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Accusé de plagiat, Etienne Klein clame qu'il ne démissionnera pas

Par Jérôme Dupuis, publié le , mis à jour le
Malgré ses plagiats, Etienne Klein refuse de démissionner de l'Institut des Hautes Etudes pour la Science et la Technologie

Malgré ses plagiats, Etienne Klein refuse de démissionner de l'Institut des Hautes Etudes pour la Science et la Technologie

Natalia Signoroni

Un rapport commandé par le ministère de la Recherche dénonce les plagiats du physicien dans ses livres. Et suggère de lui retirer la présidence du prestigieux Institut des Hautes Etudes pour la Science et la Technologie. Mais Etienne Klein refuse de démissionner.

A quoi joue donc Etienne Klein? Le médiatique physicien a publié mercredi sur le site News Tank une lettre ouverte dans laquelle il annonce qu'il ne démissionnera pas de la présidence de l'IHEST (Institut des hautes études pour la science et la technologie), fonction prestigieuse à laquelle il avait été nommé par un décret présidentiel de François Hollande le 29 septembre 2016, voilà six mois à peine. Pourquoi cette étrange annonce d'une non-démission? 

En fait, cette "lettre ouverte" répond au rapport du Comité d'enquête sur les plagiats du physicien, qui avait été mis en place en décembre par le ministre de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur, Thierry Mandon, à la suite des révélations de L'Express sur les nombreux emprunts opérés par Etienne Klein dans ses livres (notamment dans Le Pays qu'habitait Albert Einstein, paru en septembre 2016 chez Actes Sud) et ses chroniques. 

Etienne Klein auditionné

Au cours de ses auditions, le Comité, présidé par Michel Cosnard, président du Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur, a recueilli plusieurs témoignages (journaliste de L'Express, directrice des magazines Sciences et Avenir et La Recherche, co-fondatrice de l'association Ethics and Integrity), faisant état de nombreux plagiats. Le médiatique physicien puisait aussi bien dans des oeuvres littéraires (Zola, Valéry, Aragon...) que dans des ouvrages de sciences humaines (Georges Canguilhem, Clément Rosset, Olivier Rey...) ou des articles de revues comme Etudes

Etienne Klein a naturellement été auditionné par le Comité d'enquête, le 20 janvier, en présence de son avocat, Me Pierre-Olivier Sur. Son éditrice, Sylvie Fenczak, a également été entendue. Le physicien avait auparavant tenté de relativiser les faits dans une tribune en forme de droit de réponse au Monde, en décembre, mettant ses plagiats sur le compte d'étourderies matérielles ou informatiques. 

Le Comité a rendu ses conclusions au ministre début février. Etienne Klein assure dans sa "lettre ouverte" que le Comité d'enquête se serait déclaré incompétent à propos de la "qualification juridique" des plagiats visés. Il semblerait au contraire que ce rapport, qui n'a pas été rendu public, estimait que ces plagiats répétés étaient difficilement compatibles avec la présidence de l'IHEST, organisme ayant notamment pour mission de veiller à la confiance entre le monde scientifique et la société. D'autant que Thierry Mandon a installé la semaine dernière l'Office français pour l'intégrité scientifique (OFIS), précisément destiné à lutter contre ce type de dérives. 

Un décret sur le bureau de Cazeneuve

Début mars, le ministre de la Recherche a donc proposé une sortie honorable à Etienne Klein: la démission. Après avoir longuement hésité, le physicien a finalement refusé. Selon nos informations, Thierry Mandon et Najat Vallaud-Belkacem ont donc signé la semaine dernière un décret mettant fin aux fonctions d'Etienne Klein à la tête de l'IHEST. Le décret est actuellement sur la table de Bernard Cazeneuve, en attendant d'être contresigné par le président de la République. 

Sans nul doute Etienne Klein est-il au courant de cette épée de Damoclès qui pèse sur lui. Sa lettre ouverte publiée mercredi viserait-elle à tenter d'infléchir ou de ralentir in extremis le cours des choses, à quelques semaines des élections et d'une probable alternance? C'est un véritable bras de fer qui s'est engagé entre le physicien et le gouvernement. 

Actualisation du 7 avril

La prestigieuse revue anglo-saxonne Science a publié hier un long article sur son site à propos de l'affaire Klein, confirmant les informations de L'Express sur le décret ministériel en cours. Dans cet article, Michel Cosnard, président du Comité d'enquête sur les plagiats du physicien, se dit favorable à ce que le ministère rende public leur rapport. Etienne Klein, lui, confirme qu'il ne démissionnera pas de l'IHEST. 

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2 commentaires

2rawal2

2rawal2

Foutez lui la paix, ce type fait des synthèses géniales, et franchement, que chaque raisonnement ne soit pas de lui, on s'en tape complètement. Bravo et un grand merci à un vulgarisateur d'une envergure peu commune. Les découvertes, comme leur nom l'indique, ne sont pas des inventions. A bas la gloriole, les vanités...vaines, décorations et autres colifichets sans valeur.

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