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    Disparition

    Mort de Mark Taïmanov, légende des échecs soviétiques

    Par Veronika Dorman
    Mark Taïmanov, en février 1956 à Moscou.
    Mark Taïmanov, en février 1956 à Moscou. Photo AFP

    Ce pianiste de renom, qui fut l'un des meilleurs joueurs d'échecs mondiaux de 1950 à 1970, s'est éteint à l'âge de 90 ans. Il avait été accusé de trahison pour avoir perdu contre l'Américain Fischer.

    Mark Taïmanov, l’un des plus grands joueurs d'échecs de son temps qui faillit devenir champion du monde, était aussi un pianiste célèbre. Après une longue et riche vie, au cours de laquelle il a été ami de Dmitri Chostakovitch et Mstislav Rostropovitch, a joué aux échecs avec Che Guevara et discuté avec Winston Churchill, il s’est éteint dans la nuit de dimanche à lundi, à Saint-Pétersbourg, à l’âge de 90 ans.

    Né en 1926 à Kharkov, en Ukraine, Mark Taïmanov a grandi à Leningrad (nom soviétique de Saint-Pétersbourg). Il a commencé par étudier le piano, en marchant dans les pas de sa mère. Il devient célèbre pour la première fois à l’âge de 11 ans, quand il interprète un enfant violoniste dans le film le Concert de Beethoven. Cette gloire le mène aux échecs, raconte Taïmanov dans de nombreuses interviews : «invité en tant que star de cinéma» à l’inauguration du Palais des pionniers (centre de culture et de loisirs pour l’enfance) de Leningrad en 1937, il décide au vol de se mettre aux échecs. C’est au Conservatoire également, à l’âge de 12 ans, qu’il rencontre sa future épouse, Lioubov Brouk, avec laquelle ils formeront un célèbre duo au piano.

    Taïmanov passe les années de la Seconde Guerre mondiale à Tachkent, en Ouzbékistan, où fut évacué le Conservatoire devant la menace de l’invasion allemande. De retour à Leningrad, il continue sa carrière de pianiste et commence à collectionner les titres de champion d’échecs, dans sa ville, dans toute l’URSS, et à l’international. Le premier tournoi à l’étranger auquel Taïmanov participe se déroule en Angleterre, en 1952, et c’est Staline qui donne personnellement l’autorisation au joueur soviétique d’y participer. «Nous n’avions pas vraiment le choix, puisque c’est Joseph Vissarionovitch qui a signé l’ordre de mission de sa main. Nous avons donc gagné», aime raconter Taïmanov.  

    Sabotage

    Il est sacré grand maître en 1952 puis champion d’URSS, il est membre de l'équipe de son pays qui remporte l'Olympiade d'échesc en 1956, et remporte titres de champion d'Europe. En 1971, c’est «le drame de toute [sa] vie d’échecs» : il essuie une cuisante défaite (6-0) face au prodige américain Bobby Fischer. Les autorités soviétiques sont aux abois, considérant que leur champion a «accompli un acte de sabotage dans les intérêts de l’impérialisme américain». Taïmanov paie cher cette «trahison» : il est interdit de tournois en Occident et privé de son titre de «maître des sports» (il le récupérera en 1991). Trop célèbre pour être puni pour son jeu, il est accusé officiellement de «contrebande» de littérature interdite, après qu’un roman d’Alexandre Soljénitsyne (le Premier Cercle) est découvert dans ses valises. «Mais c’était évidemment n’importe quoi, se souvient Taïmanov dans de nombreuses interviews. Le chef des douanes m’a dit : "Si vous aviez mieux joué contre Fisher, vous auriez pu avoir les œuvres complètes de Soljénitsyne dans votre valise. Je les aurais personnellement transportées jusqu’à votre taxi."»

    Mark Taïmanov a consacré les dix dernières années de sa vie à ses plus jeunes enfants, nés en 2004, et à l’école d’échecs portant son nom qu’il a fondée à Saint-Pétersbourg.

    Veronika Dorman
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