L'humoriste de presse niçois a dessiné le deuxième tome de Moi Président la BD cosignée avec la journaliste politique Marie-Eve Malouines. Interview
Lorsqu'il revient dans sa ville natale avec femme et enfants, c'est dans une bonne part de socca que Faro croque à pleines dents. Mais pour son métier, le dessinateur retaille un costard à François Hollande, président au physique Flanby ou fraise des bois. De la confiture à caricature !
Dans Moi, Président, jusqu'ici tout va bien, deuxième tome de la BD cosignée avec la journaliste Marie-Ève Malouines (France Info), l'auteur niçois a pu rendre ses rondeurs au personnage dont la première année de règne lui avait fait abandonner son régime de campagne. Il n'en est que plus drôle. Plus de poids dans la balance, mais pas moins indécis.
« François Hollande a perdu beaucoup de kilos pour devenir Président. Dans le tome I, c'était un problème pour moi, car il ne se ressemblait plus. Aalors que là, je me régale davantage, se marre l'auteur dont le coup de crayon vous donne bonne mine. Hollande président, même plus besoin de forcer le trait pour donner corps à la satire. « À la base, il se veut normal, et paraît comme ça, sans aspérité, mais en grattant un peu, il devient plus intéressant. Et puis l'actu : comme les choses ne vont pas très bien, c'est plus facile de faire une BD ! »
Christophe Faraut, c'est ce gars qui faisait marrer tous ses copains de classe, lorsqu'il était élève au lycée du Parc-impérial à Nice. Pas un gros bavard, mais un sacré buvard : ses dessins parlaient déjà pour lui. « Mes cahiers étaient remplis de dessins dans tous les coins : tous mes profs y sont passés ! » Tordj-man en musique, Ben Sadoun en sciences nat'... Des noms et des silhouettes qui le font encore rigoler. Et pourtant, le petit Faro n'était pas un joyeux drille. Caractère taille-crayon, plutôt que jet d'encre. « Ah, je ne suis pas un rigolo. Vous m'invitez à une soirée, je ne vais pas être le roi de la fête !, confirme l'intéressé. Petit, j'étais assez solitaire et renfermé, et le dessin s'est imposé. Étudiant, j'ai passé des nuits entières à dessiner, mais c'était une sorte de besoin masochiste. J'y exprime une part de moi que je ne montre pas dans la vie. »
Le geste est héréditaire : son grand-père et sa mère ont fait de la peinture. Mais là où il y a un gène, il n'y a pas forcément de plaisir. Lui a ajouté un humour féroce, qui fait rire. « En dessin, je suis un autodidacte qui a dû beaucoup progresser, car je me suis pris de vraies claques. Ce qui m'a sauvé, ce sont mes idées. »
Dans Moi Président, l'indécis François se voit affublé de deux « anges gardiens » - les fantômes de Mitterrand et Bérégovoy - pour titiller sa conscience. Jolie trouvaille que Marie-Eve Malouines a tout de suite adoptée. « J'apporte mes petites touches d'humour car au début, elle avait une sorte de droit de réserve qui la rendait un peu rigide. Avec mon travail, j'ai l'habitude de ne pas être qu'un dessinateur. »
Illustrateur pour L'Équipe, France Football, Le Figaroscope... et même Nice-Matin, de 2008 à 2012. « Ça m'a fait très plaisir, d'autant que j'ai toujours été très proche de mon grand-père qui était un grand lecteur du journal. » La bande dessinée lui ouvre de nouvelles plates-bandes.
Texte Alexandre Carini pour Var-matin
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