Royaume-Uni : contrôle de l'immigration vs intérêt économique, le choix de la Première ministre

Interrogée par la chaîne Skynews, Theresa May a laissé entendre qu'elle donnerait la priorité au contrôle des frontières. 

  • France 3 Nord-Pas-de-Calais
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© DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

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La Grande-Bretagne choisira-t-elle de contrôler son immigration seule plutôt que de rester dans le marché unique européen ?

C’est que qu’a laissé entendre Theresa May, la Première ministre britannique lors d’un entretien avec la chaîne Skynews. Interrogée sur la priorité entre ces deux questions, elle a déclaré : "Nous pourrons avoir le contrôle de nos frontières, de nos lois... C'est ce pour quoi les gens ont voté le 23 juin" (date du référendum sur l'appartenance à l'UE ndlr)

La Première Ministre Britannique, Theresa May © BEN STANSALL / AFP

© BEN STANSALL / AFP La Première Ministre Britannique, Theresa May


Des positions qui inquiètent

Cela pourrait vouloir dire renoncer au marché unique, qui implique la libre circulation des biens, des marchandises, et des capitaux dans l’Union Européenne. Car, en pleine crise des réfugiés, les autres pays membres ont été fermes : de tels avantages ne vont pas sans contrepartie.

Le positionnement de la Première Ministre va sans doute encore inquiéter les milieux d’affaires, qui faisaient déjà partie des opposants au Brexit.  Mme May refuse de dévoiler sa stratégie de négociation avant l'activation de l'article 50, qui lancera la procédure de divorce d'avec l'UE, ce qui devrait être fait d’ici au mois de mars.

Devant la Cour suprême britannique, en décembre 2016 : "Référendum : votez pour le divorce avec l'UE" © Daniel LEAL-OLIVAS / AFP

© Daniel LEAL-OLIVAS / AFP Devant la Cour suprême britannique, en décembre 2016 : "Référendum : votez pour le divorce avec l'UE"

Dans la semaine, l'ambassadeur britannique auprès de l'UE Ivan Rogers avait démissionné avec fracas, estimant que le raisonnement du gouvernement était "confus" et qu'il ne connaissait pas lui-même ses objectifs.

Une situation atypique 

Jusqu’à présent, en matière d’immigration, le Royaume-Uni se trouve dans une situation atypique. Il n’applique d’abord pas les accords de Schengen, qui établissent la libre circulation des citoyens européens dans les pays de l’Union. Le pays a donc toujours conservé le droit de contrôler sa frontière.

En ce qui concerne plus directement les réfugiés, au cœur de la crise actuelle, le Royaume-Uni est pour le moment lié à la France par le traité du Touquet, signé en 2003. Il imposait à la France des contrôles plus stricts des personnes en partance pour le Royaume-Uni.

Il précisait également que, si l’un des deux pays refusait un migrant, l’autre pays était dans l’obligation de le reprendre. Une clause que le pays maintenant dirigé par Theresa May a beaucoup utilisé.

La France très critique

Autre point des accords du Touquet : ils situent la frontière britannique à Calais même, ce que des responsables politiques attribuent à un désengagement des Anglais. Xavier Bertrand, président de la région, mais aussi Natacha Bouchart, la maire de Calais, se sont déjà exprimé pour une re négociation de ces accords.


La France, au cours de la crise des réfugiés, s’est montrée souvent très critique envers la gestion migratoire du Royaume-Uni. Le point principal de tension concernait évidemment le camp de Calais, qui a été démantelé en décembre dernier.

La question des mineurs isolés avait notamment conduit le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve à demander "solennellement à la Grande-Bretagne d’assumer son devoir moral." en accueillant sur son sol les jeunes isolés y ayant de la famille. 
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