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Obésité: la France s'en sort-elle bien?

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Plus de 15% des Français sont malades d'obésité.

Plus de 15% des Français sont malades d'obésité.

afp.com/Mychele Daniau

La France lutte plutôt efficacement contre l'obésité. L'obésité sévère a pourtant quadruplé ces dernières années. Les résultats sont donc contrastés.

A première vue, on ne s'en sort pas si mal. La France a beau être un pays peuplé et diversifié d'Europe, elle contient son taux d'obésité à 15,3%, légèrement en dessous de la moyenne européenne. Dans l'Union européenne, en 2014 les taux d'obésité les plus bas ont été enregistrés en Roumanie (9,4%) et en Italie (10,7%) ou les Pays-Bas (13,3%). Au contraire, l'obésité ravage Malte (26,0%) ou le Royaume-Uni (20,1%). Aux Etats-Unis, 38% de la population est considérée comme obèse. 

Repas rythmés pris à table et activités sportives

Génétique, troubles alimentaires, hormonaux ou manque de sommeil, l'obésité est une maladie multifactorielle. Quelle combinaison fait que la France s'en sort mieux que certains de ses voisins? "C'est d'abord grâce à nos habitudes alimentaires et sportives", indique Jean-Michel Oppert, chef du service nutrition à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Repas rythmés pris à table et culte du "bien-manger" dès le plus jeune âge d'un côté, infrastructures et promotion des activités pour bouger de l'autre.  

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Jean-Michel Oppert se félicite aussi "des efforts de prévention dans le domaine de la nutrition depuis les années 2000 et de l'amélioration de la prise en charge médicale". Car le diabète, les cancers ou les maladies cardiovasculaires sont autant de maladies favorisées par le surpoids et l'obésité. Depuis 2012, 37 centres spécialisés dans l'obésité sévère ont donc ouvert pour s'occuper des cas les plus complexes.  

"Un vrai culte de la minceur"

L'offre de soins s'est donc étoffée. Au point que la France est devenue le troisième pays au monde à pratiquer la chirurgie gastrique, derrière les Etats-Unis et le Brésil. En 2015, 50 000 Français se sont fait réduire la taille de l'estomac. "Cette chirurgie est bénéfique pour les plus malades, mais le système de suivi, notamment nutritionnel et psychologique, reste à organiser", prévient Jean-Michel Oppert, qui relativise les 15,3% de taux d'obésité dans l'Hexagone, "l'obésité sévère ayant, elle, été multipliée par quatre en quinze ans". 

La représentation de la femme et de sa silhouette jouerait également. "En France, il y a un vrai culte de la minceur et une injonction qui leur est faite d'être dans l'hyper-contrôle de leur poids", ajoute Arnaud Cocaul. Le médecin nutritionniste pointe "la pression sociale la plus forte au monde, après la Corée du Sud". "Deux tiers des Françaises qui ont un poids normal estiment être trop grosses, alors que deux tiers des Britanniques qui sont en surcharge pondérale pensent, elles, être très bien", dit-il. 

"Deux France de l'obésité: celle d'en haut et celle d'en bas"

Mais ce constat masque une autre réalité. "L'obésité a tout de même été multipliée par deux en quinze ans", tempère Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste. Il souligne surtout les fortes disparités sociales et économiques que dissimule ce bilan global. "Il y a deux France de l'obésité, celle d'en haut et celle d'en bas", précise Arnaud Cocaul. En grande section de maternelle, la proportion d'enfants souffrant d'obésité s'élève à 5,8% pour les ouvriers contre 1,3% pour les cadres. Par ailleurs, 20,9% des Français avec un niveau d'éducation faible sont considérés comme obèses, contre 8,8% chez ceux avec une éducation élevée. 

Les Français les plus touchés par cette épidémie mondiale? "La seconde génération de population migrante qui, avec l'acculturation, se retrouve entre deux mondes alimentaires, et les Français qui gagnent moins de 900 euros", explique le médecin.  

"La nourriture grasse et sucrée moins chère, l'accessibilité aux équipements sportifs est souvent plus difficile et la précarité entraîne du stress, les facteurs socio-économiques finissant par avoir des implications biologiques", énumère Jean-Michel Oppert. "Pour maigrir il faut pouvoir se payer un abonnement à la salle de sport et s'acheter de bons produits", conclut Arnaud Cocaul. 

TÉMOIGNAGE >> "Lettre d'une grosse aux minces d'esprit" 

A l'occasion de la journée européenne de l'obésité qui a lieu ce mardi, l'OCDE prône un ensemble de politiques de communication pour lutter contre cette maladie: logos nutritionnels sur les produits alimentaires, campagnes de sensibilisation et renforcement de la régulation de la publicité des produits riches en gras, en sucres et en sel, en particulier lorsqu'elle vise les enfants. 

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