"Cette transition énergétique devenue indispensable et urgente est un défi, une source d'opportunités fantastique mais aussi de difficultés", assure Rachel Mulot, journaliste au magazine Sciences et Avenir. Durant une table ronde sobrement intitulée "Transition énergétique" qu'elle a animé et qui s'est tenue le 29 septembre 2017 au Forum Sciences Recherche et Société organisé conjointement par Sciences et Avenir et le magazine La Recherche, quatre chercheurs ont débattu de la place des énergies vertes dans la société d'aujourd'hui et de demain.
La transition énergétique est en réalité un double challenge environnemental
Pour Françoise Touboul, directrice du développement durable et conseillère énergie de l'Administrateur général du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, cette transition est en réalité un double challenge environnemental. Il est à la fois nécessaire de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de préserver les ressources de la planète grâce notamment au recyclage. Pourtant ce n'est pas une surprise : les énergies productrices de gaz à effet de serre sont largement utilisées. Et la France reste adepte de celles-ci. Qu'est-ce qui empêche une transition complète vers les énergies vertes ? "Ces énergies dépendent des conditions météorologiques", explique Françoise Touboul. Or, il paraît improbable que dans l'Hexagone, l'électricité par exemple, devienne intermittente. La seule solution est donc d'améliorer les batteries en augmentant leur capacité de stockage et leur rendement. Autre problème : l'accès au foncier. Il est impossible de placer des éoliennes ou des panneaux solaires n'importe où.
Les micro-algues ont un rendement énergétique exceptionnel
Pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, le développement de biocarburants désormais de deuxième et même de troisième génération se révèle primordial. Les micro-algues font partie de cette toute dernière génération "dont l'intérêt majeur serait d'avoir une production à l'hectare 5 à 10 fois supérieure à celle des plantes oléagineuses que nous avons dans nos contrées", explique Paul Colonna, directeur scientifique adjoint à l'Inra. Mais l'incroyable rendement énergétique des micro-algues ne sera pas disponible avant 2025, voire 2030. Cependant, nous le savons désormais : la biomasse est une formidable source d'énergie, même lorsqu'elle est perçue comme un déchet. Le processus dit de métanisation - spécialité de Patrick Dabert, directeur de recherche à l'IRSTEA - permet la dégradation de la matière organique en absence d'oxygène. L'objectif est de valoriser des déchets comme par exemple le fumier provenant du bétail ou ceux issus des stations d'épuration.
D'autres idées viendront sûrement se greffer à celles déjà développées pour satisfaire la transition énergétique, mais peut-être pas dans l'immédiat. Car, comme le souligne Paul Colonna, "la recherche a besoin de temps longs dans ce domaine".
La conférence est entièrement visible dans la vidéo ci-dessous :
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