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    témoignages

    Infiltrés de gauche à la primaire de la droite: «l’élection de Trump m’a remotivé»

    Par Laure Equy et Amandine Cailhol
    Arrivée de Nicolas sarkozy et Carla Bruni au bureau de vote du 16ème pour le premier tour de la primaire, le 20 novembre.
    Arrivée de Nicolas sarkozy et Carla Bruni au bureau de vote du 16ème pour le premier tour de la primaire, le 20 novembre. Photo Laurent Troude pour Libération

    On les avait contactés en septembre. Ces anciens électeurs de Hollande sont toujours décidés à voter dimanche pour faire barrage à Sarkozy en 2017.

    En théorie, l’élection de ce dimanche n’est pas la leur. Et pourtant, ces sympathisants de gauche, électeurs de François Hollande en 2012, iront au premier tour de la primaire de la droite, se mêler des affaires du camp d’en face. On les avait interrogés mi-septembre pour comprendre leur motivation, a priori pas très naturelle: désigner un candidat pour lequel ils sont sûrs de ne pas voter au premier tour de la présidentielle. On les a rappelés à la veille du scrutin, pour savoir s’ils avaient renoncé ou s’ils restaient disons… «droits dans leurs bottes».

    Sauf flemme de dernière minute ou contretemps, aucun ne devrait se défiler. Depuis qu’on les a contactés, certains ont regardé sur le site de la haute autorité l’adresse du bureau de vote,  ou s’apprêtent à le faire.

    Et pour tous, la démarche n’a pas changé. Il ne s’agit pas d’un coup de billard à trois bandes du type «choisissons le candidat qui sera le plus facile à battre pour la gauche». C’est même l’inverse: ces électeurs anticipant le risque d’un nouveau 21 avril, avec la qualification de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle et l’élimination de la gauche, préfèrent choisir dès maintenant le candidat de droite derrière lequel il faudra bien se ranger pour faire barrage au FN. Or pour eux, ce candidat porté par le «front républicain» ne peut pas être Nicolas Sarkozy, avec ses «ancêtres les Gaulois» pour tous et ses «doubles portions de frites» pour les petits musulmans à la cantine.

    Selon les sondages, ils sont autour de 8-10% à sauter le pas. Ceux que nous avions appelés iront voter Juppé, d’autres Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle n’a aucune chance de se qualifier pour le second tour mais «quitte à participer autant le faire jusqu’au bout et faire une sorte que ce ne soit pas seulement un vote de contestation contre Sarkozy», explique Isabelle, 56 ans. Cette directrice d’une association d’insertion professionnelle de Toulon a aimé le discours de la candidate «contre le ni FN-ni PS et pour le front républicain». Yann, pharmacien parisien, électeur PS de 35 ans, fera le même choix au second tour «pour donner du poids à une droite plus centriste contre la droite décomplexée». Alors que l’écart se resserre dans les sondages entre Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon, rendant très difficile tout pronostic sur le duel final, Amaury, acheteur parisien de 32 ans, apportera son suffrage au maire de Bordeaux dès dimanche: «Les sondages sont de moins en moins fiables et ne parviennent pas à saisir les convictions profondes des gens, je préfère assurer le coup et voter Juppé.»

    «La vague de populisme peut nous emporter en 2017»

    L’élection américaine, avec la victoire de Donald Trump, est aussi passée par là, confortant ces sympathisants de gauche dans l’idée d’éviter un tel scénario en France. Carole, consultante en développement durable de 32 ans, hésitait à se déplacer dès le premier tour. Désormais elle est «plus que jamais décidée à y aller. A un moment, je voyais Juppé en tête et me disais que participer au second tour suffirait peut-être. L’élection de Trump m’a remotivée, il faut assurer ses arrières.» Ce jour-là Amaury a parlé de la primaire sur son lieu de travail: «j’ai réussi à convaincre deux ou trois personnes. Avec une telle actualité, tu vois l’importance de choisir qui tu vas mettre sur la rampe de lancement!» Mais pour Marc, la victoire de Trump est à double tranchant pour Juppé: «d’un côté, la vague de populisme peut nous emporter en 2017. De l’autre, un vieux routier de la politique comme Juppé peut-il être une solution à cette vague? Connaîtra-t-il le destin d’Hillary Clinton qui n’incarnait rien d’autre que l’establishment?» se demande ce cadre administratif de 34 ans, qui ira toutefois voter Juppé aux deux tours, mais «sans faire de prosélytisme». Et si certains de ses «amis et collègues sont déterminés» à voter aussi, sa mère lui a rétorqué que «ce n’était pas son camp, qu’il ne fallait pas tout mélanger».

    Yann, lui, a persuadé sa mère, son beau-frère, un ami, sa compagne de se déplacer. «Ma sœur était tentée mais elle n’ira pas, elle habite dans un petit village où tout le monde se connaît». Sans chercher à convaincre, Carole a constaté que «le simple fait de l’évoquer avec des amis ou collègues, suscite de l’intérêt. Ils se sont dits “pourquoi pas?“» Quant à Isabelle, la Toulonnaise n’a pas été intimidée par la polémique lancée par les sarkozystes sur le «vol» de la primaire par les électeurs de gauche: «de toute façon, je les écoute assez peu!»

    Mais que feront les électeurs de gauche si le duel Juppé-Sarkozy si longtemps annoncé était bouleversé par Fillon? En cas d’affrontement Sarkozy-Fillon, iront-ils voter pour l’ex-Premier ministre libéral et conservateur? Et si Sarkozy était éliminé, ont-ils encore une raison de participer à la primaire le 27 novembre? Ils se poseront la question après le premier tour. Nous vous donnerons leur réponse.

    Laure Equy , Amandine Cailhol
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