30 ans de réclusion pour l'assassin de Narima

Mansour Séhimi a été reconnu coupable d'assassinat. Cet homme de 56 ans a été condamné hier après-midi par la cour d'assises d'appel, à Versailles, à 30 ans de réclusion criminelle, une peine assortie d'une période de sûreté des deux tiers, soit vingt ans, confirmant ainsi la peine prononcée en première instance à Pontoise et suivant les réquisitions de l'accusation. « La justice est bien passée. Nous sommes soulagés » confiait aussitôt l'un des frères de Narima, tuée le 10 mars 2006 à Saint-Brice, de 22 coups de couteau, devant ses jumeaux qu'elle s'apprêtait à emmener à l'école. C'était le jour de leur 8e anniversaire. Ils avaient perdu leur père quelques mois plus tôt, mort d'une crise cardiaque.

Lors de ce second procès, Séhimi a enfin arrêté d'invoquer un coup de folie pour reconnaître qu'il était venu d'Allemagne pour tuer. « C'était un crime d'honneur », a-t-il affirmé, commis sur l'injonction de sa mère, dans le contexte de la succession du père des enfants.

« Il y a bien des exemples de crime d'honneur. Je pense à la Résistance», a souligné l'avocat général, Rémi Crosson du Cormier, faisant délibérement référence aux blessures subies par le père de l'accusé lors de la Seconde Guerre mondiale. « Ce n'est pas le cas de celui-ci. C'est une folie meurtrière qui résulte de ses élucubrations. Jamais, tuer une mère de famille devant ses enfants déjà orphelins, peut être un crime d'honneur. » « Il n'y a pas de crime d'honneur. Il y a un crime. Il y a une horreur. Mais s'il y avait un bras armé, il y avait une tête », plaide Me Sébastien Bono, l'avocat de Séhimi. Il évoque la mère et la tante, qui auraient selon lui instrumentalisé Séhimi.

Il s'appuie sur des courriers de la tante postérieurs aux faits, significatifs d'un climat de violence dans la famille. « Vous avez une explication aujourd'hui, a-t-il dit aux jurés. Vous n'êtes plus dans le n'importe quoi, ce qui avait conduit à une première condamnation à trente ans. On ne peut plus lui infliger la même peine. » Il n'a pas été entendu.

Plus tôt, Me Fougeroux, pour la famille, avait insisté sur l'absence totale de repentir de l'accusé. « Il n'y a pas un commencement de compassion. Toute la vie, les enfants vont payer le prix de la disparition de leur mère. » « Tous les enfants victimes gardent des séquelles, a ajouté l'avocat des jumeaux, Me Gallon. Ils n'auront pas une vie normale. »