José Anigo en décembre 2013.
José Anigo en décembre 2013. - MICHEL PISANO/SIPA

20 Minutes avec AFP

L'ancien directeur sportif de l'Olympique de Marseille (L1) José Anigo a réclamé mardi 100.000 euros de dommages-intérêts à la chaîne Canal Plus, poursuivie pour diffamation en raison d'un sketch des «Guignols de l'info» après l'assassinat de son fils en 2013. Le tribunal correctionnel de Marseille a mis son jugement en délibéré au 16 décembre.

Ce sketch du 6 septembre 2013 avait ironisé sur les liens présumés entre football et grand banditisme et sur l'assassinat, la veille, d'Adrien Anigo, le fils de celui qui était alors directeur sportif de l'OM. Adrien Anigo avait été tué par balles dans les quartiers Nord de Marseille, dans un règlement de comptes. Écroué en mars 2007 pour sa participation présumée à plusieurs braquages de bijouteries, il avait été remis en liberté début 2010 à la faveur d'une erreur de procédure et devait être renvoyé aux assises.

«Y-a-t-il pire atteinte à l'honneur et à la considération d'un père endeuillé que celle de lui imputer la responsabilité, imaginaire mais ravageuse, de la mort de son fils?», a lancé l'avocat de José Anigo, Emmanuel Molina, précisant que la somme «extrêmement conséquente» réclamée serait reversée à des activités éducatives et sportives.

«Pas attentatoire à la dignité humaine»

«L'humoriste peut-il évoluer dans un périmètre sans limite?», a poursuivi Me Molina, soulignant qu'il n'était «pas question de contester le droit à la satire», mais que celui-ci devait «céder le pas à la dignité de la personne (...) surtout au lendemain de la mort de son fils». «C'est abject, on est très au-delà de qui peut être accepté et supporté!», a martelé Me Molina.

Désormais recruteur pour l'OM sur le continent africain, installé au Maroc, José Anigo n'était pas présent. Dans ce sketch, «il n'a jamais été dit que José Anigo serait responsable de la mort de son fils. Il ne faut pas faire dire à ces propos ce qu'ils ne disent pas», a répliqué Me Olivier Chappuis, avocat de la chaîne cryptée.

Plaidant «la bonne foi», il a insisté sur le fait qu'il s'agissait «d'une émission humoristique (...) qui ne prétend pas délivrer une information mais s'appuie sur l'actualité pour la présenter parodiquement». «Il est possible de considérer que l'effet humoristique était de mauvais goût, mais pas attentatoire à la dignité humaine», a encore affirmé le conseil de Canal Plus, observant que c'était «le propre des humoristes de s'emparer des évènements tragiques».

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