? Menu Libération Connexion Abonnement Les robots sexuels dans le viseur de chercheurs anglais «Aquarius», Iran, hackers. . . , les articles que vous auriez pu rater cette semaine 6 janvier 2018 à 17:11 Caroline Fourest : «Les "Je ne suis pas Charlie" finiront comme tous les perdants de l’histoire» 6 janvier 2018 à 15:13 Jean Baubérot : «Le droit au blasphème ne s’applique pas qu’au discours à l’égard des religions» 6 janvier 2018 à 15:50 «Aquarius» : La Libye, d’un nouveau départ à un nouvel exil 6 janvier 2018 à 15:22 A bord de l'Aquarius: un naufrage avec le son, sans l’image 6 janvier 2018 à 18:56 Vexé par les critiques, Donald Trump se qualifie de «génie très stable» 6 janvier 2018 à 17:20 Quoi de neuf en 2018 ? 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Mardi 6 février Voyage au cœur de l'IA Mercredi 24 janvier Travail : la réforme expliquée par les experts Vendredi 19 janvier La Boutique Unes en affiches Les unes cultes en tirage photo Relire Libé Commander des anciens numéros info / Sex Machine Les robots sexuels dans le viseur de chercheurs anglais Par Thomas Laborde — 18 septembre 2015 à 10:56 Joaquin Phoenix dans le film «Her», de Spike Jonze (2014) Joaquin Phoenix dans le film «Her», de Spike Jonze (2014) Warner Bros Un collectif de scientifiques a lancé une campagne contre le développement de robots sexuels, accusés de renforcer une représentation faussée des femmes et d'encourager la prostitution. «We are the robots» chantaient en 1978 les pionniers de la musique électronique Kratfwerk. Ce, deux ans après le roman d’anticipation de Philip K. Dick Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques, dans lequel humains et machines se côtoient. Nous ne sommes pas encore des cyborgs mais nous pourrions bientôt coucher aves des machines, et même les aimer. Her de Spike Jonze l’envisageait déjà l’année dernière d’une certaine manière. Un homme y tombait amoureux du système d’exploitation de son portable, doté d’émotions et d’une voix féminine sensuelle. Pour beaucoup, les relations humain/robot ne sont que pur fantasme fictionnel. Mais ce qui était jusqu’à maintenant une utopie prend, justement, corps. Car le développement de machines dotées d’intelligence artificielle avec lesquelles les hommes pourraient avoir des relations sexuelles, voire de couple, est dans l’air du temps. À l’image de poupées mécaniques sensorielles évoluées que l’on trouve déjà sur le marché. Des innovations qui effraient une partie de la communauté scientifique anglaise qui s’est unie autour de la campagne «Contre les robots sexuels». Lancée cette semaine en Angleterre par des chercheurs en éthique, en anthropologie et en robotique, l’opération s’attaque aux acteurs industriels et scientifiques du développement des machines sexuelles. Leurs arguments ? De telles technologies contribueraient à étoffer une représentation biaisée des femmes, stimuleraient de nouveaux besoins sexuels anormaux et renforceraient ainsi la prostitution. «Nous croyons que le développement de robots sexuels augmente l’objectivation des femmes et des enfants », peut-on lire sur la page dédiée à l’initiative. Ou encore : «Cette ambition de robot sexuel est soulignée par une référence aux échanges prostituée/client qui repose sur l’unique reconnaissance des besoins et désirs des acheteurs, les vendeurs étant réduits à l’état de choses (comme les robots). » Le groupe craint aussi une consolidation des inégalités entre hommes et femmes, du fait de la reproduction avec les robots d’un rapport de soumission. Le nouveau collectif encourage alors «les scientifiques à refuser de contribuer au développement de robots sexuels en s’abstenant de fournir code informatique, logiciels ou idées. » «Stigmatiser la masturbation» Mais l’éthique des liaisons avec les machines serait-il un débat entre savants fous ? Peut-être pas tant que ça. Les relations avec des robots pourraient être rentrées dans la norme d’ici une cinquantaine d’années, à en croire la théorie d’Helen Driscoll, chercheuse britannique en psychologie. «D’ici 50 ans, les relations physiques du début du XXIe siècle pourraient paraître primitives», écrit-elle sur le Huffington Post anglais, en août dernier. L’enseignante de l’université de Sunderland développe : «La réalité virtuelle devient plus immersive et est capable de reproduire voire d’améliorer l’expérience sexuelle avec un humain. » Grégory Dorcel, directeur général de la société de production de films pornographiques Marc Dorcel, ne peut qu’appuyer un tel propos. «Tous les artifices, toutes les évolutions de la société technologique qui peuvent permettre d’accéder à un meilleur bien-être sexuel, à un meilleur plaisir sont clairement les bienvenus», commente-t-il. Le professionnel s’insurge du combat, qu'il juge conservateur, mené par les militants contre les robots sexuels : «Le lien entre robots et prostitution est complètement fallacieux. Le but est de stigmatiser la masturbation. Un geste considéré honteux qui risquerait de nous transformer en fauve prédateur. » De toute façon, le fils du producteur et réalisateur Marc Dorcel ne croit pas du tout au robot sexuel : «C’est un fantasme absolu. On demande de l’efficacité pas une représentation exacte. Personne ne recherche auprès d’un robot ce que l’on recherche auprès d’un humain. » À l’image de la vente de poupées, «très faible», estime Grégory Dorcel, l’idée est «anecdotique». Malgré le scepticisme du directeur général de Dorcel, le concept fait son chemin. La pyschologue et sexologue Nathalie Parein en est convaincue. «Nous nous dirigeons vers ça, c’est sûr. Mais la sexualité avec les robots serait totalement mécanique et automatique, prévient la sexologue. Ce qu’elle n’est pas du tout. Cela va à l’encontre du développement humain. » La psychologue s’inquiète de l’impact sociétal de telles innovations : «La société s’adaptera mais à quel prix ? Cela pourrait accentuer des comportements négatifs, notamment des tendances à l’abus. Et renforcer des représentations faussées de la femme comme de l’homme. Car il faut bien appréhender le problème de manière plus globale que ne le fait la campagne. » «Une décharge pulsionnelle» Si elle trouve le débat légitime, Nathalie Parein nuance son inquiétude : «Il y a le fait d’en abuser et celui de s’en contenter. Pourquoi pas avoir recours à ces outils ponctuellement ? Tout dépend de l’usage. » La spécialiste rejette l’idée d’un lien direct entre robot et prostitution. Au contraire, elle perçoit les robots sexuels comme une solution temporaire pour «se soulager, ce qui pourrait empêcher d’avoir recours à des prostituées. » D’ailleurs, Hellen Driscoll estime que «sur le long terme, la technologie peut remédier aux problèmes de solitude et d’isolation, liés à quelques maladies mentales ou physiques. » Ce que réfute directement Nathalie Parein : «Un robot n’aidera pas les personnes en difficulté à se construire. Il répondra juste à une décharge pulsionnelle. Mais le problème de la relation à l’autre ne sera malheureusement pas réglé. » Elle ne croit pas au développement d’intelligence artificielle suffisamment évoluée pour imiter les failles nécessaires de l’homme. «Et l’absence d’humain donnera lieu à une sexualité automatique, centrée sur soi, absurde», affirme la sexologue. Helen Driscoll, elle, semblait avoir anticipé la réaction de certains confrères chercheurs et demande que la thématique soit traitée dans un cadre visionnaire : «Nous avons tendance à penser des thématiques comme la réalité virtuelle et le sexe robotique dans un contexte actuel. Mais si l’on pense aux normes sociales qui existaient il y a cent ans, il est évident qu’elles ont rapidement et radicalement changé. » Thomas Laborde partager tweeter Vous êtes abonné à Libération Le journal d'aujourd'hui Offre 100% numérique: 1 € le premier mois Le journal du jour en exclusivité et le journal de demain avant tout le monde Voir les offres d’abonnement partager tweeter Aucun commentaire Dans le dossier «High-tech» «La créativité devient un objet d’étude en soi» Hackers : «Chacun de nous a des raisons différentes de douter» Vous êtes abonné à Libération Le journal d'aujourd'hui Offre 100% numérique: 1 € le premier mois Consultation illimitée sur tous les supports Voir les offres d’abonnement Un mot à ajouter ? Quantcast