Alors que le marché français de l’éolien est en crise, la filière mondiale a le vent en poupe. Le point sur un secteur d’avenir, s’il parvient à réduire ses coûts de production
L’année 2016 a battu des records en termes d’installations d’énergies renouvelables dans le monde. Telles sont les conclusions du rapport annuel sur l’évolution mondiale des filières dites "propres", publié par le réseau international REN21. La capacité totale d’énergie "verte" sur toute la planète a ainsi franchi la barre des 2 000 gigawatts (GW), un chiffre tiré à la hausse notamment par le solaire et par l’éolien.
Pour sa part, la puissance installée du parc éolien a ainsi augmenté l’année dernière de 54,6 GW dans le monde pour atteindre 486,8 GW fin 2016. Par rapport à 2015 où l’augmentation avait été de 60 GW, le développement du marché du vent mondial a toutefois légèrement marqué le pas. En cause, selon la synthèse annuelle du GWEC(Global Wind Energy Council) publiée en mai 2017, une croissance de cette énergie moins forte que prévu en Chine et dans certains pays de marchés dits "émergents", comme l’Afrique du Sud ou le Brésil.
La Chine, les Etats-Unis et l’Allemagne occupent les trois premières places du podium d’un secteur en plein boum, marqué par de nombreux projets d’installations gigantesques autour du globe.
La Chine et l’Asie en pointe
Le vent, c’est 4% de l’électricité chinoise
Tiré par l’Asie, l’essor du marché éolien mondial en 2016 est toujours largement porté par l’Empire du milieu, pour la huitième année consécutive. Le GWEC, l’organisme qui observe l’évolution mondiale de la filière, note que le géant chinois, sous l’impulsion du gouvernement du pays, renforce encore sa position de leader sur ce marché. Et ce, malgré le ralentissement de 24% par rapport à 2015 du rythme des nouvelles capacités éoliennes connectées au réseau dans le pays (+ 23,4 GW).
Avec près de 241 TWh, le vent a produit l’année dernière en Chine près de 4% de la production électrique totale du pays. Rien d’étonnant à ce que le groupe chinois Xinjjiang Golddwin Science and Technology caracole dans le groupe de tête des plus grosses entreprises mondiales au niveau du parc d’éoliennes installées. Pourtant, dans les régions productrices de houille, les autorités locales font tout pour privilégier les centrales à charbon, pourtant la source d’énergie la plus polluante. Résultat: au premier trimestre 2016, un quart des turbines du pays sont restées à l’arrêt…
Les Etats-Unis, deuxième de la classe
N’en déplaise à Donald Trump qui ne croit pas aux énergies renouvelables et raille régulièrement les "moulins à vent" qu’il qualifie de "désastre environnemental et esthétique", le pays de l’Oncle Sam constitue toujours le deuxième grand marché de l’éolien dans le monde et accumule d’immenses projets visant à capter au maximum l’énergie du vent.
Le vent, c’est 5,5% de l’électricité américaine
Selon le GWEC, la puissance installée du parc éolien américain a encore augmenté de 8,2 GW en 2016 pour atteindre 82,2 GW en fin d’année. Ce parc a généré l’an dernier près de 226 TWh, soit environ de 5,5% de la production électrique américaine annuelle, avec des performances exceptionnelles dans certains Etats, comme l’Iowa et le Dakota du Sud, où la part de l’éolien dans la production électrique a même dépassé 30%.
17,2% de la capacité mondiale
Les États-Unis représentent ainsi 17,2 % de la capacité mondiale d’énergie éolienne. À titre d’exemple, l’immense parc d’Alta Wind dans le désert des Mojaves en Californie, était en 2014 le plus grand parc au monde, avec une capacité de 1 548 mégawatts. Fin 2016, les Etats-Unis ont par ailleurs mis en service la première ferme commerciale offshore du pays, Block Island. Située au nord de la côte est américaine, au large de l’État du Rhode Island, cette dernière a déjà une future (grande) petite soeur en gestation : en janvier 2017, les autorités locales ont donné leur feu vert au projet de la plus grande ferme éolienne des Etats-Unis, au large de Long Island (nord-est). Baptisé South Fork Wind Farm, le site pourrait satisfaire en 2022 les besoins en énergie de 50 000 foyers.
L’Allemagne, troisième au hit parade mondial
Avec 12,5 GW de nouvelles capacités éoliennes installées en 2016, l’Union européenne, tirée par l’Allemagne, reste également une zone centrale d’implantation des éoliennes.
Cinq États membres de l’UE ont établi de nouveaux « records » nationaux d’installation d’éoliennes en 2016 : la France (1 561 MW), les Pays-Bas (887 MW), la Finlande (570 MW), l’Irlande (384 MW) et la Lituanie (178 MW). Mais le pays d’Angela Merkel, avec un record national d’installation d’éoliennes en 2016 ( + 5 443 MW), pèse pour 44% dans l’extension du parc éolien européen, note le GWEC.
- Le Royaume-Uni et ses méga-projets
En Europe, l’Allemagne n’est toutefois pas la seule à investir massivement dans l’éolien. Le Royaume-Uni détient parmi les plus grands projets mondiaux de parcs éoliens marins. Avec près de 175 éoliennes qui dominent 230 km2 de l’estuaire de la Tamise, d’une puissance totale de 630 mégawatts, le "London Array" inauguré, en 2013, est le plus grand parc éolien offshore au monde. Un énorme projet de 400 turbines, au large du Yorkshire en mer du Nord, a reçu le feu vert du gouvernement britannique en 2015. Avec une puissance totale équivalant à trois réacteurs nucléaires de taille moyenne, "Dogger Bank Creyke Beck" pourrait alimenter simultanément 1,8 million de foyers.
Enfin, il y a un an de cela, la Grande-Bretagne a validé un projet privé d’installation de 300 éoliennes dans la mer du Nord. Baptisée "Hornsea Project Two", la future ferme éolienne marine, avec une capacité de 2,5 gigawatts, pourrait devenir l’une des plus grandes fermes éoliennes offshore au monde.
L’Inde, quatrième pays le plus dynamique
Enfin, après la Chine, les États-Unis et l’Allemagne, l’Inde est le quatrième pays au monde le plus dynamique en matière d’implantation d’éoliennes, avec 3,6 GW de nouvelles capacités installées en 2016. Cela porte la puissance du parc éolien indien à 28,7 GW à fin 2016, soit près de la moitié de l’objectif de développement que s’est fixé le pays à l’horizon 2022 (60 GW de capacités éoliennes et 100 GW de capacités solaires installées), détaille le GWEC.
Quel avenir pour l’éolien d’ici à 2021 ?
- L’enjeu majeur de la baisse des coûts de production
Avec le développement de solutions de stockage, la baisse des coûts de production de l’énergie éolienne est le gros défi à relever pour le développement de la filière, souligne le GWEC.
67,8% de plus en 2021
Avec la baisse continue des coûts de production de la filière, l’éolien pourrait connaître une croissance soutenue dans les prochaines années, de l’ordre de 10% à 12% de capacités supplémentaires installées chaque année dans le monde, prévoit l’organisation. Dans cinq ans, à fin 2021, la puissance éolienne mondiale installée pourrait ainsi atteindre 817 GW, soit 67,8% de plus qu’à fin 2016. Le marché éolien devrait continuer à être tiré par la Chine.
- Pour l’éolien, l’avenir, c’est la mer
Le GWEC mise également sur "l’énorme potentiel" de l’éolien offshore, dont le développement a été freiné jusqu’à présent par ses coûts de production. La technologie devrait "continuer à s’améliorer et s’étendre au-delà de sa base européenne dans les 10 ou 15 années à venir", juge l’organisation.
Si tout va bien, d’ici à 2025, la puissance éolienne installée dans le monde devrait tripler pour atteindre 910 GW et le marché mondial de l’éolien devrait plus que doubler au cours de cette période, passant de 21 à 47 milliards d’euros.
LE CAS DE L’EUROPE
En 2016, l’éolien a dépassé les capacités installées de centrales à charbon en Europe. Malgré cette place de choix, avec presque 300 TWh produits l’année dernière, l’énergie du vent n’a couvert que 10,4% de la demande d’électricité au sein de l’Union européenne, selon le GWEC. Certains détracteurs de la filière soulignent que cette production n’est pas nécessairement corrélée aux heures de consommation, d’où l’importance de solutions de stockage et d’une gestion "intelligente" des réseaux électriques. Par ailleurs, ce parc énergétique reste encore derrière les centrales à gaz, en termes de capacités présentes sur le continent.
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De plus, la lignite provoque les pluies acides ....... !!!!
Et oui. La France est le pays le moins polluant d'Europe depuis des années avec le nucléaire. Ne pas l'oublier. Les mines de charbon de l'Allemagne nous ramène leur pollution. Cette pollution ne connait pas les frontières. Je me rappelle d'un article de rue 89 d'il y a 3 ou 4 ans qui disait qu'en Allemagne prendre une douche chaude était devenu un luxe.
Le site vent de colère milite depuis de nombreuses années. Il faut leur rendre hommage.
http://www.ventdecolere.org