinSinon, chacun piochera dans ce gros livre selon ses envies. Des sorts particuliers sont réservés à Barbara (dont le portrait orne la couverture notamment « parce qu’elle parle à toutes les générations » et « a tissé un lien de vie » avec les gens), Brassens, Greco, Brel (« le plus chanteur des chanteurs, un corps qui chante »), Gainsbourg, Ferré ou Souchon. Si les chanteurs « à textes » sont majoritaires, d’hier et d’aujourd’hui (Murat, Dominique A., Abd Al Malik, Grand Corps Malade, Biolay, Delerm, Jeanne Cherhal…), quelques-uns appartenant davantage à ce que l’on appelle la « variété » (Johnny, Céline Dion, Claude François, Joe Dassin, Michel Delpech, Florent Pagny) sont également présents. Pour chacun d’eux, Dicale retrace la carrière, explique leurs spécificités, justifiant ainsi ses choix, et cite des extraits de leurs chansons.

« Je savais que je m’exposais à un danger parce que j’ai fait le choix de ne pas faire uniquement une galerie de portraits, commente-t-il. Mais il y aura toujours des chanteurs qui n’y seront pas. » De nombreuses entrée concernent en effet d’autres sujets : l’album (dont est retracée l’histoire), le disque d’or (Dalida en fut la première récipiendaire en 1957), la censure, Jacques Canetti et Eddy Barclay, le cinéma (qui a longtemps entretenu des liens étroits avec la chanson), l’engagement, Pierre Delanoë, l’Occupation, l’oubli, la télévision, les Antilles (d’où est originaire l’auteur), etc. Ou encore les auteurs-compositeurs-interprètes pour lesquels, en France, on voue un respect presque sacro-saint. Dicale explique : « Parce que auteurs, littérature, écriture. Cela permet de faire passer la chanson comme un art majeur. Mais aussi parce que ce sont des artistes complets. Ils ont un univers propre, cohérent, ils parlent d’eux-mêmes à la première personne. Ils s’incarnent dans leurs textes. »

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