Search Direct User 100 Zoom Quiz ? Libération Diamond clock xml netvibes live anciens-numeros data desintox diapo edito election-2017 election essentiel generique idee jo next portrait radio son alerte top-100 star une video scroll Facebook Whatsapp Twitter insta vine later glass Mail print Facebook Instagram Twitter Calendar download cross zoom-in zoom-out previous next truck visa mastercard user-libe user-doc user-doc-list user-mail user-security user-settings user-shop user-star Ruban abo Losange orange List check Most read Ptit Libé sport blog voyage
Dossier
Uchroniques
Tous les articles
Top
1
Blog «Web Séries Mag»

Web des filles, web décent

    L'An 2000

    The National Report, l’inquiétant Gorafi pas drôle

    Par

    On connaissait la presse d'infos parodiques. Des informations tellement énormes qu'elles sont clairement publiées pour faire rire. L'étape suivante arrive : des informations totalement fausses mais qui ressemblent à des vraies.

    Le Gorafi, c’est déjà du passé, le temps béni des sites d’infos parodiques. Le web est un tel monstre de cynisme qu’il a déjà trouvé l’étape supplémentaire: écrire de fausses news, mais crédibles, sans aucune satire. Avec pour seul objectif de faire de l’audience et d’engranger de la page vue publicitaire.

    L’alerte a été donnée par une fausse news tellement crédible qu’elle avait mobilisé un rédacteur en chef des Inrocks pour la démentir: le street-artiste Banksy aurait été identifié et arrêté par la police londonienne. L’info fait le buzz le matin, puis est démentie l’après-midi. Ainsi va l’Internet, on est vite passé à autre chose.

    Du coup, personne ne s’est demandé quelle était la mystérieuse source de ce faux scoop, le National Report. Le site se présente comme la «première source d’info indépendante d’Amérique», ce qui a de quoi étonner pour un site que personne ne connaît. En regardant la homepage, on découvre une série d’articles totalement faux mais terriblement crédibles, le plus souvent sans une once d’humour:

    - Dallas annule Halloween à cause d’Ebola

    - Le remboursement des trop-perçus d’impôts de 2014 repoussés à octobre 2015

    - Kanye West déclare «Les handicapés ne méritent pas le respect»

    - Vince Gillian annonce une saison 6 pour Breaking Bad

    Pour un lecteur non initié (et même pour un journaliste, l’exemple de Banksy le prouve), impossible de voir qu’il s’agit d’un site de fausses informations. Lancé en 2013, le National Report avait au départ un discret disclaimer, qui a depuis disparu. Son design épuré, inspiré du Huffington Post ne fait que renforcer sa crédibilité.

    Mission de service public

    L’éditeur du site, qui se fait appeler Allen Montgomery, défend sans rire sa démarche:

    «Nous aimons à penser que nous faisons une mission de service public en initiant les lecteurs à la désinformation. Aussi incroyable que ça puisse paraître, le National Report est souvent le premier endroit où les gens réalisent vraiment comment ils se font facilement manipuler, et nous espérons que ça fait d’eux des meilleurs consommateurs d’info»

    Pourquoi se fatiguer à écrire de vraies informations quand on peut faire plus d’audience en inventant ses propres infos ? Le vice paye : l’info sur Banksy a généré 227.000 partages sociaux, contre seulement 50.000 pour les 12 sources d’info américaines qui l’ont démenti. Le National Report est loin d’être le seul à avoir adopté cette logique: le Daily CurrantBig America NewsHuzlers ou Empire News se sont associés à cette mission de service public, selon le recensement de The Verge. Le National Report est déjà le 178e site le plus visité aux Etats-Unis, d’après Quantcast.

    Le business Ebola

    Comme le note The Verge, ces sites connaissent actuellement des pics d’audience… grâce à Ebola. La panique autour de l’épidémie pousse au partage Facebook et le National Report l’a bien compris. Rien que sur la homepage, on trouve 11 articles liés à Ebola. La news sur une petite ville du Texas qui a été mis en quarantaine après que 5 personnes ont été infectées a dépassé le million de partages.

    Je ne peux que partager ma consternation. Ce n’est pas l’Internet pour lequel j’avais signé.

    Vincent Glad va ouvrir un blog baptisé «L’An 2000» sur le site de Libération dans les jours à venir.

    Vincent Glad
    l'actu libé, tous les matins

    Un mot à ajouter ?