D’autres algorithmes servent à accompagner ou à prendre des décisions judiciaires alors même que de récentes études montrent qu’ils entretiennent des stéréotypes racistes ou génèrent des faux-positifs. En visite au MIT, Barack Obama a indiqué clairement que ces technologies d’automatisation et d’intelligence artificielle allaient jouer un rôle majeur dans des secteurs régaliens et qu’il fallait les encadrer. Doug Parker, de COO of nuTonomy, qui a développé l'intelligence artificiel des taxis sans conducteur qui circule à Singapore, le 29 août 2016. Photo Roslan Rahman / AFP Le responsable de l’intelligence artificielle chez Facebook est un chercheur formé dans les universités françaises, Yann Le Cunn. Un autre chercheur français vient de monter l’initiative «Moral Machines» avec d’autres chercheurs du MIT pour réfléchir aux conséquences de choix algorithmiques «automatiques» à l’échelle du transport mais également de l’éducation, de la médecine, de la justice, de l’emploi. -- François Hollande, en visite chez BlaBlaCar, expliquait récemment aux salariés du leader mondial du covoiturage qu’il ne fallait pas avoir peur de s’ouvrir à l’international, nous ramenant ainsi aux heures les plus surréalistes de la Chiraquie du «mulot». Choix éthiques vs milliards de dollars Les plus grosses sources de financement dédiées à la réflexion éthique et morale autour de ces technologies sont apportées par des entrepreneurs qui développent eux-mêmes ces technologies dans des secteurs où elles représentent l’avenir du marché concerné : c’est notamment le cas d’Elon Musk et de son projet OpenAI mais également de Google, Amazon, Facebook, Microsoft et IBM qui ont récemment créé un partenariat pour réfléchir à de «bonnes pratiques» autour de «l’éthique de l’intelligence artificielle». Mettront-ils en avant des choix moraux ou éthiques alors que les marchés concernés se chiffrent en milliards de dollars ? -- l’idéologie libertarienne de la Silicon Valley. Mais rien, ou si peu, qui permette d’ouvrir une réflexion urgente et nécessaire autour d’une exponentiel et endémique de ces technologies présentées comme des remèdes mais qui portent également en elles des maux bien plus profonds pour l’équilibre de nos sociétés démocratiques, du vote électronique aux voitures autonomes en passant par sainte quadrature de toutes les NBIC (nano-bio-info-cogno technologies) prises dans le grand cercle de l’intelligence artificielle et son pensum de Deep Learning. Main invisible du marché Ce questionnement ne peut ni ne doit être laissé aux mains des mêmes entrepreneurs qui développent ces technologies : il nécessite un financement public à la hauteur des enjeux, il nécessite également une volonté politique pour permettre de créer une convergence forte de la recherche universitaire sur ces questions doublement fondamentales.