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« Charlie et la chocolaterie »... et fondre de plaisir

Le Monde | | Par

A gauche, Charlie (Freddie Highmore) et, à droite, Willy Wonka (Johnny Depp).

Bien qu’un brin moralisatrice, cette féerie de Tim Burton porte une charge satirique réjouissante contre l’enfant-roi (mardi 30 décembre à 20 h 55 sur Arte)

Adapté du best-seller de l’écrivain anglais Roald Dahl, Charlie et la chocolaterie (Folio, « Junior ») est fidèle à son titre : il tient davantage de la sucrerie fondante que du bonbon au poivre. On ne gâchera pas pour autant le plaisir des jeunes spectateurs, auxquels ce film est particulièrement destiné. Deux protagonistes dominent l’affaire. Charlie Bucket (Freddie Highmore), rejeton exemplaire d’une famille très modeste, mais infiniment soudée et aimante. Et Willy Wonka (Johnny Depp), richissime magnat du chocolat, inventeur de génie et excentrique notoire, en proie à la solitude de celui qui n’a jamais goûté aux joies de la famille américaine.

L’enfant généreux et l’industriel égotiste possèdent chacun quelque chose que l’autre ignore et sont faits pour se rencontrer. Or, voilà des années que Willy Wonka a fermé son usine, où il vit reclus, en raison des imitations grossières de ses concurrents. Il reviendra à cinq enfants de découvrir l’origine de ce mystère, après l’annonce par Willy Wonka de la réouverture exceptionnelle des portes de son usine aux heureux bénéficiaires des cinq « sésames » en or fin introduits parmi les millions de tablettes Wonka distribuées de par le monde.

Pure fantaisie

La découverte des élus puis les épreuves que leur réserve Willy Wonka dans le dessein de désigner son successeur vont occuper l’essentiel du film et permettre à Tim Burton d’exercer son esprit de satire et son goût de l’extravagance féerique. De fait, les rivaux du petit Charlie, qui a miraculeusement trouvé dans la rue un billet grâce auquel il achète une des tablettes gagnantes, ne sont pas piqués des hannetons. Augustus Gloop ? Un obèse aussi laid que méchant. Veruca Salt ? Une irritante pimbêche britannique. Violet Beauregard ? Une petite obsessionnelle du trophée élevée dans l’esprit « made in USA ». Mike Teavee ? Insupportable punaise taillée pour les concours.

Dès lors, la visite peut commencer, en révélant deux principaux centres d’intérêt. Le premier est la manière, relativement cruelle, dont chaque petit monstre va se trouver éliminé du concours en raison même du trait dominant qui fonde sa caricature. La gourmandise pour Gloop, l’orgueil pour Salt, la stupidité pour Beauregard, l’arrogance pour Mike.

Cette charge burtonienne contre l’enfant-roi, couronnée par Hollywood, serait plaisante si le sadisme (bon enfant) n’était justifié par un moralisme qui finit par empeser le film. Délivrée de cet arrière-plan qui se laisse difficilement oublier, l’autre vertu de cette visite emporte plus entièrement l’admiration. C’est l’invention d’un monde livré à la pure fantaisie créatrice du cinéaste, qui fait évoluer ses personnages dans un décor de confiserie fantastique où chaque élément porte à la dimension du réel la fantasmagorie gourmande de l’enfance.

« Charlie et la chocolaterie », de Tim Burton. Avec Johnny Depp, Freddie Highmore, Helena Bonham Carter, David Kelly… (Etats-Unis, 2005, 116 min). Mardi 30 décembre à 20 h 55 sur Arte