Manu Payet : Damoclès est une « bizarre comédie »
Le comédien interprète un personnage hanté par une prédiction de pacotille : pour conserver la femme dont il est amoureux, il doit tuer quelqu’un. C’est drôle et fin à la fois.
Paul est un paisible graphiste parisien, que l’on devine même un peu cossard, et en tout cas très désinvolte. Il vit en colocation depuis huit ans avec sa meilleure amie, Hélène (Lætitia Spigarelli). Rien ne le prédestine à devenir meurtrier, donc. Mais, un jour de fête dans son appartement, une fille, Lucie (Blanche Gardin), lui prédit qu’il va tomber sur la femme de sa vie. Et tuer quelqu’un. Les deux événements sont liés, selon cette voyante de pacotille. Paul joue les matadors. Mais il est ébranlé. Et lorsque, quelques jours plus tard, il rencontre l’éblouissante Camille (Alma Jodorowsky) dans un parc, il est persuadé que, pour la garder, la prédiction doit s’accomplir. Surtout que, pris dans un étau de maladresses, il manque de tuer successivement un cycliste et sa petite amie.
Arte se lance dans la comédie, et c’est un joli coup de maître. Cette « bizarre comédie », comme la qualifie son interprète principal, Manu Payet, est une comédie sentimentale tortueuse, en même temps qu’un film de gaffes et de gags : la prédiction doit-elle s’accomplir pour que Paul puisse couler des jours heureux auprès de sa douce ? S’improvise-t-on assassin ? Certainement pas, et c’est là tout le sel de ce téléfilm. Manu Payet évoque cette comédie romantique en affirmant « très bien comprendre qu’on puisse aller jusque-là pour préserver un amour, voire un amour de l’amour, ou même un amour de l’état amoureux ». Le comédien pense même que Paul est dans une forme « d’expiation de son amour ». « C’est le fait de ne pas avoir confiance en lui, de se sentir “moins” que les autres », selon lui, qui le pousse à croire à cette prédiction. Soit un personnage dévoré par l’angoisse et le manque de confiance en lui. Mais le film n’est ni triste ni sombre une seule seconde. C’est au contraire une œuvre, remarquablement réalisée, qui transcende l’angoisse du protagoniste en gags. Tout en dynamitant, de façon bienvenue, tous les codes de la comédie sentimentale.
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