Le numérique, une chance pour l'économie solidaire

Il condense craintes et fantasmes, pourtant 2030 n’est pas un horizon si lointoin. Dans quinze ans, sur dix métiers qui seront exercés, six n’existent pas encore, la robotisation pourra avoir détruit 50% de nos emplois actuels et la singularité technologique, le fait que l’intelligence artificielle puisse penser par elle-même sera certainement toute proche. Telle est la façon dont nous est présenté le futur aujourd’hui.
Or, ce que l’on vit concrètement dans l’écosystème numérique est tout autre. A l’échelle d’une association de 400 professionnels du numérique aquitains, Aquinum, reliée aussi bien à l’international qu’à une métropole comme Bordeaux, on voit se développer une formidable capacité d’auto-apprentissage et de partage des connaissances favorisés par les outils numériques. Les compétences et les expériences se partagent et se renforcent, les métiers de demain s’inventent chaque jour. Les fablabs se multiplient, avec par exemple la réalisation de prothèses pour les enfants réalisées en open source, à coûts abordables. Quant à l’intelligence artificielle, elle est pour le moment supplantée par l’intelligence collective et celle du coeur.
Aquinum, association que nous coprésidons, oeuvre au quotidien pour construire cette dynamique, au travers d’actions collaboratives et innovantes. Elle a créé d’une part, (avec deux partenaires, l’association Les bruits de la rue et la fondation Orange) le Solicamp, un barcamp dédié à la rencontre des mondes du numérique et de la solidarité. Né du constat il y a deux ans que ces deux mondes étaient quasi étanches, le Solicamp a déjà porté ses fruits : une campagne de crowdfunding pour l’achat d’un camion de colllecte pour la banque alimentaire de Bordeaux Gironde, ainsi qu’un projet d’extranet de mutualisation inter-association sont issus de cette collaboration.
D’autre part, le Node, lieu de coworking, permet la rencontre et l’exercice citoyen au quotidien de nouvelles solidarités. 140 évènements y sont organisés bénévolement chaque année, on y traite autant des questions sociétales que posent le numérique lors des cafés philonumériques, que l’on se forme aux dernières avancées de programmation.
Ces temps que nous vivons, par beaucoup d’aspects, sont difficiles, mais ils sont aussi formidablement riches d’énergie et propices à l’engagement de chacun. Le numérique permet d’accompagner par ses outils, ses méthodes et ses nouveaux acteurs innovants et créatifs tous les coworkers, les employés, les dirigeants, les sans emplois et les jeunes se lançant de plus en plus et très tôt dans l’entreprenariat. Open innovation, collaboratif, entrepreneuriat et solidarité sont nos fers de lance. Le corps social se réinvente donc avec liberté en permanence, alliant l’immédiateté, les outils et la mémoire du numérique, aux nouveaux lieux de création et de partage qui essaiment et s’interconnectent dans les métropoles comme ailleurs.
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