Proche-Orient

Un jeune jordanien sur trois juge les "crimes d"honneur" justifiés

Un Jordanie, entre 15 à 20 femmes sont tuées chaque année par des membres de leur famille qui invoquent des raisons d'"honneur".

Le Monde | • Mis à jour le

Un tiers des adolescents jordaniens (33,4 %) jugent que les "crimes d'honneur" sont "justifiés", selon une étude de l'université britannique de Cambridge publiée jeudi 20 juin. En Jordanie, entre 15 à 20 femmes sont tuées chaque année par des membres de leur famille qui invoquent des raisons d'"honneur" – notamment des relations sexuelles avant ou hors mariage –, selon les autorités. Le meurtre est sanctionné par la peine de mort dans le royaume mais, dans les crimes dits d'"honneur", les tribunaux font souvent preuve de clémence.

"Quasiment la moitié des garçons et une fille sur cinq pensent que tuer une fille, une sœur ou une épouse qui a 'déshonoré' ou fait honte à la famille est justifié", note cette étude menée auprès de 856 élèves jordaniens de 15 ans résidant dans la capitale Amman. "Un tiers des adolescents interrogés défendent le meurtre dans le cadre du crime d'honneur", ajoute-t-elle. "Les garçons sont deux fois plus enclins à justifier ces crimes que les filles (46,1 % des garçons et 22,1 % des filles)."

La différence se fait également en termes de niveau d'éducation : 61 % des adolescents venant de familles ayant un niveau scolaire bas justifient ces "crimes d'honneur", alors qu'ils ne sont plus que 21,1 % dans les foyers dont un membre au moins à un diplôme universitaire. Les chercheurs soulignent toutefois que les résultats "ne sont pas liés" à la confession et à la pratique religieuse. "Les garçons venant de familles traditionalistes ayant un faible niveau d'éducation soutiennent plus les crimes d'honneur, mais nous avons aussi noté qu'une minorité de filles, issues de familles ayant un haut niveau d'étude et même parfois laïques, jugeait le crime d'honneur comme un acte moralement correct", a noté Manuel Eisner, l'enseignant qui a mené cette étude avec son étudiante Lana Ghuneim. "Cela suggère qu'il existe un soutien persistant à la tradition", a-t-il ajouté.