Elections régionales 2015

Elections régionales 2015 : le point sur les alliances, les fusions et les désistements

Les candidats en mesure de se présenter pour le deuxième tour ont officiellement déposé leur liste, mardi.

Le Monde | • Mis à jour le

Le président de l'Assemblée Nationale et tête de liste du Parti Socialiste , Claude Bartolone, visite, le 8 décembre 2015, les abords du marché de l'olive à Paris, en compagnie de la Maire de Paris, Anne Hidalgo et de la secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse avec laquelle il a décidé de former une alliance pour le second tour des éléctions régionales.

Fin du suspense. Deux jours après le premier tour des élections régionales, dominé par le Front national, les candidats en mesure de se présenter au second tour ont achevé leurs tractations. Ils avaient jusqu’à 18 heures, mardi 8 décembre, pour déposer leur liste.

Toutes les listes ayant obtenu au moins 10 % des suffrages exprimés avaient la possibilité de se présenter au second tour. Elles pouvaient cependant se retirer pour « faire barrage » au FN ou fusionner avec d’autres listes ayant obtenu au moins 5 % des voix. Tour d’horizon des fusions, alliances et désistements.

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La droite se maintient dans toutes les régions

Arrivés en tête dans quatre régions (Normandie, Pays de la Loire, Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes), Les Républicains (LR) ont décidé de suivre la ligne du « ni-ni » (ni fusion avec le PS, ni retrait face au FN). Une position contestée par leurs alliés centristes, mais aussi par des figures au sein du parti, dont Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Pierre Raffarin. L’ancien premier ministre a appelé au retrait des listes de droite arrivées en troisième position lors du premier tour. C’est le cas dans deux régions :

  • En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, le Front national arrive en tête avec 31,83 % des voix, devant la liste conduite par la socialiste Carole Delga (24,41 %) et la liste de la droite et du centre menée par Dominique Reynié (18,84 %).
  • En Corse, Les Républicains arrivent en troisième position et totalisent 13,17 % des voix derrière la liste divers gauche (18,42 %) et la liste régionaliste (17,62 %).

Le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, a pour sa part reconnu, mardi, qu’après le second tour des élections, il faudra clarifier la ligne politique de son parti.

La gauche se retire dans deux régions

Christian Estrosi, tête de liste LR en PACA le 8 décembre 2015.

La stratégie du Parti socialiste était de se retirer quand le total des voix de gauche, tous partis confondus en cas de report en sa faveur, ne permettait pas de battre le Front national. Le premier ministre, Manuel Valls, a ouvertement appelé à voter pour les listes de droite face au FN dans trois régions :

  • En Nord-Pas-de-Calais-Picardie, les partis de gauche totalisent 30,02 %, loin des 40,64 % obtenus par la liste de Marine Le Pen. La liste de gauche conduite par Pierre de Saintignon s’est retirée au profit de celle de Xavier Bertrand (LR), devancée de 15 points par le FN. « Pour battre Mme Le Pen, nous devons tous nous réunir derrière la candidature de Xavier Bertrand », a estimé M. de Saintignon.
  • Même scénario en Provence-Alpes-Côte d’Azur, où la décision a été prise de retirer la liste d’union de la gauche conduite par Christophe Castaner. Certains élus de gauche ont appelé au maintien de cette liste. Les partis de gauche totalisent 29,3 % des voix, à plus de 10 points du FN, représenté par Marion Maréchal-Le Pen (40,55 %). La liste menée par Christian Estrosi (LR) obtient 26,48 % des voix.

Le bras de fer dans le Grand Est

Florian Philippot, tête de liste du FN en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, à une conférence de presse le 8 décembre 2015.
  • En Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, la tête de liste Jean-Pierre Masseret a maintenu sa liste malgré la consigne de retrait et les pressions exercées par des cadres de son parti. M. Masseret est arrivé en troisième position (16,11 %), dimanche, loin derrière la liste FN de Florian Philippot (36,06 %) et la liste de droite menée par Philippe Richert (25,83 %). Divisés sur la stratégie de M. Masseret, certains frondeurs ont tenté de faire invalider la liste, mais sans réussite puisque seulement 71 colistiers sur 189 ont annoncé leur désistement. Il en aurait fallu 95 pour que M. Masseret retire sa liste. Le PS avait appelé le candidat à la « responsabilité » et à se « retirer », avant, face à son refus, de lui retirer officiellement son investiture.

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Les régions où la gauche a fusionné

Pierre Laurent, secrétaire général du PCF, tient un discours de soutien à Claude Bartolone, tête de liste pour la région Ile-de-France.

La droite se maintenant partout et la gauche dans toutes les régions où elle peut espérer battre le FN, des triangulaires auront lieu dans la majorité des régions.

  • En Ile-de-France, les têtes de liste socialiste (Claude Bartolone), écologiste (Emmanuelle Cosse) et du Front de gauche (Pierre Laurent) ont annoncé la fusion de leurs listes. Le président de l’Assemblée nationale mènera donc la liste unique de gauche face à la candidate de droite, Valérie Pécresse (arrivée en tête avec 30,51 % des voix), et à celui du Front national, Wallerand de Saint-Just (18,41 %). Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, qui a obtenu 6,57 % des voix, a refusé toute fusion de sa liste et ne donnera aucune consigne de vote.
  • Dans les Pays de la Loire, les candidats du PS et d’EELV ont annoncé la fusion de leurs listes, malgré les profondes divergences sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Ils affronteront dans une triangulaire la liste de la droite et du centre menée par Bruno Retailleau (33,49 %) et celle du FN, menée par Pascal Gannat (21,35 %). Le PS et ses alliés avaient obtenu 25,75 % des suffrages au premier tour, et EELV 7,82 %.
  • En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Carole Delga (PS-PRG) et Gérard Onesta (EELV-FDG) ont trouvé un accord. Carole Delga est arrivée deuxième avec 24,4 % des voix, la liste EELV et du Front de gauche a obtenu 10,26 % et celle du dissident socialiste Philippe Saurel 5 %, contre 31,83 % pour le FN et 18,84 % pour la droite. Le candidat des Républicains, Dominique Reynié, arrivé en troisième position avec 18,84 % des voix, a décidé de se maintenir.
  • En Normandie, le PS est arrivé en troisième position (23,52 %) derrière la liste conduite par l’ex-ministre de la défense Hervé Morin (union de la droite, 27,91 %) et celle menée par le frontiste Nicolas Bay (27,71 %). Les têtes de listes PS, EELV (6,14 %) et Front de gauche (7,04 %) ont annoncé leur fusion.
  • En Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, le président socialiste sortant, Alain Rousset, arrivé en tête du premier tour avec 30,39 % des voix, a trouvé un accord de fusion avec la liste EELV (6,5 %). Cette liste sera opposée à la liste de droite de Virginie Calmels (27,19 %) et à la liste FN de Jacques Colombier (23,23 %).
  • En Auvergne-Rhône-Alpes, la liste conduite par le candidat socialiste Jean-Jack Queyranne est arrivée en troisième position (23,93 %), derrière Les Républicains menés par Laurent Wauquiez (31,73 %) et la liste FN de Christophe Boudot (25,52 %). L’accord de fusion trouvé avec EELV-PG et le PCF, dont les listes représentent au total 12,3 % des voix, pourrait permettre au PS de l’emporter.
  • En Centre-Val de Loire, le PS est arrivé troisième avec 24,31 % des voix, mais le total des voix de gauche est de 37,2 %, alors que le FN a obtenu 30,49 % des suffrages au premier tour. La liste de droite conduite par Philippe Vigier totalise, elle, 26,25 % des suffrages exprimés. L’accord de fusion trouvé entre la liste PS et la liste EELV et le soutien apporté par le Front de gauche (4,69 %) donnent une bonne chance à la gauche de l’emporter.
  • En Corse, la liste divers gauche de Paul Giacobbi, arrivée en tête (18,42 %), a fusionné avec la liste Front de gauche de Dominique Bucchini (5,56 %). Face à eux, les deux listes nationalistes menées par Gilles Simeoni (17,62 %) et Jean-Guy Talamoni (7,72 %) ont annoncé leur fusion, de même que les deux listes de droite menées par José Rossi (Les Républicains, 13,17 %) et celle de Camille de Rocca Serra (Rassembler pour la Corse, 12,70 %). Le candidat FN Christophe Canioni sera également présent dans cette quadrangulaire.

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Les régions sans fusion à gauche

Jean-Yves Le Drian et Roland Jourdain à Concarneau le 7 décembre 2015.
  • En Bretagne, la liste du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian (PS) est arrivée largement en tête avec près de 35 % des voix. Il fera face au second tour à Marc Le Fur (Les Républicains) qui a obtenu 23,46 % des voix, et Gilles Pennelle (FN ; 18,17 %). En revanche, il n’y aura pas de fusion entre les listes PS et celle d’EELV (6,7 %).
  • En Bourgogne-Franche-Comté, la tête de liste PS, Marie-Guite Dufay, arrivée en troisième position avec 22,99 % des voix, a décidé de maintenir sa liste. Mme Dufay sera opposée à Sophie Montel (FN), arrivée en tête (31,48 % des voix), et François Sauvadet (UDI-Les Républicains ; 24 %). Mme Dufay n’a pas pu bénéficier de fusion avec les autres listes de gauche, le Front de gauche ayant obtenu moins de 5 % (4,62 %), tout comme EELV (3,91 %). Ces deux listes appellent cependant à voter pour la liste PS. Le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, a jugé « incompréhensible » que le PS ne se soit pas retiré dans cette région « où le score de l’extrême droite fait planer une lourde menace » de victoire du FN. A l’inverse, le président de la fédération MoDem en Côte-d’Or, François Desseille, a « regretté » que François Sauvadet n’ait pas « tendu la main, dans un grand geste républicain, à Marie-Guite Dufay ». Maxime Thiébaut, tête de la liste Debout la France (5,17 %), n’a pas donné de consigne de vote.