Trouver le calme, reconstituer Palmyre ou choisir un traitement grâce à l'IA

Reconstituion en 3D du château de Palmyre par la société Iconem.
L'Inria, Institut national de recherche dédié au numérique, développe diverses applications, dont certaines peuvent surprendre. Trois exemples…

A l’Inria, on ne cherche pas qu’à faire rouler les voitures toutes seules. Basées à Paris depuis le début de l’année, d’autres équipes investissent des terrains de jeux très variés, comme le bruit à Paris, la reconnaissance de photos et de vidéos ou l'imagerie médicale...

Prévenir la pollution sonore

Quels sont les coins les plus calmes de Paris ? Demandez aux grandes oreilles de Sound City, lancée en juillet dernier sur Android (et en juin prochain sur l’App Store). Le principe de cette application collaborative ? L’utilisateur mesure le niveau sonore environnant et partage les données avec la communauté, de manière totalement anonyme. Une carte des bruits à Paris, accessible aussi sur le web (soundcity.mobi, quand ça veut bien marcher…) est ainsi remise à jour en temps réel. Pour ça, SoundCity est équipée d’un calculateur de décibels (chaque téléphone est à calibrer pour une meilleure fiabilité). Qui fonctionne aussi en mode automatique : on peut consulter son exposition au bruit au cours des dernières minutes, des derniers jours, et même calculer sa moyenne quotidienne sur quelques mois. Des résultats à mettre en regard avec les recommandations en matière de santé public.

« On se rend compte que le bruit fluctue beaucoup d’un jour à l’autre, en fonction d’événements type travaux, bouchons ou manifestations particulières, et bien sûr des horaires, détaille Vivien Mallet, chargé de recherche au sein de l’équipe Clime, qui a mis au point l’application. A Paris, c’est le boulevard périphérique qui est le plus gros générateur de pollution sonore. » Pas vraiment une surprise pour les riverains, mais le contraste avec le reste de la capitale est réellement saisissant quand on regarde la carte. Qui ne fait pas que distribuer les bons et les mauvais points : elle offre aussi aux promeneurs les parcours les plus tranquilles pour se rendre à un endroit précis.

Certaines agences immobilières se servent même de SoundCity pour valoriser les appartements les plus calmes. Grâce aux informations recueillies depuis un an, la Mairie de Paris, qui soutient le projet depuis le début, essaie d’anticiper les pics de bruit, comme cela se fait déjà pour la pollution de l’air. « Nous serons bientôt en mesure de croiser les données de pollution sonore et atmosphérique avec la météo pour fournir des prévisions très complètes », confie Vivien Mallet. Soundcity pourrait bientôt être déclinée à Lyon et Clermont-Ferrand, et même jusqu'à Helsinki ou Oakland, en Californie.

Reconnaître n'importe quel objet

La spécialité de l’équipe Willow, c’est apprendre aux machines à reconnaître des éléments sur les photos et vidéos. Des « données naturelles », comme les visages, objets, animaux, etc. peuvent ainsi être identifiées par l’ordinateur. Dans la démonstration à laquelle nous avons assisté, cela donne concrètement des voitures encadrées de jaune dans un film ou des avions cerclés sur des photos, preuves de leur « reconnaissance » par la machine. « Pour que cela fonctionne, il faut beaucoup de données, prévient Jean Ponce, responsable de l’équipe-projet et directeur du département informatique à l’ENS. Le champ d’application de ces techniques est vraiment très large. Nous travaillons par exemple avec Facebook, qui les utilise pour mettre en corrélation des amis communs sur le réseau. »

D’autres géants, comme Google et Microsoft, font aussi appel au savoir-faire de Willow. Des anciens de l’équipe ont également créé leur propre start up, comme Solidware (prévision financière), Deepomatic (publicité “intelligente”) et Regaind (organisation automatique des  photos). Une autre, baptisée Iconem, s’est spécialisée dans la reconstitution 3D de sites archéologiques. Sa botte secrète : les drones. Quand ils survolent les monuments, ces drôles d’engins prennent des milliers de clichés qui vont constituer la base de données. Les algorithmes en sortiront des modèles tridimensionnels d’une extrême précison, sans aucune intervention humaine. Iconem a par exemple réalisé une époustouflante reconstitution de Pompéi. « Grâce à cet outil, les archéologues peuvent réfléchir à l’évolution du site et définir les priorités en matière de restauration », explique Jean Ponce. Iconem numérise actuellement des sites abîmés par la guerre en Irak, comme Ougarit, la mosquée des Omeyyades à Damas, et, depuis peu, Palmyre, afin d'en préserver au mieux la renaissance ou, au pire, la mémoire.

Imagerie médicale

Pas facile d’appréhender les recherches actuelles d’Irène Vignon-Clémentel. Le principe général ? Aider les médecins à mieux connaître certaines maladies respiratoires, comme l’emphysème et l’asthme. Comment ? En construisant différents « scénarios » chirurgicaux à partir de données issues de scanners et d’IRM. « Ces chirurgies virtuelles basées sur des images provenant des “vrais” patients favorisent la prise de décision et permettent de gagner du temps sur le choix du traitement et le dosage, explique-t-elle. L’imagerie dynamique simule la circulation des fluides (sang, air) dans le corps et permet de mieux comprendre certains dérèglements. » En fait, c’est tout simple !

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