A Marseille, le client(élisme) est roi

Marseille, capitale du clientélisme ? Le documentaire diffusé lundi soir sur France 3 – très tard et en concurrence avec Cash Investigation – ne le dit pas aussi franchement mais c’est tout comme. Xavier Monnier, fondateur du site d’information satirique Bakchich, Marseillais de cœur et de tripes, épaulé par le réalisateur Pierre Oscar Lévy, a interrogé les sachants locaux, chacun y allant de sa définition. Jean-Claude Gaudin, primus inter pares, à la bonne franquette : «Quand on me demande d’aider le petit à lui trouver une gâche.» Patrick Menucci, son challenger socialiste aux dernières municipales, valide, mais va jusqu’au bout : «Avec un emploi à 1 500 euros, on se garantit la fidélité d’un certain nombre de gens.» Plus clinique, Bernard Morel, vice-président (PS) de la région Paca : «Je te rends service, tu me donnes ta voix.» Le sénateur UMP Bruno Gilles, minaude un poil : «Je ne dirais pas qu’il y a un bon ou un mauvais clientélisme.» Mais le suggère quand même car «les élus se doivent d’aider les gens, dans le respect du droit». Renaud Muselier, longtemps figure de la droite marseillaise avant de prendre du recul, met tout le monde d’accord : «Si c’est recevoir des gens à la mairie, on le fait tous. Si c’est donner une subvention à une association pour se partager le pognon, c’est un délit.»

La parole est enfin donnée à Jean-Noël Guérini. Car Marseille, le jeu du clientélisme, se révèle un excellent documentaire sur le système Guérini – Jean-Noël, un temps à la tête du conseil général des Bouches-du-Rhône, en tandem avec son petit frère Alexandre, professionnel des ordures. Grandiose : «J’assume totalement le terme clientélisme. C’est s’occuper des femmes, des hommes dans la détresse.» Puis après intense réflexion : «Si s’occuper des plus pauvres, des plus malheureux, c’est faire du clientélisme, je ne comprends plus.» Les électeurs aux dernières cantonales ont tâché de le faire comprendre à ce dissident du PS qui en avait trop fait. Marseille peut alors revenir - et s’en tenir officiellement si on croit en la Bonne Mère - au bon vieux clientélisme à la bonne franquette. En Corse, ou on connaît un peu le sujet, l’édifiant documentaire sera rediffusé en prime time.