Evénement

L’agroécologie, solution alternative?
Alors que les négociateurs de la COP22 sont en train de chercher des financements et des mécanismes de leur mise en application, l’agriculture, l’activité humaine la plus exposée aux changements climatiques, continue d’être négligée. Heureusement que le Maroc propose le triple A, une initiative pour l’adaptation de l’agriculteur aux changements. Forum de la terre, organisé par les associations Terre et Humanisme, L’Orange Bleu et Le Riam et qui démarre aujourd’hui à Marrakech, entre l’Université Cadi Ayyad et le CIPA, met l’accent justement sur les agricultures durables, les initiatives et les solutions proposées par les Africains. Les effets en cascade du climat sur les populations vulnérables entraînent une augmentation des migrations forcées, de l’exode rural et des conflits liés à la raréfaction des ressources naturelles (eau et terre), rappellent les organisateurs du Forum de la terre qui se tient en marge de la COP22. Les solutions en termes d’atténuation et d’adaptation représentent une voie nécessaire pour éviter la catastrophe humanitaire. S’adapter au climat, c’est gérer durablement nos ressources en eau et en terre, et bâtir la résilience face au changement climatique. C’est dans un contexte de dégradation de l’environnement au Maroc que les agricultures durables (agroécologie, permaculture, biodynamie, agriculture urbaine, agriculture biologique) deviennent une alternative incontournable. Reconnue par les Nations unies comme une solution aux problématiques d’environnement et développement durable, l’agroécologie est une agriculture saine, respectueuse de l’environnement et de l’humain, qui valorise les paysans et les paysannes, et les aide à s’adapter aux défis actuels. C’est aussi une réponse au phénomène de désertification qui peut permettre de stabiliser les populations dans les zones arides grâce à une gestion intelligente de l’espace et de l’eau. L’agroécologie qui souhaite réhabiliter des savoir-faire traditionnels propose avant tout des systèmes de production agricole basés sur les processus et non la production à partir des intrants. Parmi ses pratiques, l’accroissement de la biodiversité, les traitements phytosanitaires naturels, la sélection des variétés les plus adaptées aux terres cultivées… Pour Pierre Rabhi, père de l’agroécologie en France: «C’est parce que les citoyens ne sont pas véritablement conscients de l’enjeu de l’écologie que nous sommes obligés d’avoir une écologie politique pour lui donner une place au forceps. Je suis évidemment reconnaissant envers ceux qui essayent de placer l’écologie dans le débat politique. Mais c’est une anomalie. Car l’écologie est une affaire de tous. C’est ce qui détermine l’existence de tout individu, du phénomène de la vie. Nous sommes donc tous concernés».
Boosteur du monde rural
Adaptées aux problèmes du monde rural marocain, et tout particulièrement aux besoins des femmes rurales et des jeunes, les agricultures durables sont une réponse aux changements climatiques et aux problématiques de la sécurité et la salubrité alimentaires des populations, ainsi que la sauvegarde des patrimoines nourriciers et la lutte contre la désertification. Il s'agit d'un vecteur de développement durable pour près de 50% de la population marocaine issue du monde rural, touchée de plein fouet par la pauvreté, aggravée par les changements climatiques.