Nicole Ferroni, de la classe à la scène
Votre spectacle est une succession de personnages. Vous nous en présentez quelques-uns ? Il y a plusieurs personnages, dont la petite Pauline qui aimerait être une petite princesse, la princesse "Carrouf" parce qu'elle est fan des hypermarchés. Elle trouve que c'est le royaume le plus fantastique. Il y a aussi Valérie Pinchot, formatrice de stage anti crise économique.
Il y a encore une diva allemande, Olga va Flakenstein, qui explique au public que sa voix phénoménale lui vient d'une brèche liée à une histoire d'amour passé… Il y a Marie-Valérie, une bourgeoise assez cynique qui a peur d'avoir raté son plan social. Je parle aussi de Booba, un rappeur qui explique que Chantal Goya est pionnière dans le rap.
Votre ambition dans ce spectacle se borne-t-elle à faire rire le public ? Il y a un double objectif. Faire rire le public, c'est dans mon cahier des charges personnel. Après, c'est vrai que j'ai l'espoir secret de transmettre aussi des idées, des messages. Le sketch de Pauline, princesse des hypers, c'est une façon de porter un regard naïf et presque militant sur notre consommation.
Vous êtes agrégée et vous avez été pendant 4 ans prof de SVT. Vos parents sont professeurs. Ne sont-ils pas déçus que vous ayez abandonné le métier ? Ma mère, au début, était très angoissée à l'idée que je puisse m'engager dans le métier de comédienne. Elle était stressée de ce changement de carrière. Maintenant, quand elle voit des articles sur le mal-être des enseignants, elle me les découpe et me les donne en disant : « Tu as bien fait de partir ». Je pense que j'avais la vocation d'enseignante, mais le système de l'Éducation nationale est assez violent : mutations, suppressions de postes. Ça m'a un peu traumatisée.
n Cette expérience de prof est-elle source d'inspiration de personnages ? Au début je n'ai pas réussi à en rire. Maintenant, c'est quelque chose que je réutilise, un peu.
n Les auditeurs de France Inter vous connaissent par votre chronique hebdomadaire. Le plus stressant : s'adresser à 3 millions de personnes ou tenter de faire rire Juppé ou Fabius ? Le plus stressant c'est maintenant (*). On est mardi, 11 heures et je ne connais pas encore l'invité, ça, c'est stressant ! À la radio, je ne suis pas stressée, car j'arrive avec mon texte que j'ai peaufiné. S'adresser à des décisionnaires, en fait, c'est grisant. J'ai l'impression de dire des choses que tout le monde aimerait leur dire. C'est une adrénaline assez forte.
Vos chroniques radio, c'est un mélange de Raymond Devos et de Guy Bedos ? Oui, c'est une bonne interprétation. Le travail de la langue et la satire.
Sylvie Joly est morte il y a quelques jours. Faisait-elle partie de votre Panthéon ? Oui du peu que j'ai vu de son travail. Mais celui que je connais le plus, c'est Louis de Funès. Pendant mon enfance, j'ai été perfusé aux films de de Funès que je regardais dix ou vingt fois. Sur le tard, vers 20 ans, j'ai découvert Jacqueline Maillan. Je suis tombée sur son sketch La Conférencière. Et je me suis dit : c'est ça que je veux faire.
(*) L'interview a été réalisée mardi 15 septembre ; Nicole Ferroni fait sa chronique tous les mercredis.
Leïla Aberkane
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