Incitation à la haine, nudité : Facebook clarifie sa politique de censure des contenus

Le Monde | • Mis à jour le | Par

La « vengeance porno » fait partie des nouveaux contenus explicitement interdits par Facebook.

Qu’a-t-on le droit de dire ou de montrer sur Facebook ? Jusqu’ici, les conditions d’utilisation restaient relativement floues. Si les discours d’incitation à la haine ou la nudité étaient clairement interdits, rien ne venait préciser exactement les contours de ces notions, causant régulièrement incompréhension et controverses.

Pour donner « plus de détails et de clarté », le réseau social a indiqué dimanche 15 mars dans un communiqué avoir clarifié ses « standards de communauté ». Le document, désormais trois fois plus long, définit plus précisément la politique du site concernant « l’automutilation, les organismes dangereux, le harcèlement, les activités criminelles, la violence et l’exploitation sexuelle, la nudité, l’incitation à la haine et le contenu pornographique ou violent ».

Première notion délicate à traiter : les discours d’incitation à la haine. Ils concernent « tout contenu qui attaque directement des personnes en raison de leur race, leur ethnicité, leur origine nationale, leur religion, leur orientation sexuelle, leur sexe ou leur identité sexuelle, leur infirmité ou leur état de santé ». Facebook souligne toutefois que les commentaires « humoristiques » et « satiriques » en rapport avec ces sujets sont acceptés. Une précision loin d’être anodine, deux mois après l’attaque meurtrière contre le journal satirique Charlie Hebdo, parfois accusé d’incitation à la haine.

Le réseau social admet également une tolérance pour les personnes partageant du contenu haineux afin de le dénoncer, mais, « dans ce cas, nous attendons de ces utilisateurs qu’ils indiquent clairement leur intention ». Cette dernière phrase fait office de recadrage, deux mois après la mise en ligne d’une vidéo appelant à commettre des attentats en France, que Facebook avait rechigné à supprimer.

Interrogée par Les Echos, Monika Bickert, la directrice de la politique des contenus de Facebook, s’était alors justifiée en expliquant que la vidéo avait « été publiée par des utilisateurs de Facebook pour être dénoncée ». Le réseau social avait fini par supprimer la vidéo.

Vigilance accrue

Concernant l’apologie du terrorisme, Facebook rappelle bien entendu que les organisations terroristes sont interdites sur son réseau, mais précise désormais que le contenu qui leur « exprime un soutien », « cautionne leurs activités violentes » ou « encense » leurs chefs l’est aussi. Le vice-président de Facebook avait d’ailleurs rencontré le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, à ce sujet en février, qui lui avait demandé une vigilance accrue concernant ces problématiques.

L’autre grand sujet de fâcherie entre Facebook et ses utilisateurs réside dans son interdiction de la nudité. Dans ses nouveaux « standards de communauté », Facebook s’excuse presque des excès passés, admettant que « nos règles peuvent parfois être plus formelles que nous l’aurions souhaité ».

La censure de certaines œuvres d’art, comme L’Origine du monde, de Gustave Courbet, avait généré de nombreuses polémiques. Un internaute français, dont le compte avait été suspendu après qu’il eut posté le tableau, avait porté plainte contre le réseau social. Après un imbroglio sur la possibilité ou non de juger cette affaire en France, le tribunal de grande instance de Paris a tranché le 5 mars, s’estimant compétent pour juger Facebook.

Les œuvres d’art illustrant des personnages nus sont aussi acceptées. Le réseau social souligne que les interdictions ne s’appliquent pas non plus si le contenu est publié « à des fins éducatives, humoristiques ou satiriques ».

La suppression de photos représentant des femmes en train d’allaiter leur enfant avait également suscité l’incompréhension. Dorénavant, le cadre est plus clair : « Nous supprimons les photographies présentant des organes génitaux ou des fesses entièrement exposées. » Les poitrines des femmes sont aussi censurées « si elles montrent le mamelon ». Néanmoins, Facebook assure, noir sur blanc, autoriser « les photos de femmes qui défendent activement l’allaitement ou qui montrent les cicatrices post-mastectomie de leur poitrine ».

La « vengeance porno »

Enfin, parmi les nouvelles sections ayant vu le jour dans ce document de référence, l’une est consacrée à la violence et l’exploitation sexuelle. Elle vise notamment la « vengeance porno » (« revenge porn » en anglais), une pratique consistant à diffuser sur Internet des photos ou vidéos à caractère sexuel de son ancien (ne) partenaire à des fins de vengeance. Nouveau cheval de bataille des géants du Web, cette pratique a récemment été bannie sur Twitter et sur Reddit. Facebook vient de leur emboîter le pas, en interdisant désormais « les menaces de partage d’images intimes ».

Malgré toutes ces nouvelles précisions, cela ne devrait pas multiplier ni, au contraire, limiter la suppression des contenus sur Facebook. « Notre politique ne change pas », assure Monika Bickert dans le communiqué, « mais des personnes nous ont dit que ce serait utile de donner plus de clarifications et d’exemples ». L’occasion d’y voir plus clair, donc, et peut-être d’éviter de futures polémiques.

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