
« Jake ressemble beaucoup à l’adolescent que je me souviens avoir été, et qui se sentait si déconnecté du monde, explique Tim Burton au sujet du jeune héros de son nouveau film, Miss Peregrine et les enfants particuliers. C’est une impression qui tient de la solitude, de la tristesse, de l’idée de n’être nulle part à sa place. Un sentiment d’être différent, singulier. »
Le cinéaste n’a pas attendu Miss Peregrine et les enfants particuliers pour accorder aux « particuliers » le premier rôle. Toute son œuvre peut s’envisager en galerie de portraits étranges, ou que le monde perçoit comme tels. Vincent, le garçonnet rêvant d’un chien-zombie, le post-frankensteinien Edward aux doigts figurés par des ciseaux, le roi du nanar Ed Wood, l’Alice de Lewis Carroll, sont les plus célèbres visages de cet ensemble qui, avec la multitude des seconds rôles, les freaks du cirque de Big Fish, les Oompas-Loompas identiques de Charlie et la chocolaterie, forment une nation d’isolés, vilains, moqués, blessés sur lesquels le cinéaste braque amoureusement le faisceau de son cinéma fantasque.
Depuis le début de sa carrière, cette revendication d’un cinéma personnel jusqu’à l’excentricité se vit comme un paradoxeIl a toujours revendiqué sa place parmi eux. Durant l’interview qu’il nous accorde en septembre, à l’occasion de la sortie de Miss Peregrine, le mot qui revient le plus souvent est l’adjectif weird (« bizarre »,...