Jura - Justice La cour d’assises du Jura plonge dans la vie d’un « couple normal à l’albanaise »

Le procès en appel de Vlash Shkodra, condamné à 25 ans de réclusion pour l’assassinat (maquillé en suicide) de sa compagne s’est ouvert hier devant les assises du Jura.

Le président de la cour d’assises Antoine Brugere.  Croquis d’audience : Nic
Le président de la cour d’assises Antoine Brugere. Croquis d’audience : Nic

C’est sous la surveillance d’un service d’ordre renforcé (mais pas le GIPN comme lors du premier procès, au printemps dernier à Vesoul) et dans une atmosphère relativement sereine que s’est ouverte, hier, l’affaire d’un « assassinat à l’albanaise » devant la cour d’assises du Jura, à Lons-le-Saunier. Poursuivi pour l’assassinat de celle qu’il présente comme sa compagne, Albana Tanushi, 39 ans, un ressortissant albanais, Vlash Shkodra, a été condamné à 25 ans de réclusion par la cour d’assises de Haute Saône et du Territoire de Belfort. Un verdict dont il a fait appel. Il encourt la réclusion à perpétuité. Dans le box du palais de justice, il a répondu aux premières questions qui lui ont été posées, retranscrites par un interprète. Le procès promet des débats « exotiques », une plongée dans une autre culture, celle de l’Albanie. Un pays où l’accusé et sa présumée victime se sont connus en 1998 et qu’ils auraient fui ensemble en 2004 ; mariés chacun de leur côté, le divorce leur ayant été impossible. Encore que pour la partie civile, il s’agirait d’un véritable kidnapping. Mais pour le ministère public, tout exotisme s’arrête là, à la mort dramatique d’Albana. Le 26 octobre 2008, un homme agité, à l’accent étranger, débarque au commissariat de Vesoul. C’est l’accusé, Vlash Shkodra, 53 ans cette année, ancien docker. Il entraîne les policiers dans le hall d’un immeuble désaffecté où il a vécu par le passé avec Albana et où ils s’étaient donnés rendez-vous. Expulsé de France, il voulait l’emmener en Italie ; elle ne le voulait vraisemblablement pas. La mère de deux enfants pend au bout d’une corde accrochée à la rampe d’escalier. Il prétend l’avoir trouvée ainsi : elle se serait suicidée. Mais le fait que la corde soit accrochée à plusieurs endroits de la rambarde et que des traces de rouille de celle-ci se trouvent sur le tee-shirt du quinquagénaire interpellent les enquêteurs. Il est placé en garde à vue puis mis en examen.

Car l’enquête va délier les langues : l’accusé aurait été violent avec sa compagne et la savait à l’origine des dénonciations qui ont débouché à sa reconduite en Albanie, où il avait tout perdu. Il aurait déjà brandi une corde similaire devant elle en la menaçant.

Les traces découvertes sur le visage de la défunte, interprétées comme des marques de lutte et différentes constatations sur les lieux et les résultats de l’autopsie (qui n’a pas conclu formellement à une pendaison mais pas non plus à un étranglement) ont mis au jour la théorie d’un guet-apens, d’un assassinat maquillé en suicide et d’un crime «d’honneur». Comme il l’a fait en première instance, l’accusé a continué à nier les faits hier à la barre. Le procès doit durer quatre jours.

Les différents experts seront entendus aujourd’hui ; à commencer par la déposition très attendue d’un professeur spécialisé en noeuds.

delphine.givord@leprogres.fr

Delphine Givord

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