Le premier rejet du traité CETA par la Wallonie pose la question de la loyauté à l'Union européenne des États-membres // la "jungle" de Calais a été démantelée dans un contexte de crise migratoire
LA LOYAUTÉ A L’UNION EUROPÉENNE
La cérémonie de signature de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Canada (CETA) a du être été annulée à la suite du rejet de ce traité par le parlement wallon opposé à la clause « permettant à des multinationales d’attaquer les Etats ».
La ministre canadienne du commerce Chrystia Freeland avait déploré cet échec et déclaré qu’il « était évident que l’Union européenne est incapable de conclure un accord international, pas même avec un pays qui a des valeurs aussi européennes que le Canada ». Le président du groupe socialiste au parlement européenne Gianni Pittella avait affirmé qu’« il y avait un problème dans le processus de décision européen si une petite communauté est capable de tenir en otage 500 millions de citoyens ».
Un accord a finalement été conclu jeudi entre les représentants des différentes régions et communautés linguistiques de Belgique puis entériné par les différents parlements du pays.
Ces difficultés autours d’un accord élaboré après sept ans de négociation interviennent dans un contexte de tensions entre plusieurs États-membres et les institutions européennes. Une injonction de la Commission à Apple de payer à l’Irlande 13 milliards d’euros d’impôts impayés a vu Dublin se ranger du côté de l’entreprise américaine au nom de la préservation de sa politique fiscale, particulièrement favorable aux entreprises étrangères. En Europe de l’est le groupe dit de Visegrad (réunissant la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie) se refuse à adopter les quotas d’accueil de réfugiés décidés par Bruxelles. Le premier ministre hongrois Viktor Orban a organisé le 2 octobre un référendum visant à contrer cette politique européenne, initiative mise en échec en raison d’une participation trop faible au scrutin. Les commémorations de l’insurrection de 1956 à Budapest ont vu le chef du gouvernement dénoncer une Union européenne « en voie de soviétisation » et en rupture avec ses « origines chrétiennes ». Présent à la cérémonie, le président de la République polonais Andrzej Duda a apporté publiquement son soutien au Premier ministre hongrois et célébré « deux pays qui se sont construits sur des fondations chrétiennes, aujourd’hui libres dans l’Europe unifiée ».
L’IMMIGRATION EN FRANCE
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés dénombre 21,3 millions de réfugiés dans le monde au 20 juin 2016. 54% d’entre eux viennent de Syrie, d’Afghanistan et de Somalie. L’Europe – destination de 6% des réfugiés du monde selon le HCR –, aurait accueilli plus d’un million de réfugiés en 2015, et plus de 330 000 par la seule voie maritime de janvier à septembre 2016.
Dans un tel contexte, la France a enregistré 54 000 demandes d’asile entre janvier et août 2016 selon l’Ofpra – l’Office français de protection des réfugiés et apatrides. Ce chiffre, en hausse de 19% par rapport à 2015, pourrait s’élever à 100 000 d’ici la fin de l’année.
La France accueille peu de réfugiés relativement à sa population : pour un million d’habitant elle en reçoit 270 – 6% des réfugiés d’Europe –, soit bien moins que l’Allemagne qui en reçoit 2.155 par million d’habitants. 15 autres pays d’Europe dont la Hongrie, la Suède et l’Autriche reçoivent ou accueillent d’avantage de réfugiés que la France.
Brèves
Philippe MEYER : Berezina, de Sylvain Tesson (Folio, mars 2016)
Nicole GNESOTTO : Dictionnaire amoureux des écrivains et de la Littérature, de Pierre Assouline (Plon, aout 2016)
François BUJON DE L'ESTANG : You are Europe, discours de Barack Obama prononcé à Hanovre le 25 avril 2016 (La Martinière, octobre 2016)
Eric LE BOUCHER : Réformez ! Par le dialogue et la confiance, de Jean-Paul Bailly (Descartes et Cie, septembre 2016)
Jean-Louis BOURLANGES : William Ewart Gladstone, de James McCearney (Pierre-Guillaume de Roux, novembre 2016)
Intervenants
- Jean-Louis Bourlanges : Essayiste
- François Bujon de l'Estang : Ambassadeur de France
- Nicole Gnesotto : présidente du conseil d'administration de l'Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, professeur, titulaire de la chaire sur l’Union européenne au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)
- Eric Le Boucher : Journaliste, cofondateur de Slate.fr et directeur de la rédaction du magazine Enjeux-Les Échos.