Vincent Tanguy est « abasourdi ». Le porte-parole du collectif « Arts et culture », regroupant les sound-systems finistériens, ne comprend toujours pas quelle mouche a piqué le préfet qui a ordonné, dimanche, l’intervention des gendarmes à l’issue de la rave-party non-déclarée qui a réuni 4.000 personnes à Commana (29). Il craint que ne s’ouvre une nouvelle période de défiance entre les teufeurs et les autorités.

Vincent Tanguy n’était pas à Commana ce week-end. Il avait choisi d’assister à un concert de rap, à Concarneau, programmé dans le cadre du festival Cultures Hip Hop. « Je suis éclectique. Je suis ouvert à tous les courants musicaux », sourit-il. Ce lundi matin, alors que les messages d'indignation s’amoncelaient sur son portable, il a tout d'abord  pris la direction de Guiscriff (56), pour régler un litige avec un agriculteur.

Mi-septembre dernier, dans le cadre d’une teuf autorisée par la Préfecture du Morbihan, quelques plants de maïs avaient été abîmés par des vaches sorties de leur champ. La rencontre avec le paysan s’est passée sous les meilleurs auspices, à des années lumière de la tension qui a accompagné la fin de la free party de Commana.

« Je ne comprends toujours pas... Il n’y a pas eu d’accident, les teufeurs avaient l’autorisation du propriétaire du champ. Certes, il y avait du monde et la musique était forte, mais était-ce une raison pour déclencher une telle opération, alors que la musique était coupée depuis 15 h ? Où est la logique, alors qu’il s’agissait du dernier gros rassemblement avant la période hivernale ? » s’interroge-t-il.

 

Il n’en revient pas plus des propos de Jean-Daniel Montet-Jourdran, chef de cabinet du Préfet. « Il y a six mois, nous étions face à lui, tout sourire, à la Préfecture, dans le cadre d’un travail d’écoute et de dialogue avant l’entame de la saison estivale. Et aujourd’hui, nous sommes un ramassis d’alcooliques et de drogués ? Je comprends qu’il suive les ordres du Préfet mais c’est quelqu’un que nous respections jusqu’ici. C’est incompréhensible. Le département du Finistère a toujours été cité en exemple en matière de concertation avec les teufeurs ».

« C’est le Préfet qui a créé le trouble à l’ordre public »

Il rappelle que les organisateurs de la free party avaient choisi de ne pas la déclarer pour économiser la mise en place d’un point secourisme. « Nous sommes toujours un mouvement jeune, indépendant, sans aucune subvention et ce point secourisme, c’est un coût budgétaire ».

En fin d’après-midi, il apprenait que le matériel saisi aurait été restitué, et que le Préfet annonçait que sa porte était ouverte, ce qui rajoutait à sa perplexité. « Le tempo du Préfet est bizarre. Nous, on veut dialoguer et on a toujours cru que sa porte était ouverte. C’est lui qui nous a appris qu’elle était fermée, que la serrure avait été changée et qu’il la réouvrait. Je ne veux pas dire que les organisateurs ont tout fait comme il fallait. Je veux bien comprendre que dans le contexte de l’état d’urgence, il craigne le trouble à l’ordre public mais Il aurait pu convoquer les gens pour leur expliquer certaines choses. Là, c’est lui qui a créé le trouble à l’ordre public ».

Vincent Tanguy craint l’ouverture d’une période d’incompréhension avec les autorités. « Dans le Finistère, il y a des teufs quasiment tous les week-ends. Jusque-là, les jeunes avaient l’habitude de voir les gendarmes venir faire leur boulot. Ils tapaient la discute. Désormais, il y aura de la défiance et ce n’est pas bon parce qu’il y a vraiment un public jeune et quand le public se transforme en foule et ne réfléchit plus, on ne sait pas comment ça peut se passer ».

Des poursuites judiciaires contre les organisateurs et le propriétaire du champ

Le ou les organisateurs vont être poursuivis pour agression sonore (ce qui constitue un délit), pour organisation d'un rassemblement musical à caractère exclusivement festif sans déclaration préalable (contravention de cinquième classe) et pour des infractions en matière de débit de boissons illicite. La personne ayant mis à disposition le terrain où s'est déroulé le rassemblement va être poursuivie pour complicité d'agression. L'audience au tribunal correctionnel est déjà programmée. Elle aura lieu le  jeudi 9 mars 2017, à 13 h 30.

Rappelons que dimanche après-midi, vers 16 h 30, alors que le son était coupé depuis une heure et demie, les forces de gendarmerie ont fait irruption sur le site afin de procéder à une saisie de matériel. Face aux teufeurs qui se défendaient, ils ont fait usage de gaz lacrymogènes et de leur matraques, sans qu'il n'y ait de blessés.

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Vos réactions
  • Pierre Robès 01 Novembre 2016 à 03h50

    Toute cette histoire de rave party, c'est stupéfiant .


  • Pierre Robès 01 Novembre 2016 à 03h47

    On le sait peu, mais Commana est jumelé avec le village de Vribody en Irlande . Commana-Vribody, ça sonne bien .


  • rémi de Kersauson 31 Octobre 2016 à 20h40

    Omettre la déclaration pour économiser la mise en place d'un point secourisme paraît fallacieux et irresponsable. Dommage qu'il ne comprenne pas l'action de la préfecture et qu'il en tire une conclusion inquiétante "on ne sait pas comment ça peut se passer". Mais ce n'est pas forcément très grave, car on peut parier que les habitants dans les environ ont compris et apprécié l'action des forces de l'ordre.


  • michel kerninon 31 Octobre 2016 à 19h13

    L'absence de service médical pose un sérieux problème de sécurité pour les participants.
    S'en passer, délibérément ou pas, n'est pas acceptable de la part des organisateurs.


  • philippe jolivet 31 Octobre 2016 à 18h48

    Il faut montrer ses muscles,surtout dans la préfectorale.
    A quoi serviraient-ils sinon?



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