
C’est une idée plus qu’originale des Nuits de Fourvière (à Lyon, jusqu’au 30 juillet), de consacrer une création musicale, le 11 juin, à Moondog (1916-1999). Amphithéâtre romain, ciel de traîne, moment parfait. Moondog ? Il hante ce soir mille musiques qui s’ignorent. Combien d’âmes mortes au regard absent ont-elles pu passer, dans les années 1960, au coin de la VIe Avenue et de la 54e Rue, à New York, sans le voir ? Ou même en faisant ce petit écart gêné qu’inspirent les zozos, les originaux et quelque Viking amateur ?
Combien n’auront même pas vu ce Viking magnifique à la stature de statue, la barbe d’un philosophe antique, en cape taillée maison, et coiffé d’un casque digne du dieu Thor, armé de minipercussions fignolées à main nue ? Moondog disait ses poèmes, chantait ses chansons, exécutait ses symphonies miniatures et jouait de la maraca, petit tambour triangulaire, de sa fabrication.
Ce Viking magnifique à la stature de statue, la barbe d’un philosophe antique, hante ce soir mille musiques qui s’ignorentLe Viking de la VIe Avenue s’était à jamais brûlé les yeux en tripotant un bâton de dynamite à l’âge de 16 ans. Il avait troqué son nom de Louis-Thomas Hardin pour celui de Moondog, voyait clair dans les musiques, au point...