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Ours qui rit, auteur qui grogne

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Dans une satire gourmande du monde de l’édition, l’Américain William Kotzwinkle imagine un plantigrade se faisant passer pour un écrivain.

Certains écrivains, leurs noms n’ont pas d’importance, relèvent d’une espèce bien identifiée : celle des ours mal léchés. A la différence des singes savants, ils grognent en interview quelques explications laconiques quand ils ne donnent pas des coups de griffe. Après quoi, ils se réfugient dans la solitude, et gare à ceux qui envahiront leur tanière.

Comme chez les plantigrades, il en existe des noirs, des bruns, des blancs, des lippus, à collier ou à lunettes. Mammifères omnivores, ils colonisent une grande ­variété d’habitats et ont un rythme de travail diurne, mais peuvent tout aussi bien être actifs la nuit pour peu qu’ils soient par ailleurs clercs de notaire ou professeurs d’histoire-géographie. Ils préfèrent le miel des admirateurs au fiel de leurs détracteurs et apprécient qu’on leur frotte le dos. Dans la fleur de l’âge, ils sont capables de courir vite, de nager et même de gravir un sentier de grande randonnée ou de pêcher le saumon, en Norvège ou ailleurs.

Exception faite de Radiguet ou d’Alain-Fournier, les romanciers ont une espérance de vie plus ­élevée que les ursidés, et ces derniers, un odorat plus développé que les premiers, mais là s’arrêtent leurs différences. Par conséquent, qu’un ours sorti de sa ­forêt natale dans le Maine devienne un écrivain à succès et la nouvelle ­coqueluche de Man­hattan, comme l’imagine l’Américain William Kotzwinkle, n’a, après tout, rien d’étonnant.

On le dit bourru

Pour l’intéressé, la tentation est forte....