Macron veut «fonder la protection sociale sur l'individu»

L'ancien ministre de l'Economie propose notamment de remplacer l'actuel système d'assurance chômage piloté par les partenaires sociaux, par un «système de solidarité» géré par l'Etat
Le libéralisme d’Emmanuel Macron emprunte parfois des chemins tortueux : la réforme de la protection sociale que l’ancien ministre de l’Economie a esquissé mardi au Zénith de Montpellier, en est un exemple type. Pour lui, les actuelles mutations du marché du travail, sous l’influence de la révolution numérique, combinées au chômage de masse rendent impératif un changement de paradigme en matière de protection sociale. Il le dit avec angélisme : «Pour ne laisser personne au bord de la route, la protection sociale doit désormais se fonder sur l’individu.» Pour le fondateur d’En Marche, «ce n’est plus le travailleur en fonction de son statut qui doit être protégé mais chacun d’entre nous, que l’on soit en emploi ou au chômage, salarié ou indépendant.» La suite prête bien davantage à polémique. Car pour réussir cette petite révolution, Macron propose ni plus ni moins de remplacer l’actuel mécanisme d’assurance chômage, cogéré par les partenaires sociaux, par un «système de solidarité», piloté par l’Etat. En clair, ce dernier reprendrait en main l’Unedic, quoiqu’en pensent les syndicats : «Les pouvoirs publics ne peuvent pas simplement rester les garants silencieux d’une montagne de dettes de plus de 30 milliards d’euros, ni les spectateurs du compromis de la dernière chance qui cherchent à rafistoler un système en péril», insiste Macron.
La montée en puissance de l’Etat ainsi justifiée pour des raisons de gros sous, on augure mal de ses conséquences pour les affiliés de l’Unedic... En janvier, sur la matinale de RMC, Macron avait d'ailleurs admis qu’il faudrait sans doute revoir les actuelles règles de l’indemnisation chômage. «Il faudra le faire en étant intelligent, dit-il, en considérant que quand le cycle économique est meilleur et qu’on crée des emplois, il faut mettre encore plus de pression pour tout faire pour qu’il y ait un retour à l’emploi. Mais en même il faut toujours avoir en tête que notre système indemnise des chômeurs qui sont avant tout les victimes de la situation.»
Pour Macron, telle réforme managériale doit aller de paire avec la réforme du financement de la protection sociale. Laquelle serait un peu moins financée par les cotisations sociales et un peu plus par l’impôt. «Il faut que le financement porte davantage sur la consommation, la pollution ou d’autres revenus que les seuls revenus du travail», insiste le fondateur d’En Marche. Sur ce point-là du moins, les syndicats ne devraient pas lui donner tord.