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Hollande demande à l'Arabie saoudite de renoncer à l'exécution d'Ali al-Nimr

 

Le Parisien |

La mobilisation s'intensifie pour sauver Ali Mohammed al-Nimr, un jeune Saoudien de 21 ans, qui pourrait être exécuté à tout moment. Le jeune homme a été condamné à mort pour avoir pris part, alors qu'il était mineur, à des manifestations inspirées du Printemps arabe. Mercredi, le père du jeune Saoudien chiite a appelé le roi Salmane à épargner la vie de son fils. Certains responsables politiques s'élèvent aussi contre sa décapitation annoncée.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, François Hollande a ainsi demandé à l'Arabie saoudite «de renoncer à l'exécution». «La France est opposée à la peine de mort», a déclaré le chef de l'Etat français lors d'une conférence de presse, à l'issue d'un Conseil européen sur les réfugiés à Bruxelles. «J'ai toujours rappelé que cette position ne variait pas, ne connaissait aucune exception et que pour nous, tout doit être fait pour faire cesser ces exécutions partout, et notamment en Arabie saoudite», a-t-il insisté, bien que la France cultive des liens étroits avec le royaume. 

VIDEO. Ali Mohammed al-Nimr : Hollande demande à Ryad de «renoncer à l'exécution»




Manuel Valls a à son tour appelé ce jeudi l'Arabie saoudite à épargner le jeune chiite : «La France est fermement opposée à la peine de mort. Nous appelons à renoncer à l'exécution d'Ali Mohammed al-Nimr", a déclaré le Premier ministre français sur son compte Twitter. Manuel Valls, qui doit se rendre en visite officielle dans le royaume du Golfe en octobre, complète son message par le mot-dièse «#FreeNimr».

« En Arabie Saoudite, on compte une décapitation tous les deux jours », a rappelé avec effroi François Bayrou ce jeudi sur France 2. « Qu'on puisse décapiter un jeune garçon et crucifier son corps parce qu'il a manifesté... la communauté internationale devrait agir de tout son poids pour que cette vie humaine soit préservée », a plaidé le président du Modem, estimant que « il y a un peu de nous dans cette histoire, un peu de la folie du monde ».

« Dans les pays musulmans, aujourd'hui c'est l'Aïd. Ce serait un grand acte de foi que le roi d'Arabie gracie ce garçon », a espéré l'eurodéputée Rachida Dati (LR) sur iTélé, faisant remarquer que « les pratiques barbares de ces pays aggravent l'islamophobie en France ».

Mardi, c'est Bruno Le Maire qui s'était élevé contre cette exécution, interpellant Laurent Fabius dans une question écrite. L'ancien ministre (LR) «demande au ministre des Affaires étrangères d'intervenir auprès des autorités saoudiennes pour obtenir la grâce de Monsieur Ali Mohammed al-Nimr». Ajoutant que cette peine «souligne une nouvelle fois les limites démocratiques du régime saoudien».


Arrêté à 17 ans pour avoir manifesté contre les autorités

« La peine de mort est une monstruosité. Mais les combats se gagnent dans la durée », a éludé Jack Lang, président de l'Institut du Monde arabe, à Paris. Sans s'arrêter sur l'Arabie Saoudite, l'ancien ministre de la Culture de François Mitterrand a préféré dénoncer, sur Europe 1, « les États-Unis, l'Iran, la Chine, pays parmi les plus exécuteurs du monde ».

Déjà 133 exécutions capitales cette année

Des experts de l'ONU ont demandé mardi aux autorités saoudiennes d'annuler l'exécution, exprimant de sévères critiques sur le processus judiciaire ayant conduit à la condamnation du jeune homme. Celui-ci a apparemment été torturé et contraint de passer aux aveux, alors qu'il n'avait pu recourir à un avocat dans des conditions normales avant et pendant son procès. De même, son interjection en appel a été traitée «dans le mépris total des critères internationaux».

VIDEO. Arabie Saoudite : un jeune Saoudien condamné à être décapité et crucifié (i>Télé)


Les autorités saoudiennes n'annoncent pas à l'avance les exécutions, généralement pratiquées par décapitation au sabre. Depuis le début de l'année, 133 personnes ont été exécutées dans ce royaume ultra-conservateur, contre 87 sur l'ensemble de 2014, selon un décompte établi sur la base de communiqués officiels. Ryad «est engagé dans une frénésie d'exécutions cette année mais décapiter un jeune dont le procès était injuste marquerait un désastreux précédent», estime Joe Stork, directeur-adjoint de Human Right Watch pour le Moyen-Orient.

La communauté chiite saoudienne se mobilise

Mercredi, le père d'Ali a mis en garde contre une réaction violente des membres de la minorité chiite, concentrée dans l'est de l'Arabie saoudite, en cas d'exécution de son fils. «J'espère que le roi ne va pas signer (l'ordre d'exécution)», a déclaré Mohammed al-Nimr. «Nous ne voulons pas de ça, nous ne voulons pas d'une seule goutte de sang versé».
L'impact d'une exécution serait d'autant plus fort que le jeune condamné est le neveu d'un religieux chiite influent, cheikh Nimr al-Nimr, qui est également dans le couloir de la mort après avoir été condamné à la peine capitale. Cheikh Nimr al-Nimr avait été l'un des animateurs du mouvement de contestation qui avait agité en 2011 la province orientale de l'Arabie saoudite, royaume à majorité sunnite où les chiites se disent discriminés. Il avait été condamné pour sédition, désobéissance au souverain et port d'arme le 15 octobre 2014.

Pour sa part, Ali Mohammed al-Nimr avait été arrêté à 17 ans en février 2012 pour avoir manifesté contre les autorités. Son père a admis hier que son fils, alors étudiant, avait bien participé à des rassemblements chiites, tout en affirmant qu'il était innocent de plusieurs autres charges pour lesquelles il a été condamné, comme celles de cambriolage, d'attaque contre les forces de police et de jets de cocktails Molotov.

Leparisien.fr avec A

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