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Peluches philantropiques

Une artiste québécoise accuse IKEA de plagiat

Michael Nguyen | Agence QMI

 - Agence QMI

Une artiste québécoise accuse IKEA et l’UNICEF d’avoir plagié son concept de peluches pour enfant et réclame 22 millions $ dans une poursuite digne du combat entre David et Goliath.

«IKEA a reproduit et commercialisé illégalement une partie des œuvres, violant ainsi le droit d’auteur», affirme sans détour Claude Bouchard dans sa poursuite civile intentée cette semaine au palais de justice de Montréal.

Mme Bouchard, une artiste de renom qui a déjà exposé ses œuvres tant à Paris qu’à Londres et à New York, explique avoir découvert «avec stupéfactio » le plagiat, lors d’une visite au IKEA de Montréal l’année passée.

En examinant les toutous de la collection Sagoskatt, la femme a cru reconnaître toutes les caractéristiques des jouets en tissus développés à partir de dessins d’enfants, qu’elle commercialise elle-même depuis 1970.

Ses jouets avaient attiré l’œil du public et l’artiste a pu exposer ses toutous au Musée des beaux-arts de Montréal et au Musée des civilisations à Gatineau, entre autres.

«Uniques au monde»

Même l’ancien premier ministre Bernard Landry avait eu de bons mots pour Mme Bouchard en 2012, qualifiant ses poupées réalisées à partir de dessins d’enfants «d’uniques au monde et qui se sont distinguées dans le cadre de nombreuses expositions nationales et internationales.»

Pendant des décennies, l’artiste a vendu ses toutous à travers le monde. Et en 1994, elle a obtenu un partenariat avec le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), qui distribuait les poupées dans sa boutique montréalaise jusqu’à sa fermeture, en 2005.

«L’UNICEF connaît intimement les peluches à partir des dessins d’enfants commercialisées par [Mme Bouchard], indique le document de cour. Pour en avoir vendu elle-même à sa boutique de Montréal, l’UNICEF sait depuis longtemps qu’elles sont très populaires et se vendent très facilement.»

Mme Bouchard voulait étendre la distribution des jouets, mais elle a dû mettre un frein à ses ambitions en raison de son manque de ressources financières, indique-t-elle dans la poursuite civile.

Or, en 2003, l’UNICEF a entamé un partenariat avec IKEA dans le cadre du programme «Des peluches pour l’éducation», ce qui a mené à la création de jouets copiant le concept de Mme Bouchard, estime cette dernière.

Étant donné la mission de l’UNICEF de fournir le plus d’aide possible aux enfants à travers le monde, l’organisme avait tout intérêt à vendre le plus grand nombre possible de jouets afin d’amasser le plus d’argent possible, soutient Mme Bouchard.

Les toutous semblent avoir connu un franc succès puisque de 2014 à 2016, IKEA aurait ainsi vendu environ 14 550 000 peluches. Et pour chaque vente, l’UNICEF recevait 1,44$.

Beaucoup d’argent

«L’UNICEF a donc reçu environ 20 952 000 $ que la demanderesse est en droit de lui réclamer en vertu de la Loi sur le droit d’auteur, à titre de restitution des profits réalisés», peut-on lire dans la poursuite.

Mme Bouchard réclame en plus 865 500 $ à IKEA, ainsi que 200 000 $ supplémentaires.

Joint par «Le Journal de Montréal», l’UNICEF a affirmé ne pas être au courant de la poursuite et n’a donc pas voulu commenter.

IKEA, dans un courriel en anglais, a dit n’avoir aucun porte-parole de disponible pour commenter l’affaire.

À moins d’un règlement à l’amiable, la poursuite sera présentée à un juge d’ici les prochaines semaines, bien que les procédures puissent s’étaler sur des années.

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