L'Institut national de veille sanitaire (InVS) publie mardi 13 juin 2017 son Bulletin épidémiologique hebdomadaire ; le rapport " Corpulence des enfants et des adultes en France métropolitaine en 2015 (résultats de l'étude Esteban et évolution depuis 2006) " y présente les données de corpulence de la population française à partir de données anthropométriques. On y apprend que, malgré une stabilisation des chiffres, la prévalence du surpoids (obésité comprise) reste encore trop importante en 2015 avec 49% des adultes et 17% des enfants de 6 à 17 ans concernés. En parallèle, la maigreur augmente chez les enfants, notamment chez les jeunes filles de 11-14 ans, avec une jeune fille sur cinq concernée.
Une étude de corpulence réalisée en 2006 et réitérée en 2015
C’est dans le cadre du Programme national nutrition santé que l’Étude nationale nutrition santé (ENNS) a été réalisée en 2006. Elle a permis de décrire la situation nutritionnelle française, avec les données de consommations alimentaires ainsi que l’état nutritionnel et l’activité physique des français. Cette étude a été reconduite en 2015 dans le cadre d’une étude plus globale appelée Esteban, pour « Étude de SanTé sur l’Environnement, la Biosurveillance, l’Activité physique et la Nutrition ». Pour l’article du Bulletin épidémiologique hebdomadaire, l’InVS a ainsi comparé les données de l’étude Esteban-2015 à celles de l’étude ENNS-2006.
Dans ces deux études, la corpulence était enregistrée lors d’un examen de santé réalisé à domicile ou dans un centre d’examen de santé de l’Assurance maladie. Elle se mesure par le calcul de l’indice de masse corporelle (IMC), selon la formule suivante : poids en kg/(taille en m)2. Les valeurs de référence préconisées par l’OMS ont été utilisées pour définir 4 catégories :
- Maigreur : IMC <18,5
- Normal : 18,5≤ IMC <25
- Surpoids (hors obésité) : 25≤ IMC <30
- Obésité : IMC ≥30
1 adulte français sur 2 en surpoids en 2015
L’IMC moyen des adultes de 18 à 74 ans était de 25,8 kg/m² en 2015, situant la corpulence moyenne de la population dans la zone du surpoids, avec de fortes inégalités sociales et régionales. Ainsi, 49% des adultes français étaient en surpoids (obésité comprise) en 2015. Pour sa part, la prévalence de l’obésité s’élevait à 17,2% (16,8% des hommes et 17,4% des femmes) avec une majorité d’obésité dite modérée (IMC <35). À noter que ce taux d’obésité était deux fois plus élevé chez les 55-74 ans que chez les 18-39 ans. Quant à la prévalence de la maigreur, elle était de 4,4% chez les 18-39 ans et diminuait ensuite pour rester inférieure à 2% dans les classes d’âge supérieures.
EVOLUTION. La corpulence moyenne de la population adulte n’a pas connu d’évolution statistiquement significative ces 10 dernières années. La prévalence du surpoids (tous sexes confondus et obésité incluse) est restée stable. Chez les hommes, seule la prévalence de la maigreur a connu une augmentation statistiquement significative, passant de 0,7% en 2006 à 2,4% en 2015. Chez les femmes néanmoins, elle a diminué de 50% en 10 ans, passant de 5 à 2,5%.
Chez les 6-17 ans, maigreur en hausse chez les filles
La prévalence du surpoids (obésité incluse) n’a pas évolué significativement entre 2006 et 2015, tant chez les garçons que chez les filles passant de 17,6% en 2006 à 16,9% en 2015 ; plus particulièrement, la prévalence de l’obésité était égale à 3,3% en 2006 et à 3,9% 10 ans plus tard. Quant à la prévalence de la maigreur, elle a augmenté de manière significative chez les filles (14% en 2015 contre 8% en 2006) et de manière non significative chez les garçons (11,5% en 2015 contre 8,6% en 2006). Le résultat est particulièrement inquiétant chez les jeunes filles de 11-14 ans, où le nombre d’entre-elles concernées par la maigreur a quadruplé, avec 19,5% en 2015 contre 4,3% en 2006.
Des résultats permettant d’orienter les futurs objectifs
Comme le souligne les auteurs de l’étude, la prévalence du surpoids et de l’obésité reste importante malgré sa stabilisation. C’est pourquoi l’InVS appelle à des politiques publiques ambitieuses pour en inverser la tendance et réduire leurs effets sur la santé. Selon l’OMS, la prévalence de l’obésité dans le monde a doublé depuis 1980 et chaque année, 2,8 millions de personnes décèdent des conséquences de leur surpoids ou de leur obésité.
Par Kathryn Rhiannon