Mondial à Pétanque La MarseillaiseLOGO MONDIALannonces legales final2

Dimanche 17 janvier 2016 - 16h08
MAJ: samedi 16 janvier 2016 23:54

Jean-Pierre Barrou : " Un appel à l'insurrection des consciences " Spécial

  • Écrit par  Marine Desseigne
  • dimanche 27 septembre 2015 12:18
"La transition démocratique en Espagne commence avec Podemos. Podemos, c'est un peuple qui demande à renaître." Photo DR "La transition démocratique en Espagne commence avec Podemos. Podemos, c'est un peuple qui demande à renaître." Photo DR L'utilisation de l'article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise

Frappé par l'accueil outre-Pyrénées du livre "Indignez-vous !", l'éditeur, invité des Chapiteaux du livre à Béziers, s'est penché sur "l'exception" espagnole dans son nouvel ouvrage "La guerre d'Espagne ne fait que commencer".

Directeur des éditions Indigènes, à Montpellier, Jean-Pierre Barou rencontrera le public des Chapiteaux du livre le dimanche 27 septembre à 11h aux Chapiteaux du livre à Béziers.

 

Pour cette édition, vous avez deux casquettes : éditeur et auteur. Pouvez-vous dissocier ces deux activités ?

Non, absolument pas. C’est impossible. Je suis l’éditeur, avec Sylvie Crossman, d’Indignez-vous, de Stéphane Hessel, un livre que nous avons initié, ou du Manifeste pour l'Europe de Podemos, et je suis aussi l’auteur d’un livre La guerre d’Espagne ne fait que commencer. Je n’aurais pas écrit ce livre si je n’étais pas l’éditeur d’Indignez-vous.

 

C’est le succès retentissant d'Indignez-vous en Espagne qui vous a inspiré ?

On ne le sait pas bien en France, mais il a été traduit en basque, en catalan, en galicien, en valenciennois et bien sûr en castillan. C’est sans précédent en Espagne. Il a connu des ventes en l’espace d’un mois et demi de 450 000 exemplaires. C’est ce qui m’a mis sur la piste de mon livre car ça commençait à manifester qu’il existe une exception espagnole. Pourquoi un livre, signé par Stéphane Hessel, qui ne parle jamais de l’Espagne, connaît-il un succès sans précédent dans ce pays ? La réponse, c’est l’exception espagnole. On l’a détectée sur place à Madrid lorsque l’ambassade de France a invité Stéphane Hessel et qu’un commentateur a dit : « Voilà 40 ans que nous attendions ce message de la France ». Ca nous renvoyait à la mort de Franco et la guerre d’Espagne.

 

Quelle est cette exception ?

Sans oublier les conflits idéologiques qui ont imprégné le camp républicain [pendant la guerre d'Espagne], les affrontements entre anarchistes et communistes, il y a l’unité derrière ces scissions. Cette grande unité espagnole, au début notamment de la guerre, lorsqu’ils font face à l’armée la plus puissante d’Europe avec des moyens relativement rudimentaires. Cette notion d’exception espagnole, elle est levée pendant la guerre d’Espagne. Il y a dans ce conflit une universalité qui n’est pas suffisamment prise en compte par les historiens.

 

Quel message cherchez-vous à faire passer ?

Je n’avais pas le droit d’écrire un livre sur la guerre d’Espagne, je n’avais pas de légitimité. Ma légitimité, je la dois à Stéphane Hessel, je la dois au succès de ce petit livre qui me fait découvrir l’exception espagnole. Un livre, c’est un appel à l’insurrection des consciences. Quand Thomas Mann, au tout début du conflit décrit la guerre d’Espagne, il est le seul à le dire : « C’est un crime contre les revendications de la conscience ». Bernanos lui dans Les grands cimetières sous la lune écrit : « Nous assistons à la disparition de l’homme de bonne volonté ». Camus dit : « Vous défendez ce qu’il y a de meilleur en nous, vous êtes l’aristocratie de l’Europe ». Ces notions là ne sont jamais citées. Je n’ai pas écrit ce livre avec une succession d’interprétations et d’intentions. J’ai cherché dans les faits, pas dans les têtes. Bernanos, Camus, Gide, Mann lancent une piste. Intuitivement pour moi elle est vrai, mais est-ce que les faits peuvent donner raison à leur hypothèse ? Je pense qu’il y a eu, surtout pendant les premiers mois de la guerre d’Espagne, une sorte d’unité du peuple, une résistance inimaginable à laquelle Franco ne s’attendait pas. C’est ce récit-là que j’ai voulu faire.

 

Cette exception espagnole, vous la retrouvez dans Podemos aujourd’hui ?

Evidemment. Le texte de Stéphane Hessel, il ne génère pas cette exception, il l’active à sa façon. Il faut bien comprendre que jusqu’à maintenant la transition démocratique en Espagne n’avait pas eu lieu. Le Parti populaire, c’est le Front national. La transition démocratique, elle commence avec Podemos. Les grilles de lecture qu’ils mettent en scène dérangent le capitalisme, les banques et les castes. Ils sont d’une gauche qui n’est pas celle à laquelle on est habituée et qui malheureusement, notamment en France, ne fait que creuser la tombe de la gauche. Je crois qu’en novembre Podemos va avoir le pouvoir, Pablo Iglesias risque fort - et tant mieux - d’être Premier ministre. Podemos, c’est un peuple qui demande à renaître. Il se joue là quelque chose qui est valable pour l’Espagne, et pour nous.

 

En tant qu’éditeur, vous avez fait émerger des voix différentes, alternatives, ce travail engagé est-il l’apanage des petites maisons d’édition ?

Sans prétention aucune, oui. Quant Indignez-vous est sorti, un des leaders de l’édition française a dit : « Il n’y a que vous qui pouviez faire ça. » Un éditeur qui est respecté du monde de la librairie indépendante, c’est beaucoup plus crédible qu’un grand groupe, car le texte est incompatible avec la réalité de ce groupe. Le fait d’être une petite maison d’édition ne suffit pas, mais c’est quand même une condition nécessaire. Ca nous donne liberté et légitimité. Avec Sylvie [Crosmann], on n’a jamais pensé à être éditeur pour vendre des livres. Ce qui nous intéresse c’est de provoquer des livres qui sont en mesure d’exercer une alerte morale. C’est ce qui nous porte. Nous sommes une petite maison d’édition oui, mais avec une histoire. Entre le premier livre que nous avons édité sur les aborigènes, « Créer c’est résister » la dernière citation du livre d’Hessel et enfin Podemos, pour nous il y a une continuité, et elle est essentielle.

RECUEILLI PAR MARINE DESSEIGNE

Réactions et commentaires

Vous devez vous connecter si vous souhaitez réagir. Utilisez le bouton "Connexion" situé en haut de l'écran.

Publications et abonnements

Nos archives

Revisitez l'ensemble des archives du site LaMarseillaise depuis 2008 !
 
2013 © Copyright Journal La Marseillaise

Connectez vous ou Créer un compte

Utilisez les réseaux sociaux pour vous connecter facilement